« L’habit ne fait certes pas le moine, quoi qu’en dise le dicton « garde la soutane, elle te gardera », mais, face à la dégradation de l’image du clergé, les jeunes prêtres sont aujourd’hui à la recherche d’une affirmation de soi plus identitaire que leurs prédécesseurs des années qui ont suivi « Vatican II » et mai 68. Les résultats sont parfois surprenants. Lu sur le site de « Famille chrétienne » sous la signature d’Elisabeth Caillemer :
« MAGAZINE – Rendue facultative au début des années 1960, détrônée par le clergyman voire les vêtements civils, la soutane séduit de plus en plus de prêtres. Ils nous disent pourquoi.
Au Vatican
La soutane est obligatoire :
• pour les évêques et les cardinaux « aux heures de bureau » (les prêtres ont le choix avec le clergyman).
• pour les prêtres, les évêques et les cardinaux lors des cérémonies ayant lieu en présence du pape ou lors des rencontres officielles à la Curie romaine, a rappelé le cardinal Bertone dans une circulaire de 2012.
Elle n’est plus l’apanage des tradis, ni de la Communauté Saint-Martin. De plus en plus de jeunes prêtres diocésains la revêtent. Après des années de purgatoire, la soutane est de retour. « Aux sessions de formation continue de ma province ecclésiastique [Rouen, Ndlr], nous étions deux à la porter en 2014. Nous sommes aujourd’hui une dizaine, soit la moitié des participants », remarque l’abbé Laurent Gastineau, ordonné prêtre il y a quatre ans dans le diocèse de Séez. Un phénomène confirmé par l’entreprise Arte-Houssard, fabricant de soutanes sur mesure, qui a vu ses ventes augmenter de 145 % entre 1999 et 2016. « Nous avons toujours eu des clients, essentiellement des tradis, auxquels s’ajoute aujourd’hui la nouvelle génération de prêtres qui veulent en avoir une, même s’ils ne la portent pas tous les jours », confie Stéphanie, la responsable du magasin parisien.
Lorsqu’on les interroge sur les raisons de ce choix vestimentaire, ces prêtres avancent d’abord l’obéissance aux normes ecclésiastiques. « Le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres [Artège, 2013, Ndlr] nous demande de porter un habit clérical. S’il ne fait pas de la soutane le seul habit possible, il la cite très clairement en premier, lui donnant ainsi la primauté », estime le Père Stanislas Briard, 27 ans, vicaire de la paroisse Notre-Dame de Coutances (Manche), qui la revêt de manière habituelle depuis son ordination.
Visibilité rime avec disponibilité
La primauté, non l’exclusivité... Alors, pourquoi pas le clergyman ? « La soutane est aujourd’hui encore l’habit traditionnel des clercs dans l’Église, considère Don Louis-Hervé Guiny, membre de la Communauté Saint-Martin. Qui reconnaîtrait le Saint-Père sans sa soutane blanche ? Même chez ceux qui se sont éloignés de l’Église, la soutane est bien souvent restée dans les mentalités et continue d’identifier “le curé”. » Une identification qui serait moins évidente avec le clergyman. Ceux qui l’ont porté en alternance avec la soutane l’ont tous constaté. « Le clergyman ne parle qu’aux cathos, remarque le Père Marc-Olivier de Vaugiraud, 38 ans, ancien vicaire dans les Yvelines. En outre, la soutane est plus visible. Si je mets deux écharpes, on continue de la voir. Je suis deux fois plus interpellé quand je la porte ! » Même constat pour l’abbé Gastineau qui assure être, en soutane, « certain de ne pas voyager seul dans le train », et se rappelle une traversée de Paris rendue épuisante par un déluge de sollicitations. « Je comprends que certains veuillent l’enlever pour être tranquilles ! », plaisante-t-il.
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