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  • Antigone contre Créon

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    Qu’un débat vigoureux sur les enjeux bioéthiques mis à l'ordre du jour Outre-Quiévrain soit lancé par les catholiques français serait tout à leur honneur, même si  la partie est a priori perdue comme le pense Jean-Pierre Denis, directeur du mensuel « La Vie » :

    « Emmanuel Macron a-t-il berné les chrétiens ? Les a-t-il cajolés à coup de laïcité positive ou inclusive, d’honneur rendu au père Hamel, de déclarations ricœuriennes et autres réunions Théodule à l’Élysée ? A-t-il flatté leur besoin de reconnaissance pour mieux les ignorer ensuite ? Si je pose la question de manière volontairement choquante, c’est pour soulever un peu de cette ouate « bienveillante » qui s’abat comme manteau neigeux, assourdissant tout. Pour le dire plus poliment, la façon dont démarrent les États généraux de la bioéthique « interroge ». Le remue-méninges n’est-il que l’habillage du remue-ménage ? Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    Un scénario maximaliste, c’est l’adoption de toutes les réformes sociétales restées dans les tuyaux du précédent quinquennat : PMA, gestation pour autrui, suicide assisté… Les indices se multiplient, même s’il reste difficile de savoir jusqu’où l’histoire est écrite. Prenez le malaise d’Édouard Philippe devant la rédaction de La Vie quand nous avions interrogé sa volonté d’interdire l’exploitation de mères porteuses. Prenez le programme des États généraux de la bioéthique, étendu à l’euthanasie, ce qui n’était pas prévu. Prenez, sans attendre ces débats, la création d’un groupe d’études parlementaire sur la fin de vie, présidé avec la bénédiction de l’exécutif par Jean-Louis Touraine, immunologiste réputé et franc-maçon assumé.

    Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    La société, nous susurre-t-on, est « prête ». Arrêtons de nous mentir : c’est vrai. Même si l’on considère que sondages et médias fabriquent l’opinion et même si, sur le terrain, les Français expriment de tout autres préoccupations, de fait la France a changé. Pour le constater, il suffit de discuter avec des jeunes ou de relever à quel point le mariage pour tous est devenu un sujet de jadis. Le principe libéral de tolérance – « laissez-moi vivre ce que je veux, je vous laisse vivre ce que vous voulez » – suffit à clore la plupart des débats. Nous acceptons ou nous approuvons des transformations que nous refusions il y a moins d’une génération. Ajoutons que le point de vue catholique est devenu culturellement minoritaire, y compris… parmi les personnes se réclamant de cette culture, même peut-être parmi les pratiquants.

    Longtemps l’Église a cru pouvoir « peser ». C’est fini. Les logiques frontales type « Manif pour tous » ont profondément creusé le fossé entre le monde catholique et une bonne partie de la société, et durablement divisé de nombreuses communautés. Ne parlons même pas du complexe sénescent de la « forteresse assiégée » ! Quant aux solutions subtiles, type loi Leonetti, elles sont remises en cause sitôt après avoir été unanimement adoptées. La prétention de l’Église catholique à porter le bien commun n’est plus ni réaliste ni crédible, comme le lui font sans cesse remarquer, non sans hargne mais non sans raison, beaucoup de partisans de la révolution en marche. Quant à l’illusion selon laquelle un gouvernement souriant est un gouvernement qui écoute, elle se dissipe sous nos yeux.

    D’une certaine façon, cela clarifie le problème, en le dépolitisant. Je ne prêche pas le renoncement. « Le chrétien doit crier. Nous n’avons pas besoin de son sourire. Nous avons besoin de son cri. Cela consiste à rester lui-même, c’est-à-dire à rejeter sans nuance absolument toutes les idéologies modernes », nous demandait Albert Camus (l’Incroyant et les Chrétiens, 1946). Je ne prêche pas non plus la résignation, mais la libération. Le but n’est plus de peser, de compter ou de marchander, mais de privilégier l’exemplarité, l’espérance, la charité. Il est temps que les chrétiens renoncent à leur fantasme d’influence et de puissance, ces illusoires mondanités.

    Ref. Bioéthique : Macron a-t-il berné les chrétiens ?

    Posons la question autrement: quel rôle prophétique pour l’Eglise aujourd’hui ? Dans une lettre étonnante adressée au pape Paul VI en 1977, Pier Paolo Pasolini écrivait : « Dans le cadre d’une perspective radicale, peut-être utopiste ou dirigée vers la fin des temps, ce que l’Eglise devrait faire pour éviter une fin sans gloire est clair. En un tel combat, qui au demeurant remonte à une longue tradition, jusqu’à la lutte de la papauté contre l’empire séculier, l’Eglise pourrait rassembler toutes les forces qui ne veulent pas se courber contre la nouvelle domination… »  

    A  vingt ans de distance, en 1997 Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, répond en écho à ce communiste hors normes :

    « Il y a beaucoup de vrai là-dedans. Le caractère inactuel de l’Eglise, qui cause d’une part ses faiblesses –elle est refoulée à l’écart- peut aussi être sa force. Sans doute les hommes peuvent-ils sentir qu’il est nécessaire de s’opposer à l’idéologie banale dominant dans le monde, et que l’Eglise peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune 

     « A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique, et elle doit aussi en avoir le courage. C’est le courage de la vérité –même s’il semble plutôt nuire tout d’abord en diminuant la popularité de l’Eglise et en la refoulant pour ainsi dire dans un ghetto –qui est en réalité sa grande force.

    « Je ne voudrais toutefois pas réduire la mission de l’Eglise à une simple attitude d’opposition. Elle participe toujours essentiellement à une édification positive. Elle cherche toujours à agir positivement, afin que les choses trouvent leur véritable forme. Elle ne devra donc pas se retirer dans une attitude d’opposition générale, mais voir très exactement les points où elle doit offrir de la résistance et ceux où elle doit aider, apporter du renfort, aider à porter, où elle doit dire oui, où elle doit dire non, afin de défendre sa propre essence » (Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, Flammarion/Cerf, mars 1997, p. 231 et sq.).

    JPSC

  • Fusionner l'ULB avec l'UCL ?

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    Pour l'UCL, l'aboutissement d'un processus de sécularisation où elle aurait définitivement perdu son âme ? En tout cas, l'ULB crie victoire en constatant la laïcisation de fait de toutes les universités. Lu sur L’Echo du 3 février, p. 16 :

    Fusionner l'ULB et l'UCL : On manque de moyens, pas de taille critique... 

    L'idée: fusionner l'ULB avec l'UCL et créer l'European University of Brussels à rayonnement international, et créer l'University of Wallonia où chaque membre se focalise sur ses spécialités. Parole à Monsieur l'ambassadeur. Christian Homsy, patron de Ceylad, est convaincu que le monde universitaire doit dépasser les "professions de foi laïque ou catholique" pour se positionner comme "fer de lance de la réflexion d'avant-garde".  …

    Qu'en disent les principaux acteurs du monde universitaire? "C'est une excellente chose de pouvoir penser hors des cadres habituels, la proposition est intéressante, un peu décapante mais stimulante", confie Vincent Blondel, recteur de l'UCL. Avec son homologue de l'ULB, Yvon Englert, ils se réjouissent de constater que l'enjeu universitaire se retrouve au coeur de discussions relatives au développement de la Wallonie et de Bruxelles. … Mais ici s'arrête la diplomatie. "En matière d'enseignement et de recherche, la masse n'est une garantie ni de qualité ni de rayonnement international, précise Vincent Blondel. Les universités européennes les plus recherchées, Oxford ou Cambridge par exemple, présentent des tailles inférieures ou égales à celles de l'UCL et de l'ULB".  …

    La question des réseaux philosophiques n'est toutefois jamais évoquée spontanément par les recteurs que L'Echo a contactés. "Toutes les universités sont laïcisées, estime Yvon Englert. Ce combat-là, l'ULB peut estimer qu'elle l'a gagné. La concurrence entre les universités est le résultat d'une politique de marché plus qu'autre chose. Aujourd'hui, plus personne ne se retranche derrière le dogme pour affronter une question scientifique." Vincent Blondel ne perçoit pas non plus de "dynamique de pilier". "Nous n'avons pas attendu votre dossier pour organiser des collaborations avec l'ULB, précise le recteur de l'UCL. Les deux universités recrutent abondamment l'une chez l'autre et les chercheurs travaillent ensemble dans le cadre de copublications qui sont très nombreuses..." Le recteur estime que les "affinités de projets" ont largement pris le pas sur les considérations philosophiques même si chaque université conserve et son histoire et sa culture.

  • Ars bene moriendi

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    Notre-Dame_du_bien_mourir_(XIIIe_s.),_abbaye_bénédictine_de_Fontgombault_(36)_.jpgSi l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. La façon dont les moines appréhendent la vieillesse est riche d'enseignements, comme l'explique Nicolas Diat, auteur d'un récit poignant sur le sujet. Il écrit : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle » Propos de l’auteur recueillis par Jérôme Cordelier pour « Le Point » :

    « Le journaliste Nicolas Diat, biographe de Benoît XVI et co-auteur avec le cardinal Robert Sarah de plusieurs livres à succès, a passé plusieurs mois derrière les murs de huit des plus grands monastères de France pour interroger des moines en fin de vie et ceux qui les accompagnent sur cette dernière étape terrestre. Son récit, minutieux et délicat, sorti cette semaine (1), est poignant et, bien au-delà des hauts murs de Citeaux, de La Grande Chartreuse ou de Solesmes, chemin faisant, à petites touches, ce sont les rapports que nos sociétés dites modernes entretiennent non seulement à l'au-delà et à la foi mais aussi, de manière plus générale, au corps, à la douleur, à la vieillesse qui sont interpellés dans cet ouvrage. Sur ces sujets, les moines ont beaucoup de choses à nous transmettre, et leurs témoignages prennent un relief particulier alors que les Ephad se retrouvent sur la sellette de l'actualité. C'est pourquoi nous avons voulu demander à Nicolas Diat de se faire leur interprète.

    Le Point : Les traitements déplorables des personnes âgées dans les Ephad provoquent en ce moment une vive émotion dans l'opinion publique. Quels enseignements pouvons-nous tirer de l'expérience des moines que vous avez approchés ?

    Nicolas Diat : J'ai été frappé par la manière dont les moines s'occupaient de leurs malades et de leurs frères âgés, pour lesquels ils font preuve d'une attention permanente. Il y a chez eux une logique de gratuité parfaite. Les religieux âgés bénéficient de soins à faire pâlir d'envie toute personne travaillant en Ephad ou dans une unité de soins gériatriques. Il s'agit avant tout d'un accompagnement humain, d'une présence continue, d'une amitié fraternelle. Dans un monastère, un religieux malade n'est jamais laissé seul. Quand, frappé par une leucémie arrivée à son dernier stade, le père-abbé émérite de l'abbaye de Mondaye part à l'hôpital de Caen, ces frères, les Prémontrés, choisissent de ne jamais l'abandonner. Ils sont trente-cinq. Jour et nuit, toutes les trois heures, ils se relaient à son chevet. Le problème devient simple : accompagner une personne, c'est avant tout un investissement. Le père infirmier de l'abbaye de Solesmes me racontait les heures qu'il a passées avec un moine atteint d'une forme de la maladie d'Alzheimer. Il se retrouvait chaque jour en face d'une personne qui ne parlait plus et qui était complètement dépendante dans ses actes les plus quotidiens. Il me disait que s'il n'y prenait garde, la routine pouvait conduire à bien des négligences. Chaque matin, il devait s'efforcer de reconsidérer le patient comme une personne, en se concentrant pour ne pas agir à la va-vite, en réfrénant son désir de rejoindre une activité plus gratifiante. Les soins sont un combat de chaque heure. Le mot de « frère », dans cette communauté d'hommes, prend tout son sens, dans le visage du moine meurtri par la disparition du camarade, de l'ami, du proche. Elle est un peu à l'image de la communauté humaine. C'est une chaîne à travers les temps ; c'est l'homme continu de Pascal. Dans ces communautés, on perçoit les doutes, la foi, la tristesse, mais jamais l'abandon parmi ces hommes qui se soutiennent.

     

    En clair, les moines font corps avec le malade, et cette proximité vaut acte thérapeutique…

    Les enjeux du débat sont évidents : comment rester le plus proche du malade ou de celui qui va mourir ? Comment s'investir par la présence ? Comment rassurer celui qui va partir ? Quand les frères envoient l'un des leurs à l'hôpital, ils ne se déchargent pas pour autant sur l'institution. Ils n'attendent pas des infirmières qu'elles fassent tous les soins pour eux. Ils prennent leur part.

    Que nous apprennent ces moines sur notre rapport à la vieillesse et à la mort ?

    Le père-abbé de l'abbaye de Fontgombault, dans le Berry, aime à décrire le paradoxe moderne qui nous entraîne à imaginer que nous allons réfléchir à notre mort à la toute fin de notre vie, lorsque nous serons malades, dépendants et, parfois, privés de notre discernement. Or, si l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. Les moines ont tellement pensé la question de la mort qu'à l'instant de partir, elle n'en est plus une : la chose s'impose comme une évidence simple et belle.

    La fréquentation de ces moines en fin de vie a-t-elle changé votre rapport personnel à la maladie, la vieillesse, la mort ?

    J'ai beaucoup travaillé avec les pères infirmiers, qui parfois sont des médecins de formation. Et j'ai été frappé par la paix qui les habite. Ils ne parlent jamais de tristesse, on les voit peu pleurer. Parce que pour eux, répétons-le, la mort fait partie de la vie. Les monastères ont leurs singularités, liées à leur histoire particulière. S'y côtoie une multiplicité de destins, d'histoires et de parcours personnels singuliers mais ces lieux sont tous habités par une même paix. En les rejoignant, j'avais l'impression de partir aux marges. Mais, en fait, les monastères sont au centre de la vie, en phase avec les problèmes les plus humains. Je partais en dehors du monde, derrière les hauts murs des clôtures et, chemin faisant, je me retrouvais au centre de la vie.

    (1) « Un temps pour mourir, derniers jours de la vie des moines », par Nicolas Diat, Fayard, 226 pages, 20,90 euros

    Ref. Nicolas Diat : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle »

    Dans l'église abbatiale de Fontgombault, les moines viennent s'agenouiller tous les soirs devant la belle statue médiévale de "Notre-Dame du Bien mourir".

    JPSC

     

  • Les cathos minorisés risquent-ils de dériver en secte ?

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    Cathos minoritaires : le risque de la ghettoïsation?

    Débat entre Patrice de Plunkett et Antoine-Marie Izoard.

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    09H10 - 10H00 - Religions du monde - Parties 1 et 2

    La déchristianisation de la France provoque chez certains catholiques un réflexe de raidissement identitaire amplifié par l’angoisse du déclassement, la peur de l’islam et l’arrivée des migrants. C’est ce phénomène de repli sur soi que pointe du doigt Patrice de Plunkett, dansson dernier livre «Cathos ne devenons pas une secte» (Salvator). Patrice de Plunkett qui invite les cathos à se mettre dans les pas du pape François pour vivre le message évangélique. Le déclin du christianisme est le sujet de plusieurs titres en librairie : «A la droite de Dieu» (Cerf), de Jérôme Fourquet (IFOP), «Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement» (Seuil), de Guillaume Cuchet, et «Le pari chrétien», de François Huguenin (Tallandier). L’hebdomadaire Famille chrétienne, qui inaugure une nouvelle formule, se fait l’écho de cette nouvelle donne dans son dossier «l’Actu de la semaine». Dans le débat avec Patrice de Plunkett, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Antoine-Marie Izoard récuse l’idée d’un monde catholique qui vivrait assiégé.

  • Des personnalités homosexuelles opposées à la PMA et à la GPA

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    Une tribune publiée sur le site "Figaro Vox" :

    «En tant qu'homosexuels, il est de notre devoir de prendre position contre la PMA et la GPA»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que les opposants à l'extension de la PMA sont souvent accusés d'homophobie, plusieurs homosexuels refusent de «servir de caution morale» pour justifier la «réification de la femme et de l'enfant». Pour eux, la question n'est pas celle de l'égalité, mais du risque d'aliénation de l'humain par la technique.

    Jean-Mathias Sargologos est diplômé en science politique et de HEC-Montréal, étudiant aux cycles supérieurs en histoire de l'art, et journaliste.

    Sébastien de Crèvecoeur est normalien (Ulm), ancien professeur de philosophie, chercheur en management, et consultant en art.

    Jacques Duffourg-Müller est critique musical.

    Le jeudi 18 janvier se sont ouvert les États généraux sur la bioéthique où il sera officiellement discuté de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, c'est-à-dire une PMA sans père, et officieusement de la question de la légalisation de la GPA (qui, bien que concernant tous les couples, devrait aussi permettre aux couples homosexuels hommes de «concevoir» un enfant). C'est en tant qu'homosexuels que nous souhaitons aujourd'hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d'un individualisme exacerbé et contre ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de briser l'interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s'inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l'ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu'il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.

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  • Le pape est-il bien renseigné ?

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    Lu sur le site du journal Metro (Montréal) :

    Le pape François est-il mal renseigné?

    VATICAN — Que sait exactement le pape François de ce qui se passe au sein de son Église catholique de 1,2 milliard de fidèles?

    Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le pontife a semblé ignorant du scandale sexuel qui ébranle l’Église chilienne, ce qui a terni sa récente visite de trois jours dans ce pays et l’a contraint à s’excuser peu après.

    La même question a été soulevée quand il a soudainement décidé de virer un dirigeant respecté de la banque du Vatican.

    Elle a ensuite refait surface quand un cardinal lui a reproché de ne pas se rendre compte que ses propres diplomates «trahissaient» l’Église catholique souterraine en Chine à des fins politiques.

     

    Des observateurs du Vatican se demandent maintenant si le pape François reçoit suffisamment de ces informations de haute qualité dont les dirigeants de la planète ont besoin, ou s’il choisit plutôt de se fier à son instinct et à son propre réseau d’informateurs qui lui refilent des informations clandestinement.

    Depuis son élévation à la papauté il y a cinq ans, le pape a créé une structure de renseignement informelle qui se frotte souvent aux instances vaticanes officielles. Cela inclut un petit «conseil de cuisine» de neuf cardinaux qui se rencontrent tous les trois mois au Vatican et qui ont l’oreille du pape, en plus des breffages normaux qu’il reçoit des responsables du Vatican.

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  • Le Pape regrette que ceux qui luttent pour la vie soient si peu nombreux

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    De Cyprien Viet sur le site Vatican News :

    Le Pape François invite à s’investir dans la défense de la vie

    En évoquant la Journée pour la Vie organisée ce dimanche en Italie, François s’est attristé du manque de personnes mobilisées sur ces enjeux.

    Outre sa catéchèse et son annonce de la convocation d’une journée de prière pour la paix, au terme de l’Angélus, François s’est également associé à la Journée pour la Vie organisée ce dimanche en Italie. S’associant au message des évêques italiens, il a adressé ses encouragements aux «différentes réalités ecclésiales qui de nombreuses façons promeuvent et soutiennent la vie», notamment le Mouvement pour la vie.

    Sortant de son texte, le Pape a toutefois dit regretter que ceux qui luttent pour la vie soient si peu nombreux. «Ceci me préoccupe», s’est attristé François, «dans un monde où chaque jour on construit plus d’armes, chaque jour on fait plus de lois contre la vie, chaque jour on avance avec cette culture du déchet, d’écarter ce qui ne sert pas, ce qui gêne. S’il vous plait, prions pour que notre peuple soit plus conscient de la défense de la vie dans ce moment de destruction et d’exclusion de l’humanité», a lancé François dans un appel improvisé et vibrant.

  • Pour comprendre les chrétiens d’Orient

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    Les Chrétiens d’Orient n’ont pas pour vocation de se fondre dans la culture occidentale  sécularisée, hédoniste, matérialiste et individualiste. Envisager l’avenir des chrétiens d’Orient à l’aune de cette  contre-culture  revient à les priver de leur raison d’être et contribue à accélérer l’effacement du christianisme. D’Annie Laurent, dans le n° 100 du mensuel « La Nef » (février 2018) :

    Enfants-Alep©SOSCO-620x330.jpg" Aujourd’hui, les chrétiens du Proche-Orient sont confrontés à des défis si redoutables qu’on peut les qualifier d’existentiels car c’est la survie du christianisme lui-même dans les territoires marqués par l’histoire biblique qui est en jeu. Face à ces épreuves, nos frères orientaux manifestent à la face du monde un héroïsme impressionnant et admirable. Les témoignages abondent. Des familles entières et nombre de religieux ont préféré tout quitter, tout perdre, y compris parfois la vie, pour ne pas renier leur foi en Jésus-Christ. Les médias nous renvoient les images d’une ferveur inhabituelle. Le contraste est frappant avec l’atrophie spirituelle de l’Europe post-chrétienne.
    Cependant, dans un contexte aussi cruel, les Églises présentes au Levant ont aussi leurs fragilités, lesquelles sont largement héritées d’une longue histoire tourmentée. Celle-ci a souvent engendré la prédominance de la confessionnalité comme critère d’identité, ce qui, pour les chrétiens, peut nuire aux exigences du baptême. C’est d’ailleurs pour susciter une réflexion en profondeur chez les Orientaux en vue de remédier à ces faiblesses que le pape Benoît XVI a réuni à Rome, en octobre 2010, un Synode spécial sur ce programme significatif : « L’Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage ».

    LES PREMIÈRES RUPTURES
    Deux facteurs principaux ont abouti à la situation actuelle, si compliquée et déconcertante pour l’esprit rationnel et cartésien de l’Occident. Il y eut d’abord, du IVe au XIe siècle, l’éclatement de l’Église indivise des origines, peu à peu ravagée par les hérésies, les malentendus théologiques, voire culturels, et même par des calculs politiques, puis des schismes. Le ralliement à Rome d’une partie des Orientaux séparés, effectif à partir du XVIIIe siècle, n’a pas entraîné le retour à l’unité de tous les baptisés. Entre-temps, à partir du VIIe siècle, l’irruption de l’islam, qui a profité de la faiblesse des peuples chrétiens, a accru les clivages. L’instauration de la dhimmitude (protection-sujétion) a poussé de nombreux chrétiens à se faire musulmans pour échapper à ce régime humiliant. Quant au millet (nation confessionnelle en turc) mis en place par l’Empire ottoman, tout en permettant aux communautés chrétiennes de survivre autour de leurs hiérarchies et de leur droit personnel propre, il a accru les rivalités et la méfiance des Églises entre elles, dans un rapport malsain à l’autorité musulmane. Tout cela a engendré les mentalités confessionnelles et la perte du souci missionnaire qui caractérisent le christianisme oriental.
    Mais, à notre époque, les Églises du Levant prennent conscience de l’urgence qu’il y a à remédier à ces défauts en se réappropriant leur âme orientale, dans la conviction qu’elles ne peuvent pas priver les peuples de la région (arabes, turc, iranien, israélien) des bienfaits de l’Évangile : créativité, promotion de la liberté religieuse, formation de la conscience, respect de la personne en tant qu’être créé à l’image de Dieu, culture de la gratuité, refus de la vengeance, de la violence et du sectarisme. C’est pourquoi elles refusent d’être classées dans la catégorie des « minorités », dévalorisante à leurs yeux, comme s’il s’agissait d’un état de nature alors que leur déclin numérique – une évidence que l’on ne peut certes pas nier –, résulte d’abord des vicissitudes de l’histoire, comme on l’a vu. Le Synode de 2010 leur a aussi demandé de bannir toute imitation servile des mœurs occidentales qui donnent un contre-témoignage aux musulmans, particulièrement mal venu au moment où ces derniers connaissent une crise religieuse d’une gravité sans précédent. Par ailleurs, même si les divisions entre Églises perdurent, des progrès encourageants sont accomplis pour bâtir une fraternité plus authentique, qui n’exclut pas la riche diversité des rites.

    LA VOCATION DES CHRÉTIENS D’ORIENT
    Ce regard réaliste doit cependant s’abstenir de tout jugement dépréciatif. Car, dans un contexte très difficile, les chrétiens d’Orient ont dû consentir de lourds sacrifices et leur histoire est jalonnée d’exemples de saints et de martyrs qui l’honorent et la fécondent.
    Puisque l’Europe redécouvre la présence chrétienne orientale, bien oubliée au cours des dernières décennies, et répète qu’elle veut l’aider et la protéger, elle doit prendre en considération sa vocation dans ce qu’elle a de plus essentiel car celle-ci s’enracine dans la grâce du baptême et non dans une culture sécularisée, hédoniste, matérialiste et individualiste. Envisager l’avenir des chrétiens d’Orient à l’aune de la culture occidentale revient à les priver de leur raison d’être et contribue à accélérer l’effacement du christianisme. C’est contre cet écueil, dangereux pour nous aussi qui sommes dé­sormais confrontés au défi de l’islam, que j’ai souhaité attirer l’attention de mes lecteurs.

    Annie Laurent"

    Ref. Comprendre les chrétiens d’Orient

    Spécialiste du Proche-Orient, des chrétiens d’Orient et de l’islam, Annie Laurent est à l’origine de l’association Clarifier et est l’auteur notamment de"L’Islam, pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore)" (Artège, 2017), "L’islam peut-il rendre l’homme heureux" (Artège, 2012), "Les chrétiens d’Orient vont-ils disparaître ?" (Salvator, 2017). Elle collabore régulièrement à La Nef.

    Questions à Mgr Gollnisch, directeur général de l’œuvre d’Orient :

    JPSC