De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur son blog ('Metablog') :
L'Eglise et ses "sauveurs"
Cet article est paru dans le dernier numéro de Monde et vie (cf. monde-vie.com).
Il y a incontestablement, dans l’Eglise, un choc post-traumatique que chacun vit à sa façon. Et puis il y a ces hommes d’Eglise qui déroulent imperturbablement la partition qu’ils ont écrite pour promouvoir enfin une Eglise nouvelle, une Eglise autre. Une autre Eglise.
Faut-il incriminer cinquante ans de laxisme dans l’Eglise pour expliquer la situation actuelle de l’Epouse du Christ ? Il y a un autre motif que l’on ne doit pas se cacher à soi-même : le monde change, la transparence y est désormais de rigueur, comme M. Castaner vient de le comprendre à ses dépens, alors que sa présence entre Minuit et deux heures du matin dans une boîte de nuit proche de son Ministère, fait le tour des réseaux sociaux, images à l’appui. L’Institution ecclésiale est soumise à ces contraintes nouvelles. Il faut bien reconnaître que, s’affichant comme professeur de vertu, elle est devenue la risée des médias ; elle est sans cesse sous les projecteurs (spotlights), une affaire de mœurs la concernant chassant l’autre. Aujourd’hui 15 mars, c’est l’ancien curé de la cathédrale de Santiago du Chili, Tito Rivera, qui est accusé d’avoir endormi sa victime, un homme venu lui demander de l’aide avant de la violer… Homosexualité violente aujourd’hui. Demain ce sera de la pédophilie. Et après-demain un abus de position dominante sur telle religieuse, comme on l’a vu dans le documentaire d’Arte. L’Eglise est violemment mise en cause dans les personnes de ses ministres. Elle va devoir boire le calice jusqu’à la lie. Certains hommes d’Eglise ont essayé de s’opposer à cette terrible opération transparence (on parle de glasnost en russe) en se cachant derrière la culture du secret qui caractérise les vieilles institutions. Peine perdue ! Le tourbillon des réseaux sociaux se charge de diffuser les paroles ou les images, ou même (dans le cas du cardinal Barbarin), un bon réalisateur se donne la peine de les reconstituer à l’aide d’un film qui a toute l’éloquence d’une vraie œuvre d’art, même si elle déborde parfois par rapport à la réalité des faits.
Un complot divin
Quoi qu’on puisse penser de ce sale imbroglio, nous entrons tous dans une autre phase de l’histoire de l’Eglise, où le plus important ne sera plus de tenter de « s’adapter » à l’infini aux désidératas des personnes. Il s’agira bien plutôt, pour le prêtre désormais, de faire ses preuves, en désarmant les préventions qui, naturellement naîtront ici et là à son encontre.