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  • Une "soirée non confessionnelle et méditative" pour fêter le millénaire de l'église de Tourinnes-la-grosse

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    Lu dans L'Avenir de ce 7 février (p.7)

    Brabant Wallon :

    Ils ont allumé mille bougies pour le millénaire de l’église de Tourinnes

    C’est parti! L’église Saint-Martin de Tourinnes-la-Grosse fête ses 1 000 ans en 2020! L’année sera donc marquée par une série de rendez-vous centrés sur ce lieu historique qui fait la fierté de toute une commune. La paroisse Saint-Martin s’investit donc pour inviter la population et les admirateurs à fêter ce majestueux édifice qui réunit les Tourinnois depuis dix siècles. Pour toucher un maximum de monde, des célébrations villageoises festives, spirituelles, participatives, culturelles, concertantes, amusantes, priantes, éducatives ou encore créatives sont au programme. Samedi dernier, en ouverture de ces festivités, était proposée une «fête de la lumière» au cours de laquelle quelque 400 personnes présentes, dont de nombreux enfants des écoles, renforçant le caractère transgénérationnel des hommages, ont allumé ensemble les 1 000 bougies installées dans l’église. Les organisateurs avaient annoncé une soirée, non confessionnelle et méditative, permettant d’entrer en dialogue avec l’indescriptible énergie qui se dégage du lieu.

    Extraordinaire qu'il faille recourir à une cérémonie non confessionnelle pour célébrer le millénaire d'une église catholique habitée par la présence du Christ en son Eucharistie (du moins espère-t-on qu'elle le soit toujours) plutôt que par on ne sait quelle "indescriptible énergie se dégageant du lieu".

  • Suisse : une érosion très sensible du catholicisme

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    De sur son blog ("une chronique politique sans parti pris" hébergé par Le Temps :

    La religion des Suisses sans les confessions.

    extraits :
    (...) En Suisse on dispose (...) de statistiques religieuses précises, parce que certains cantons financent les Eglises à proportion du nombre de leurs affiliés, et que ceux-ci versent une contribution supplémentaire à leurs impôts. Se déclarer fidèle d’une confession implique dans ce cas une contribution volontaire. Si des fidèles estiment que l’apport de leur Eglise ne compense plus leurs cotisations, ils sortent de celle-ci : cette comptabilité assez matérialiste en dit plus long que des statistiques imprécises sur la fréquentation dominicale.

    Entre 2010 et 2018, la part des catholiques romains dans la population suisse a diminué de 3 points, s’élevant maintenant à 36,5%. Celle des réformés évangéliques a diminué davantage, de 5 points à 24,4%. A l’inverse, celle des musulmans a augmenté de 1 point à 5,2%, due plus à l’immigration qu’à des conversions. La part des communautés juives n’a pas changé. Mais celle des personnes sans appartenance religieuse, athées et agnostiques, a progressé le plus, de 8 points à 25 %. En simplifiant : un tiers de catholiques, un quart de protestants et surtout un quart de sans religion en forte croissance, qui sont même plus nombreux que les réformés.

    Le nombre de sorties de l’Eglise catholique au niveau suisse, qui s’élevait à 20’014 en 2017, a augmenté de 25% en 2018, pour atteindre 25’366. Cette hausse répond aux informations sur des abus sexuels et spirituels commis au sein de cette Eglise à travers le monde et à l’inertie des autorités ecclésiastiques à leur endroit. L’Eglise réformée en Suisse a, elle aussi, dû faire face en 2018 à une augmentation du nombre des sorties comparativement à 2017, pour atteindre un total de 21’751 sorties.

    Depuis 2013, le mariage religieux catholique a régressé d’environ 20% en 2018. Cette dernière année, sur le total des mariages civils conclus en Suisse, où au moins l’un des conjoints était de confession catholique, la proportion des unions célébrées à l’église atteignait 22%. Si les deux conjoints étaient catholiques, la probabilité d’un mariage à l’église s’élevait à 36%. Le mariage religieux ne relève plus du tout de l’évidence pour les catholiques, d’autant plus qu’il entraine de sérieuses complications ecclésiales en cas de divorce civil.

    Le nombre des baptêmes catholiques entre 2013 et 2018 a baissé de 11%. En 2018, 18’568 baptêmes catholiques ont été dispensés soit 21% du nombre des naissances recensées en Suisse. Cette proportion d’enfants baptisés dans l’Eglise catholique est sensiblement plus faible que le pourcentage des catholiques au sein de la population suisse (36,5%). L’Eglise protestante est confrontée à une situation similaire. En 2018, son taux de baptêmes s’est élevé à 13% des naissances enregistrées en Suisse dans l’année, alors que le pourcentage des réformés au sein de la population atteint 24,4%.

    A côté de l’appartenance déclarée à une confession et de la participation à son financement, il y a la réalité de la pratique. Contrairement à un sentiment largement répandu, les musulmans sont ceux qui pratiquent leur foi de manière la plus passive. Après les non-religieux, ce sont les communautés islamiques qui comptent le plus grand nombre de personnes ayant déclaré n’avoir jamais participé à un service religieux, au cours des douze mois précédant l’enquête. La proportion de personnes qui n’ont jamais prié au cours de cette même période de douze mois est également plus élevée chez les musulmans (40%) que chez les protestants (33%) et les catholiques (25%). On est donc très loin d’une islamisation massive de la Suisse, prototype d’une fake news qui a alimenté en 2009 la campagne pour l’interdiction des minarets, approuvée par 57,5% de la population. (...)

  • Comment se comporter en chrétien dans un monde qui ne l'est plus ?

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    Du site de France Catholique :

    Se comporter en chrétien dans un monde qui ne l’est plus

    propos recueillis par Guillaume Bonnet

    mercredi 5 février 2020

    Pour Charlotte d’Ornellas, il faut apprendre «  à prier pour ses adversaires  », et «  défendre un bien universel  » pour ne pas sombrer dans la victimisation.
    Journaliste à Valeurs Actuelles, chroniqueuse sur CNews, Charlotte d’Ornellas ne dissimule pas sa foi. Elle se confie sur la façon de se comporter en chrétien dans un monde qui ne l’est plus beaucoup. Profond et très stimulant.
    Sur France Inter, vous avez fait les frais d’attaques concentrées sur votre foi. Êtes-vous parvenue à jeter un regard chrétien sur ceux qui vous roulaient dans la boue ?

    Je ne vais pas faire croire que se faire insulter, en des termes franchement sales, sur le service public, est agréable ou réjouissant. C’est humiliant. Mais je crois très honnêtement que l’auteur de cette chronique, comme de beaucoup d’autres qui ne me concernent pas, s’est plus sali lui-même qu’il ne m’a atteinte. Passée la stupéfaction, j’avais très sincèrement de la peine pour lui.

    Dans ce genre de situation, il faut en revenir à ses principes, et à l’enseignement choisi et reçu. Il faut apprendre à pardonner, et à prier pour ses adversaires. Ce n’est pas facile, mais il faut essayer. Il est nécessaire, je crois, de faire la différence entre la faiblesse et la charité. On peut dénoncer l’absence de réactions, l’insulte que cet homme ne se serait permise avec personne d’autre, sans pour autant vouloir de mal à cet homme. En l’occurrence, l’attaque était trop pitoyable et bien trop personnelle pour mériter la révolte.

    Quel est le juste regard que les chrétiens doivent adopter face à ceux qui, en public, les détestent ou les raillent ?

    C’est une question difficile. Je crois qu’il faut vraiment distinguer les attaques. La moquerie, l’insulte, la dégradation ou la profanation sont des choses différentes, et leur gravité n’est pas égale. Il faut se tenir droit, exiger que la justice soit rendue, formuler le scandale et se garder de la faiblesse. Ensuite, il faut aussi avoir conscience que la foi est un choix exigeant, difficile et que nous croyons en un Dieu qui a donné son fils pour racheter nos péchés. Tous nos péchés, ceux de nos adversaires, mais les nôtres aussi.
    Il ne faut pas perdre de vue que le péché – la moquerie gratuite en est un – ne nous fait horreur que par amour pour le pécheur. Quand nous nous défendons, il faut défendre un bien universel et non sombrer dans la victimisation. Il faut relire saint Thomas d’Aquin sur le blasphème, il est lumineux !

    En revanche, il faut avoir à l’esprit aussi que la défense d’un patrimoine, d’une culture et d’une partie de notre identité française ne relève pas de la foi, mais du droit à la continuité historique. Pour les catholiques évidemment, mais aussi pour tous les Français. Et je crois que l’évangélisation passe aussi par les paysages, les œuvres, ce que l’on entend et voit. Le combat se situe alors sur un terrain différent : là, je crois qu’il nous faut relever la tête et défendre ce qui est attaqué dans l’indifférence générale. Par charité.

    Plusieurs journalistes chrétiens évoluent désormais sur les plateaux de radio ou de télévision. Y a-t-il une évolution favorable ? Ou servent-ils de caution de pluralité à un système plus intolérant que jamais ?

    Il est difficile de répondre pour une raison simple : le système médiatique est une réalité, mais il est composé de personnes qui réagissent différemment. Le témoignage de foi génère des moqueries ou des insultes, comme depuis 2 000 ans, mais il peut aussi engendrer des conversations incroyables. Il y a surtout une grande méconnaissance de ces sujets religieux, et tout particulièrement au sujet du catholicisme. On ne «  connaît  » l’Église que par d’atroces scandales, on imagine que la foi se résume à une doctrine morale dépassée…

    Le système n’est pas plus intolérant que jamais, il suffit de se pencher sur l’histoire de France, du christianisme, ou même de regarder ce que subissent les chrétiens persécutés à travers le monde. Il se peut en revanche que nous nous soyions nous-mêmes affadis par confort, par crainte, par volonté de respectabilité… Alors il faut se souvenir de sainte Bernadette : «  Nous ne sommes pas chargés de le faire croire mais de le dire.  »

    On peut craindre d’être une «  caution  » sur le terrain politique ou idéologique. Mais sur celui du témoignage de foi, qui est un trésor que l’on rêve de partager, c’est impossible. Notre foi nous enseigne que seul Dieu sauve, et il faudrait avoir assez peu confiance en Lui pour imaginer qu’un système médiatique ait le dessus. Ni ce système-là ni un autre n’ont jamais réussi à empêcher la grâce de passer. Il faut simplement avoir à l’esprit que les voies de Dieu sont décidément impénétrables… Et essayer d’être témoins, qui se dit martyr en grec… 

  • Relaxé, Mgr Barbarin se confie

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    Du "Forum catholique" (Jean Kinzler) :

    Les confidences du cardinal Barbarin

    Jugé pour ne pas avoir dénoncé le père Preynat pour agressions sexuelles sur mineurs, l'archevêque a été relaxé par la cour d'appel. Il s'explique pour la première fois.

    Propos recueillis par Jérôme Cordelier, sur lepoint.fr

    C'est un document de 37 pages qui reprend, de façon très détaillée, l'affaire communément désignée Preynat-Barbarin pour, au final, dédouaner le cardinal Philippe Barbarin de toute responsabilité pénale. Le 30 janvier, la cour d'appel de Lyon a relaxé le prélat : Philippe Barbarin n'a pas commis, comme on l'en accuse depuis quatre ans, l'infraction de non-dénonciation du père Preynat pour agressions sexuelles sur mineurs. C'était l'avis du parquet, en seconde comme en première instance, réquisitions que le tribunal correctionnel de Lyon n'avait pas suivies, condamnant, le 7 mars 2019, le prélat à six mois de prison avec sursis. La cour d'appel vient d'infirmer ce jugement, relevant notamment que « l'élément intentionnel du délit apparaît clairement manquant alors que Philippe Barbarin n'avait pas dissuadé Alexandre Hezez de porter plainte ». Les parties civiles ont décidé de se pourvoir en cassation. Le lendemain de l'arrêt de la cour d'appel, le cardinal Barbarin, qui n'a pas donné d'entretien depuis 2017 - hormis une intervention sur la chaîne catholique KTO, après sa condamnation en 2019 -, nous a reçu dans son bureau de la maison Saint-Irénée, sur la colline de Fourvière, pour nous confier sa part de vérité.

    Une affaire de six ans

    2014

    Un ancien scout de Lyon, Alexandre Hezez, saisit l'archevêque de Lyon des agressions sexuelles du père Preynat.

    19 décembre 2014

    Le cardinal Barbarin transmet au Vatican une note sur « la situation du père Bernard Preynat ». Rome demande à l'archevêque de « prendre les mesures disciplinaires adéquates » et souligne qu'« il ne peut lui être confié un autre ministère pastoral impliquant le possible contact avec des mineurs ».

    15 juillet 2015

    Le parquet de Lyon ouvre une enquête préliminaire contre Bernard Preynat pour agressions sexuelles sur mineur de 15 ans.

    26 février 2016

    Le procureur de Lyon ouvre une enquête préliminaire pour « non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs ». Au terme des investigations et auditions, le parquet décide de ne pas donner suite. Les victimes conviennent de saisir directement le tribunal.

    7 mars 2019

    Philippe Barbarin est condamné à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Lyon.

    30 janvier 2020

    La cour d'appel de Lyon infirme le jugement du tribunal correctionnel et relaxe Philippe Barbarin.

    Le Point : Comment interprétez-vous cet arrêt de relaxe ?

    Philippe Barbarin : Avant toute chose, je voudrais dire combien ces quatre années m'ont changé. Des victimes sont venues vers moi de partout, et m'ont aidé à comprendre la gravité et la persistance de cette blessure si profonde qui a bouleversé leur vie. Lors du procès de janvier 2019, la phrase qui m'a le plus touché est celle d'une victime qui a déclaré à mon sujet : « Oui, il est traîné dans la boue depuis trois ou quatre ans. Mais est-ce que l'on se rend compte que nous, nous souffrons depuis trente ou quarante ans ? » Il avait tout dit. Pour ce qui est de l'arrêt de la cour d'appel, il m'a réconforté, évidemment ! Mais, n'étant pas juriste, je n'ai ni la compétence ni la distance suffisantes pour savoir l'interpréter. Je comprends aussi à quel point il doit être difficile de juger. Ce qui nous étonne, c'est que les mêmes textes du Code pénal peuvent être interprétés dans des sens contraires. L'acte de juger est vraiment une mission délicate.

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  • Les contradicteurs du pape François

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    de Beukelaer 5e3bd009d8ad586cd5b867a7.jpgUne chronique publiée par le Chanoine  Eric de Beukelaer (1) dans la « Libre Belgique » de ce jeudi 6 février 2020 :

    « Ceux qui s’opposent à l’enseignement de François peuvent être répartis dans quatre catégories aux parois non étanches.

    Paradoxe. Nombre de traditionnels avocats de l’autorité pontificale objectent par moments contre l’enseignement du pape François. D’aucuns contrent même son magistère, en se réclamant de son prédécesseur. Pour déchiffrer l’enjeu des controverses, il est utile de connaître ces contradicteurs et ce qui les motive. En schématisant, je les répartis en quatre catégories aux parois non étanches :

    Il y a les contradicteurs pour raisons personnelles. Benoît XVI était ferme en matière doctrinale, mais doux de caractère. François, lui, est un chef qui n’hésite pas à faire acte d’autorité. Gare aux prélats qui font obstacle à son désir de synodalité ou de transparence financière. Dans la curie romaine, certains vivent douloureusement leur mise à l’écart et rejoignent, dès lors, l’opposition au Pape.

    Il y a les contradicteurs pour raisons sociétales. Héritiers des pontificats de saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ceux-là ont une vive conscience du besoin de résister aux dogmes post-modernes que sont le relativisme et l’hyper-individualisme. Ils croient déceler dans l’inflexion du discours moral du pape François, la porte ouverte vers un reniement. Je pense qu’ils se trompent. Notre pape est doctrinalement tout à fait classique. En vrai jésuite, héritier d’une riche tradition missionnaire, il veille cependant à annoncer la joie de l’Évangile dans une société qui n’est plus chrétienne. Pour ce faire, il invite à élaborer une approche pastorale adaptée à nos contemporains, vivant aux périphéries plus que dans les sacristies. Dans sa démarche, il n’est pas isolé. Nombreux sont les couples profondément catholiques qui gardent leurs principes mais changent leurs discours quand leurs enfants grandissent en prenant des sentiers de vie buissonniers.

    Il y a les contradicteurs pour raisons politiques. Les catholiques proches des partis populistes, climatosceptiques et nationalistes, considèrent la religion comme un marqueur identitaire. En conséquence, ils voient un adversaire en ce pape qui plaide la cause des migrants et de l’écologie, se voulant l’apôtre de ponts plutôt que de murs entre les peuples. Souvenons-nous de ce ministre italien invitant il y a peu - chapelet au poing - à huer François. Du jamais-vu. Ces mouvements ont du succès auprès d’une certaine jeunesse sans racines, car ils maîtrisent à la perfection la communication sur les réseaux sociaux et son cortège de fake news.

    Il y a les contradicteurs pour raisons ecclésiologiques. Ceux-là pensent l’Église d’abord à partir du clergé, plutôt que des baptisés. Ils font, dès lors, de la discipline du célibat sacerdotal obligatoire, un absolu constitutif de l’identité catholique. Que des baptisés d’Amazonie (ou d’ailleurs) n’aient plus accès à l’Eucharistie par manque de prêtres, ne peut justifier à leurs yeux, une prudente évolution de l’appel de candidats au sacerdoce. Ce serait une "catastrophe pastorale, une confusion ecclésiologique et un obscurcissement de la notion de sacerdoce" (dixit un livre récent) que de retrouver la pratique des premiers siècles et permettre l’ordination d’hommes mariés éprouvés et reconnus ("prêtre" ne signifie-t-il pas "ancien" en grec ?). Paradoxalement, ce sont les mêmes qui acceptent que des pasteurs réformés, devenus catholiques, soient ordonnés tout en restant mariés. Leur vision de l’Église partant du clergé, ils appuient la régularisation de ceux qui viennent d’un clergé non catholique, mais refusent d’assouplir cette même discipline du célibat pour répondre aux besoins des baptisés.

    Comment réagir ? Osons un fraternel débat avec ces contradicteurs. C’est la volonté du pape François lui-même de voir une culture de la controverse théologique s’installer jusqu’au sommet de l’Église. Ce faisant, veillons bien à ce qu’un tel débat se vive en écoutant… "ce que l’Esprit dit aux Églises" (Apoc.2, 7).

    (1) : Blog : http://minisite.catho.be/ericdebeukelaer/

    Entre Célestin V et Boniface VIII, les goûts et les couleurs varient. Quoi qu'il en soit des argumentaires et classements catégoriels toujours discutables, « on ne peut pas plaire à tout le monde », comme dirait Marc-Olivier Fogiel (France 3, 2000). Les papes eux-mêmes ne sont pas en reste dans l’illustration de cet adage universel. Pourquoi y échapperaient-ils ? Après tout, aucun homme, même canonisé en raison de ses réels mérites, n’est vraiment parfait : hormis le Christ, seul vrai Dieu et vrai homme. La papolâtrie est un vilain défaut hérité de l’exaltation monarchiste des princes qui nous gouvernent. Pour le reste, demeurons, en effet, ouverts et courtois.

    JPSC

  • François et Jean-Paul II

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    De Cindy Wooden sur The Tablet :

    Le pape François dénonce le «démon» de la «théorie du genre»

    Pope Francis attacks 'evil' of 'gender theory'

    Le livre a été écrit pour marquer le 100e anniversaire de la naissance de Saint-Jean-Paul, le 18 mai 1920. Une section de la couverture de "San Giovanni Paolo Magno", du Père Luigi Maria Epicoco avec le Pape François, que le prêtre a interviewé sur Saint Jean-Paul II.
    Photo: photo CNS / Edizioni San Paolo

    Saint Jean-Paul II a enseigné au monde qu'une foi et une sainteté vraiment grandes résident dans "la normalité d'une personne qui vit en profonde communion avec le Christ", déclare le pape François dans un nouveau livre.

    Précisément parce qu'il a permis aux gens de voir qu'il était un être humain, qu'il soit en train de skier ou de prier, de faire de la randonnée ou de souffrir, "chaque geste de lui, chaque mot, chaque choix qu'il a fait a toujours eu une valeur beaucoup plus profonde et a laissé une marque", a déclaré le pape François au Père Luigi Maria Epicoco, auteur du livre italien "San Giovanni Paolo Magno" ("St Jean Paul le Grand").

    Le livre, publié par les Editions San Paolo et dont la sortie est prévue pour le 11 février, a été écrit pour marquer le 100e anniversaire de la naissance de saint Jean Paul II le 18 mai 1920.

    Une grande partie du livre est constituée par des informations biographiques sur le pape défunt, mais chaque chapitre comprend la réponse du pape François aux questions du père Epicoco sur sa relation avec ce pape et des observations sur la spiritualité, la personnalité, les événements de sa vie et l'enseignement de saint Jean-Paul II.

    Le prêtre a déclaré qu'il avait parlé à plusieurs reprises avec le pape François à propos de saint Jean-Paul II, entre juin 2019 et janvier 2020. Théologien et spécialiste de la retraite populaire, le père Epicoco est président de l'Institut Fides et Ratio des études religieuses à Aquila, en Italie.

    Le pape François a dit qu'il y a une "harmonie totale" entre ses propres réflexions sur la signification du sacerdoce ministériel et l'enseignement de saint Jean-Paul sur le sacerdoce.

    Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que l'abolition du célibat obligatoire pour la plupart des prêtres catholiques de rite latin serait un moyen de remédier à la pénurie de prêtres, il a répondu: "Je suis convaincu que le célibat est un cadeau, une grâce et à la suite de Paul VI, de Jean-Paul II et de Benoît XVI, je ressens fortement l'obligation de penser le célibat comme une grâce décisive qui caractérise l'Église catholique latine. Je le répète: c'est une grâce. "

    Le père Epicoco a également interrogé le pape François à propos de l'insistance de saint Jean-Paul II selon laquelle les femmes ne peuvent pas être prêtres parce que Jésus n'a choisi que des hommes comme apôtres.

    "La question n'est plus ouverte à la discussion car la déclaration de Jean-Paul II était définitive", a déclaré le pape François. Cependant, a-t-il dit, généralement la question trahit une incompréhension du rôle du sacerdoce ministériel et se concentre uniquement sur la fonction des gens dans l'Eglise, pas sur leur importance.

    Comme Marie, a-t-il dit, les femmes sont celles qui "apprennent à l'église à passer la nuit en ayant confiance que la lumière du jour viendra, même lorsque la lumière du jour est encore lointaine. Seule une femme est capable de nous enseigner un amour qui est espoir".

    Le père Epicoco a également noté combien de fois le pape François parle du mal, et il a demandé au pape François où il voit le mal à l'œuvre aujourd'hui.

    "Un endroit est la 'théorie du genre'", a déclaré le pape. "Tout de suite, je tiens à préciser que je ne parle pas des personnes ayant une orientation homosexuelle. Le Catéchisme de l'Église catholique nous invite à les accompagner et à fournir une pastorale à nos frères et sœurs."

    La théorie du genre, a-t-il dit, a un objectif culturel "dangereux" visant à effacer toutes les distinctions entre hommes et femmes qui "détruirait à la racine" le plan le plus fondamental de Dieu pour les êtres humains: "la diversité, la distinction". Tout devient homogène, neutre. C'est une attaque contre la différence, contre la créativité de Dieu et contre les hommes et les femmes. "

    Le pape François a dit qu'il ne voulait pas "faire de discrimination à l'égard de quiconque", mais qu'il était convaincu que la paix et le bien-être humains devaient être basés sur la réalité que Dieu a créée, des personnes avec des différences et qu'accepter - sans les ignorer - ces différences est ce qui amène les gens à vivre ensemble.

    Parlant de sa relation avec saint Jean-Paul II, le pape François a déclaré qu'il était en auto, en Argentine, lorsqu'il a appris que le cardinal de l'époque, Karol Wojtyla, avait été élu pape en 1978. "J'ai entendu le nom de Wojtyla et j'ai pensé "un pape africain". "Puis ils m'ont dit qu'il était polonais."

    Il a dit qu'il avait aimé tout de suite le nouveau pape, en particulier en raison de sa réputation de passer du temps avec des étudiants universitaires, d'être un passionné de sport, de sa dévotion pour Marie et, en particulier, en raison de sa réputation de prier souvent et profondément.

    "En 2001, quand j'ai été nommé cardinal, j'ai ressenti un fort désir quand je me suis agenouillé pour recevoir la barette de cardinal non seulement d'échanger le signe de la paix avec lui, mais de lui baiser la main", a déclaré le pape François. "Certaines personnes m'ont critiqué pour ce geste, mais c'était spontané."

    Il a ajouté: "Nous ne pouvons pas oublier la souffrance de ce grand pape. Sa sensibilité raffinée et aiguë à la miséricorde a certainement été influencée par la spiritualité de sainte Faustine Kowalska, décédée pendant son adolescence, mais aussi - peut-être, surtout - à cause de son témoignage sur les persécutions communistes et nazies. Il a tellement souffert! "

    Les homélies et les lettres pastorales du pape François en tant qu'évêque en Argentine dans les années 1990 étaient pleines de citations de saint Jean-Paul II, a noté le père Epicoco. "Oui", a déclaré le pape François, "j'ai été perçu par beaucoup comme un conservateur. Certains m'ont vu de cette façon, mais j'ai toujours ressenti une grande harmonie avec ce que disait le pape."

    "Quelque part, j'ai lu un article d'un homme analysant l'Eglise aujourd'hui et, parlant de moi, il a dit - et je cite - 'Je ne sais pas comment cet homme a émergé'", rapporte le pape François. "Je voulais répondre," moi non plus ", parce que le Saint-Esprit intervient toujours dans certains choix. Je pense qu'il est juste que le Saint-Esprit puisse continuer à nous surprendre."

  • Quand des évêques consacrent leur pays au Coeur immaculé de Marie

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    De Vatican News :

    4 février

    Le Burkina Faso consacré au Coeur Immaculé de Marie

    Au cours du pèlerinage annuel au sanctuaire marial de Yagma, la Lourdes du Burkina Faso, les évêques, accédant à une demande des fidèles, ont décidé de consacrer le pays au Cœur Immaculé de Marie, Notre-Dame de Yagma.

    Vatican News – Cité du Vatican

    Dimanche 2 février, des milliers de fidèles, venus du Niger et des dix-sept diocèses du Burkina Faso, se sont réunis comme tous les ans pour participer au pèlerinage au sanctuaire marial de Yagma, à une quinzaine de kilomètres de la capitale, Ouagadougou. Le thème du rassemblement cette année était «la famille de l’Église de Dieu, avec Marie, proclame l’Évangile de la miséricorde et de la paix». C’est au terme de la célébration eucharistique que Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori, a annoncé la nouvelle de la consécration du pays au Cœur Immaculée de Marie.

    «C’est un acte de confiance, de foi et d’espérance que Dieu, avec Marie qui intercède pour nous, nous donnera la victoire sur le mal, sur le péché, sur nos divisions et, avec cela, la force pour travailler à un monde plus fraternel, un monde plus juste, un monde dans lequel tous comptent et tous donnent leur contribution pour faire bouger les choses» ont déclaré les évêques.

    Chaîne de prière

    C’est pour cela que tous les diocèses se sont engagés dernièrement à promouvoir la culture de la paix dans le pays. À Ouagadougou, par exemple, une chaîne de prière, qui a débuté début décembre, durera toute l’année, comme l’a indiqué le cardinal Philippe Ouédraogo, l’archevêque de la capitale. Cette initiative a reçu le soutien du Premier ministre Christophe Joseph Marie Dabiré, présent au pèlerinage. «Cette chaîne de prière organisée par toute l’Église – a-t-il déclaré – est un réconfort pour tous les Burkinabès. Et nous sommes très heureux de voir que la famille de l’Église du Burkina Faso se préoccupe substantiellement de la question de la paix et de la sécurité».

    Dans son homélie, Mgr Dabiré, en priant pour le retour de la paix au sein de la nation, troublée par de fréquentes attaques terroristes, a invité tout le monde à ne pas commettre d’actes qui puissent mettre en péril le vivre-ensemble.

    Le sanctuaire marial de Yagma, situé sur une colline sur laquelle a été construite une reproduction en latérite de la grotte de Lourdes, a été officiellement proclamé «centre de pèlerinage national» par la Conférence épiscopale du Burkina-Niger en 1988. Au cours des années, l’affluence des pèlerins n’a cessé d’augmenter et ce lieu est aujourd’hui l’un des principaux centres de pèlerinage du pays. Saint Jean-Paul II s’y est rendu le 29 janvier 1990 à l’occasion d'un voyage en Afrique qui l’avait conduit au Cap Vert, en Guinée-Bissau, au Mali, au Burkina-Faso et au Tchad.

  • Nigeria : un des quatre séminaristes enlevés a été exécuté

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    De Vatican News :

    2 février

    Nigeria: assassinat d’un séminariste kidnappé début janvier

    Aide à l’Église en Détresse Italie a donné l’information samedi soir dans un tweet. Le jeune Michael avait été kidnappé par des bandits le 8 janvier dans l'État de Kaduna. Les trois autres séminaristes kidnappés avec lui ont été libérés ces derniers jours.

    «Avec une immense tristesse, nous devons vous informer que le dernier séminariste aux mains des ravisseurs, Michael, a été assassiné». C’est par ces quelques mots dans un tweet hier soir que la branche italienne d’Aide à l’Église en Détresse a annoncé le meurtre au Nigeria du jeune séminariste enlevé avec trois autres personnes le 8 janvier au grand séminaire du bon Pasteur à Kakau, près de Kaduna, la capitale de l'État du même nom, au centre du Nigeria. L’enlèvement avait été organisé par des hommes qui n’ont pas été identifiés.

    Une insécurité comme jamais dans le pays

    Le recteur du séminaire de Kaduna a été appelé samedi pour procéder à la reconnaissance de la victime. Les trois autres séminaristes, enlevés avec lui, ont été libérés ces derniers jours et reçoivent depuis une assistance et des soins médicaux. Monseigneur Augustine Akubeze, archevêque de Benin City et président de la Conférence épiscopale du Nigeria, avait tiré la sonnette d'alarme vendredi dernier dénonçant le très haut niveau d’insécurité dans tout le pays, où la situation a atteint un de degré de gravité sans précédent.

    La violence de Boko Haram

    L’archevêque explique que tous les séminaires du Nigeria sont entourés par des murs de protection mais ces derniers  «ne sont pas suffisants pour arrêter les attaques de Boko Haram», les extrémistes islamiques dont la violence depuis 2009 a fait, selon des données récentes de l'ONU, plus de 35 000 victimes. Toutes les structures, précise le prélat, ne sont pas dotées de caméras de sécurité. «Si tous les séminaires, monastères et couvents qui accueillent des religieux avaient des caméras, elles pourraient être utiles au moins pour capturer quelques terroristes», dit-il. Malheureusement, les ressources de l'Eglise, souligne Aide à l’Église en Détresse Italie, sont limitées et les paroisses sont même obligées de payer pour s’assurer une protection policière pendant les messes dominicales.

  • Pour Emmanuel Macron , le père n'est pas forcément un mâle

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    De Pascale Morinière sur aleteia.org :

    « Votre problème, c’est que vous croyez que le père est forcément un mâle » m’a dit Emmanuel Macron

    31 janvier 2020

    Invitée le 26 janvier au Palais de l’Élysée pour célébrer la Convention des droits de l’enfant, la présidente des Associations familiales catholiques (AFC) s’est entretenue avec Emmanuel Macron du projet de « PMA pour toutes ». Elle explique les propos que lui a tenus le président de la République sur la « fonction symbolique » de la paternité.

    Ce 26 janvier avait lieu une réception à l’Élysée à l’occasion des 30 ans de la ratification de la Convention internationale des droits de l’enfant. Cette convention désigne le « caractère primordial de l’intérêt supérieur de l’enfant » (art. 3) et stipule que l’enfant a « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux » (art. 7). Il était donc étonnant, dans la même semaine, de célébrer cette convention et de voir voté, au Sénat, l’article 1 du texte du projet de la loi de bioéthique autorisant la PMA avec l’effacement du père biologique.

    « Vous croyez que le père est forcément un mâle »

    Reçue, ainsi que plusieurs dizaines de présidents d’associations œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfance ou de la famille, j’ai donc interpellé le président de la République sur cette incohérence. Je lui ai en même temps offert le livre Paternité de Fabrice Hadjadj et François-Xavier de Boissoudy (éditions de Corlevour).

    Il a accepté de me répondre en expliquant que la paternité se composait de deux dimensions : le père génétique et le père symbolique. Par cette nouvelle loi, le père « génétique » serait connu de l’enfant né de PMA avec la possibilité d’accéder à des données identifiantes. Quant au père « symbolique », il s’agirait pour Emmanuel Macron d’une fonction pouvant être assumée par n’importe qui. Devant mon incompréhension, il a ajouté : « Votre problème, c’est que vous croyez que le père est forcément un mâle. »

    Plus de sens commun

    La petite phrase d’Agnès Buzyn : « Un père peut être une grand-mère », au moment des débats à l’Assemblée nationale, était passée pour un dérapage verbal. Elle est, on le comprend maintenant, une pensée parfaitement assumée et partagée au sein du gouvernement. Avec la double filiation maternelle qui s’organise dans ce projet de loi, une mère n’est plus celle qui accouche selon l’antique adage : Mater semper certa est — « La mère est celle qui accouche ». Ainsi, avec le vote de la nouvelle loi de bioéthique, nous n’aurions plus de sens commun pour les mots « père » et « mère ».

    Ces mots sont pourtant parmi les plus intimes et charnels de notre expérience humaine. Ils sont ceux qui nous relient les uns aux autres, d’une génération à l’autre en nous ancrant dans une double lignée filiative. Comment pouvons-nous encore faire société sans que ces mots-là, ainsi que les mots « mariage », « homme » ou « femme » recouvrent une réalité partageable par tous les citoyens français ?

  • Pour le pape, L'engagement «de garder et de protéger la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle» doit être renouvelé

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    De Vatican News :

    Après l’angélus, le message du Pape pour la protection de la vie

    Après la prière de l'Angélus, le Pape François s'est associé au message des évêques italiens pour la 42ème Journée de la vie en Italie, sur le thème «Ouvrez les portes à la vie», ce dimanche 2 février 2020.

    L'engagement «de garder et de protéger la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle» doit être renouvelé, c'est pourquoi il est nécessaire de «contrer toute forme d'atteinte à la dignité, même lorsque la technologie ou l'économie sont en jeu, en ouvrant les portes à de nouvelles formes de fraternité solidaire».

    Ce sont les paroles du Pape François prononcées après la prière de l'Angélus, récitée depuis la fenêtre du Palais apostolique. La Journée pour la Vie est célébrée en effet ce dimanche 2 février 2020 en Italie.

    Le message des évêques italiens

    Dans leur document, les évêques italiens évoquaient le rejet de «toutes les formes d'avortement, d'abandon, de mauvais traitements et d'abus» et invitaient à promouvoir «l'égale dignité de chaque personne». Le texte, signé par le Conseil épiscopal permanent, est divisé en trois paragraphes : «le désir d'une vie sensée», «de la gratitude aux soins», «accueillir l'imprévisible».

  • Quand un antichristianisme de fond s'installe dans les sociétés occidentales

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    De Laurent Fourquet sur aleteia.org :

    De quoi l’antichristianisme contemporain est-il le nom ?

    Comme le montrent les faits divers qui viennent périodiquement à la surface du grand fleuve médiatique, mais aussi ces « petits riens » qui sont souvent bien plus révélateurs de l’esprit du temps que les évènements sonores, tout indique qu’un antichristianisme de fond, puissant et vigoureux, est en train de s’enraciner dans l’ensemble des sociétés occidentales. Cet antichristianisme va bien au-delà de l’anticléricalisme traditionnel des milieux libertaires, tendance Charlie Hebdo, ou de la réaction aux scandales de pédophilie dans l’Église. C’est une hostilité de principe envers le christianisme qui s’exprime de façon de plus en plus radicale et qui, loin d’être marginale, concerne par exemple une fraction significative de la classe dirigeante, dans les médias mais aussi dans l’ensemble des lieux de pouvoir.

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  • Banalisation de l'euthanasie : la loi devrait être redéfinie et la notion de souffrance psychique supprimée

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    Lu dans la Libre de ce jour (6 février), p. 38 :

    La souffrance psychique gagnerait-elle à être mieux définie dans le cadre de l'euthanasie ?

    Le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), a plaidé pour une évaluation de la législation sur l’euthanasie, et en particulier pour examiner la notion de “souffrance psychique insupportable” qui permet de légitimer une euthanasie dans certains cas, mais qui manquerait de précision et laisserait une trop large place à l’interprétation.

    Oui pour Éric Vermeer, infirmier éthicien en soins palliatifs

    Nous devons redéfinir la loi alors que nous assistons à une banalisation de l’euthanasie. Il faut enlever la notion de souffrance psychique qui permet l’euthanasie dans certains cas, car il est impossible d’établir l’incurabilité d’une telle souffrance.

    Vous avez participé à la rédaction d’un ouvrage publié aux éditions Mols et intitulé "Euthanasie, l’envers du décor". Quel serait cet envers du décor ?

    Depuis sa dépénalisation sous certaines conditions en 2002, j’ai le sentiment qu’on a banalisé l’euthanasie et qu’on essaye désormais, à coups de pathos, de nous imposer l’idée que, pour mourir dignement, il faut se faire euthanasier. Je suis par ailleurs impressionné par la manière dont les propositions d’élargissement de la loi se font. Dernièrement, il y a eu cette proposition de pouvoir euthanasier les personnes qui sont fatiguées de vivre. Nous entrons dans une logique qui me semble de plus en plus mortifère. Ce livre souhaitait montrer que derrière cette normalisation de l’euthanasie, sa pratique reste très douloureuse et difficile pour beaucoup de médecins et d’infirmiers sur le terrain. Nous voulions montrer que l’euthanasie n’est jamais vécue comme un acte anodin.

    Faut-il mieux définir dans la loi la définition de la souffrance psychique constante, insupportable et inapaisable qui peut légitimer une euthanasie ?

    Un tel travail de redéfinition me semble essentiel. Nous sommes des centaines d’éthiciens, de soignants et de psychologues à dire qu’il est impossible de valider l’incurabilité d’une souffrance psychique. Car qu’est-ce qui fait la spécificité de la dépression ? C’est l’absence de perspective, l’impression que l’on ne va pas s’en sortir. Mais il y a tant de témoignages de personnes qui, dans une situation de dépression, ont demandé l’euthanasie avant de se rétracter car ils avaient retrouvé de l’espoir suite à une rencontre par exemple. Il est impossible de dire devant une souffrance psychique qu’elle est absolument incurable. Et le grand risque, à terme, est qu’en infiltrant la possibilité de l’euthanasie dans la psychiatrie, on fasse imploser le sens profond de la psychiatrie.

    Pourquoi ?

    La société demande aux psychiatres de remettre debout des gens qui ont une perte d’élan vital. Si on euthanasie des gens qui ont comme symptôme une telle perte d’élan vital, on aboutit à une réponse qui n’est pas celle que la société demande à la psychiatrie. Je le répète : il est illusoire et impossible de valider l’incurabilité d’une souffrance psychique, et la plupart des demandes d’euthanasie sont en réalité un appel à une meilleure qualité de vie à laquelle la médecine et la société peuvent et doivent répondre.

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