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Ethique - Page 4

  • France : la hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution

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    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

    La hiérarchie catholique unanime contre l'inscription de l'avortement dans la Constitution

    « La France sera le premier pays au monde à protéger dans sa Constitution la liberté des femmes à disposer de leur corps » s'est écrié le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, en se félicitant d'avance du « vote historique » des sénateurs, le 29 février. Quatre heures de débats auront suffi pour dégager une majorité de 267 voix contre 50 (cf. Gènéthique magazine, 29 février). Le vote du Sénat a ouvert la voie à l'inscription de l'avortement dans la Constitution par l'ensemble des parlementaires réunis ce lundi en congrès à Versailles. Sur X (ex-Twitter), Emmanuel Macron s'est immédiatement réjoui du vote des sénateurs : « Je me suis engagé à rendre irréversible la liberté des femmes de recourir à l'IVG en l'inscrivant dans la Constitution. Après l'Assemblée nationale, le Sénat fait un pas décisif dont je me félicite. » A l'issue du Congrès, totalement prévisible, « le président devrait promulguer la révision constitutionnelle le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes », annonce La Croix (29 février).

    Si des personnalités et des associations se sont publiquement opposées à l'inscription de l'avortement dans la Constitution de la France, l'Église catholique est la seule institution mondiale à l'avoir totalement désavouée. Alors qu'on évoque actuellement des désaccords au sein de sa hiérarchie sur des sujets tels que l'accueil des migrants ou la bénédiction de couples homosexuels, elle apparaît soudée face à l'avortement, en dépit de l'opinion publique (huit Français sondés sur dix se disent favorables à l'inscription de l'IVG dans la Constitution). Le 7 février, après le vote de l'Assemblée nationale française (30 janvier), le directeur de Radio Vatican et du site Vatican News, Massimiliano Menichetti, s'étonnait d'un tel projet : « Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d'un État le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? » Il se faisait ainsi l'écho fidèle du pape François qui, lors de sa visite à Marseille, en septembre dernier, s'était publiquement ému du sort des « enfants à naître, rejetés au nom d'un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l'individu ». Deux ans plus tôt, le 15 septembre 2021, le Pape avait fait une réponse des plus « carrées » au journaliste d'American Magazine, Gerard O'Connell : « Qui pratique l'avortement tue, sans demi-mesure. » Expliquant pourquoi « l''Église est si dure sur cette question », il avait ajouté : « ... si elle acceptait cela, c'est comme si elle acceptait le meurtre au quotidien. » (Zenit, 16 septembre 2021). Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013, n°213), le pape François plaide pour « les enfants à naître, qui sont les plus sans défense et innocents de tous , en pleine cohérence avec ses prédécesseurs, notamment Jean-Paul II qui avait solennellement dénoncé « la suppression délibérée d'un être humain innocent » dans l'encyclique Evangelium Vitae (1995, n°58).

    Le mois suivant le voyage du Pape à Marseille, la Conférence des évêques de France avait rappelé son « inquiétude à l'idée que la liberté d'avorter puisse être inscrite dans la Constitution » (CEF, 29 octobre 2023). Après le vote du Sénat, elle a fait part de sa « tristesse », redisant « que l'avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. » La CEF achève son communiqué en assurant qu'elle « sera attentive au respect de la liberté de choix des parents décidant, même en des situations difficiles, de garder leur enfant, et de la liberté de conscience des médecins et de tous les personnels soignants, dont elle salue le courage et l'engagement » (CEF, 29 février).

    Plusieurs évêques ont argumenté dans le même sens sur le site de leur diocèse. « Une société qui constitutionnalise la culture de mort, qu'elle en ait conscience ou non, se fragilise elle-même en profondeur » a averti Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, dénonçant « une dangereuse inversion des valeurs » dans une déclaration (29 février). Mgr Luc Crepy, évêque de Versailles, lieu du Congrès, a publié ce message (27 février) : « Avec tous les évêques de France, je redis ma tristesse et ma profonde opposition devant cette évolution. C'est bien au contraire le respect de toute vie, de sa conception à sa mort naturelle, qui devrait être reconnu comme faisant partie du socle commun sur lequel se fonde notre société »« Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s'honoreront-ils d'un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l'histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l'interdit de tuer ? » interpelle Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne (1er Mars). La veille du vote des sénateurs, Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, primat des Gaules, avait pointé cette « contradiction » : « Si la loi était adoptée, la France mettrait au même niveau l'égale dignité de toute vie humaine  principe à valeur constitutionnelle  et la liberté d'accès à l'avortement. Comment expliquer une telle contradiction ? » (Église catholique à Lyon, 27 février, en lien ci-dessous).

    Pour aller plus loin :

    L’IVG dans la Constitution ?

    >>> Lire le communiqué sur le site : Eglise catholique à Lyon

    Lire aussi : France: le Vatican dénonce le "droit" à supprimer une vie humaine

  • Avortement : « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur”»

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    Une lettre mensuelle de Gènéthique Magazine :

    IVG : une femme témoigne « ce n’était pas “mon choix”, mais “ma peur”»

    1er mars 2024

    Le 28 février, le Sénat a adopté le projet de loi visant à inscrire dans la Constitution « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une IVG » (cf. IVG dans la Constitution : le vote téléguidé des sénateurs ). Le texte va désormais être présenté au Congrès le 4 mars. Il faudra une majorité de trois cinquièmes des suffrages exprimés pour que le texte soit ajouté à la Constitution.

    Au cours des débats, aucun parti politique ou parlementaire n’a abordé « le sort des enfants à naître, les causes et les circonstances sociales de l’IVG, ainsi que les conséquences de l’avortement sur les femmes elles-mêmes » dénonce le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) (cf. « Deuil caché » : « une réhabilitation de la souffrance » des femmes qui ont avorté). Dans ce contexte, l’organisation non-gouvernementale (ONG) spécialisée dans les droits de l’homme a décidé de lancer une initiative afin de permettre à douze femmes de témoigner de l’avortement qu’elles ont vécu. Le but : faire émerger les « angles morts » du débat.

    Sous prétexte de liberté, une orientation automatique

    « De nombreuses femmes souhaitent être entendues, réellement accompagnées et aidées dans cette période difficile d’un début de grossesse imprévue, lorsqu’elles se demandent “Que faire ?” » souligne l’ONG qui reçoit de nombreux témoignages. Parmi eux, celui de S., 44 ans et déjà mère de 3 enfants, qui a avorté à Limoges après avoir consulté l’espace Choisir, le centre d’IVG et de planning familial du CHU.

    Elle a écrit une « lettre ouverte » à l’attention du personnel de l’hôpital « de la Mère et de l’Enfant » de Limoges, et plus particulièrement des professionnels du groupe Choisir. Elle y révèle combien l’orientation automatique, et presque forcée, vers l’avortement a été pour elle cause de souffrance, avant comme après cet acte. La « liberté » mise en avant par le projet de loi adopté au Sénat est bien loin de ce qu’elle a vécu (cf. IVG dans la Constitution : une « liberté » ne peut pas être subie).

    Sa lettre est reproduite dans les lignes qui suivent.

    « Lettre ouverte » au planning familial 

    « “Choisir”, quel nom pour un centre d’IVG ! Comme si on vous laissait vraiment choisir, car pour avoir le choix, il faut voir se dessiner plusieurs alternatives possibles. Or, quand on se présente à votre service, c’est qu’on a l’impression de ne pas avoir d’autre solution.

    Si vous voulez vous targuer du titre de « choisir », il faudrait donc aider les femmes à faire le point sur leur situation afin qu’elles voient se profiler devant elles plusieurs chemins, et non un seul.

    C’est justement là que pèche votre service : il ne m’a pas aidée à choisir, je n’ai pas été orientée vers une psychologue, on ne m’a pas proposé d’entretien psycho-social alors que j’étais dans une situation de peur et de détresse. Il est regrettable qu’un entretien avec un psychologue ne m’ait été proposé qu’un mois après la procédure, quand j’ai avoué à la gynécologue que je n’étais pas bien et que je regrettais ma décision.

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  • Cardinal Newman : la primauté de la conscience

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    Lu sous la signature de Christian Gouyaud dans le mensuel LA NEF n° 318 Octobre 2019, mis en ligne le 29 février 2024 :

    Avec un siècle d’avance, Newman a développé l’idée de la primauté de la conscience, comme personne à son époque. Explications en suivant le cardinal Joseph Ratzinger.

    "Joseph Ratzinger cite fréquemment le mot de Newman dans sa Lettre au duc de Norfolk (1) : « Si, après un dîner, j’étais obligé de porter un toast religieux – ce qui évidemment ne se fait pas –, je boirais à la santé du pape, croyez-le bien, mais à la conscience d’abord, et ensuite au pape ! » Au-delà de cette boutade, la lettre autant que son auteur – qu’il béatifiera – revêtent une importance particulière pour J. Ratzinger. Rappelons le contexte de cet écrit. En 1874, Gladstone, ancien premier ministre de Grande-Bretagne, fit paraître un article aux accents pamphlétaires et au titre évocateur : « Les décrets du Vatican et le loyalisme civil des catholiques ». Selon Gladstone, les catholiques anglais manqueraient de loyauté envers le Royaume, étant en conscience, déterminés par une puissance étrangère : Rome. Newman répondit à Gladstone par La lettre au Duc de Norfolk, qui est un véritable hymne à la conscience. Pour Newman, les catholiques (anglais) ne se déterminent qu’en fonction de leur conscience, laquelle est la « Voix de Dieu » qui parle en chacun. Newman conférait à la conscience une valeur d’abord religieuse avant que psychologique ou éthique. Elle est cette instance à la fois immanente et transcendante. Si elle est la norme ultime et immédiate de l’agir humain, elle n’est pas pour autant autonome. Non seulement le magistère n’a pas condamné les droits de la conscience mais l’autorité ecclésiale est fondée sur la conscience, que Newman n’hésite pas à appeler « le vicaire du Christ » : « On ne verra jamais un pape, dans un document officiel adressé à tous les fidèles, porter atteinte à la doctrine très grave du droit et du devoir d’obéir à l’autorité divine s’exprimant par la Voix de la conscience. Car, en vérité, c’est sur cette Voix de la conscience que l’Église elle-même est fondée. Si le pape se prononçait contre la conscience, il se suiciderait, il ferait crouler le sol sous ses pieds. » Newman va encore plus loin en attribuant à la conscience les prérogatives du pape : « La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ. Elle est le prophète qui nous révèle la vérité, le roi qui nous impose ses ordres, le prêtre qui nous anathématise et nous bénit. » A supposer même que, par impossible, « le sacerdoce éternel de l’Église [vienne] à disparaître, le principe sacerdotal survivrait à cette ruine et se poursuivrait, incarné, dans la conscience ». De là, le toast à la conscience.

    Ratzinger, conscience et Magistère

    En 1991, J. Ratzinger a proposé une réflexion puissante sur le rapport entre la conscience et le Magistère (2). Plutôt que d’aborder la question de la conscience de façon abstraite, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi préfère partir d’une opinion qui l’a profondément choqué, selon laquelle l’incroyance serait une grâce parce que la conscience erronée permet d’être plus facilement sauvé, dispensant les incroyants du fardeau onéreux de la foi et de ses obligations morales. Cette opinion renvoie à la conception d’un Dieu qui aveuglerait pour sauver et d’une foi qui, inversement, augmenterait la difficulté de se sauver : « La mise à l’écart de la vérité serait plus salutaire à l’homme que la vérité ; ce n’est pas la vérité qui le libérerait, mais au contraire, il devrait s’en libérer. L’homme serait davantage chez lui dans l’obscurité qu’à la lumière, car la foi ne serait pas un don bienfaisant du Dieu de bonté mais au contraire un héritage néfaste. » On peut dire que tout l’effort théologique de J. Ratzinger a consisté à s’insurger contre cette position. La conception qui, considérant la foi et ses obligations morales comme un fardeau trop onéreux quasi-impossible à supporter, préfère laisser les hommes dans leur « bonne conscience » erronée, est, selon J. Ratzinger, sous-jacente à la paralysie de l’évangélisation.

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  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

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    Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

    C’est avec consternation que nous apprenons les résultats du vote du Sénat, à la suite de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à l’inscription dans la Constitution française de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’IVG ». 50 sénateurs seulement se sont courageusement élevés contre l’idéologie dominante. C’est une nouvelle avancée de la « culture de mort » (Jean Paul II) ou de la « culture du déchet », tant décriée par le Pape François.

    La France, qui détient déjà le triste record du nombre annuel d’avortements (233 000 en 2022), sera l’un des premiers pays à inscrire l’IVG dans la Constitution comme un droit fondamental, performance qui devrait assurément nous faire honte. La classe politique est-elle si dénuée de conscience éthique pour en arriver à un si déplorable résultat ? Les députés et les sénateurs se laisseront-ils interpeller par ces paroles fortes de saint Jean Paul II : « Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision ‘tyrannique’ envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupules, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ? » (Évangile de la vie n. 70). Car, ce qui est présenté comme une victoire du droit des femmes est en réalité une nouvelle atteinte contre la vie humaine en son commencement, autrement dit : un « crime abominable » (Concile Vatican II), le « meurtre délibéré d’une personne humaine innocente », comme l’a rappelé avec force le Pape saint Jean Paul II dans son encyclique l’Évangile de la Vie.

    N’y a-t-il pas d’ailleurs une offense faite à la science, une sorte de régression scientifique, quand on invoque « le droit de la femme à disposer de son corps », comme si la génétique moderne n’avait pas montré depuis longtemps que l’embryon est dès la première cellule fécondée un organisme vivant, distinct de celui de sa mère et dont la molécule d’ADN contient toute l’information génétique qui fera de cet embryon telle ou telle personne humaine, avec toutes ses caractéristiques propres ?

    À travers ce projet de loi constitutionnelle, on prétend ni plus ni moins valoriser la femme contre l’enfant à naître qui demeure le grand oublié des débats. Ce faisant, on est loin de résoudre le problème des femmes, souvent contraintes à avorter en raison de difficultés sociales et économiques, environ 70% des femmes ayant recours à l’IVG. Les nombreuses confidences reçues au confessionnal de la part de femmes ayant eu recours à l’avortement – et beaucoup de psychologues pourraient en dire autant – nous confirment dans l’idée que l’avortement est toujours un drame et une source de profonds traumatismes pour la femme.

    Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s’honoreront-ils d’un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l’histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l’interdit de tuer ? En tout cas : « Dieu se fera le juge exigeant de toute violation du commandement ‘tu ne tueras pas’, placé à la base de toute la convivialité de la société. Il est le ‘goël’, c’est-à-dire le défenseur de l’innocent » (Évangile de la Vie n. 53).

    J’invite donc les fidèles du diocèse qui le pourront à prier et à jeûner à cette intention, le lundi 4 mars, alors que le Congrès sera appelé à ratifier ce projet de loi constitutionnelle.

    Bayonne, le 1er mars 2024.

     

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  • On ne peut invoquer Benoît XVI pour justifier Fiducia Supplicans

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    De Nicola Bux sur InfoVaticana :

    Le théologien Nicola Bux démonte l'article de Tornielli : "Il est trompeur et constitue une falsification flagrante"

    1er mars 2024

    Cette semaine, Andrea Tornielli, responsable des médias officiels du Vatican, est allé jusqu'à comparer le cardinal Victor Manuel Fernandez à Ratzinger.

    Dans un article publié dans Vatican News, le directeur éditorial du Dicastère pour la communication du Vatican insiste sur le fait que Fiducia supplicans "ne change pas la doctrine traditionnelle sur le mariage qui prévoit une bénédiction nuptiale uniquement pour l'homme et la femme qui se marient".

    Or, le père Nicola Bux, ancien consulteur du Dicastère pour la doctrine de la foi et proche collaborateur de Benoît XVI, a écrit un article dans lequel il démonte ce qu'a écrit Tornielli et que nous reproduisons ci-dessous :

    Il n'y a pas de bénédictions non liturgiques

    Vatican News du 27 février 2024 a publié l'article : Fiducia supplicans, non-liturgical blessings and that Ratzinger distinction. Le titre compare la récente Déclaration avec certains passages de l'Instruction Ardens Felicitatis du 14 septembre 2000, promulguée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, préfet le Cardinal Ratzinger, dans le but de prier pour la guérison de Dieu. Ce document est né de la nécessité de mettre de l'ordre dans la confusion de ces années concernant les réunions de prière et le charisme de guérison.

    La comparaison faite dans l'article de Vatican News entre les prières mentionnées dans l'Instruction Ardens Felicitatis et les bénédictions de la Fiducia Supplicans est totalement erronée. La prière est une question insistante, comme l'indique le mot lui-même, la bénédiction est une formule d'approbation - bien dite - d'en haut, c'est-à-dire de Dieu. Le bon berger, dont il est question dans l'article, qui ne se donne pas la paix tant qu'il n'a pas retrouvé la brebis égarée, ne va pas la bénir parce qu'elle s'est égarée, mais la prendre sur ses épaules pour la ramener au bercail, non sans lui avoir fait comprendre qu'elle s'est égarée.

    Mais revenons à l'éducation. Dès le titre : Instructio de orationibus ad obtinendam a Deo sanationem (sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison), le but est expliqué : invoquer la délivrance du mal corporel et spirituel. On ne peut pas prier Dieu pour confirmer l'état de péché dans lequel on est tombé. En effet, le désir de bonheur inhérent au cœur de l'homme se conjugue toujours avec le désir d'obtenir la délivrance des maladies et d'en comprendre le sens lorsqu'elles sont vécues.

    L'Instruction Ardens Felicitatis est également intervenue pour réglementer la nouveauté croissante des réunions de prière, qui sont combinées avec des célébrations liturgiques destinées à implorer Dieu pour la guérison. Il n'est pas rare que des guérisons soient annoncées, ce qui suscite une attente et un intérêt croissants pour ces réunions. Dans ce contexte, on fait appel à un charisme de guérison douteux. Les réunions de ce type, convoquées pour obtenir des guérisons, soulèvent des questions sur la manière dont l'autorité ecclésiastique les évalue, en particulier en ce qui concerne l'aspect liturgique, qu'elle doit surveiller et réglementer, afin qu'il soit correctement réglé. Dans ce but, l'Instruction introduit la partie doctrinale sur les grâces de guérison et les prières pour les obtenir. Tout d'abord, la signification de la maladie et de la guérison dans l'économie du salut. Dans l'Ancien Testament, le malade qui prie Dieu de le guérir reconnaît que ses péchés lui valent de justes châtiments. Mais la maladie touche aussi les justes, et l'homme en demande la raison à Dieu : le cas de Job est célèbre. Il est une figure de Jésus-Christ, dans la passion duquel, selon l'Apôtre, l'homme peut partager sa douleur et même se réjouir ( Col 1,24) : c'est dans cette mesure que le Nouveau Testament élève la souffrance.

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  • Bruxelles, 13 mars : Conférence exceptionnelle du cardinal Fridolin Ambongo

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    13 MARS | CONFÉRENCE EXCEPTIONNELLE DU CARDINAL AMBONGO (RDC)

    L’UP Sainte-Croix d’Ixelles a l’honneur d’accueillir le cardinal Fridolin Ambongo de Kinshasa pour une conférence à La Cambre, en collaboration avec l’Ordre Souverain de Malte, le Pôle Jeunes XL et les Grandes Heures de la Cambre.

    Quand : Le 13 mars 2024

    Heure : 20h15

    Au programme : Conférence, messe animée par les jeunes et un drink

    Les tickets sont disponibles en ligne.

    ***

    Avant d’être appelé à l’épiscopat, Mgr Ambongo a servi en tant que curé de paroisse et en tant que professeur : Il est également membre profès de l’ordre des Frères mineurs capucins. Consacré évêque en 2004, il a été évêque de Bokungu-Ikela de 2004 à 2016, et administrateur apostolique de Kole de 2008 à 2015, puis administrateur apostolique (2016) puis archevêque de Mbandaka-Bikoro et administrateur apostolique du diocèse de Bokungu-Ikela entre 2016 et 2018, et coadjuteur de l’archevêque de Kinshasa en 2018. Il devient le 1er novembre 2018 archevêque de Kinshasa puis cardinal le 5 octobre 2019. 

    C’est depuis lors l’un des chefs de file parmi les évêques en faveur de la paix nationale. Il s’exprime très régulièrement au Congo sur des causes qui lui sont chères :

    En mai 2016 il accepte d’aller témoigner à La Haye en faveur de Jean-Pierre Bemba accusé par la Cour pénale internationale de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui sera acquitté en 2018. Entre 2016 et 2018, il dénonce les tentatives répétées du président congolais Joseph Kabila de repousser les élections au Congo. En 2018, après les violents affrontements consécutifs à la situation politique, il co-signe un texte au nom des évêques déclarant que les prélats « déplorent l’attaque sur la vie humaine » et offrent leurs condoléances aux familles des « victimes innocentes » tuées dans les affrontements.

    Fridolin Ambongo condamne l’exploitation des ressources naturelles et estime que les énergies renouvelables contribuent à atténuer l’impact du changement climatique dans le monde.En mars 2015, il affirme avoir reçu des menaces de mort.

    Enfin plus récemment, alors que le 18 décembre 2023, le Saint-Siège publie la déclaration pontificale Fiducia supplicans, par laquelle elle permet « de bénir « simplement » les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe ». Fridolin Ambongo Besungu indique son désaccord dans un courrier du 20 décembre 2023 adressé au Pape.

    ***

    Accéder au site de l’UP Ste-Croix

    Visiter le site du Pôle XL Jeunes

    Aller sur le site des Grandes Heures de La Cambre

    Et enfin le site de l’Ordre Souverain de Malte Belgique.

    ***

    Date / Heure

    Date(s) - 13 mars 2024
    20h15 - 22h00

    Lieu

    Abbaye de la Cambre, 11
    1000 1000 Bruxelles

  • Pape François : "le danger le plus terrible est l'idéologie du genre qui efface les différences et rend tout identique"

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCOIS AUX PARTICIPANTS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE "HOMME-FEMME IMAGE DE DIEU. POUR UNE ANTHROPOLOGIE DES VOCATIONS".

    Salle du Synode
    Vendredi, 1 mars 2024

    Paroles du Saint Père avant le discours

    Bonjour ! Je demande qu'on fasse la lecture, pour ne pas être trop fatigué ; j'ai encore un rhume et je suis fatigué en lisant pendant un certain temps. Mais je voudrais souligner une chose : il est très important qu'il y ait cette rencontre, cette rencontre entre les hommes et les femmes, parce qu'aujourd'hui, le danger le plus terrible est l'idéologie du genre, qui annule les différences. J'ai demandé des études sur cette vilaine idéologie de notre temps, qui efface les différences et rend tout identique ; effacer la différence, c'est effacer l'humanité. L'homme et la femme, en revanche, sont dans une "tension" féconde. Je me souviens avoir lu un roman du début des années 1900, écrit par le fils de l'archevêque de Canterbury : Le Maître de la Terre. Ce roman parle de l'avenir et est prophétique, car il montre cette tendance à effacer toutes les différences. Il est intéressant de le lire, si vous en avez le temps, parce qu'on y retrouve les problèmes d'aujourd'hui ; cet homme était un prophète.

    Frères et sœurs !

    Je suis heureux de participer à cette conférence promue par le Centre de recherche et d'anthropologie des vocations, au cours de laquelle des chercheurs de différentes parties du monde, chacun avec sa propre expertise, discuteront du thème "Image de Dieu de l'homme et de la femme. Vers une anthropologie des vocations". Je salue tous les participants et je remercie le cardinal Ouellet pour ses paroles : nous ne sommes pas encore des saints, mais nous espérons l'être toujours plus, c'est la première vocation que nous avons reçue ! Et merci surtout parce qu'il y a quelques années, avec d'autres personnes influentes et à la recherche d'une alliance des savoirs, vous avez créé ce Centre pour initier une recherche académique internationale visant à toujours mieux comprendre le sens et l'importance des vocations, dans l'Église et dans la société.

    L'objectif de cette conférence est avant tout de considérer et de valoriser la dimension anthropologique de toute vocation. Cela nous renvoie à une vérité élémentaire et fondamentale, qu'il nous faut aujourd'hui redécouvrir dans toute sa beauté : la vie de l'être humain est vocation. Ne l'oublions pas : la dimension anthropologique, qui sous-tend tout appel au sein de la communauté, est liée à une caractéristique essentielle de l'être humain en tant que tel : l'homme lui-même est vocation. Chacun de nous, aussi bien dans les grands choix qui affectent un état de vie, que dans les multiples occasions et situations dans lesquelles ils s'incarnent et prennent forme, se découvre et s'exprime comme appelé, comme personne qui se réalise dans l'écoute et la réponse, en partageant son être et ses dons avec les autres pour le bien commun.

    Cette découverte nous fait sortir de l'isolement d'un ego autoréférentiel et nous fait nous considérer comme une identité en relation : j'existe et je vis en relation avec celui qui m'a engendré, avec la réalité qui me transcende, avec les autres et avec le monde qui m'entoure, par rapport auquel je suis appelé à embrasser une mission spécifique et personnelle avec joie et responsabilité.

    Cette vérité anthropologique est fondamentale car elle répond pleinement au désir d'épanouissement humain et de bonheur qui habite nos cœurs. Dans le contexte culturel actuel, on a parfois tendance à oublier ou à occulter cette réalité, au risque de réduire l'être humain à ses seuls besoins matériels ou primaires, comme s'il s'agissait d'un objet sans conscience ni volonté, simplement entraîné par la vie dans un engrenage mécanique. Au contraire, l'homme et la femme sont créés par Dieu et sont à l'image du Créateur, c'est-à-dire qu'ils portent en eux un désir d'éternité et de bonheur que Dieu lui-même a semé dans leur cœur et qu'ils sont appelés à réaliser à travers une vocation spécifique. C'est pourquoi il existe en nous une saine tension intérieure que nous ne devons jamais étouffer : nous sommes appelés au bonheur, à la plénitude de la vie, à quelque chose de grand auquel Dieu nous a destinés. La vie de chacun de nous, sans exception, n'est pas un accident de parcours ; notre présence dans le monde n'est pas le fruit du hasard, mais nous faisons partie d'un projet d'amour et nous sommes invités à sortir de nous-mêmes et à le réaliser, pour nous-mêmes et pour les autres.

    C'est pourquoi, s'il est vrai que chacun de nous a une mission, c'est-à-dire que nous sommes appelés à offrir notre contribution pour améliorer le monde et façonner la société, j'aime toujours rappeler qu'il ne s'agit pas d'une tâche extérieure confiée à notre vie, mais d'une dimension qui implique notre nature même, la structure de notre être d'homme et de femme à l'image et à la ressemblance de Dieu. Non seulement nous avons reçu une mission, mais chacun d'entre nous est une mission : "Je suis toujours une mission, tu es toujours une mission, tout baptisé et toute personne baptisée est une mission". Celui qui aime est mis en mouvement, il est poussé hors de lui-même, il est attiré et attirant, il se donne à l'autre et tisse des relations génératrices de vie. Personne n'est inutile et insignifiant pour l'amour de Dieu" (Message pour la Journée mondiale des missions 2019).

    Une éminente figure intellectuelle et spirituelle, le cardinal Newman, a des paroles éclairantes à ce sujet. J'en cite quelques-unes :

    "Je suis créé pour faire et être quelqu'un pour qui personne d'autre n'est créé.

    J'occupe une place qui m'est propre dans les conseils de Dieu, dans le monde de Dieu : une place occupée par personne d'autre. Peu importe que je sois riche ou pauvre, méprisé ou estimé par les hommes : Dieu me connaît et m'appelle par mon nom. Il m'a confié un travail qu'il n'a confié à personne d'autre. J'ai ma propre mission. D'une certaine manière, je suis nécessaire à ses desseins".

    Il poursuit : "[Dieu] ne m'a pas créé en vain. Je ferai le bien, j'accomplirai son œuvre. Je serai un ange de paix, un prédicateur de vérité à la place qu'il m'a assignée sans que je le sache, pourvu que je suive ses commandements et que je le serve dans ma vocation" (J.H. Newman, Méditations et prières, Milan 2002, 38-39).

    Frères et sœurs, vos recherches, vos études et, de manière particulière, ces occasions de discussion sont si nécessaires et importantes pour faire connaître la vocation à laquelle tout être humain est appelé par Dieu, dans les différents états de vie et grâce à ses nombreux charismes. Ils sont également utiles pour s'interroger sur les défis d'aujourd'hui, sur la crise anthropologique actuelle et sur la nécessaire promotion des vocations humaines et chrétiennes. Et il est important que, grâce aussi à votre contribution, se développe une circularité toujours plus efficace entre les différentes vocations, afin que les œuvres qui découlent de l'état de vie laïque au service de la société et de l'Église, avec le don du ministère ordonné et de la vie consacrée, contribuent à générer l'espérance dans un monde sur lequel pèsent de lourdes expériences de mort.

    Générer cette espérance, se mettre au service du Royaume de Dieu pour la construction d'un monde ouvert et fraternel est une tâche confiée à chaque femme et à chaque homme de notre temps. Merci pour votre contribution à cet égard. Merci pour votre travail de ces jours. Je le confie au Seigneur dans la prière, par l'intercession de Marie, icône de la vocation et mère de toute vocation. Et s'il vous plaît, n'oubliez pas de prier pour moi aussi.

    Paroles du Saint-Père à la fin du discours

    Je vous souhaite à tous un bon travail ! Et n'ayez pas peur en ces moments riches de la vie de l'Église. L'Esprit Saint nous demande une chose importante : la fidélité. Mais la fidélité est en chemin, et la fidélité nous amène souvent à prendre des risques. La fidélité muséale n'est pas la fidélité. Allez de l'avant avec le courage de discerner et de prendre le risque de chercher la volonté de Dieu. Je vous souhaite bonne chance. Courage et allez de l'avant, sans perdre votre sens de l'humour !

  • CLARA Life exprime sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et les défenseurs de la vie en France

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    CLARA Life exprime sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et les défenseurs de la vie en France

    Bruxelles, 29 février 2024 - Face à l'adoption par le Sénat français de la réforme inscrivant l'IVG dans la Constitution française, CLARA Life exprime sa profonde préoccupation. Cette décision, bien qu'elle soit un choix législatif mais immorale d'un pays voisin, renforce notre détermination à soutenir les femmes en difficulté et à protéger la vie dès sa conception.

    Nous réitérons notre engagement à proposer des alternatives à l'IVG en Belgique, en offrant aux femmes enceintes des services d'écoute, d'accompagnement et d'orientation. Nous défendons aussi ardemment les droits des médecins à exercer leur clause de conscience, un principe fondamental de leur éthique professionnelle, malheureusement rejeté par le Sénat français.

    En cette période cruciale, CLARA Life renouvelle sa solidarité avec les femmes, les professionnels de santé, et tous les défenseurs de la vie en France. Nous poursuivons notre mission de promouvoir une culture de la vie, en valorisant chaque existence humaine et en apportant un soutien concret aux femmes et aux familles.

    Dans cet esprit, nous vous invitons chaleureusement à nous rejoindre à la Marche pour la Vie, un événement phare pour la défense de la vie, qui se tiendra à Bruxelles, Place Poelaert, le 21 avril 2024 à 14h. Cet événement sera l'occasion de manifester notre soutien aux valeurs que nous chérissons et de renforcer notre communauté engagée pour la vie.

    Ensemble, faisons entendre notre voix pour la protection de la vie à tous ses stades. Rejoignez-nous dans cette marche pacifique et unie pour un avenir où chaque vie est valorisée et respectée. 

    Pour CLARA Life,
    Wouter Suenens, Président

    Notre mission se poursuit. Mais votre contribution est cruciale. Pour plus de détails sur l'emploi des dons, cliquez iciChaque don renforce notre combat pour la vie et la dignité humaine.

    A QUOI SERVIRA VOTRE DON - INFOS FINANCIERES

    • La Marche a besoin de votre générosité
      L'organisation d'un tel évènement implique d'importantes dépenses. 
    • Nous sommes encore à la recherche de € 6.500. Pour récolter cette somme, nous ne pouvons compter que sur vos dons.
    • Vous pouvez aussi nous aider en nous prêtant du matériel pour le jour de la Marche ou en transférant cet email à un ami qui voudrait nous aider financièrement.

    JE SOUTIENS LA MARCHE POUR LA VIE- Votre don au BE02 7310 4206 5740 (au nom de CLARA Life) -

    MERCI BEAUCOUP

  • Triste France...

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    De Gènéthique magazine :

    IVG dans la Constitution : le vote téléguidé des sénateurs

    29 février 2024

    La tension est palpable à 16h30 au Sénat lorsque l’examen du projet de loi visant à inscrire l’avortement dans la Constitution débute. La pression politique et médiatique des derniers jours pèse sur les épaules des sénateurs, et laisse penser qu’ils ne pourront résister à la vague des promoteurs de l’avortement. Quatre heures de débats suffiront à modifier la Constitution par 267 voix contre 50. Le sujet de l’avortement annihile-t-il tout courage politique ?

    Un ton solennel, un débat qui se veut juridique

    Le garde des Sceaux emprunte un ton particulièrement solennel pour ouvrir le débat, tout en mettant la pression. « J’ai l’honneur de demander au Sénat l’inscription dans notre Constitution de la liberté des femmes de disposer de leurs corps […]. Une démocratie ne peut maîtriser son destin si les femmes qui y vivent ne peuvent maîtriser le leur ». Il joue aussi la carte du plaidoyer juridique, affirmant que le principe d’une Constitution « est aussi de réunir l’ensemble des droits et libertés fondamentales ». Mais encore qu’il est nécessaire d’accorder une valeur constitutionnelle à la liberté de la femme, quand la liberté de conscience ou le principe de sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme de dégradation seraient les seuls à l’avoir. Ou que la « liberté garantie » ne serait pas un « ovni juridique ». Enfin, il veut rassurer : « si je devais résumer cette révision constitutionnelle, je dirais : protection de la loi Veil, pas extension ».

    Philippe Bas (LR) répondra à cet exposé par la défense de son amendement visant à supprimer le terme « garantie » (cf. IVG dans la Constitution : un quasi plébiscite des députés en première lecture). « Les libertés sont garanties du seul fait qu’elles sont inscrites dans les textes constitutionnels. […] Quand on ajoute un mot dans la Constitution, c’est bien pour qu’il ait une portée. […] Si nous ajoutons ce terme “garantie” nous allons susciter chez le juge un travail d’interprétation […] qui pourrait mettre en péril l’équilibre entre les droits de l’enfant à naître et la liberté de la femme d’interrompre sa grossesse » souligne-t-il. Bruno Retailleau (LR) insistera à son tour : « sur le plan juridique, une “garantie” est l’obligation d’assurer quelque chose à quelqu’un. On peut mettre en cause le garant en cas de manquement ». Mais cela ne suffira pas. L’amendement est rejeté par 214 voix contre 104, présageant déjà le vote final.

    Alain Milon (LR) tentera, à son tour, de répondre au garde des Sceaux en défendant la clause de conscience des médecins (cf. « L’inscription de l’IVG dans la Constitution menace la liberté de conscience du personnel médical »). « A l’instar de ceux qui pourraient un jour contester le droit à l’IVG, d’autres pourraient également contester le droit de conscience des professionnels de santé » relève-t-il (cf. IVG : « la disparition de la clause de conscience conduirait des soignants à démissionner »). Mais cette tentative retombera vite à plat, ses pairs la rejetant à 219 voix contre 85.

     Une idéologie qui s’impose : incohérence entre votes et propos

    Les habituels discours féministes sont déclamés. Selon Anne Souyris (Groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires) : « En votant la constitutionnalisation de l’IVG, nous gravons dans le marbre “mon corps m’appartient” ». Selon Mélanie Vogel (Groupe Ecologiste – Solidarité et Territoires) « nous choisissons de ne plus jamais revenir en arrière ». Elle se félicite en outre de « faire de la politique en grand et en vrai [avec] Aurore Bergé, Mathilde Panot,… ». Dominique Vérien (UC) se préoccupe quant à elle : « Des réseaux militants s’activent pour remettre en cause ce droit (…) la campagne d’autocollants des anti-IVG sur les vélos, ce n’est pas aux Etats-Unis, c’est en France ! »

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  • L'identité du prochain pape selon "Demos II"

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    De la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'identité du prochain pape : notes d'un cardinal

    Deux ans après le texte signé 'Demos' (dont il a été révélé par la suite qu'il avait été écrit par le Cardinal Pell), un nouveau document anonyme, lié au premier, définit les sept priorités du prochain Conclave pour réparer la confusion et la crise créées par ce Pontificat.

    - L'identikit del prossimo Papa (I) II A Profile of the Next Pope (EN) II "Retrato robot" del próximo Papa (ES) II Identität des nächsten Papstes (D) II Identyfikacja następnego papieża (PL)

    29_02_2024

    Le Nuova Bussola Quotidiana publie un document exclusif en six langues, destiné à circuler parmi les cardinaux en vue du prochain conclave et parmi les fidèles comme matière à réflexion sur les priorités de l'Eglise. Le texte a été rédigé principalement par un cardinal qui a recueilli les suggestions d'autres cardinaux et évêques. Ceux-ci ont choisi de rester anonymes pour les raisons expliquées dans la lettre.

    LE VATICAN DEMAIN

    En mars 2022 parut un texte anonyme signé « Demos » et intitulé « Le Vatican aujourd’hui » qui soulevait un certain nombre de questions graves et de critiques à propos du pontificat du pape FrançoisOr, la situation de l’Église depuis la parution de ce texte n’a que peu changé, et certainement pas en mieux. Les pensées ci-dessous visent donc à repartir de ces réflexions originelles pour en bâtir d’autres à la lumière des besoins de l’Église de demain.

    Les dernières années d’un pontificat, quel qu’il soit, sont l’occasion d’évaluer la situation actuelle de l’Église, ainsi que les besoins futurs de l’Église et de ses fidèles. Il est clair que la force du pontificat du pape François est l’accent particulier qu’il a mis sur la compassion envers les plus fragiles, l’aide aux pauvres et aux marginalisés, le souci de la dignité de la création et des problèmes qui en découlent pour l’environnement, ainsi que les efforts pour accompagner ceux et celles qui sont en souffrance et portent des fardeaux insupportables.

    Les limites de ce pontificat sont tout aussi évidentes : un style de gouvernance autocratique et parfois en apparence vindicatif, une incurie juridique, une intolérance envers tout désaccord, fût-il respectueux, et – plus grave encore – une tendance constante à l’ambiguïté en matière de foi et de mœurs qui sème la confusion parmi les fidèles. Or, la confusion engendre la division et le conflit ; elle mine la confiance dans la Parole de Dieu ; et elle affaiblit le témoignage évangélique. Le résultat, aujourd’hui, est une Église plus divisée que jamais dans son histoire récente.

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  • L'absurdité "genrée" est une absurdité dangereuse

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    L'absurdité "genrée" est une dangereuse absurdité

    C'est ce qui arrive lorsque ce que les spécialistes appellent "l'individualisme expressif" - l'égocentrisme sous stéroïdes - supplante la vision biblique de la condition humaine :

    28 février 2024

    Dean Acheson, secrétaire d'État américain de 1949 à 1953, est enterré au cimetière Oak Hill de Washington. Lorsque j'ai lu récemment que le vingtième successeur d'Acheson, Antony Blinken, avait envoyé un câble sous-titré "Meilleures pratiques en matière d'identité de genre" aux diplomates américains du monde entier, les mettant en garde contre les "messages nuisibles et d'exclusion" véhiculés par l'utilisation de termes tels que "mère/père", "fils/fille" et "mari/femme", j'ai été tenté de me rendre au cimetière d'Oak Hill pour vérifier si la dépouille mortelle du secrétaire d'État Acheson se retournait dans sa tombe.

    Acheson a intitulé son brillant mémoire de 1969 "Present at the Creation" (Présent à la création), ce qu'il était certainement, puisque les initiatives dans lesquelles il a joué un rôle clé, telles que le plan Marshall, l'OTAN et le traité de paix japonais, sont devenues l'architecture de sécurité internationale qui a soutenu la défaite du communisme pendant la guerre froide. Le secrétaire d'État Blinken pourrait-il s'inspirer de son distingué prédécesseur et intituler ses mémoires "Présent à la destruction" ? De quoi, demanderez-vous ? De ce qu'Acheson et d'autres ont fait.

    Pensez à ce qui se passe dans le monde lorsque M. Blinken a envoyé ce câble. Les guerres font rage en Ukraine et à Gaza. L'Amérique latine s'effondre politiquement et économiquement, avec pour conséquence une crise sans précédent des migrants et des réfugiés à la frontière sud de l'Amérique. La Russie construit une arme nucléaire basée dans l'espace qui pourrait éliminer le réseau de communication par satellite de l'Amérique. Les mandataires de l'Iran sèment la pagaille au Moyen-Orient et perturbent le commerce international vital dans la mer Rouge. La Chine poursuit ses tentatives d'intimidation de Taïwan. Les crises de gouvernance en Afrique subsaharienne sont trop nombreuses pour être dénombrées. Le président des États-Unis n'arrive pas à s'entendre avec les présidents du Mexique et de l'Égypte. Le principal candidat républicain à la présidence informe ses admirateurs qu'il dirait à Vladimir Poutine de "faire ce qu'il veut" aux alliés de l'OTAN qui ne consacrent pas 2 % de leur PIB à la défense.

    Et au milieu de tout cela, le secrétaire d'État américain a jugé important d'ordonner à ses diplomates de "rester attentifs aux changements de pronoms et de les soutenir", tout en substituant "vous tous" ou "les gens" à l'expression potentiellement offensante "Mesdames et Messieurs" ?

    Ce n'est pas seulement un non-sens, c'est un non-sens dangereux. Il s'agit d'un dérapage par rapport au véritable travail de diplomatie. Il érode encore la crédibilité américaine aux yeux de Vladimir Poutine, de Xi Jinping et des mollahs apocalyptiques de Téhéran, qui pourraient bien conclure qu'une superpuissance putative obsédée par "l'identité sexuelle fluide" ne constituera pas un obstacle à leurs desseins agressifs. Elle envoie au reste du monde un signal d'insouciance terminale. Elle offense les nations et les cultures souvent qualifiées de "traditionnelles", mais qui sont en fait les dépositaires du bon sens.

    Du point de vue de l'analyste catholique des affaires mondiales, pour qui la politique est toujours en aval de la culture, c'est ce qui se produit lorsque ce que les spécialistes appellent "l'individualisme expressif" - l'égocentrisme sous stéroïdes - supplante la vision biblique de la condition humaine : Il y a des vérités intégrées dans le monde et en nous, y compris la vérité selon laquelle nous sommes un homme et une femme, distincts mais complémentaires, ordonnés à la communion et à la fécondité. Les idées, comme toujours, ont des conséquences, et les idées désespérément défectueuses de la culture woke - le culte de la fausse trinité de Moi, Moi-Même et Moi - ont maintenant corrompu la diplomatie américaine, mettant en danger à la fois notre pays et le monde.

    Comme c'est généralement le cas avec le mensonge, l'idéologie du genre qui infeste actuellement le Département d'État cherche à s'imposer par le pouvoir bureaucratique et l'intimidation personnelle. Ainsi, sous la direction de M. Blinken, le département d'État a décrété un troisième "marqueur" de genre sur les passeports américains pour les personnes qui ne s'"identifient" pas comme homme ou femme ; il a nommé le premier "envoyé spécial des États-Unis pour la promotion des droits de l'homme des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queer et intersexuées (LGBTQ+)" ; et il a informé le personnel du département d'État que ceux qui cherchent à obtenir une promotion doivent "faire progresser" la DEI (Diversité, équité et inclusion, au sens où les wokesters entendent ces termes par ailleurs honorables). Il ne s'agit pas tout à fait de l'avenir totalitaire que George Orwell décrivait comme "une botte frappant un visage humain - pour toujours". Mais il s'agit néanmoins d'une coercition au nom du mensonge.

    Un ami ayant un sens aigu de l'histoire, revenant de Rome à Washington via Londres le mois dernier, m'a envoyé un courriel acerbe depuis un salon d'Heathrow, disant qu'il avait l'impression d'aller de Sodome à la chute de Constantinople. Je lui ai conseillé de boire un autre verre, notamment parce que "Rome" est réparable. Mais le câble du secrétaire d'État Blinken suggère que l'analogie entre notre époque américaine et la chute de Constantinople n'est pas complètement farfelue. Et cette nouvelle chute ne sera pas arrêtée par l'un ou l'autre des deux candidats présidentiels narcissiques et âgés qui incarnent, au lieu de la remettre en question, la culture de l'égocentrisme qui tue l'Amérique et entrave notre capacité à contribuer à la construction d'un monde meilleur.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont Witness to Hope : The Biography of Pope John Paul II (1999), The End and the Beginning : Pope John Paul II-The Victory of Freedom, the Last Years, the Legacy (2010), et The Irony of Modern Catholic History : Comment l'Église s'est redécouverte et a poussé le monde moderne à se réformer. Ses ouvrages les plus récents sont The Next Pope : The Office of Peter and a Church in Mission (2020), Not Forgotten : Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021), et To Sanctify the World : The Vital Legacy of Vatican II (Basic Books, 2022).

  • Peut-on réellement consentir à mourir ?

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    De gènéthique.org (lettre mensuelle de février 2024) :

    Consentement et fin de vie : consentir à mourir ?

    27 FÉV, 2024

    Alors qu'en France le projet de loi sur la fin de vie devrait être prochainement discuté, même si le calendrier n’est pas clairement fixé (cf. Fin de vie : un calendrier difficile à fixer), Aline Cheynet de Beaupré, professeur de Droit privé à l’Université d’Orléans et spécialiste des sujets bioéthiques, nous éclaire sur la question du consentement face à l’euthanasie ou au suicide assisté. Peut-on réellement consentir à mourir ?

    Lire les questions de fin de vie sous l’angle juridique du consentement met en exergue la profonde complexité du sujet. Consent-on à l’euthanasie pour mourir ou ne plus souffrir ? L’euthanasie est-elle demandée ou proposée ? Les questions sont nombreuses.

    En droit des contrats, le consentement désigne la manifestation de volonté des parties. Cum-sentire c’est « sentir avec », soulignant ainsi l’accord, la conformité ou l’acquiescement à quelque chose. Appliqué à la fin de vie, le chemin simple allant de l’« offre » à l’« acceptation de l’offre », valable en droit des contrats, devient à la fois flou et complexe, mais aussi juridiquement insatisfaisant et malmenant le consentement.

    Consentir par avance ?

    Les évolutions observées à l’étranger en matière d’euthanasie montrent que le « demandeur » peut craindre, ou vouloir prévenir, une souffrance future. Au moment de sa « demande de mort provoquée », il n’est donc pas un patient, mais un « futur potentiel patient » vis-à-vis de pathologies ou de symptômes qui ne sont pas (encore) là. Comment décider par avance d’une situation inconnue, existentielle et changeant notre vision des choses ?

    Selon le Code de la Santé Publique (CSP), les directives anticipées[1] peuvent être rédigées par une personne atteinte d’une maladie grave ou qui « pense » être proche de sa fin de vie, ou par une personne qui « pense » être en bonne santé ou n’est pas atteinte d’une maladie grave. Les deux « modèles » sont prévus pour « le cas où je ne serais plus en mesure de m’exprimer au moment de la fin de ma vie ». La loi Leonetti de 2005 leur a conféré une valeur légale, mais leur statut juridique est imprécis.

    Ces « directives » ne sont en effet pas impératives, et les soignants peuvent ne pas les suivre lorsqu’elles apparaissent « manifestement inappropriées ». Tel fut, par exemple, le cas pour homme demandant non pas qu’on arrêtât les traitements, mais qu’on le maintînt en vie. Au regard de sa situation, la demande a été considérée comme étant « manifestement inappropriée »[2] (cf. Conseil constitutionnel : les directives anticipées pourront être écartées).

    Les « exemples » médiatisés de Line Renaud ou de l’ami de Marina Carrère d’Encausse confirment la complexité du problème. Line Renaud a fait un AVC en 2019, mais aucune directive anticipée n’a été évoquée autour de cet « incident ». Idem pour le compagnon de Marina Carrère d’Encausse. Pourtant, les discours véhiculés dans ces deux « histoires » invitent à des directives à spectre large de « non maintien en vie ».

    En cas de directives anticipées, le rédacteur, qu’il soit malade ou non, n’est pas assisté d’un soignant. S’il est malade, il serait pourtant « bon » que ses « directives » soient « éclairées » par un professionnel. S’il n’est pas malade, il est encore plus « seul » pour prendre des options, gravissimes et vitales, sur des sujets qu’il ignore : la maladie, la souffrance et la mort. Le consentement est dès lors tout sauf « éclairé ».

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