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Histoire - Page 3

  • Quel est le rapport du christianisme avec la cancel culture et le wokisme ?

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    Du Nuovo Sismografo :

    Culture. Christianisme, cancel culture et wokisme.

    Quel est le rapport du christianisme avec la cancel culture et le wokisme ? C'est la question que pose le théologien Gabriele Palasciano dans son dernier livre publié en France chez L'Harmattan et intitulé Christianisme, cancel culture et wokisme. Quel rapport au passé en société contemporaine. L'ouvrage, préfacé par Noam Chomsky, contient des contributions de plusieurs auteurs. Nous reprenons la présentation du volume sur le site de l'éditeur. 

    Gabriele Palasciano est chercheur en philosophie des religions à l'université de Vienne. Ses recherches vont de la philosophie des religions à l'histoire de la théologie et des cultures.
    ***

    Ce qui est envisagé ici, sur le plan théorique, c'est la perception que les "partisans" de l'annulation de la culture et du travail ont du christianisme en tant que religion associée aux aspects les plus sombres et les plus tragiques de l'histoire : responsable de crimes contre l'humanité, coupable de régression morale individuelle et collective, promoteur d'intolérance et d'injustice - ces dernières étant liées en particulier au colonialisme.

    Cette perception justifierait alors son effacement, notamment par la destruction de ses références artistiques, socioculturelles et intellectuelles.

    Toutes ces critiques radicales adressées au christianisme sont essentiellement analysées selon quatre dimensions : éthique, historique, herméneutique et théologique.

    L'objectif est d'offrir une perspective large et réfléchie sur les questions actuelles concernant l'avenir du christianisme et de la civilisation que le christianisme lui-même a contribué à construire.

    IMG-20240228-WA0056.jpgcliquer sur le texte pour l'agrandir

  • Selon l'historien Richard Pipes, la Russie est fermement ancrée dans une tradition impérialiste et autoritaire

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    De Filip Mazurczak sur The European Conservative :

    Le problème permanent de la culture politique russe

    Selon l'historien Richard Pipes, la Russie est fermement ancrée dans une tradition impérialiste et autoritaire.

    24 février 2024
     
    Le 24 février 2022, le monde est choqué par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Beaucoup pensaient naïvement qu'après le XXe siècle sanglant du Vieux Continent, une guerre d'agression était impensable en Europe. L'année dernière a marqué le centenaire de la naissance de l'historien polonais-juif-américain Richard Pipes ; il convient de rappeler sa vie et ses idées, en particulier son point de vue sur le passé, qui peut aider à mieux comprendre l'agression impérialiste brutale de Poutine.

    Échapper à l'Holocauste

    Ryszard Edgar Piepes est né dans une famille juive assimilée à Cieszyn, en Pologne, le 11 juillet 1923, cinq ans seulement après la résurrection de l'État polonais après plus d'un siècle de partition étrangère. À la fin du XVIIIe siècle, le Commonwealth polono-lituanien, qui s'étendait de la Baltique à la mer Noire et qui était autrefois le plus grand État d'Europe, a été englouti par ce que Herman Melville a judicieusement appelé les "trois puissances pirates", à savoir la Russie, la Prusse et l'Autriche, qui l'ont affaibli sur le plan interne. Cieszyn se retrouve sous la domination des Habsbourg ; des trois envahisseurs, la monarchie éclairée d'Autriche est la plus tolérante à l'égard des Juifs et accorde aux Polonais le plus grand degré d'autonomie.

    Les patriotes polonais voient dans la Première Guerre mondiale une occasion d'accéder à l'indépendance. Ainsi, une légion polonaise fut formée sous le commandement austro-hongrois ; les Autrichiens promirent aux Polonais l'indépendance en cas de victoire des Puissances centrales.

    L'un des légionnaires polonais était Marek Piepes, le père du futur historien. Bien que les Puissances centrales aient perdu la Grande Guerre face à l'Entente, un État polonais indépendant fut créé en vertu du traité de Versailles. Cieszyn se trouvait près de la frontière contestée entre la Pologne et la Tchécoslovaquie ; la rivière Olza séparait Cieszyn polonais de Český Těšín.

    Dans le Cieszyn d'après-guerre, Marek Piepes a fondé une chocolaterie appelée Dea. Il a fini par la vendre et a déménagé sa famille à Cracovie, mais en moins d'un an, elle s'est installée à Varsovie, où il a également travaillé dans l'industrie de la confiserie. Dea a depuis été rebaptisée Olza et produit la célèbre barre de gaufrettes Prince Polo, que l'on peut acheter dans n'importe quelle épicerie polonaise.

    Alors que l'entre-deux-guerres a été une période d'épanouissement culturel pour la minorité juive de Pologne, l'antisémitisme institutionnel et l'antisémitisme populaire violent se sont développés après la mort du dirigeant autocratique mais tolérant de la nation, Józef Piłsudski, en 1935. Cette évolution est conforme aux tendances observées ailleurs en Europe centrale et orientale ; l'évolution la plus inquiétante est celle de l'Allemagne voisine qui, depuis 1933, est gouvernée par le parti nazi. Outre son antisémitisme officiel, l'Allemagne menace de plus en plus d'envahir son voisin oriental, dont le ministre des affaires étrangères, le colonel Józef Beck, refuse de céder aux exigences territoriales d'Hitler.

    Le 1er septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne par l'ouest, suivie 16 jours plus tard par une invasion soviétique par l'est. Bien que l'armée polonaise se soit battue avec courage, elle n'a pas fait le poids face à la Wehrmacht, qui a commencé son occupation brutale de la Pologne, qui a duré six ans. Les Piepes ont rapidement compris que, dans ce qui se passait, le fait d'être juif pouvait s'avérer mortel. Varsovie, où vivait la famille Piepes, a été gravement endommagée par les bombardements allemands. Outre d'énormes dégâts matériels, 25 000 Varsoviens ont été tués en septembre 1939.

    Grâce à l'aide de vieilles connaissances des légions polonaises, dont certaines sont devenues des figures importantes de l'armée, du gouvernement et du corps diplomatique polonais, Marek Piepes et sa famille s'échappent de Cieszyn en passant par Breslau, en Allemagne, avant de se rendre en Italie et de s'installer finalement aux États-Unis.

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  • 22 février : solennité de la Chaire de saint Pierre

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    masaccio-san-pietro-in-trono-a.jpgL’histoire de Simon, fils de Jonas, devenu Pierre et désigné par Jésus comme guide de l’Eglise mérite qu’on s’y arrête à l’occasion de la mémoire que fait la liturgie de la Chaire de Pierre, le 22 février. 

    Le pêcheur du Lac de Tibériade, domicilé à Capharnaum, sur la côte nord de ce lac, était marié: l’évangile de Marc (Mc 1,30-31) cite un épisode qui met en scène sa belle-mère. L’épisode se situe après l’arrestation de Jean-Baptiste: nous sommes alors dans la seconde partie de l’année 31, comme il découle de toute une série de circonstances chronologiques communes aux quatre évangiles.

    Parmi les premiers à suivre Jésus, Simon, dénommé ensuite Kephas en araméen (pierre, de là Petros en grec), se distingue par son esprit d’initiative, sa générosité et ses élans irréfléchis.
    La lecture des Evangiles et des Actes permet de suivre chronologiquement les principales étapes de son histoire.

    Le pape Benoît XVI dans son Jésus de Nazareth (chap. 9, pae. 1 et 2) met en évidence que la date de la Transfiguration (un épisode à coup sûr inscrit de façon indélébile dans la mémoire de celui qui l’a vécu) est strictement lié à la confession de Pierre à Césarée de Philippe, au Yom Kippur et à la Fête des Tentes. Nous sommes donc au début de l’automne de l’an 32, à la veille des évènements décisifs de notre rédemption.

    La Pâque juive de 33 montre Pierre impliqué dans le terrible moment du reniement de Jésus qui prélude à la crucifixion du Sauveur, mais aussi à la veille de l’expérience bouleversante de sa résurrection sur laquelle Pierre s’interroge d’abord (Jean, 20,6) puis en témoigne (Luc 24,34), assumant une charge trop lourde, si elle n’avait été allégée par le secours de Dieu, alors comme aujourd’hui: détenir les clefs du Royaume (Mt 16,19), avoir à confirmer la foi (Lc 22,32), exercer la responsabilité de conduire le troupeau (Jean 21,15-17).

    Dans les Actes, après la Pentecôte de 33, nous relevons l’attitude courageuse de Pierre dans l’exercice d’une charge aussi exigente. Les menaces, les interrogatoires, les arrestations se multiplient. Il y a le martyre d’Etienne, avant la conversion de Paul, toujours en cette année 33. Une première étape décisive est signalée dans cet épisode où l’on voit Pierre ressusciter une morte (Actes 9,36-41) et baptiser Corneille (Actes 10), annonçant l’Evangile aux « Gentils ». Nous sommes au beau milieu des années trente de l’histoire chrétienne primitive.

    Pendant la période de Hérode Agrippa (41-44) la persécution entraîna le martyre de Jacques le Majeur tandis que Pierre fut libéré de façon éclatante (Actes 12,7) et s’enfuit précipitamment, probablement à Rome (Actes 12,17): la présence de Pierre à Rome, avec Marc, est à la base de la tradition qui reconnaît dans l’évangile de Marc une origine romaine: le texte rédigé en grec constitue en réalité l’évangile de la mémoire de Pierre, dont Marc fut le précieux collaborateur. C’était sous le règne de Claude (41-54 d.C.) e à Rome, Pierre intervint lors du reniement de Simon le Magicien (nous le trouvons aussi dans les Actes 8,9-24) et cité expressément que ce soit par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, II, 14) ou par Jérôme (Les Hommes illustres, I).

    Jérôme écrit que Pierre occupa le siège épiscopal de Rome jusuq’à la dernière année du règne de Néron (67-68), et qu’il le fit pendant 25 ans, en faisant ainsi remonter le début en 42, coïncidant avec la persécution sous Hérode Agrippa, avec le martyre de saint Jacques le Majeur, l’arrestation, la libération et la fuite de Pierre. Cela ne veut pas dire que durant ces vingt-cinq années Pierre eut une résidence stable à Rome. Mais cela suppose qu’il subsistait des traces écrites de son déplacement à Rome, attestées  par lui: la culture romaine n’était pas orale comme l’était la culture orientale. C’est ainsi que Clément d’Alexandrie (150-215) cité par Eusèbe fait mention d’un souvenir attestant que quand Pierre prêchait l’évangile à Rome, les gens ont demandé à Marc de consigner cela par écrit  (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, VI, 14).

    Nous retrouvons Pierre à Jérusalem lors du Concile de 49, décideur courageux, capable d’emboîter le pas à Paul, de confirmer Jacques et de se corriger lui-même (Actes, 5,7-11) après un désaccord avec Paul à propos des païens. Il se rendit à Antioche, ville dans laquelle Pierre séjourna longuement d’après la tradition ecclésiastique.

    L’homme établi par Jésus comme un roc sur lequel l’Eglise fut construite nous a laissé deux lettres apostoliques à l’époque où circulaient aussi les épîtres de Paul, et dont on déduit qu’elles étaient considérées comme dignes d’être écoutées. Il ne manque pas un signe à l’épisode inoubliable de la Transfiguration, (2 Pt 1,16-18), qui voit en Pierre un des trois témoins, par les yeux et les oreilles. Le thème central de toutes les lettres apostoliques que l’on peut dater entre 60 et la destruction de Jérusalem (jamais mentionnée, même pas par de vagues allusions) en 70, avec la présence de “maîtres d’erreurs”. Dans la seconde lettre de Pierre et dans celle de Paul à Timothée, il y a le pressentiment d’une proche rencontre avec la mort.

    Nous sommes probablement au terme de l’année 66. On peut déduire la date d’une série de circonstances et d’une allusion dans la lettre de Jude, contemporaine, mais légèrement postérieure à la seconde lettre de Pierre. Aux alentours de ces mois-là, on observe une série de faits qui vont en s’amplifiant et débouchent finalement sur des évènements tragiques. Jacques le Mineur meurt martyrisé, aux alentours de 61-62. La tradition orientale situe également à ce moment le martyre d’André,le frère de Pierre. L’incendie de Rome en juillet 64 donne le signal des persécutions antichrétiennes de Néron.

    La première lettre de Pierre reflète bien le climat de la seconde partie de l’année 64. On y trouve une allusion à Babylone (1 Pierre 5,13) qui peut s’appliquer à deux cités: Rome ou Jérusalem. Le débat est ouvert également au sujet de « Babylone la grande » dont parle (de façon prophétique) l’Apocalypse (18,2). De nombreux commentateurs inclinent vers une identification de cette ville avec Jérusalem; dans ce cas, Pierre serait allé en 64 à Jérusalem et aurait écrit sa première lettre là-bas.  

    En 66, des faits dramatiques se sont produits à Jérusalem, tandis que le procureur romain Gessius Florus prenait toute une série de mesures contre les Juifs à la suite d’une révolte qui avait commencé à Pâque de cette année-là: le jour de la Pentecôte (à la mi-mai) un cri secoua le temple (“Nous ne partirons pas d’ici”) et immédiatement après ont éclaté les premières rébellions suivies de représailles ; et Gessius Florus attaqua la ville au même mois de mai. Berenice et Hérode Agrippa II tentèrent en vain une conciliation. Des soulèvements se produisirent partout, opposant les juifs aux païens, mélangeant la rage provoquée par les taxes, les croyances religieuses, le désir d’indépendance et les rancoeurs personnelles. Une légion romaine toute entière, la XII Fulminata, fut décimée à Beth Horon.

    Pierre retourna à Rome pour y mourir martyrisé, sur la colline du Vatican, à la fin du printemps 67, durant les jours où Paul fut lui aussi martyrisé, avant le suicide de l’empereur romain qui eut lieu en 68 et avant que Néron, en juillet 67 ne se rende en Grèce pour participer à cette célébration des Jeux Olympiques, récupérés politiquement pour faire croire que « tout était sous contrôle ».

    Pierre dirigea l’Eglise durant presque 34 ans, à partir de 33.Seul le pape Pie IX, 31 ans et 7 mois de pontificat, a vécu une période comparable à la tête de l’Eglise. Sans vouloir offenser qui que ce soit et en respectant comme il se doit les héritiers de toutes les divisions qui se sont produites, l’Eglise de Jésus, chrétienne, est liée indissolublement au primat (humble et humilié) de saint Pierre et au mandat qui lui a été confié par Jésus, Fils de Dieu (Mt 16,18-19 et Jn 21, 15-19).Celui qui n’est pas attaché à ce siège, à cette chaire de Pierre, qu’il le veuille ou non, fait le jeu de quelqu’un d’autre.

    "Comment saint Pierre est monté dans cette chaire" par Ruggero Sangalli, Bussola Quotidiana, 19-02-2011.

  • Rome : quand les religieuses ouvraient leurs portes aux Juifs avec le soutien du Vatican

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    De Francesco Peloso sur Domani :

    Rome : quand les religieuses ouvraient leurs portes aux Juifs avec le soutien du Vatican

    19 février 2024

    Une extraordinaire action de secours menée par des instituts religieux féminins s'est déroulée dans la capitale pendant les mois de l'occupation allemande, de septembre 43 à juin 44. Sœur Grazia Loparco, professeur à la Faculté Pontificale de l'Auxilium, en a reconstitué l'histoire à partir des archives des maisons religieuses.

    Un immense travail de secours effectué au péril de sa vie, certes, mais aussi en surmontant des préjugés et des coutumes bien ancrées ; c'est dans cette perspective qu'il est possible de lire aujourd'hui l'engagement des instituts religieux romains en faveur des Juifs recherchés par les nazis et les républicains fascistes pendant les mois d'occupation de Rome, de septembre 1943 à juin 1944, lorsque la ville fut enfin libérée par les Alliés.

    Des mois très durs, marqués par des épisodes dramatiques : la déportation des Juifs, le massacre de la Fosse Ardeatine, la rafle du Quadraro. Des maisons religieuses se sont ouvertes dans toute la ville : couvents, monastères cloîtrés, curies générales et maisons dédiées à diverses activités, accueillent des milliers de Juifs, mais aussi des partisans, des réfractaires, des politiciens, des soldats, des personnes fuyant l'impitoyabilité de l'occupant.

    Depuis le début des années 2000, une religieuse, Sœur Grazia Loparco, des Filles de Marie Auxiliatrice, chargée de cours à l'Auxilium (Faculté Pontificale des Sciences de l'Education), seule faculté pontificale confiée à une congrégation féminine, a mené un projet de recherche sur les instituts religieux féminins et masculins de Rome pour reconstituer en détail cet événement unique.

    Bien sûr, inévitablement, la question se mêle à celle du comportement de Pie XII pendant la guerre face à la tragédie de la Shoah ; "cependant, quand nous avons commencé ce travail, il n'y avait pas d'intention spécifique par rapport à l'œuvre de Pacelli", précise Sœur Grazia. Il ne fait cependant aucun doute qu'à la lumière des faits, même l'action du Saint-Siège à l'égard de la persécution des juifs, au moins dans la capitale, prend une nouvelle dimension.

    CEUX QUI SONT SAUVÉS

    Les premières sources ont révélé le nombre de 3 657 Juifs cachés dans 100 instituts féminins, 45 instituts masculins et dans dix paroisses gérées par le clergé diocésain ; 680 autres sont restés cachés pendant quelques jours, soit un total de 4 447 personnes. Les enquêtes menées depuis un quart de siècle, en recueillant des témoignages directs, tant parmi les religieuses que parmi les Juifs qui ont trouvé l'hospitalité dans les instituts, en étudiant les archives des différentes congrégations féminines et masculines, celles du Vatican, et une infinité d'autres documents, révèlent d'autres données.

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  • L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

    Depuis près de 300 ans, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis près de 600 déclarations négatives à l'encontre de cette société secrète au cours de cette période.

    15 février 2024

    MILAN - L'archevêque de Milan a surpris de nombreux catholiques en annonçant son intention de participer vendredi à un séminaire dans cette ville du nord de l'Italie avec les grands maîtres des trois loges maçonniques italiennes, malgré la censure de longue date de l'Église à l'égard de la franc-maçonnerie.

    L'archevêque Mario Delpini, le cardinal Francesco Coccopalmerio, président émérite du Dicastère pour les textes législatifs, et Mgr Antonio Staglianò, président de l'Académie pontificale de théologie, seront parmi les représentants de l'Église qui participeront à cet événement à huis clos pour discuter de l'Église catholique et de la franc-maçonnerie.

    Les francs-maçons seront représentés par Stefano Bisi, grand maître du Grand Orient d'Italie, la plus grande loge maçonnique du pays, et par les dirigeants de deux autres loges nationales : la Grande Loge d'Italie et la Grande Loge régulière d'Italie. 

    Bisi a qualifié cette rencontre d'"historique".  

    La participation du cardinal Coccopalmerio est intéressante car il était évêque auxiliaire de Milan lorsque le cardinal Carlo Maria Martini était archevêque du diocèse. Le défunt cardinal jésuite était connu pour être proche des francs-maçons, qui lui ont rendu un hommage chaleureux en tant qu'"homme de dialogue" lorsqu'il est décédé en 2012.  

    Dans le quotidien catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana, le rédacteur en chef Riccardo Cascioli a noté que depuis que le cardinal Gianfranco Ravasi a écrit une lettre conciliante aux francs-maçons en 2016, "les occasions de rencontres, promues par la franc-maçonnerie ou par certains diocèses, se sont multipliées et ne cessent de prendre de l'ampleur, comme en témoigne l'initiative de Milan." 

    Depuis la bulle papale In Eminenti Apostolatus Specula de Clément XII en 1738, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis de nombreuses déclarations négatives à l'encontre de la société secrète - près de 600 documents magistériels au total. 

    L'Église catholique considère la franc-maçonnerie, entre autres problèmes graves, comme une corruption du christianisme, comme pratiquant des rituels hostiles au catholicisme, comme ayant des principes inconciliables avec la foi catholique et comme manifestant une forte tendance à l'anticatholicisme. 

    Dans une déclaration de 1983 approuvée par le pape saint Jean-Paul II, le cardinal Joseph Ratzinger a réaffirmé que le "jugement négatif" de l'Église sur la maçonnerie restait "inchangé" puisque les principes maçonniques "ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Église et que, par conséquent, l'adhésion à ces principes reste interdite". 

    "Les fidèles qui s'inscrivent dans des associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent recevoir la Sainte Communion", a ajouté le cardinal Ratzinger. Toutefois, ni cette déclaration ni le code de droit canonique de 1983 n'ont imposé la peine d'excommunication aux catholiques appartenant à des associations maçonniques - une mesure qui était en vigueur depuis la bulle papale de Clément XII.

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  • Cardinal Simoni : J'ai célébré dans des cellules et des égouts, Dieu m'a sauvé de la mort

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    De Salvatore Cernuzio sur Vatican News (it) :

    Cardinal Simoni : J'ai célébré dans des cellules et des égouts, Dieu m'a sauvé de la mort

    Entretien avec le cardinal albanais que François a cité mercredi dernier à l'audience générale comme un "martyr vivant", le remerciant pour son témoignage et son service à l'Église : "L'hommage du Saint-Père est une fleur pour toute l'Église". À 95 ans, il parcourt le monde pour célébrer des messes, visiter des sanctuaires et pratiquer des exorcismes : "On m'appelle même 50 fois par jour". Aux croyants persécutés d'aujourd'hui, il assure : "La souffrance deviendra joie. Nous sommes des voyageurs, de passage".

    Alors qu'il parle aux médias du Vatican dans une pièce de la Casa Santa Marta où il est invité, le téléphone du cardinal Ernest Simoni - le cardinal albanais qui a survécu aux persécutions du régime communiste et qui est aujourd'hui cité par le Pape lors de l'audience générale comme un "martyr vivant" - sonne au moins une douzaine de fois. "J'ai deux téléphones portables, explique-t-il, un pour l'Europe, un pour l'Amérique. On m'appelle du monde entier... Près de 120 appels par jour". Une cinquantaine sont des demandes d'exorcisme ou des prières de délivrance. Il les prononce en latin, la même langue qu'il utilisait pour célébrer la messe clandestinement depuis la cellule où il avait été enfermé parce qu'il était un "ennemi" de ce que le président de l'époque, Enver Hoxha, avait déclaré être le "premier État athée du monde".

    Le cardinal, franciscain conventuel, se souvient parfaitement de cette époque : messes à 2 heures du matin ou derrière des barreaux, avec du pain cuit sur la cuisinière et du vin pressé à partir de grappes de raisin, liturgies dans les égouts et "amis" musulmans qui pleuraient parce qu'ils étaient "attirés par l'Esprit Saint". Aujourd'hui, à l'âge de 95 ans, Simoni "continue à travailler pour l'Église", comme l'a dit le pape. Il le fait en priant - continuellement -, en pratiquant des exorcismes, en se rendant dans des sanctuaires (hier la messe avec les gardes suisses, demain il sera à Arezzo pour la Madonna del Conforto) en Italie, en Europe, aux Etats-Unis. Il n'est pas fatigué et ne s'attribue aucun mérite : "Tout est grâce et protection divine". Il aime parler et raconter, en gesticulant ou en serrant ses doigts noueux comme pour prier. Parfois, il semble parler avec difficulté, ne terminant jamais une phrase qui ne contienne pas une action de grâce à Jésus et à la Vierge ou une citation littérale de la Bible.

    Éminence, aujourd'hui, le pape vous a salué et remercié devant tous les fidèles dans la salle Paul VI, en vous qualifiant de "martyr vivant". Quel effet ces mots ont-ils sur vous ?

    Avec le Saint-Père, nous nous sommes retrouvés hier soir pour dîner, ici, pour nous saluer, et nous avons discuté de questions de foi. Aujourd'hui, sous une forme à laquelle je ne croyais pas, cet hommage... Mais c'était une fleur pour l'Église, le peuple et Jésus qui est le père de tous les hommes. C'est lui qui m'a sauvé de la mort d'une manière particulière. Je suis vivant grâce à Dieu. Même quand j'étais curé dans les montagnes d'Albanie, très loin, j'ai risqué quatre fois de basculer à mille mètres de l'abîme à cause de la glace. Et j'ai été sauvé... Tout est providence divine, tout est grâce divine.

    Vous avez connu l'horreur de l'emprisonnement, de l'isolement, de la persécution et de la torture. Quel souvenir gardez-vous de cette époque, de cette longue période ?

    Je ne veux pas m'éterniser, mais beaucoup de choses... Deux fois avant mon arrestation, nous avons célébré la messe à deux heures du matin, par exemple, et les deux fois, de nombreux fidèles ont vu une statue de saint Antoine en train de pleurer. Ensuite, toujours grâce au Seigneur qui m'a gardé et protégé, j'ai pu célébrer la messe clandestinement en prison, de mémoire, en latin. Je connais le latin comme la langue albanaise, nous avions une méthode à l'allemande pour apprendre les langues classiques. À la messe, il y avait des musulmans qui pleuraient : des amis, de très bons amis, avec de grosses larmes parce que l'Esprit Saint les attirait. Un très gentil professeur musulman et sa femme prenaient des raisins dans le réfrigérateur. Nous les pressions pour faire du vin.

    Et le pain ?

    Nous avions des petits réchauds pour manger en prison et avec le pain qu'on nous donnait, nous faisions des hosties. Nous célébrions dans les conditions possibles... J'ai aussi célébré des messes dans les égouts, devant 200 personnes. Si on m'avait accusé, on m'aurait pendu. C'était la protection divine sous toutes ses formes. Aucun mérite de ma part.

    Vous avez immédiatement pardonné à vos bourreaux. Pourquoi ?

    La foi catholique ! Jésus avec un amour infini a aimé et aime tous les hommes et dit que la plus grande joie au ciel sera pour un seul pécheur qui se convertit et est sauvé et non pour des milliards d'anges et de saints. "Je suis venu pour les pécheurs...". Celui qui a un cerveau pur doit faire passer Jésus en premier.

    À ceux qui, comme vous, souffrent aujourd'hui de la persécution - le pape a parlé ce matin de tant de martyrs -, quel encouragement voudriez-vous donner ?

    Jésus a dit : "Comme ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Mais attention, votre souffrance se transformera en joie. Cette joie, personne ne pourra vous l'enlever. Tout est là, parce que nous sommes des voyageurs, des passagers....

    Au contraire, en ce moment historique du monde meurtri par les guerres, qu'avez-vous envie de dire ?

    Fraternité, fraternité, amour fraternel. Prêchez l'amour ultime pour l'humanité. Le paradis nous attend tous. Je parle de l'amour infini de Dieu et de Jésus pour tous les hommes, de toutes les confessions, de tous les peuples du monde. Il est le père de tous, il a versé son sang pour tous.  

    Vous avez 95 ans et vous continuez à servir l'Eglise, comme l'a dit le Pape...

    C'est toujours par la grâce de Dieu que je peux aller en Italie, en Europe, en Amérique. Je suis allé 25 fois en Amérique, j'ai célébré de nombreuses messes, 700 000 catholiques albanais y vivent. J'ai été ordonné pendant 55 ans, je n'ai jamais pensé que je serais cardinal, je remercie le Seigneur parce qu'il m'a donné la grâce spéciale d'être proche des âmes, de les réconcilier spirituellement. Je remercie aussi toujours la Vierge, Padre Pio et Jean-Paul II qui m'aide dans les exorcismes : certains m'ont dit qu'ils l'avaient vu... Comme le dit saint Augustin, il ne se passe pas un jour sans qu'il y ait un trait, un doigt, pour la vie éternelle. Pour la santé ? L'âge se compte avec les années mais la santé est entre les mains du Seigneur. On pleure la mort de quelqu'un mais la matière meurt, l'esprit est immortel.

  • Canada : après l'annonce choc de 2021 (et les excuses du pape François), aucun corps n'a été retrouvé

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    De Matteo Matzuzzi (Il Foglio) (via le Nuovo Sismografo) :

    Canada : après l'annonce choc de 2021 (et les excuses du pape François), aucun corps n'a été retrouvé

    Matteo Matzuzzi (Il Foglio) - "215 enfants enterrés dans une église catholique canadienne". Deux ans plus tard, aucun os n'a été retrouvé.

    En 2021, le choc de l'annonce : "Des corps d'enfants indigènes enterrés anonymement". Trudeau exige des excuses de la part du pape. Mais à ce jour, aucune fouille n'a abouti. 

    Le premier, qui a parlé de tombes couvertes, ajuste son discours : "anomalies possiblement dues au mouvement des racines". Entre-temps, quatre-vingt-seize églises ont été incendiées ou profanées dans tout le pays
     
    Fin mai 2021, un groupe d'indigènes canadiens de Colombie britannique avait fait appel aux médias pour signaler la découverte des restes enterrés de 215 enfants indigènes à proximité d'un pensionnat catholique, le Kamloops Indian Residential School. Cette découverte a été rendue possible par l'exploration d'un géoradar, qui exploite les ondes électromagnétiques et évite ainsi les fouilles. Le choc fut énorme, notamment parce que ce pensionnat (Kamploops) avait été pendant un certain temps le plus grand du Canada, jusqu'à ce qu'il ferme ses portes après que l'État en ait pris le contrôle en 1969. Le New York Times a qualifié l'affaire d'"histoire horrible". Deux ans et demi plus tard, aucun corps n'a été retrouvé. Pas même un os.

    *** 

    Pour rappel :

    M. Matzuzzi, Les excuses hâtives du Pape au Canada (29 juillet 2022). 

    L'objectif principal du voyage du pape au Canada est de faire pénitence, c'est-à-dire de s'excuser - au nom de l'Église catholique - pour tout le mal fait au cours des siècles aux peuples indigènes. Les tentatives répétées de colonisation, voire le génocide culturel perpétré par les catholiques à l'encontre de ceux qui se trouvaient déjà sur ces terres exterminées. 

    Ces derniers jours, entre Edmonton et Québec, François a fait plusieurs mea culpas. Après tout, le terrain était fertile depuis qu'un anthropologue avait émis, il y a un an, la théorie d'une fosse commune à côté de l'ancienne école manifestement catholique de Kamloops. Cela (et aucune fouille) a suffi pour que les médias du monde entier affirment que des "centaines d'enfants" avaient été "tués" et enterrés à cet endroit. Et qui sait combien d'autres fosses communes, manifestement remplies des restes d'enfants indigènes que l'Église voulait assimiler, se trouvent au Canada.  

    Il est regrettable qu'une fois l'attention portée à ce fait et l'excitation retombée, aucun ossement n'ait été trouvé là où l'anthropologue l'avait supposé. Il n'y a que des cimetières, comme partout ailleurs. Des cimetières où ont été enterrés des écoliers, des missionnaires, des habitants. Pas de meurtres, pas de traces. Il n'y a pas la moindre preuve de génocide culturel. Et ce n'est pas tout : la Commission de vérité et réconciliation, créée en 2008 pour enquêter sur les abus commis dans les écoles qui accueillaient les autochtones, a constaté, après des années de travail et d'étude, que le taux de mortalité des jeunes scolarisés était de quatre décès par an pour mille. La cause principale, la tuberculose.

  • María Antonia de Saint Joseph ("Mama Antula") a été canonisée

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    Du Catholic World Report (J. J. Ziegler):

    Canonisation de Mama Antula, «synthèse de la pensée de François pour  l'Église» - Vatican News

    La vertu héroïque de María Antonia de Saint Joseph

    Née en Argentine sous le nom de María Antonia de Paz y Figueroa, et connue familièrement sous le nom de "Mama Antula", la bienheureuse María Antonia était une beata : une femme consacrée qui faisait des vœux privés et vivait dans un beaterio (couvent) dont la direction était confiée à des prêtres de la Compagnie de Jésus. 

    10 février 2024

    Le 16 décembre, le Dicastère pour les causes des saints a annoncé que le pape François canoniserait la bienheureuse María Antonia de Saint Joseph (1730-1799) le 11 février.

    Née près de Santiago del Estero, en Argentine, sous le nom de María Antonia de Paz y Figueroa, et connue familièrement sous le nom de " Mama Antula ", la bienheureuse María Antonia était une beata : une femme consacrée qui prononçait des vœux privés et vivait dans un beaterio (couvent) dont la direction était confiée à des prêtres de la Compagnie de Jésus. 

    En 1767, le roi Charles III d'Espagne expulse les Jésuites de son empire. Avec la permission des autorités ecclésiastiques et civiles, María Antonia a passé les dernières décennies de sa vie à poursuivre l'apostolat jésuite des exercices spirituels (retraites). Parcourant des milliers de kilomètres à travers l'Argentine et l'Uruguay, elle organisa des retraites prêchées par des prêtres non jésuites ; une retraite pour cent personnes durait dix jours. Elle demandait également l'aumône pour que les retraitants puissent toujours faire leurs exercices spirituels sans frais.

    Mama Antula s'est finalement installée à Buenos Aires, à 650 miles de sa ville natale, et a collecté des fonds pour construire une maison d'exercices spirituels qui existe encore aujourd'hui. C'est là qu'elle a fondé une communauté de femmes consacrées, connue aujourd'hui sous le nom de Hijas del Divino Salvador (Filles du Divin Sauveur). Mama Antula est la première femme canonisée en Argentine, ainsi que la première sainte canonisée depuis octobre 2022.

    Le 1er juillet 2010, le pape Benoît XVI a approuvé la promulgation d'un décret sur les vertus héroïques de María Antonia de San José. Le décret, a été publié dans les Acta Apostolicae Sedis un an après sa promulgation (vol. CIII, n. 9, 2 septembre 2011, pp. 609-612).

    Le 3 mars 2016, le pape François a approuvé un décret sur un miracle attribué à l'intercession de Mama Antula : "la guérison rapide, complète et durable d'une religieuse professe de trente et un ans des Filles du Divin Sauveur, d'une cholécystite lithiasique aiguë avec complications septiques, au cours des derniers mois de 1904". Cette approbation a ouvert la voie à la béatification de Mama Antula le 27 août 2016.

    "Hier, à Santiago del Estero, en Argentine, Sœur María Antonia de San José a été béatifiée ; le peuple l'appelle Mama Antula", a déclaré le pape François le lendemain. "Que son témoignage chrétien exemplaire, en particulier son apostolat dans la promotion des exercices spirituels, inspire le désir d'adhérer toujours plus au Christ et à l'Évangile."

    Le 24 octobre 2023, le pape François a approuvé un décret sur un autre miracle attribué à son intercession : "la guérison rapide, complète et durable d'un père de famille de soixante ans, victime d'un accident vasculaire cérébral ischémique avec infarctus hémorragique dans plusieurs régions, d'une septicémie, d'un coma profond et d'un choc septique résistant avec défaillance de plusieurs organes, en juillet 2017". Ce deuxième miracle a ouvert la voie à sa canonisation.

    En décembre, Mgr Lucio Ruiz, secrétaire du Secrétariat pour la communication du Vatican, a révélé que ce père de soixante ans, Claudio P., était autrefois un séminariste de dix-sept ans à qui le futur pape François, alors provincial jésuite argentin, avait conseillé de "chercher une autre voie vocationnelle, lui promettant qu'il bénirait sa femme et ses enfants."

    "Il est agréable de voir que c'est François qui canonisera la personne qui a intercédé pour le miracle qui lui a permis de continuer à vivre", a déclaré M. Ruiz.

  • Lire Emmanuel Todd et puis mourir ?

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    LIRE EMMANUEL TODD ET MOURIR ?

    09/02/2024

    On assiste, selon Emmanuel Toddà « la chute finale de l'Occident »Venant de lui, la chose mérite d'être prise au sérieux, à tout le moins étudiée au plus haut niveau. L'homme n'est pas un essayiste lambda, un toutologue de plateau TV. Son œuvre le place au rang des intellectuels rigoureux et travailleurs, imprégnés par une tradition, celle d'Émile Durkheim, fondateur de la sociologie quantitative, et de Max Weber, l'auteur de L'éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, ouvrage clé de la science politique. Il se réfère aussi à son « père spirituel en histoire », Emmanuel Le Roy Ladurie dont il « pleure la disparition » récente.

    Todd, 72 ans, dit que la Défaite de l'Occident sera son dernier livre. Il avait 25 ans lorsqu'il prédit la décomposition du monde soviétique, justement dans La Chute finale (Robert Laffont, 1976). Son oracle se fondait sur la remontée de la mortalité infantile.

    Malgré ses états de service, l'homme éprouve le besoin de se justifier : « J'avoue tout : je ne suis pas un agent du Kremlin, je suis le dernier représentant de l'école historique française des Annales ! » lance-t-il dans Le Figaro. Ce point d'exclamation ne suffit pas à rendre certains critiques plus indulgents. Exemple parmi d'autres : dans La Croix, l'ancien correspondant de l'AFP en Ukraine le qualifie de « professeur Raoult de la géopolitique, un savant ayant quelques fulgurances, mais des égarements ». Quant au Monde, il rejette son propos sans même l'examiner. Todd est accusé d'être « en ligne avec la propagande russe », ce qui suffit à le disqualifier.

    L'homme serait-il dangereux pour le magistère des castes dirigeantes ? Son analyse invite à se détacher de l'Amérique dont il pointe la fragilité et la toxicité. Todd ne fait pas de l'antiaméricanisme. Il plaide l'observation : « Je dégonfle le PIB [américain] et montre les causes profondes du déclin industriel : l'insuffisance des formations d'ingénieur et plus généralement le déclin du niveau éducatif, dès 1965 aux États-Unis ». L'Amérique devient ce village Potemkine que nos rêves publicitaires doivent cesser d'habiter.

    Cet effondrement, Todd l'attribue à « la disparition du protestantisme américain [qui] a enclenché un déclin intellectuel, une disparition de l'éthique du travail et une cupidité de masse (nom officiel : néolibéralisme). L'ascension se retourne en chute de l'Occident ». L'Europe, préfecture de l'empire, est entraînée dans ce sillage. Un pacte nous lie aux États-Unis depuis 1945. Pour faire court, l'américanisation, intense depuis les années 80, est à la fois choisie par les élites et subie par le peuple. Or, écrit Todd, « l'implosion, par étapes, de la culture WASP – blanche, anglo-saxonne et protestante – depuis les années 1960 a créé un empire privé de centre et de projet, un organisme essentiellement militaire dirigé par un groupe sans culture – au sens anthropologique – qui n'a plus comme valeurs fondamentales que la puissance et la violence ». Ce qui leur arrive, à eux la locomotive, nous arrivera forcément à nous, les wagons. Les expéditions punitives de Bush père et fils manifestaient déjà cette dérive.

    Le regain de l''évangélisme ne pallie pas l'effondrement de la matrice historique car « Dieu n'est plus là pour exiger, mais pour cajoler le croyant et lui distribuer des bonus, psychologiques ou matériels ». Les born again ne sauveront pas l'Amérique dont les élites ne sont plus des « zombies », ces êtres encore influencés par l'héritage, mais des créatures marquées du sceau de la « religion zéro ». C'est un nouveau concept. L'expression « hors sol » le traduit bien.

    Le nihilisme explique à ses yeux la défaite occidentale. Car le reste du monde est résolu à ne pas se faire aspirer par le vide. Alors que fait-il ? Il préfère soutenir la Russie qui « s'est découvert partout des alliés économiques discrets, un nouveau soft power (…) conservateur (anti-LGBT) ». La boucle est bouclée : on ne pardonne pas à Todd de faire d'une pierre deux coups : démythifier l'Amérique, pulvériser ses classes dirigeantes et dire qu'elle est en train de perdre face à Poutine qui « veut préserver l'acquis de la stabilisation de la société russe ».

    Selon Todd, le mariage gay date symboliquement le passage de l'état zombie à l'état zéro. C'est l'an I du nihilisme sur lequel embraye le phénomène trans. Il écrit que « la fixation des classes moyennes occidentales sur cette question ultraminoritaire pose une question sociologique et historique »Car, ajoute-t-il, « constituer en horizon social l'idée qu'un homme peut réellement devenir une femme et une femme un homme, c'est affirmer quelque chose de biologiquement impossible, c'est nier la réalité du monde, c'est affirmer le faux ».

    La sélection

    Emmanuel Todd : « Nous assistons à la chute finale de l’Occident »

    Lire l'article sur Le Figaro

  • Sainte Scholastique, soeur de saint Benoît (10 février)

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    « Elle fut plus puissante parce qu’elle aima davantage. » Nous ne savons presque rien sur la vie de sainte Scholastique, mais là est l’essentiel. Selon la tradition, elle menait une vie toute vouée à Dieu, comme son frère saint Benoît. Une fois par an, elle avait l’habitude de venir le rencontrer avec quelques-uns de ses frères près de son monastère, et ils passaient une journée ensemble « à louer Dieu et à parler de choses saintes ».

    Et voici qu’une fois Scholastique demande à son frère de prolonger la rencontre au-delà de l’usuel, pendant la nuit – peut-être pressent-elle que ce sera la dernière fois qu’elle verra son frère avant sa mort. Mais lui, le grand législateur de la vie monastique, de répondre : « Que dis-tu là, ma sœur ! Rester hors du monastère, je ne le peux absolument pas. »

    Scholastique se met à prier – et d’un ciel auparavant parfaitement serein - « ce fut un éclat violent d’éclairs, tonnerre, pluie diluvienne, tant et si bien que ni le vénérable Benoît ni les frères qui l’accompagnaient ne pouvaient franchir le seuil du lieu où ils se trouvaient. » Alors Benoît « commença à se plaindre, tout triste : ‘Que Dieu tout-puissant te pardonne, ma sœur ! Qu’est-ce que tu as fait là ?’ Elle répondit : ‘Voilà ! Je t’ai prié, et tu n’as pas voulu m’écouter. J’ai prié mon Seigneur, et il m’a écoutée. Maintenant donc, si tu peux, sors ! Laisse-moi, et rentre au monastère.’ Mais lui ne pouvait sortir au-delà du toit. Il n’avait pas voulu rester de bon gré, il resta de force. »

    Et Grégoire le Grand termine le récit de cet épisode de la vie de saint Benoît et de sainte Scholastique en disant : « Ce n’est pas étonnant qu’une femme en cette occasion ait été plus forte que lui, l’homme de Dieu : elle voulait voir plus longtemps son frère. Selon la parole de Jean, ‘Dieu est amour’, et par un jugement tout à fait juste, elle fut plus puissante parce qu’elle aima davantage. »

  • Les déclarations inacceptables de Monseigneur Scicluna sur le célibat ecclésiastique : un expert corrige l'archevêque

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    Du site d'Aldo Maria Valli :

    Célibat ecclésiastique / Des déclarations inacceptables de Monseigneur Scicluna. Un expert corrige donc l'archevêque

    Le mois dernier, Monseigneur Charles Scicluna, haut fonctionnaire du Vatican et conseiller du pape François ainsi qu'archevêque de Malte, a déclaré dans une interview que l'Église catholique devrait "réfléchir sérieusement" à la possibilité d'autoriser les prêtres à se marier. Des propos qui ont évidemment été accueillis favorablement par le courant de pensée dominant, mais qui ont en même temps suscité la perplexité et le mécontentement de nombreux catholiques.

    Un expert du célibat ecclésiastique, Monseigneur Cesare Bonivento, intervient maintenant sur les déclarations de Monseigneur Scicluna. Longtemps missionnaire en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour le PIME (Institut pontifical des missions étrangères de Milan) et aujourd'hui évêque émérite, Monseigneur Bonivento (qui, à près de 84 ans, travaille encore comme formateur et assistant spirituel de séminaristes) a consacré des études approfondies à la question du célibat ecclésiastique, dont la dernière en date est "Célibat et Continence ecclésiale". Breve compendio storico-teologico (une publication que Duc in altum a traitée ici). Et du haut de son expertise, il juge les propos de Scicluna non seulement erronés mais irresponsables.

    ***

    par Monseigneur Cesare Bonivento

    Le 8 janvier, la presse internationale a largement couvert l'interview accordée par Monseigneur Scicluna, archevêque de Malte et secrétaire adjoint du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, au Times of Malta. Dans cette interview, l'archevêque s'est dit très favorable au célibat facultatif ou, plus clairement, à l'autorisation pour les prêtres de se marier.

    L'archevêque Scicluna a affirmé que l'Église catholique devrait "réfléchir sérieusement" à la possibilité d'autoriser les prêtres à se marier. D'autre part, le célibat "a été facultatif pendant le premier millénaire de l'existence de l'Église". Par conséquent, "il devrait le redevenir".

    Cette interview marquante a suscité des réactions largement favorables. Par exemple, le 23 janvier, la Gazette de Malte écrivait : "Les déclarations de l'archevêque Charles Scicluna sur les prêtres et le mariage ont fait le tour du monde, car elles sont courageuses, sans équivoque, de grande portée et émanent d'un haut fonctionnaire du Vatican à un moment où l'Église envisage sérieusement des changements".

    À l'exception du débat sur les bénédictions homosexuelles, l'interview de Mgr Scicluna a été, selon le correspondant au Vatican du National Catholic Reporter, Christopher White, la nouvelle la plus importante du mois de janvier au Vatican.

    Cependant, les déclarations de l'archevêque ont suscité une grande consternation chez de nombreux laïcs et membres du clergé, à la fois en raison du rôle joué par Scicluna et parce qu'elles sont en grande partie inexactes.

    En effet, il semble impossible qu'un prélat de son rang ait pu faire de telles déclarations.

    Il est certain que Monseigneur Scicluna connaît à la fois l'histoire et la théologie de l'Église, et il m'est donc difficile de lui attribuer la paternité de ce qui a été publié. Cependant, comme il n'y a pas eu de démenti, je me sens obligé de répondre, tout en invitant Mgr Scicluna à les rectifier s'ils lui ont été indûment attribués.

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  • « Fiers d’être Bourguignons » ? L’héritage d’Henri Pirenne

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    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge" :

    Image du logo du site

    « Fiers d’être Bourguignons » ? L’héritage d’Henri Pirenne

    2 février

       En 1932, Lucien Febvre, cofondateur en France des Annales d'histoire économique et sociale, qualifia d' "acte national" l'Histoire de Belgique d'Henri Pirenne, qu'il tenait pour un de ses inspirateurs. Evidemment, on ne peut être la figure de proue d'un récit national sans être ipso facto dénigré par les tenants d'identités concurrentes – flamande, wallonne… – se voulant en outre exclusives. Mais dans comme hors de nos frontières, l'historien né à Verviers en 1862, mort à Uccle en 1935, demeure une référence et un père de ce qu'on appellera plus tard la nouvelle histoire, entendez celle qui explore et intègre pleinement les données de la vie matérielle et de la vie culturelle aux sens les plus larges.

       La carrière même du maître épouse de bout en bout les diversités belges. Venu au monde en terres ci-devant principautaires, formé d'abord à l'Université de Liège, il approfondit sa science en Allemagne et en France avant d'être, pendant plus de quarante ans, professeur à l'Université de Gand  puis, après s'être opposé à la néerlandisation complète de cette institution, à celle de Bruxelles.