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Livres - Publications - Page 8

  • "Tu n'es pas seul" ou les confidences calculées du pape François

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    De FSSPX NEWS :«

    " Tu n’es pas seul " : les confidences calculées du pape François

    15 novembre, 2023

    Depuis le 24 octobre 2023, le dernier livre-entretien de François est disponible en Italien : Non sei solo. Sfide, risposte, speranze, “Tu n’es pas seul. Défis, réponses et chemins d’espérance” (original en espagnol, El Pastor). Outre la réaffirmation de l’impossibilité de faire accéder les femmes à la prêtrise déjà évoquée sur FSSPX.Actualités, le Pape explique son programme par le choix des cardinaux qui l’ont élu.

    Sergio Rubin et Francesca Ambrogetti sont présentés par la presse comme des « amis du pape ». Aussi, leur livre se situe-t-il dans le registre de la confidence : le pape François y parle à bâtons rompus, notamment du motif de son élection au souverain pontificat, c’était en 2013.

    A l’été 2022, l’ancien archevêque de Buenos Aires avait évoqué de façon sibylline son accession au trône de Pierre, déclarant à Telam : « Ce que j’ai mis en mouvement, c’est ce que les cardinaux m’avaient demandé durant les réunions précédant le conclave. » Sans préciser le contenu du programme sur lequel se serait engagé l’hôte actuel de Sainte-Marthe : une question qui a laissé libre cours à toutes les hypothèses.

    Le Pape en dit plus : corruption financière, méthode synodale et abus

    Dans Non sei solo, le pape lui-même lève un coin du voile dans l’extrait qui suit :Sergio Rubin et Francesca Ambrogetti : En somme, vous vous êtes dit, en devenant pape, que vous aviez hérité d’un lourd passif dans l’Eglise, et que plusieurs défis s’offraient à vous ?

    François : En fait, mon programme de gouvernement était d’exécuter ce que les cardinaux avaient exprimé dans les congrégations qui ont précédé le conclave.

    Rubin et Ambrogetti : Oui, vous nous avez dit qu’il s’agissait de “Revitaliser l’annonce de l’Evangile, diminuer le centralisme du Vatican, éradiquer la pédophilie”.

    François : Et de lutter contre la corruption financière. On se dirigeait tout droit dans une impasse.

    C’est donc dans la perspective de ce programme élaboré en amont par une partie au moins des membres du Sacré-Collège en 2013, que l’on peut situer la création du Secrétariat pour l’économie et les réformes financières, ainsi que la tenue du procès sur les investissements de la secrétairerie d’Etat à l’étranger.

    La réforme de la Curie et la méthode synodale apparaissent également comme une mise en œuvre du programme des cardinaux souhaitant « revitaliser l’annonce de l’évangile et diminuer le centralisme ». Mais ces réformes, pour beaucoup, mettent en cause la Constitution divine de l’Eglise et sa Tradition.

    Enfin l’action du pape actuel contre les abus sur personnes vulnérables dans l’Eglise – héritage des décennies passées – a été suffisamment commentée. L’Histoire notera un jour que le « caractère systémique » donné arbitrairement à ces abus, a permis aux progressistes d’imposer leurs réformes.

    La vision politique de François

    Au fil de confidences savamment distillées, le Souverain pontife livre quelques réflexions politiques : pour lui, « le chaos politique et institutionnel dans lequel se trouvent de nombreux pays pauvres ou du Sud provient de l’échec de l’Occident dans sa tentative d’importer son type de démocratie dans certains pays avec une culture, je ne dis pas tribale, mais de forme similaire ».

    Réminiscence du péronisme qui a profondément marqué le pape actuel ? François, en tout cas, persiste et signe : « Je crois que nous ne devons pas exporter notre modèle de démocratie vers d’autres pays. (…) Ne faites pas la guerre pour importer une démocratie que leurs peuples ne sont pas capables d’assimiler. Il y a des pays qui ont un système monarchique et qui n’accepteront probablement jamais une démocratie.

    « Mais vous pouvez certainement contribuer à faire en sorte qu’il y ait une plus grande participation. Quoi qu’il en soit, je me considère ignorant en matière de politique internationale, mais je crois qu’il y a un choix occidental malheureux à l’origine de l’apparition de l’Etat islamique. » Un constat que le fiasco des interventions occidentales en Irak et en Libye semble bien corroborer.

    Enfin le Pape balaie les rumeurs de démission qui se chuchotent dans les couloirs des palais apostoliques, en citant les médecins qui le suivent : « C’est vraiment un mystère. En théorie, vous ne devriez pas pouvoir marcher ni même monter les escaliers ! » Encore un tour de ce “Dieu des surprises” si cher à François ?

    (Sources : Avvenire/In Terris/Sky tg24 – FSSPX.Actualités)

  • Stockel, 7 décembre : Les laïcs, pierres vivantes de l'Eglise; conférence de Claude Callens

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    Affiche congrès.jpg

    Christine Gosselin, sur le site du diocèse de Namur, présente l'orateur :

    Claude Callens, 20 ans de recherches en morale sociale sur la toile

    Son amour des mots, prose ou poésie n’a d’égal que son éloquence… Claude Callens a effectué des recherches, choisi ses mots, soigné ses présentations orales et visuelles au service de tous depuis bientôt 60 ans. Pourtant s’il manie si bien l’art de la parole, il reste très discret sur lui-même et son travail. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la mise en ligne de ses cours et conférences : plus de 2200 pages sur l’enseignement social chrétien. Un travail magistral mis à disposition de tous.

    C’est comme professeur à l’Athénée de Saint-Servais que Claude Callens commence sa carrière et sa réflexion en 1964. Très vite il sera également appelé à donner des cours et à animer des ateliers d’expression vocale et théâtrale dans le cadre des Cours supérieurs de pédagogie (IETC-Namur) en promotion sociale. Des sujets et publics variés qui l’amènent, dès 1968, à découvrir la philosophie politique. Effectivement, Claude est tenaillé par ce souci de trouver une cohérence « trouver ce qui peut correspondre dans l’organisation du monde avec ces théories » explique-t-il. Mais les solutions proposées par Marx et Engels, puis par le socialisme démocratique qu’il étudie consciencieusement à travers le journal Le Peuple, ou les publications de l’Institut Émile Vandervelde ne le convainquent pas. Elles risquent de mener à une société inhumaine ! Il prendra définitivement distance avec le socialisme démocratique en rédigeant un petit opuscule, Le messianisme socialiste, publié le 1er janvier 1976.

    Le déclic

    Une lecture fortuite provoquera la révélation qui allait orienter ses futures recherches : « Pour mon anniversaire, mon père m’a offert un livre qu’on lui avait conseillé en librairie. Il s’agissait de l’ouvrage Les nouveaux prêtres de Michel de Saint Pierre, dans lequel l’auteur part en guerre contre les progressistes… C’est avec cet ouvrage publié en plein concile Vatican II, que j’ai commencé à m’intéresser à la morale sociale de l’Église par le biais de notes en bas de page qui renvoyaient vers les grandes encycliques sociales. »

    « À dater de ce jour, Claude est mordu et passera de longues heures à découvrir l’enseignement social chrétien » sourit son épouse Jacqueline, venue nous rejoindre dans le salon. Durant 13 ans, il relève systématiquement les thèmes et les prises de position de l’Osservatore romano, toujours taraudé par cette question de cohérence : quelle est la compatibilité de la foi avec l’organisation de la société et ses doctrines ? Dès 1977, il annonce lors d’une conférence à Lausanne que c’est dans la doctrine sociale de l’Église et non dans le socialisme démocratique que se trouvent les réponses. Enfin ces recherches et réflexions, délivrées partiellement dans des conférences pour les Centres étudiants de formation et d’action culturelle et sociale (à Namur, Bruxelles, Louvain-la-Neuve, Mons et Liège) aboutiront en 1993 à un important ouvrage intitulé Un sens à la société, Essai de synthèse de la doctrine sociale de l’Église sous le pontificat de Jean-Paul II de 1978 à 1991.

    « J’avais trouvé ma voie : celle qui va de l’Écriture sainte à Léon XIII et de Léon XIII à François » souffle Claude Callens.

    Cette voie n’est pas restée inaperçue. Dès 1993, Claude donnera cours de morale sociale à l’École de la Foi de Namur dont il deviendra le directeur, puis au Séminaire et Studium Notre-Dame ainsi qu’à l’Institut supérieur de théologie du diocèse de Tournai jusqu’en 2019.

    Ce sont l’ensemble de ces cours, 2200 pages, plus de vingt ans de recherches, que Claude nous partage aujourd’hui dans un tout nouveau site « Évangélisation et action politique : défense et illustration de quelques thèmes de la doctrine sociale de l’Église ; 2000-2020 » à l’adresse www.moralesociale.net. Sous une forme accessible à tous, avec une structuration de la pensée claire et une grande facilité d’utilisation, le site permet de naviguer d’un chapitre à l’autre, d’effectuer des recherches par thématiques et de trouver des références solides sur la doctrine sociale de l’Église. La possibilité de télécharger ou d’imprimer les références, chapitres ou conférences est également offerte.

    « Bien d’autres thèmes pourraient être abordés [..] la doctrine sociale de l’Église est beaucoup moins déterminée et figée que nous ne sommes parfois tentés de le croire […]. Elle consiste en un « projet social » en vue d’éveiller les hommes à une prise de conscience personnelle et réfléchie de la signification de leur foi pour la vie économique et sociale » […] précise Claude en préalable à la lecture de ces notes. Il appelle à améliorer ce travail. Claude lui-même alimente toujours ces pages avec ses recherches actuelles : une publication sur la double mission du laïcat (2018), deux nouvelles publications sur Laudato Si’ et Fratelli Tutti (2021), et sur l’éthique du travail.

    Actuellement, outre le soin de sa grande famille, sept enfants et dix-neuf petits enfants, Claude s’intéresse aux rapports entre morale et esthétique dans les arts contemporains ains qu’à l’image du corps et de la sexualité dans les arts… de nouvelles thématiques qui ne manqueront pas d’enrichir cette recherche incontournable mise à notre disposition. En début de cette année 2023, il publiait encore un nouveau livre intitulé Jean Paul II et les laïcs. La double mission du laïcat, aux éditions Mame. Il y pointe l’importance du rôle des laïcs dans la vie du corps de l’Église.

  • Une brève histoire de la messe dans le rite romain

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    Du site "Esprit de la liturgie" :

    Recension : « Une brève histoire de la messe dans le rite romain », par Uwe Michael LangL

    DANS STUDIA

    Desclée de Brouwer vient de publier la traduction française du dernier livre du père Uwe Michael Lang C.O., ami d’Esprit de la Liturgie, dont nous avons traduit plusieurs articles sur ce blog. Voici quelques notes de lecture.

    Une synthèse accessible

    À travers vingt courts chapitres, chacun divisés en sections qui facilitent l’intelligence du propos, l’auteur retrace méthodiquement autant de siècles d’évolution de la messe dans le rite romain. Les trois premiers quarts de l’ouvrage, jusqu’au concile de Trente, sont une synthèse de la considérable monographie du même auteur, The Roman Mass: From Early Christian Origins to Tridentine Reform, véritable somme à l’érudition considérable, ouvrage académique rassemblant deux décennies des travaux de l’auteur, qui trouve dans ce petit livre (180 pages) sa traduction à destination du grand public. Le titre est factuel : l’auteur de ne parle pas d’autre chose que de la messe, et ne parle que du rite romain, quoi qu’il lui soit nécessaire, pour expliquer son histoire, de donner de loin en loin une brève description des liturgies orientales, wisigothique, ou ambrosienne.

    Cet ouvrage s’annonce utile surtout par le large public qu’il permet de toucher. Les prérequis sont minimaux: il est utile que le lecteur connaisse les grandes parties de la messe ; l’existence de l’empire carolingien, du Saint-Empire, des royaumes de France et d’Angleterre, de la papauté ; sache ce qu’est un évêque, un prêtre, un diacre. Autrement dit, ce livre pourra trouver sa place parmi les cadeaux de Noël de tout catholique intéressé par le sujet, que l’auteur sait rendre passionnant. Un glossaire en fin d’ouvrage permet de combler utilement d’éventuels trous de mémoire.

    L’abbé Jean-Pierre Herman a mené à bien la tâche délicate de la traduction d’un ouvrage nécessairement rempli de termes techniques du domaine liturgique, domaine qu’il connaît parfaitement.

    Pour le lecteur pressé déjà convaincu par cette brève description, donnons d’emblée les liens vers le livre sur le site de l’éditeur et Amazon.

    Légende et réalité

    Les mythes ont la vie dure. Les réformes liturgiques du vingtième siècle se sont plus ou moins toutes fondées sur une espèce de roman ecclésial, une simplification de l’histoire allant jusqu’à la fiction, qu’on pourrait résumer de cette manière: « la liturgie des premiers siècles a été chargée d’une pompe mondaine par la réforme carolingienne, puis s’est transformée en exercice de dévotion cléricale au long du Moyen-Âge, pour aboutir à une fossilisation rigide au concile de Trente, qui a abouti à sa totale décrépitude à la veille du mouvement liturgique qui a débouché sur la constitution Sacrosanctum Concilium du concile Vatican II ». Si la recherche en histoire de la liturgie a fait se fissurer cette belle légende dès le milieu du 20e siècle, il se trouve encore des séminaires où on l’enseigne comme telle, puisque de nombreux prêtres, même jeunes, la professent sans hésitation.

    Sans prendre le contrepied systématique de cette légende (qui reste basée sur des faits réels, même déformés), l’auteur apporte avec méthode, en citant à parts égales une grande abondance de sources primaires et de travaux de recherche récents, la nuance nécessaire à une approche plus sereine, plus rigoureuse, et simplement plus vraie, de l’histoire de la liturgie de la messe. Antiquité de l’orientation, célébrations domestiques, usage d’une langue hiératique, rôle et limites de l’improvisation, unicité du canon romain, nombre des lectures, rôle des fidèles : autant de sujets sur lesquels l’auteur bouscule les idées reçues, sans pour autant prendre un parti idéologique.

    Court, trop court ?

    Le format de l’ouvrage a contraint l’auteur à de nombreux raccourcis. Cela peut expliquer certaines simplifications, mais le lecteur féru d’histoire liturgique reste parfois sur sa faim. À son crédit, l’auteur n’est pas avare de références pour qui veut creuser tel ou tel sujet, encore que certaines de ces références pointent vers des ouvrages datés, voire teintés idéologiquement (en particulier ceux de Josef Andreas Jungmann), contenant des erreurs que justement l’auteur s’emploie à rectifier.

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  • Une parution à ne pas manquer : "Trouvera-t-Il encore la foi sur la terre ?" de l'abbé Claude Barthe

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    Vient de paraître
    (en librairie le 16 novembre 2023)

    Trouvera-t-Il encore la foi sur la terre ?

    Abbé Claude Barthe

    Vingt siècles après sa fondation, le catholicisme a connu un immense retournement. Les orientations de Vatican II ne sont pas la seule explication de la crise sans précédent que traverse aujourd’hui l’Église. Mais cet événement est à la source d’un séisme considérable du point de vue théologique, liturgique, pastoral, dans la vie cléricale, religieuse, comme en ce qui concerne les missions et les vocations.

       Soixante ans après la clôture de Vatican II, l’auteur se recentre sur l’histoire de ce qu’il qualifie de prise du pouvoir doctrinal par les partisans du modernisme et de la nouvelle théologie. Il estime qu’avec des réticences, des correctifs, des ambiguïtés, l’assemblée conciliaire non monolithique a donné un certain nombre de gages au pluralisme et donc au relativisme moderne, tant dans la manière adogmatique dont son enseignement a été délivré, que dans son enseignement œcumé¬nique, au sens large de reconnaissance d’une certaine légitimité de la diversité de croyances.

       Cet essai s’inscrit dans le long processus de délégitimation progressive de l’événement historique de Vatican II, commencé à l’orée des années quatre-vingt et accéléré par l’élection de Benoît XVI avant le revirement romain brutal opéré sous le pontificat du pape François.

    à commander ici

  • En souvenir de Wanda Półtawska, un modèle de génie féminin dans le monde postmoderne

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    De Solène Tadié sur le National Catholic Register :

    En souvenir de Wanda Półtawska, un modèle de génie féminin dans le monde postmoderne

    La vie de l'amie proche de Jean-Paul II, qui a influencé nombre de ses écrits et qui est décédée ce mois-ci à près de 102 ans, s'inscrit dans la longue tradition de l'héroïsme féminin dans l'Église.

    Wanda Półtawska.Wanda Półtawska. (photo : photographe Eustachy Kossakowski ; numérisé à partir de Poland monthly, juin 1963, Interpress Publishers, Varsovie, Pologne / Domaine public)

    31 octobre 2023

    Résumer la vie et l'œuvre d'une figure telle que Wanda Półtawska n'est pas chose aisée. Une chose est sûre : La dernière survivante des "cobayes" du camp de concentration de Ravensbrück restera l'un des principaux visages de la résistance à la déshumanisation du monde occidental, défiguré par les totalitarismes du XXe siècle.

    Née Wanda Wiktoria Wojtasik le 2 novembre 1921 à Lublin, en Pologne, elle était l'épouse du philosophe Andrzej Półtawski et la mère de quatre enfants. Elle est décédée dans la soirée du 24 octobre 2023, peu avant son 102e anniversaire. "Pour beaucoup de gens, je suis un peu une pièce de musée !", avait-elle plaisanté en accueillant le Register dans son appartement de la célèbre place du marché de Cracovie à l'occasion de son 100e anniversaire en 2021.

    Connue pour son franc-parler, son tempérament vif et son caractère intransigeant - il n'en fallait pas moins pour survivre aux atrocités indicibles qu'elle a subies à l'âge de 20 ans seulement pour ses activités de résistance contre l'occupant nazi en Pologne - elle a eu un impact considérable sur la vie intellectuelle de l'Église au tournant du nouveau millénaire, notamment sur les écrits de saint Jean-Paul II, dont elle était l'une des amies les plus proches et qu'il appelait sa sœur.

    Dans le monde intellectuel progressiste, généralement enclin à célébrer les survivants de la fureur génocidaire de l'Allemagne nazie, elle est toujours apparue comme une figure quelque peu gênante, car elle allait à l'encontre de tous les courants de pensée relativistes qui prévalaient dans la seconde moitié du 20e siècle.

    Défendre la vie contre la "civilisation de la mort

    L'épreuve de sa jeunesse, qu'elle a racontée dans son mémorable ouvrage And I'm Afraid of My Dreams, a en effet fait d'elle une ardente défenseuse de la vie, de sa conception à sa fin naturelle. Il s'agissait d'une position difficile à adopter en matière de libération sexuelle en Occident, qui avait fait de l'avortement et des contraceptifs les outils de l'émancipation individuelle.

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  • Euthanasie : comment le "modèle belge" est devenu en vingt ans un système de mort programmée

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    De Pierre Jova  sur Aleteia.org :

    Euthanasie : la loi belge ignore que l’homme est « un tissu de relations »

     

    28/10/23

    Dans "Peut-on programmer la mort ?" (Seuil), le journaliste Pierre Jova publie les résultats de son enquête sur la pratique de l'euthanasie en Belgique. Alors qu'un projet de loi sera présenté en décembre 2023 en France, l'auteur révèle l’envers du "modèle belge", devenu en vingt ans un système de mort programmée.

    « La mort n’est pas qu’une affaire individuelle, mais bien collective », telle est bien la conviction de Pierre Jova qui a vérifié combien le recours à l’euthanasie laisse des traces indélébiles dans les familles. Il montre aussi que l’expérience de la légalisation est une course sans fin : après les malades incurables, les mineurs, les déments, les cas sociaux… « Une société a besoin de multiplier et étendre l’euthanasie pour se persuader qu’elle est normale » observe-t-il, comme dans d’autres pays comme la Suisse ou le Canada. Au nom d’une liberté absolue et de la toute puissance de la technique, mais aussi de la logique marchande, c’est un monde insatiable et sans limite qui se prépare. Et pourtant, soutient Pierre Jova, on ne peut « étouffer éternellement la casse humaine créée par l’euthanasie ».

    Lire l'interview sur Aleteia.org

  • Le pape François sur les femmes diacres : "Les ordres sacrés sont réservés aux hommes".

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA :

    Le pape François sur les femmes diacres : "Les ordres sacrés sont réservés aux hommes".

    25 oct. 2023

    Le pape François a réaffirmé l'impossibilité pour les femmes de devenir prêtres, ou même diacres de l'Église moderne, dans une interview pour un livre publié mardi en Italie.

    La question de savoir si certaines femmes de l'Église primitive étaient des "diaconesses" ou un autre type de collaboratrices des évêques n'est pas "hors de propos, parce que les ordres sacrés sont réservés aux hommes", a déclaré le pape.

    Les réponses du pape aux questions sur le rôle des femmes dans l'Église ont été incluses dans un livre publié en juin en espagnol sous le titre "El Pastor : Desafíos, razones y reflexiones sobre su pontificado".

    Le livre, dont le titre signifie en anglais "The Shepherd : Luttes, raisons et réflexions sur sa papauté", a été publié en italien le 24 octobre. L'édition italienne est intitulée "Non Sei Solo : Sfide, Risposte, Speranze" ou "Vous n'êtes pas seul : Défis, réponses, espoirs".

    En ce qui concerne la possibilité de nommer des femmes diacres, François a rappelé que le diaconat "est le premier degré des ordres sacrés dans l'Église catholique, suivi du sacerdoce et enfin de l'épiscopat".

    Il a déclaré avoir formé des commissions en 2016 et 2020 pour étudier la question plus en profondeur, après qu'une étude réalisée dans les années 1980 par la Commission théologique internationale ait établi que le rôle des diaconesses dans l'Église primitive "était comparable aux bénédictions des abbesses".

    En réponse à une question sur les raisons de son opposition au sacerdoce féminin, François a déclaré au journaliste argentin Sergio Rubin et à la journaliste italienne Francesca Ambrogetti, auteurs du livre, qu'il s'agissait d'un "problème théologique".

    "Je pense que nous porterions atteinte à l'essence de l'Église si nous ne considérions que le ministère sacerdotal, c'est-à-dire la voie ministérielle", a-t-il déclaré, soulignant que les femmes sont le reflet de l'épouse de Jésus, l'Église.

    "Le fait que la femme n'accède pas à la vie ministérielle n'est pas une privation, car sa place est bien plus importante. "Je pense que nous nous trompons dans notre catéchèse en expliquant ces choses, et finalement nous nous rabattons sur un critère administratif qui ne fonctionne pas à long terme".

    D'autre part, en ce qui concerne le charisme des femmes, je veux dire très clairement que, d'après mon expérience personnelle, elles ont une grande intuition ecclésiale", a-t-il déclaré.

    Interrogé sur le fait que l'ordination des femmes rapproche "davantage de personnes de l'Église" et que le célibat facultatif des prêtres permet de faire face à la pénurie de prêtres, le pape François a déclaré qu'il ne partageait pas ces points de vue.

    "Les luthériens ordonnent des femmes, mais peu de gens vont à l'église", a-t-il déclaré. "Leurs prêtres peuvent se marier, mais malgré cela, ils ne parviennent pas à augmenter le nombre de ministres. Le problème est culturel. Nous ne devrions pas être naïfs et penser que des changements programmatiques nous apporteront la solution.

    "Les simples réformes ecclésiastiques ne permettent pas de résoudre les problèmes sous-jacents. Ce sont plutôt des changements paradigmatiques qui sont nécessaires", a-t-il ajouté, renvoyant à sa lettre de 2019 aux catholiques allemands pour de plus amples considérations sur la question.

    Hannah Brockhaus est la correspondante principale de la Catholic News Agency à Rome. Elle a grandi à Omaha, dans le Nebraska, et est titulaire d'un diplôme d'anglais de la Truman State University, dans le Missouri.

  • Ce livre vaut plus à lui seul que le Synode. Il est d’un évêque, et traite de la chasteté.

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso. (traduction de Diakonos.be)

    Ce livre vaut plus à lui seul que le synode. Il est d’un évêque, et traite de la chasteté

    Au Vatican, le Synode approche de sa phase finale, qui ne sera en fait pas vraiment finale puisqu’il sera reconvoqué dans un an et que ce n’est qu’ensuite que le Pape décidera tout seul quelles conclusions en tirer, sur base de débats dont on ne sait rien ou presque étant donné qu’ils se déroulent à huis clos.

    Mais dans le même temps, on assiste également à un « synode hors les murs », dont le livre ci-dessus est une voix, sur un thème, la chasteté, qui est presque devenu un tabou pour ceux qui appellent dans l’Église à un « changement de paradigme » dans la doctrine catholique sur la sexualité, avec comme chef de file le cardinal Jean-Claude Hollerich que François a parachuté à la manœuvre du synode.

    L’auteur de « Chastity. Reconciliation of the Senses », paru le 12 octobre aux éditions Bloomsbury et qui sortira bientôt en librairie notamment en espagnol chez Encuentro, sous le titre « Castitad. La reconciliación de los sentidos », c’est Erik Varden, 49 ans, Norvégien, moine cistercien de la stricte observance, trappiste, ancien abbé en Angleterre de l’abbaye de Mount Sain Bernard dans le Leicestershire, et depuis 2020 évêque de Trondheim.

    Mgr Varden, qui n’est pas au synode, figurait parmi les signataires, avec tous les évêques de Scandinavie dont le cardinal de Stockholm, Ander Arborelius, de cette « Lettre pastorale sur la sexualité humaine », diffusée au Carême dernier, et que Settimo Cielo avait à l’époque publiée dans son intégralité. Par son extraordinaire originalité de langage et de contenu, cette lettre parvenait à dire à l’homme moderne toute la richesse de la vision chrétienne de la sexualité avec une fidélité intacte au magistère millénaire de l’Église tout en s’opposant de façon limpide à l’idéologie du gender.

    Cette lettre pastorale et le livre de Varden partagent donc un style commun. Mais il y a quand même une différence importante. « Chastity » ne se mêle pas des disputes et des « dubia » sur la bénédiction des coupes homosexuels ni sur la communion des divorcés remariés. Sur ces questions, l’auteur prend d’emblée le parti de ne pas s’écarter d’un iota de ce qu’enseigne le Catéchisme de l’Église de l’Église catholique de 1992, auquel il renvoie comme à un « grand trésor ».

    Parce qu’en tant qu’évêque, Mgr Varden poursuit un but très différent avec ce livre. Il veut « construire des ponts », combler ce vide qui s’est creusé entre la pensée de la société actuelle sécularisée et l’immense richesse de la tradition chrétienne, aujourd’hui dissoute dans une amnésie généralisée.

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  • "Le totalitarisme revient sous une forme paradoxale"

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    Du blog "Pour une école libre..." :

    Le Totalitarisme sans le goulag, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté


    Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l’histoire du totalitarisme était derrière eux, qu’elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l’apparition d’un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l’incrédulité générale, puisqu’il revient sans goulag, car il n’en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.

    Nos sociétés veulent croire que ce qu’elles appellent « l’extrême-droite » les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.

    Cette catégorie politique fantomatique, indéfinissable, manipulée et instrumentalisée, sert essentiellement à étiqueter tous ceux qui s’opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n’adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l’infamie.

    La lutte contre la prétendue « extrême-droite » justifie aujourd’hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d’ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l’homme. En d’autres mots, ce n’est pas « l’extrême-droite » qui nous menace, mais la lutte contre « l’extrême-droite » qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer.

    Mathieu Bock-Côté
    Le retour de la question totalitaire
     
    Introduction :

    Je crains la réalisation généralisée de l’utopie.

    Eugène Ionesco


    Il y a quelques années à peine, ceux qui annonçaient un retour de la tentation totalitaire au cœur du monde occidental passaient pour d’inquiétants illuminés, ou pour des soldats perdus de la guerre froide, ignorant que le communisme s’était effondré, qu’il était mort et enterré, ou ne parvenant pas à en faire leur deuil, car ayant toujours besoin d’un grand Satan à combattre. Certes, l’islamisme était un totalitarisme, mais il venait de loin, et ne surgissait pas à la manière d’une pathologie propre à notre civilisation. Dans sa forme violente, il relevait moins du combat des idées que de la lutte antiterroriste. Dans sa forme pacifique, il exigeait un redressement existentiel des sociétés occidentales, invitées à renouer avec leurs idéaux, pour tenir tête à sa dynamique conquérante. Ils furent pourtant nombreux dès les années 1990 à s’inquiéter d’une forme nouvelle d’asservissement idéologique : ils ne furent pas vraiment pris au sérieux. Les conservateurs inquiets qui croyaient reconnaître la renaissance du totalitarisme dans ce qu’on a commencé à appeler le politiquement correct étaient accusés de s’épouvanter devant des faits divers marginaux, sans ancrage dans la réalité. Ils verseraient dans des « paniques morales », cherchant désespérément dans les aléas de la vie universitaire de quoi alimenter leur vision épouvantée de la modernité. Ceux qui insistèrent un peu trop s’attirèrent une réputation de radicaux, d’extrémistes nauséabonds et sulfureux : la mouvance national-conservatrice, grande maudite des années 1990, annonçait aussi l’avènement d’un nouveau totalitarisme, dont elle serait la première victime. Enfermée dans son ghetto, extrême-droitisée, prisonnière de l’étiquette diabolisante qu’on lui collait, elle ne parvenait qu’à convaincre les siens. Le totalitarisme, pathologie politique propre à la modernité, ne nous concernerait plus. De l’URSS, il ne resterait plus que de vieux restes, babioles et colifichets pour antiquaires. On aurait jugé biscornue l’idée voulant que les sociétés occidentales poursuivent à leur manière l’histoire du communisme par d’autres moyens.

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  • Laudate Deum : il est problématique que le pape commente la question climatique de cette manière

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    De Benjamin Leven sur le Tagespost :

    "Laudate Deum" : loin d'être une compétence de base

    Avec « Laudate Deum », le pape François s’aventure loin dans le domaine politique. Mais les questions en jeu ne peuvent pas recevoir de réponse en passant. Une contribution au débat

    19 octobre 2023

    La papauté est une force politique mondiale. Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 183 États. Un réseau de diocèses catholiques, tous redevables au Pape, s'étend sur toute la planète. Les innombrables communautés religieuses actives au niveau international relèvent également de lui. À cela s’ajoute le soft power avec lequel le pape, en tant que personnalité médiatique, est capable d’influencer bien au-delà des frontières de l’Église catholique. Il utilise désormais son capital symbolique pour intervenir dans un débat mondial en soulignant la grande plausibilité d'une hypothèse scientifique.

    Le problème est urgent et revêt une grande importance politique. Et pourtant, il est problématique que le Pape commente cela de cette manière. Car l’autorité de la papauté est essentiellement une autorité religieuse. Mais le changement climatique n’est pas une question religieuse. La tâche du magistère ecclésial est de proclamer la foi catholique et de prendre position sur les questions de foi et de morale. Mais le Magistère n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si le changement climatique est dû à l’homme, tout comme il n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si les planètes tournent autour du soleil ou si la création de l’univers peut être attribuée à un Big Bang. Le physicien et prêtre catholique Georges Lemaître, fondateur de la théorie du Big Bang, aurait été attristé par le pape Pie XII. dans un discours à l'Académie pontificale des sciences en 1951, il adopta la théorie et suggéra qu'il s'agissait d'une confirmation de la doctrine chrétienne de la création. Quelques années plus tard, en 1965, le Concile Vatican II soulignait la « légitime autonomie de la science » dans sa constitution pastorale « Gaudium et Spes ».

    Les autorités ecclésiastiques ont tout intérêt à s’exprimer sur les questions pour lesquelles elles sont responsables et compétentes selon l’image que les catholiques ont d’elles-mêmes. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont rien à dire sur la question climatique. Bien entendu, les membres de l’Église peuvent et doivent parler du fait que la nature est la création de Dieu et que les humains ont la responsabilité de la préserver. Ils peuvent également prendre position sur les questions morales et socio-éthiques urgentes liées au changement climatique, en s’appuyant sur l’enseignement de l’Église.

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  • Relire Henri Pirenne

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    Du site "Pour une école libre..." :

    Histoire — Relisons Pirenne !

    Un imposant volume de la collection « Quarto » réunit les écrits de l’historien médiéviste belge rendu célèbre par son livre « Mahomet et Charlemagne ».

    L’historien Henri Pirenne, dans son bureau, à Gand (Belgique), en 1930. La loi du 5 avril 1930 éliminera le français comme langue d’enseignement et imposera le néerlandais. Pirenne, ne parlant pas le néerlandais, dut céder son poste de professeur d’histoire à la fin de l’année universitaire. L’Université de Louvain en terre flamande sera la dernière université à être « flamandisée » en 1968

    Il fut un temps où son nom n’était plus cité qu’avec embarras. À l’époque où Samuel Huntington faisait frémir avec sa thèse sur le « choc des civilisations », il n’était pas bien vu de mentionner Henri Pirenne. Son crime ? Il avait osé affirmer, dans Mahomet et Charlemagne, publié en 1937, que les invasions arabes avaient marqué la fin de l’Europe antique, semblant donner du crédit par avance aux thèses du néoconservateur américain. 

    Avant Mahomet, écrivait Pirenne, l’orient et l’occident n’étaient pas franchement divisés. L’Empire romain, qui, de la Syrie à l’Espagne, de la Baltique au Sahara, formait une magnifique unité, n’avait pas été bouleversé fondamentalement par les « invasions » barbares, car les nouveaux conquérants germaniques avaient institué, sur les ruines de l’empire, des monarchies qui, comme celles de Clovis ou des Wisigoths et des Vandales, avaient manifesté une grande révérence à l’égard de la civilisation vaincue. Clovis se fait baptiser et pousse même le zèle jusqu’à demander à être reconnu comme consul et patrice romain par l’empereur romain d’Orient Anastase.

    Tout allait changer avec l’arrivée des défenseurs d’Allah au VIIe siècle. Eux n’ont aucun respect pour la romanité, car ils défendent une autre civilisation et un autre dieu. Pirenne résumait : « Tandis que les Germains n’ont rien à opposer au christianisme de l’empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. »

    À Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge.

    Geneviève Warland et Philippe Sénac
    Provenant de la péninsule arabique, ils colonisent au nom d’Allah la rive sud de la Méditerranée, s’installant durablement en Palestine, en Égypte ou en Maurétanie césarienne et tingitane, puis ils franchissent le détroit de Gibraltar et remontent jusqu’au Nord, près de Poitiers, en passant par l’Espagne. 

    Loin d’être restée un lac intérieur (le fameux Mare nostrum des Romains), la Méditerranée allait dès lors devenir un obstacle, une « barrière ». Pirenne parle de « cataclysme cosmique ». Le royaume wisigoth s’effondre, le royaume franc résiste de justesse. D’où la phrase célèbre et contestable : « Sans Mahomet, Charlemagne est inconcevable. »

    Ce que les Anglo-saxons ont appelé, au regard de sa popularité, « the Pirenne’s thesis », n’est plus aujourd’hui reconnu par la très large majorité de la communauté historique. Elle avait déjà été nuancée dès la publication de ce livre. Un grand historien du Moyen Âge comme Marc Bloch, tout en saluant l’érudition et le style de l’auteur, ne se disait pas tout à fait convaincu par la thèse de Pirenne dans la mesure où, selon lui, Mahomet avait probablement « précipité » l’effondrement de la civilisation antique, mais il ne l’avait pas « créée », constatant avec d’autres que le commerce s’était déjà effondré à l’époque mérovingienne. D’autres historiens affirmeront ensuite que le commerce méditerranéen, qui était déjà en recul depuis la chute de Rome, ne s’effondra pas totalement avec l’arrivée des Arabes puisque certains ports de l’Italie du Sud continuèrent leurs relations avec l’orient. 

    Bref, les controverses érudites feront rage, mais l’idée essentielle demeure, et, comme l’écrivent Geneviève Warland et Philippe Sénac, qui codirigent la publication de l’œuvre de Pirenne dans cette édition « Quarto », « à Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge ».

    Insistant sur la force de sa reconstruction historique, sur son « don d’évocation hors pair », les auteurs de ce gros volume nous permettent de redécouvrir l’œuvre de Pirenne, ne se limite nullement à cette thèse sur Mahomet et Charlemagne, dont l’auteur avait eu l’intuition dès 1893 et qu’il avait commencé à défendre dans un article savant en 1922 avant d’en rédiger le texte fameux. Pirenne offre aussi à ses lecteurs une formidable histoire de l’Europe qui possède un souffle et un « art de voir », comme dira Marc Bloch, qui fait bien défaut à beaucoup d’historiens d’aujourd’hui. Pirenne [germanophone et familier de l’Allemagne] s’oppose notamment à la vision des historiens allemands et défend une ligne de démarcation entre une Europe de l’Ouest marquée par l’esprit de liberté dès le Moyen Âge, reposant sur un idéal national, et une Europe orientale, germanique, impériale, plus autoritaire et arriérée. Cette tonalité antiallemande paraîtra un peu démodée, mais elle n’est pas si erronée et elle a du souffle. Alors, ne serait-ce que pour le plaisir littéraire, il faut relire Pirenne.

    Source : Le Figaro

    Histoires de l’Europe 
    par Henri Pirenne,
    paru le 28 septembre 2023,
    chez Gallimard,
    à Paris,
    dans la collection Quarto,
    1504 pp,
    ISBN-10 : 2 072 828 341
    ISBN-13 : 978-2072828348

    Ce volume illustré contient :

    • Histoire de l’Europe 
    • Les Villes du Moyen Âge
    •  Mahomet et Charlemagne Recueils d’articles, discours, essais et journaux sur la méthodologie de l’histoire, autour des « Annales », sur la nation (belge), et sur la Grande Guerre 
    •  « Pirenne, Mahomet, Charlemagne », préface de Philippe Sénac 
    •  Vie & Œuvre.
  • Quand l'Eglise parlait aux simples...

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    De KTO ("Au risque de l'histoire") :

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    L'époque médiévale souffre, depuis le XVIIIe siècle, d'une réputation d'âge sombre, inculte et ignorant où la superstition le dispute à la violence. On lui oppose volontiers l'âge de la Renaissance, prélude de l'époque moderne où les ténèbres moyenâgeuses auraient été progressivement dissipées par les lumières de la rationalité humaine, redécouvertes à travers un âge d'or antique. Bien des travaux ont pourtant battu en brèche ces lieux communs et montrés toute la richesse de ces mille ans d'histoire. Michel Zink fait partie de ces historiens passionnés par l'éblouissante effervescence artistique, politique et sociale de cette époque. « On parle souvent à tort de « La » Renaissance, alors même que ce que nous désignons par ce mot peut être daté du XIVe siècle en Italie et du XVIe siècle chez nous. La vérité, c'est que les sociétés médiévales ont vécu une succession de renaissances », lance-t-il avec entrain. Un entretien passionné qui permet de revenir sur une valeur chère à l'époque médiévale : la simplicité. « Lorsqu'on parle des simples gens, dans la littérature du Moyen-âge, l'expression est toujours positive, car elle recouvre un sens religieux : la simplicité est une vertu biblique qui s'oppose à la duplicité du coeur diabolique. » Une occasion de jeter un regard éclairé sur cette période fascinante de l'histoire européenne.