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Politique - Page 9

  • Débaptisations : l'Eglise de Belgique fait de la résistance

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    L'Église belge lutte contre l'ordre d'effacer l'inscription du baptême

    22 janvier 2024

    L'Église catholique de Belgique a déclaré qu'elle se battrait contre une ordonnance visant à effacer une inscription dans un registre de baptême, dans le contexte d'une hausse signalée des demandes de "débaptisation".

    Un porte-parole a déclaré que l'Église avait fait appel d'une décision prise le 19 décembre par l'autorité belge de protection des données, qui exigeait du diocèse de Gand qu'il accède à la demande d'une personne anonyme de voir l'enregistrement de son baptême supprimé.

    Lorsqu'un catholique demande à être "débaptisé" en Belgique, sa demande est notée dans la marge du registre des baptêmes de la paroisse où il a été baptisé, mais l'inscription du baptême n'est pas supprimée.

    L'Église catholique enseigne que "le baptême scelle le chrétien de la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ". Alors qu'une personne peut perdre la foi ou même y renoncer, il est impossible d'annuler les effets du baptême.

    L'autorité belge de protection des données a donné à l'Église un délai de 30 jours pour faire appel de sa décision, qui pourrait servir de précédent non seulement en Belgique, mais aussi dans les 26 autres États membres de l'Union européenne.

    L'Église catholique de Belgique a déclaré que cette décision soulevait "de nombreuses questions juridiques" et "devrait être examinée au niveau européen". 

    Elle a ajouté qu'elle continuerait à utiliser la procédure actuelle d'ajout d'une note sur les registres de baptême, alors que le litige est porté devant la Cour du Marché, une section de la Cour d'appel de Bruxelles ayant une compétence exclusive sur la loi relative à l'Autorité de protection des données.

    L'Église belge a cité une décision de février 2023 de la Commission de protection des données d'Irlande, un pays qui appartient également à l'UE. 

    La commission irlandaise a déclaré que les personnes qui "ne se considèrent plus comme membres de l'Église catholique n'ont pas le droit d'obtenir l'effacement de leurs données personnelles" dans les registres des baptêmes.

    L'autorité irlandaise a examiné les demandes d'effacement des registres de baptême de l'archidiocèse de Dublin, sur la base de l'article 17 du règlement général sur la protection des données (RGPD), qui s'applique dans toute l'UE depuis 2018.

    La commission a déclaré ce qui suit : "Dans les circonstances où une personne concernée ne souhaite plus être membre de l'Église catholique, une déclaration supplémentaire pourrait être ajoutée par l'archevêque à l'entrée du registre des baptêmes, indiquant "Ne souhaite plus être identifié comme catholique romain"."

    Le cas belge est apparu après qu'une personne a demandé au diocèse de Gand de supprimer ses données de tous les fichiers, y compris du registre des baptêmes. Lorsque les autorités ecclésiastiques lui ont expliqué qu'une note serait inscrite à côté de son acte de baptême, mais qu'elle ne serait pas effacée, la personne s'est plainte auprès de l'autorité de protection des données.

    L'autorité de contrôle des données a déclaré que l'Église soutenait qu'il était nécessaire de conserver les registres de baptême afin de prévenir une éventuelle fraude d'identité, par exemple si une personne déjà baptisée cherchait à recevoir le sacrement pour la deuxième fois, en contravention avec l'enseignement de l'Église.

    L'autorité chargée du traitement des données a reconnu les préoccupations de l'Église, mais a fait valoir que les intérêts du plaignant l'emportaient sur ceux de l'Église.

    "En conséquence, le traitement des données en question est considéré comme illégal, ce qui signifie que le plaignant peut exercer son droit à l'effacement des données", a déclaré l'autorité.

    Geert De Kerpel, porte-parole de l'archidiocèse de Malines-Bruxelles, qui comprend le diocèse de Gand dans sa province ecclésiastique, a déclaré : "Nous avons été très surpris par la décision de la Cour européenne des droits de l'homme : "Nous avons été très surpris par cette décision, car l'autorité de protection des données en Irlande avait pris la décision inverse il y a seulement quelques mois dans une plainte contre l'archidiocèse de Dublin. 

    "Nous pensons donc qu'il y a suffisamment d'arguments pour défendre notre position devant les tribunaux.

    Il a ajouté : "Notre personnel et nos bénévoles dans les diocèses et les paroisses traitent toutes les demandes avec soin. Nous reconnaissons ainsi la demande de ceux qui veulent prendre explicitement leurs distances avec l'Église, même s'il faut du temps et des recherches pour tout mettre en œuvre."

    L'Église de Belgique a adopté la politique consistant à ajouter une note aux registres de baptême dans les années 1990, lorsqu'elle a commencé à recevoir des demandes de "débaptisation".

    En 2021, l'Église de Belgique a signalé une forte augmentation du nombre de personnes demandant à être enregistrées comme "débaptisées".

    Le rapport annuel de l'Église indique qu'il y a eu 5 237 demandes de ce type en 2021, contre 1 261 en 2020 et 1 800 en 2019.

    Le rapport suggère que la déclaration du bureau de doctrine du Vatican de mars 2021, selon laquelle l'Église catholique n'a pas le pouvoir de bénir les unions entre personnes de même sexe, pourrait "expliquer en partie" le pic des demandes.

    Le nombre de demandes de "débaptême" a chuté de manière significative en 2022, pour atteindre 1 270. Mais les responsables craignent que ce chiffre ne soit reparti à la hausse en 2023, à la suite de la diffusion de la série documentaire "Godforsaken", qui a suscité l'indignation de tout le pays lorsqu'elle a été diffusée en Belgique en septembre de l'année dernière. 

    Cette série, qui mettait en lumière les abus commis par des clercs et les dissimulations dont ils ont fait l'objet, a donné lieu à une enquête parlementaire et aurait incité un grand nombre de catholiques à quitter l'Église. 

    Dans une tribune publiée le 18 septembre dans le journal belge De Standaard, l'écrivain et responsable politique Jan De Zutter estime que le GDPR a permis de maîtriser le géant de l'internet Google et qu'il devrait en être de même pour l'Église.

    "Face au GDPR, l'Église le craint comme le diable craint l'eau bénite", affirme-t-il. "Elle utilise toutes sortes d'arguments théologiques et ecclésiastiques pour cela et invoque la liberté religieuse. 

    Kathleen Van Brempt, collègue de M. De Zutter et membre du Parlement européen, a soumis une question parlementaire à la Commission européenne le 20 septembre, lui demandant quelles mesures elle avait l'intention de prendre pour faire respecter le GDPR par les organisations religieuses et pour garantir la protection des données des citoyens européens.

    Dans d'autres pays de l'UE, la pratique de l'Église consistant à refuser de supprimer les registres de baptême a été contestée sans succès.

    En 2014, la Cour de cassation, la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, a rejeté la demande d'un homme qui souhaitait que soit supprimée l'inscription de son baptême dans une paroisse du nord de la France.   

    En 2021, le tribunal administratif slovène a confirmé qu'il n'existait pas de droit à la suppression des données à caractère personnel des registres de baptême en vertu de l'article 17 du GDPR.  

    Contrairement à la Belgique, l'Allemagne voisine dispose d'un mécanisme permettant aux catholiques baptisés de renoncer à leur appartenance à l'Église, qui est liée à l'obligation de payer un impôt ecclésiastique. 

    Si un catholique baptisé souhaite quitter l'Église en Allemagne, il doit prendre rendez-vous auprès d'un bureau d'état civil ou d'un tribunal local, fournir des documents officiels et s'acquitter d'une taxe d'environ 35 dollars. En retour, il reçoit un certificat confirmant qu'il n'est plus enregistré et qu'il n'est donc plus redevable de l'impôt ecclésiastique.

    Cette étape déclenche l'envoi d'une lettre par les responsables locaux de l'Église, décrivant les conséquences de ce changement, notamment l'interdiction de recevoir les sacrements, d'exercer des fonctions au sein de l'Église et d'agir en tant que parrain de baptême ou de confirmation.

    En 2022, un nombre record de 522 821 personnes ont officiellement quitté l'Église catholique en Allemagne, soit plus de 400 fois plus que le nombre de "débaptisations" demandées cette année-là en Belgique, dont la population est d'environ 12 millions d'habitants, contre 83 millions en Allemagne.

  • De nombreux jeunes ont marché pour la vie à Paris

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    De gènéthique.org :

    Marche pour la vie : « Ce qui nous mobilise, ce qui nous enthousiasme c’est encore et toujours la vie ! »

    22 janvier 2024

    Dimanche 21 janvier, quinze mille personnes ont arpenté les rues de Paris pour défendre la vie. Cette année, la Marche pour la vie avait appelé à se mobiliser « pour lutter contre la constitutionnalisation de l’avortement et la légalisation de l’euthanasie ». Deux sujets d’actualité puisque la loi visant à inscrire dans la Constitution la « liberté de recourir à l’IVG » sera débattue le 24 janvier à l’Assemblée, et que fin février le Gouvernement devrait présenter son avant-projet de loi sur la fin de vie (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi adopté en Commission à l’Assemblée nationale ; Fin de vie : 18 députés mettent la pression sur le nouveau Gouvernement).

    Dix propositions pour « prendre soin des plus vulnérables »

    Avant le départ, Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie, explique l’objectif : « prendre soin des plus vulnérables, des enfants à naitre, des femmes enceintes en difficulté, des personnes en fin de vie ». Il annonce les dix propositions faites par l’association, dont le refus de la constitutionnalisation de l’avortement, mais aussi celui de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie. « Ce que nous voulons c’est 100% de soins palliatifs, 0% d’euthanasie » a-t-il précisé (cf. Euthanasie : la corruption des mots précèdera-t-elle la corruption des actes ?).

    Parmi les propositions figurent la réalisation d’une étude sur l’IVG par les pouvoirs publics afin de mieux comprendre les causes et les conséquences de l’avortement, et la création « d’une mission d’études parlementaires sur le sujet ». La Marche pour la vie suggère également « le remboursement à 100 % des actes liés à une maternité, alors qu’une prise en charge à 100 % est déjà prévue pour une IVG », mais aussi de « rétablir un délai de réflexion de trois jours minimum, avant toute IVG ».

    Accompagner les femmes enceintes

    « Mettre en place une politique familiale pour combattre la précarité et accompagner tous les parents pour que l’IVG ne soit jamais un choix réalisé pour des raisons économiques » est également une des propositions faites par la Marche pour la vie qui souhaiterait que l’accouchement sous X soit encouragé « pour permettre aux jeunes femmes en difficulté de mener leur grossesse à terme et permettre ainsi l’adoption ». « Nous voulons des politiques de prévention, pas d’inscription dans la Constitution » explique Nicolas Tardy-Joubert. « Une société démocratique doit pouvoir s’interroger sur les tabous de l’avortement : l’impact sur les femmes, la considération collective de l’enfant à naître, les avortements eugéniques qui discriminent dès avant la naissance les personnes porteuses de trisomie 21 » poursuit Lucie Pacherie, chargée de plaidoyer de la Fondation Lejeune, lors de la conférence de presse.

    Défendre le droit à l’objection de conscience

    Enfin, l’association propose de « défendre le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et de protéger la clause de conscience spécifique ». « Nous devons protéger l’objection de conscience car si cette loi passe, c’est sans doute le prochain sujet pour lequel on se réunira l’année prochaine » s’inquiète le Docteur Geneviève Bourgeois, gériatre et porte-parole de la Marche pour la vie. « Accompagner la mort plutôt que de la provoquer, éliminer les souffrances, plutôt qu’éliminer le souffrant, là est notre vraie vocation » a-t-elle alerté.

    Sur le podium, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, a lui-aussi interpelé les participants. « Refuser la vie par l’avortement ou anticiper la mort par l’euthanasie obéit à la même démarche inspirée par la peur. La peur des inconnues de la vie rejoint la peur des mystères de la mort » prévient-il, en ajoutant que « donner la mort et soigner sont des actes antinomiques ». « Demain les médecins fidèles à Hippocrate préciseront sur leur plaque : “ici on ne tue pas” » s’est-il indigné. Lucie Pacherie, poursuit « dépénaliser le meurtre pour un motif “médical” rompt le contrat social et dénature la médecine » (cf. Fin de vie : une stratégie politique travaillée pour légaliser l’euthanasie).

    De nombreux jeunes

    « Nous, ce qui nous mobilise, ce qui nous enthousiasme c’est encore et toujours la vie » s’est exclamée Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC) (cf. Marche pour la vie 2023 : « Le seul droit fondamental c’est le droit à la vie »). « La vie finissante car nous portons un devoir de gratitude envers ceux qui ont tracé le chemin avant nous. La vie à naitre parce que, comme le disait la philosophe Hannah Arendt, “le miracle qui sauve le monde, c’est la naissance d’hommes nouveaux” » a-t-elle précisé.

    Les défenseurs de la vie ont répondu présent. Plusieurs délégations étrangères se sont rendues à Paris venant de Belgique, du Luxembourg, d’Espagne, de Slovaquie, de Roumanie, du Canada et du Congo.

    Brandissant des pancartes « accompagner vers la mort, pas la donner », « soigner n’est pas tuer » ou « vivre est un droit pas un choix », la « Génération pro-vie » était également présente en nombre. Une jeunesse enthousiaste prête à s’engager comme le leur ont suggéré Pascale Morinière et le Docteur Geneviève Bourgeois. Aliette Espieux s’est également adressée à ces jeunes : « chers amis, soyez le caillou dans la chaussure du gouvernement, ne cédez jamais » s’est-elle exclamée avant même que la marche s’élance.

  • RDC après les élections : des cent mille truquages aux cent mille défis de Félix Tshisekedi

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    Le titre de l’article est de Belgicatho, et celui-ci une excellente synthèse proposée par Christophe Rigaud, journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale:

    Biden IMG-20211030-WA0038.jpg"Félix Tshisekedi a dû savourer sa cérémonie d’investiture, samedi, dans un stade des Martyrs plein à craquer et devant une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Cette reconnaissance internationale était une première pour un président congolais dont les prestations de serment étaient le plus souvent boudées pour ses pairs africains et ses partenaires internationaux. Malgré la contestation de l’opposition qui dénonce toujours un « simulacre d’élection » et un « coup d’Etat électoral », Félix Tshisekedi a pu compter sur la présence de principaux chefs d’Etat de la région, à l’exception du président rwandais, et tenter de redonner ainsi une touche de légitimité à son second mandat.

    Ramener la paix à l’Est

    Une fois passée l’euphorie de sa victoire écrasante à la présidentielle, avec 73,4% des voix, et sa mainmise sur plus de 90% de l’Assemblée nationale, Félix Tshisekedi aura du pain sur la planche. Le président-candidat s’était présenté aux élections avec un bilan des plus maigres, et un seul satisfecit, répété à l’envie : la mise en place de la gratuité de l’enseignement primaire et de l’accès à la maternité. Félix Tshisekedi devra tout d’abord s’attaquer au plus gros échec de son premier mandat : ramener la paix à l’Est. On se souvient qu’en 2019, le tout nouveau président avait fait de sa lutte contre l’insécurité, sa principale promesse de mandat. Il avait même promis « de sacrifier [s]a vie pour que la paix revienne ». Au bout de 5 ans, le conflit à l’Est du Congo a redoublé de violence, la rébellion du M23 a resurgi au Nord-Kivu, les ADF se sont ralliés à l’Etat islamique et le nombre des réfugiés internes a atteint le chiffre record de 7 millions.

    Cinq années d’échec sécuritaire

    Pour juguler une situation sécuritaire en dérapage permanent, Félix Tshisekedi avait lancé plusieurs initiatives, toutes couronnées par un échec cuisant. Le chef de l’Etat s’était d’abord tourné vers l’Ouganda et le Burundi, puis avait tenté de négocier à Nairobi, avant de faire appel à la force régionale de l’Afrique de l’Est, ou de mobiliser des groupes armés anti-M23, baptisés « Wazalendo », pour combattre la rébellion soutenue par la Rwanda. Ces stratégies avaient toute échoué. Félix Tshisekedi, qui a promis pour son second mandat de mettre fin au M23, se trouve donc dans l’obligation de réussir. Pour cela, le président mise sur l’arrivée de nouvelles troupes régionales : celles de l’Afrique australe (SADC), que Kinshasa espère plus offensives que la force est-africaine. Le hic, c’est que le mandat de la mission de la SADC reste des plus flous, et donc sans garanties de combattre réellement sur le terrain le M23.

    Tshisekedi compte sur ses drones et la SADC

    Les premiers soldats de la SADC se sont positionnés autour de Goma et de Sake, la porte d’entrée vers la capitale provinciale du Nord-Kivu. Le but semble être principalement d’empêcher les rebelles d’entrer dans Goma. Pour lutter contre le M23, Félix Tshisekedi dispose depuis peu d’une nouvelle arme : des drones d’attaque chinois. Le 17 janvier, un drone de combat de l’armée congolaise a tué deux commandants du M23, derrière la ligne de front, dans la zone de Kitshanga, dans le Masisi. Cette attaque signe un premier tournant dans le conflit entre l’armée congolaise et la rébellion. Félix Tshisekedi espère pouvoir affaiblir le M23 et avancer sur le terrain grâce à son armée et à ses supplétifs, mais aussi avec les deux sociétés militaires privés engagées par Kinshasa.

    Le cas Nangaa

    Sur le front sécuritaire, Félix Tshisekedi devra également gérer les autres conflits communautaires, dans le Maï-Ndombe, la Tshopo, ou l’ex-Katanga. Autre épine dans le pied de Kinshasa : la nouvelle alliance politico-militaire nouée par le M23 avec Corneille Nangaa, l’ancien président de la Commission électorale (CENI), sous le nom d’Alliance Fleuve Congo (AFC). Cette plateforme est censée servir de vitrine politique au M23 en cas de négociations avec le gouvernement congolais. Car en cas d’échec de sa stratégie offensive, le président Tshisekedi sera dans l’obligation d’ouvrir des discussions avec les rebelles, ce que le président refuse pour l’instant. Mais cela n’exonérera pas Kinshasa de devoir, à court ou moyen de terme, de renouer avec le vrai donneur d’ordre du M23, le Rwanda.

    Le défi du développement

    Le second chantier, et non des moindres, de Félix Tshisekedi, sera celui de l’économie et du social. On se souvient qu’en 2019, Félix Tshisekedi s’était engagé à faire de son pays « l’Allemagne de l’Afrique », à développer l’économie et à créer des emplois. Mais l’inflation grimpe (21%), la croissance plafonne (7%) et le franc congolais continue de se déprécier. Stabiliser la monnaie et relancer l’économie seront donc une priorité, avec notamment la construction d’infrastructures, conditions sine qua non au développement. L’économie est encore largement dominée par le secteur informel et l’argent manque cruellement dans les caisses de l’Etat. Certes, le budget a été porté à 16 milliards de dollars, mais c’est une goutte d’eau pour ce pays de 100 millions d’habitants, grand comme l’Europe occidentale. Les Congolais vivent encore largement en dessous du seuil de pauvreté et le train de vie de l’Etat accapare encore la majorité du budget.

    Combattre « les voleurs »

    Pour lutter contre la pauvreté et mieux redistribuer les recettes de l’Etat, il faudra combattre « le mal congolais » qu’est la corruption. Des initiatives ont été prises avec l’Agence de lutte contre la corruption (APLC) ou la remise en ordre de bataille de l’Inspection générale des finances (IGF) et de la Cour des comptes. Mais, si des procès retentissants pour détournements de fonds publics ont bien eu lieu, les inculpés ont tous retrouvé la liberté ou ont été blanchis. Il faudra donc « dépolitiser » une lutte contre la corruption trop « sélective » pour qu’elle soit efficace. Pendant la cérémonie d’investiture de Félix Tshisekedi ce week-end, le pasteur Roland Dalo a fustigé au micro devant les caciques du pouvoir et le président lui-même « les voleurs et ceux qui s’enrichissent » en ne voyant que « leurs intérêts ». Le message est bien passé, mais, pour l’instant, la lutte contre la corruption reste un voeux pieux et continue de gangrener la société congolaise à tous les étages.

    Un hyper président aux pieds d’argile

    Le dernier chantier de Félix Tshisekedi est politique et se déroulera surtout en coulisse. Le chef de l’Etat devra clarifier sa coalition, qui sera certes ultra-dominatrice dans les deux chambres, mais qui reste un agrégat composite de petits partis qu’il faudra tous récompenser. Félix Tshisekedi devra également trouver la juste place pour ses alliés de poids que restent Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba, même si le MLC de ce dernier est en net recul aux législatives. D’autant que le patron de l’UNC et celui du MLC n’ont sans doute pas renoncé à briguer le fauteuil présidentiel. Tshisekedi devra canaliser les ambitions de ces deux poids lourds s’il veut mener son second mandat à bon port. La composition du futur gouvernement devra être un subtil dosage entre une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques que va vouloir pousser Félix Tshisekedi et l’ancienne génération toujours en embuscade. Le président a beaucoup de monde à remercier et il y aura également beaucoup de déçus qui seront autant d’épines dans le pied du président.

    Une seconde chance de mieux faire?

    Le second mandat ne sera donc pas un long fleuve tranquille. Le problème de la légitimité de Félix Tshisekedi reste posé. Au tour de passe-passe avec Joseph Kabila pour se partager le pouvoir en 2018, vient s’ajouter le score stratosphérique et quasi-soviétique du dernier scrutin qui interroge tout autant. Il planera toujours un parfum de fraude sur le vote du 20 décembre. Les machines à voter retrouvées chez des particuliers, l’absence de chiffres sur les bureaux de vote réellement ouverts, la prolongation du scrutin pendant six jours… font dire à l’Eglise catholique que « ces élections ont été caractérisées, en général, par la fraude, et la corruption à grande échelle ». Et contrairement à ce que clame le camp présidentiel, les Congolais ne se sont pas vraiment rués aux urnes le 20 décembre : seuls 43% des électeurs ont pu déposer un bulletin dans l’urne, signant ainsi le plus faible taux de participation depuis 2006. Avec ce second mandat, Félix Tshisekedi s’est donc offert une seconde chance de mieux faire à la tête du Congo. Sera-t-il à la hauteur ? Au vu du scrutin chaotique du 20 décembre, on peut dire que c’est plutôt mal parti."

    Christophe Rigaud – Afrikarabia

  • Marche pour la Vie à Paris : l'émergence d'une nouvelle génération pro-vie

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    IVG : à la marche pour la vie, l’émergence d’une nouvelle « génération pro-vie »

    Reportage

    Plusieurs milliers de manifestants, dont de nombreux jeunes, se sont retrouvés dimanche 21 janvier à Paris pour « défendre la vie ». Au cœur des revendications, les débats sur la fin de vie et l’inscription de l’IVG dans la Constitution, qui devrait être discutée à l’Assemblée nationale à partir du 24 janvier.

    21/01/2024

    C’est la première fois qu’Anne-Sophie vient à Paris pour la marche pour la vie. Originaire de Lille, cette membre des Associations familiales catholiques (AFC) n’avait jamais eu l’occasion de rejoindre cette manifestation qui se réunit tous les ans en janvier depuis 2005 pour défendre la vie, « de sa conception à la mort naturelle ». Cette année, c’est sa fille de 17 ans qui l’a convaincue d’y aller.

    Au cœur des préoccupations de cette 19e édition : la loi sur la fin de vie, et l’inscription de l’IVG dans la Constitution, qui sera discutée à l’Assemblée nationale à partir du 24 janvier. « Ma fille, qui veut faire médecine, craint de voir son objection de conscience remise en question. Elle a aussi récemment accompagné sa meilleure amie dans le deuil de sa mère, et a vu à quel point les derniers moments d’une vie sont précieux et doivent être accompagnés. »

    Départ du Saint-Sulpice et drapeaux du Sacré-Coeur

    Autour d’Anne-Sophie, plusieurs centaines de personnes sont réunies sur la place Saint-Sulpice à Paris, au départ du parcours qui les mène jusqu’à Denfert-Rochereau. Difficile de s’entendre au milieu du brouhaha des enceintes, qui diffusent « Stayin’ Alive » des Bee Gees. Les pancartes distribuées aux manifestants évoquent les inquiétudes partagées par ces militants : « Accompagner la mort, pas la donner »« Soigner n’est pas tuer », ou encore « Arrêtez d’emmerder les embryons ». Certains brandissent aussi le drapeau français frappé du Sacré-Cœur. Dans les rangs de la marche pour la vie, les manifestants sont de tous les âges, mais les jeunes sont particulièrement nombreux. Tous répondent au même cri de ralliement scandé au micro : « Génération pro-vie ! »

    Benoît, 29 ans, est venu seul de Grenoble en train. « Je viens renflouer les rangs, je fais ma part. » Proche d’Alliance Vita, le jeune ingénieur se dit inquiet de la direction que prend le gouvernement vis-à-vis des questions de bioéthique. « L’euthanasie est une ligne rouge à ne pas franchir, explique-t-il sous sa casquette “Osez la vie”Quant à l’IVG, la Constitution a un côté sacré. Le fait de sacraliser la mort m’inquiète. »

    « On voit bien qu’on est les seuls dans notre classe à être pro-vie »

    « Quand on croit en Dieu, c’est important de protéger la vie qu’Il nous a donnée », insiste Timothée, 18 ans, étudiant en théologie à Strasbourg et catholique pratiquant, comme la grande majorité des manifestants. Comme beaucoup d’entre eux, aussi, le jeune homme était enfant au moment de La Manif pour tous. De l’autre côté de la place, Fleur et Capucine, étudiantes à Angers, ainsi que leur ami vigneron Arnaud, sont venus à la fois pour manifester et se retrouver. « On voit bien qu’on est les seuls dans notre classe à être pro-vie, avoue Capucine. C’était important de montrer qu’on est toujours là, mais aussi pour nous de voir qu’on n’est pas tout seuls. »

    Outre le rejet de la constitutionnalisation de l’IVG, de la légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, les organisateurs réclament une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d’« entendre battre le cœur du fœtus », ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG. Selon les derniers chiffres officiels, 234 300 IVG ont été enregistrées en France en 2022, soit 17 000 de plus qu’en 2021. « Il faut aussi encourager l’accouchement sous X en accompagnant les mères, rappelle Hedwige, 20 ans, venue du Mans. Emmanuel Macron veut enclencher une dynamique de natalité : il s’agirait de commencer par protéger la vie qui est déjà là ! »

  • Le déclin démographique manifeste le déclin de notre civilisation

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    De Paul Melun sur le Journal du Dimanche via le site Memorabilia :

    Derrière le déclin démographique, celui de notre civilisation.

    En nous privant jusqu’au débat sur la spectaculaire baisse de la natalité pendant des années, le camp progressiste a commis une lourde erreur dont les conséquences pourraient être funestes, analyse notre chroniqueur, l’essayiste Paul Melun.

    18/01/2024

    La démographie est le sujet tabou depuis des décennies. Sa seule évocation peut exposer aux pires procès d’intentions de la part du camp de la bien-pensance et du politiquement correct. Il s’agit pourtant de l’élément central permettant de mesurer de façon anthropologique, l’état profond d’une civilisation. En nous privant jusqu’au débat sur ce sujet pendant des années, le camp progressiste a commis une lourde erreur dont les conséquences pourraient être funestes.

    À LIRE AUSSI : 69 % des Français opposés au recours à l’immigration pour relancer la natalité

    Lors de sa conférence de presse de mardi, Emmanuel Macron a pourtant semblé vouloir braver l’interdit, appelant au « réarmement démographique » du pays. Le président l’a qualifié de « tabou du siècle »et a annoncé un « grand plan de lutte » contre l’infertilité, « ce fléau ». Toute la question est de savoir si aux mots, le chef de l’État joindra les actes, et surtout quelles seront les mesures de son plan.

    Aujourd’hui, les faits statistiques sont particulièrement alarmants. En 2023, 678 000 bébés ont vu le jour en France. Cela représente une baisse de 6,6% par rapport au dernier bilan. Le nombre moyen d’enfants par femme est de 1,68 aujourd’hui, tandis qu’il était de plus de 5 enfants par femme dans les années 1950.

    L’hiver démographique concerne l’ensemble de l’Europe

    La plupart des pays développés connaissent des tendances similaires. L’hiver démographique concerne l’ensemble de l’Europe, mais aussi la Corée du Sud ou le Japon. L’Allemagne, qui subit une importante baisse de sa natalité, atteint un taux particulièrement faible en 2022 à 1,46 enfant par femme. Sans le recours à l’immigration massive, la population allemande aurait baissé dès 1972. De l’autre côté de la Méditerranée, sur le continent africain, les chiffres de la démographie sont vertigineux. De 800 millions en 2000, le nombre d’Africains devrait passer à 4,5 milliards en 2100, selon les Nations unies.  

    Cet immense déséquilibre entre le Sud et la plupart des pays occidentaux représente le défi majeur du XXIème siècle et entraînera de fortes perturbations migratoires, économiques et géopolitiques. Si l’on veut agir pour « réarmer » la France, comme le dit le président, il faut donc interroger les causes profondes de l’infertilité.

    Les facteurs environnementaux représentent une importante menace pour la fertilité. De nombreuses études pointent la responsabilité des perturbateurs endocriniens que l’on retrouve dans les emballages, les conservateurs, les insecticides, etc. À en croire les analyses scientifiques, les hommes des pays développés auraient subi de plein fouet les conséquences de l’évolution des modes de vie et de consommation depuis les années 1970.  

    Le chef de l’Etat a fait le choix d’adopter l’idéologie mondialiste et ses avatars

    Si les facteurs environnementaux sont probablement responsables d’une part du déclin démographique, d’autres facteurs sociaux, généralement occultés, méritent pourtant d’être posés, à commencer par le virage individualiste. Il engendre de nouveaux modes de vies et une transformation sans précédent du rapport au collectif, à la famille. L’homme moderne croit en sa liberté, en ses choix. Contrairement à ses ancêtres, il vit bien davantage pour lui que pour ses enfants, sa patrie, ses pairs. Il s’agit là d’un changement de paradigme qu’il ne faut pas négliger, car il provoque le retardement, voir le renoncement, à donner la vie.

    Si le président de la République veut agir sur les causes profondes de la baisse de la natalité, il ne pourra faire l’économie de questionner les valeurs de l’Occident, son rapport à l’individualisme. Cela semble être une impossible gageure. Le chef de l’État a fait le choix d’adopter l’idéologie mondialiste et ses avatars : la société de consommation et l’idéologie woke. Ce logiciel est le principal carburant de l’individualisme, et donc de la baisse de la natalité.  

    Emmanuel Macron et les autres dirigeants occidentaux pourraient donc aller chercher ailleurs les remèdes à la baisse la natalité. Deux leviers semblent actionnables. Le premier consiste à lutter contre les facteurs environnementaux. Limiter l’usage des perturbateurs endocriniens de façon massive signifierait limiter, au moins à court terme, la productivité et la croissance des entreprises. Ce levier semble donc peu probable à ce stade.

    L’immigration pour relancer la natalité ?

    Reste un second levier, l’immigration. Vieille recommandation du FMI et de la plupart des institutions internationales et européennes, instrument privilégié de l’Allemagne ou de la France, c’est bien ce levier qui sera privilégié dans les prochaines décennies.  

    Si une majorité des peuples occidentaux est farouchement hostile à l’immigration massive (69% des Français sont opposés au recours à l’immigration pour relancer la natalité, selon un sondage), le chef de l’État et ses homologues préféreront certainement bafouer la volonté populaire sur ce plan. Le refus systématique d’un référendum sur l’immigration illustre bien ce mutisme des élites face aux peuples.  

    Le « réarmement démographique » que le président appelle de ses vœux sera surtout un grand réarmement pour l’immigration massive. Une fois de plus, le destin du peuple pourrait être scellé dans son dos et contre ses intérêts.

    Malheurs aux civilisations qui, comme Rome jadis, vont chercher ailleurs ce qu’elles ne savent plus faire ici.

  • France : la Marche pour la Vie 2024 répond aux urgences de l'actualité

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Marche pour la vie 2024 : une mobilisation d’actualité

    19 JAN, 2024

    La Marche pour la vie aura lieu dimanche 21 janvier à Paris. « En 2024, notre combat sera encore et toujours d’actualité. Inscription de l’avortement dans la Constitution et légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté sont les deux menaces qui pèsent sur la vie humaine en France » explique Aliette Espieux, porte-parole de la Marche pour la vie. « La pression des deux lois en préparation » pousse à la mobilisation.

    « L’inscription dans la Constitution est dangereuse »

    Le projet de loi visant à constitutionnaliser l’avortement a été examiné le 16 janvier en commission à l’Assemblée nationale (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi adopté en Commission à l’Assemblée nationale). Il sera discuté en séance publique le 24 janvier (cf. IVG dans la Constitution : le projet de loi à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale le 24 janvier). Le texte est ensuite attendu le 26 février au Sénat. Le Gouvernement espère réunir les parlementaires en Congrès le 5 mars pour adopter le texte quelques jours avant la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars (cf. Inscrire l’avortement dans la Constitution : une priorité en 2024 ?).

    ll y a eu 234 200 avortements en 2022  rappelle Aliette Espieux, porte-parole de la Marche pour la vie (cf. France : 234 300 avortements en 2022). « Cette liberté fondamentale viendra nécessairement s’opposer à la liberté fondamentale de certains médecins à ne pas pratiquer l’IVG. C’est en cela que l’inscription dans la Constitution est dangereuse » alerte-elle (cf. « L’inscription de l’IVG dans la Constitution menace la liberté de conscience du personnel médical »).

    Opposée au texte, la Marche pour la vie propose de réaliser « une étude sur l’IVG (..) pour mieux comprendre les causes et les conséquences de l’avortement ». Elle demande également la mise en place d’une politique familiale pour « combattre la précarité et accompagner tous les parents pour que l’IVG ne soit jamais un choix réalisé pour des raisons économiques » (cf. « L’avortement est largement le résultat d’un ensemble de circonstances dont la société est en partie responsable »).

    Mobilisation pour le développement des soins palliatifs

    Autre réforme, celle de la fin de vie (cf. Fin de vie : « la volonté exprimée par le président de la République sera tenue »). Plusieurs fois reportée, la présentation du projet de loi devrait avoir lieu au mois de février, un an après la Convention citoyenne (cf. Fin de vie : La Convention citoyenne rend sa copie). Les contours principaux du texte laissent plus que « songeurs » (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « le mépris affiché à l’égard de soignants désormais qualifiés de secouristes à l’envers »). Aliette Espieux s’indigne : « aujourd’hui, la première réponse du Gouvernement face aux souffrances d’un patient consisterait en une piqûre létale ».

    La Marche pour la vie appelle à la mobilisation pour le développement des soins palliatifs. « Aujourd’hui, 26 départements manquent encore de structures de soins palliatifs » dénonce la porte-parole du mouvement (cf. Fin de vie : Les soins palliatifs, « parent pauvre de la médecine »). « Des milliers de demandes de prises en charge sont refusées, faute de places. Il n’est pas normal également que nos personnes âgées soient seules. Le Gouvernement fait des lois à côté de la plaque » (cf. Fin de vie : « à vouloir légiférer de façon (pseudo) compassionnelle », on permet une « épouvantable aberration »).

  • Des milliers de militants anti-avortement se sont retrouvés vendredi sur le National Mall à Washington pour la 51e édition de la Marche pour la vie

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    De Jaclyn Diaz sur npr :

    Il fait froid et il neige à Washington, mais la Marche pour la vie continue - après la fin de l'arrêt Roe.

    19 janvier 2024

    Des milliers de militants anti-avortement se sont retrouvés vendredi sur le National Mall à Washington pour la 51e édition de la Marche pour la vie, le deuxième rassemblement de ce type depuis la fin de l'arrêt Roe v. Wade aux États-Unis.

    Les marcheurs, jeunes et moins jeunes, venus de tout le pays, ont bravé les températures négatives - environ 30 degrés Fahrenheit en début d'après-midi - et parfois de fortes chutes de neige pour porter des pancartes et des affiches faites à la main avec des slogans contre l'avortement sur un parcours qui les a conduits devant le Capitole et la Cour suprême des États-Unis.

    C'est là qu'en 2022, les juges ont annulé l'arrêt Roe v. Wade, mettant ainsi fin à la protection fédérale de l'accès à l'avortement. Alors que la Marche pour la vie de l'année dernière était plutôt un tour de victoire après cette décision, les organisateurs et les marcheurs se sont rendus à Washington cette année avec une attention renouvelée pour la suite de leur cause. Ceci alors que le pays est à quelques mois d'une élection présidentielle où les questions liées à l'avortement pèseront probablement lourd pour les électeurs.

    "Nous n'avons pas fini. Nous continuerons à marcher chaque mois de janvier au niveau national, ainsi que dans nos États, jusqu'à ce que les lois de notre pays reflètent la vérité fondamentale selon laquelle toute vie humaine est créée égale et mérite d'être protégée", a déclaré la présidente de la Marche pour la vie, Jeanne Mancini, lors d'un rassemblement avant que les marcheurs ne défilent dans le centre-ville de Washington.

    "Nous marcherons jusqu'à ce que l'avortement soit impensable", a déclaré Mme Mancini. Cette phrase a été souvent répétée par d'autres orateurs et manifestants.

    Les organisateurs de la manifestation et d'autres orateurs ont indiqué que cela signifiait qu'il fallait s'attacher à modifier les lois des États pour restreindre davantage l'accès à l'avortement.

    Lorsque l'arrêt Roe a été annulé, la décision concernant l'accès à l'avortement a été prise par les États respectifs. Depuis lors, plus d'une douzaine d'États ont adopté des interdictions totales ou quasi-totales de l'avortement. D'autres voient leurs politiques restrictives contestées devant les tribunaux.

    Des manifestants comme Kathy Johnston, qui s'est rendue à Washington depuis l'Ohio, pensent que la décision Dobbs n'est pas allée assez loin. "Mais je pense que nous étions tous conscients que cette décision allait simplement faire passer le problème du niveau national au niveau de l'État et que le combat n'était pas terminé", a-t-elle déclaré, ajoutant que la question de l'accès à l'avortement est désormais placée, à juste titre, au niveau de l'État.

    À la suite de l'annulation par la Cour suprême du droit constitutionnel à l'avortement, les défenseurs du droit à l'avortement ont déployé des efforts concertés pour soumettre la question directement aux électeurs par le biais d'initiatives électorales et d'autres mesures visant à inscrire des protections dans la législation des États.

    Des États comme l'Ohio ont soumis le droit à l'avortement à la décision des électeurs. Dans les cas où cela s'est produit, les partisans de l'avortement ont perdu. En novembre dernier, les électeurs de l'Ohio ont approuvé un amendement à la constitution de leur État visant à garantir le droit à l'avortement et d'autres droits génésiques.

    C'est pourquoi les militants anti-avortement se préparent encore à une "longue, très longue lutte" pour mettre fin à l'avortement, a déclaré Leszek Syski, un marcheur du Maryland qui participait à son 50e rassemblement de la Marche pour la vie. "En fin de compte, nous ne voulons pas seulement rendre l'avortement illégal", a-t-il déclaré. "Nous voulons rendre l'avortement impensable.

    D'autres participants à la Marche pour la vie, comme Julie Womer, originaire de l'Iowa, continuent de penser qu'une action du gouvernement fédéral visant à restreindre l'avortement de manière générale est l'avenir idéal pour les partisans de la lutte contre l'avortement comme elle. "Il serait formidable que la vie soit protégée au niveau national et que chaque État n'ait pas à se débrouiller seul", a déclaré M. Womer. "Mais je pense que dans l'immédiat, si les États sont en mesure de protéger la vie sur leur territoire, c'est aussi un grand pas en avant.

  • L’Algérie ferme les portes de 42 églises

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    Du site "Pour une école libre..." :

    L’Algérie ferme les portes de 42 églises

    L’INDEX mondial de persécution des chrétiens considère que l’Algérie est, avec le Laos, le pays du monde où « la persécution » antichrétienne aurait «le plus augmenté » en 2023. Le rapport parle de « la fin d’un rêve » dans un pays qui a « longtemps fait figure d’exception au Maghreb avec ses grandes églises de chrétiens » convertis de l’islam, « se réunissant librement ».

    Ces églises étaient même « reconnues » comme membres de l’église protestante d’Algérie (EPA), qui regroupe les Églises protestantes et évangéliques. Une organisation dont les statuts d’association religieuse furent dûment enregistrés par les autorités algériennes en 1974.


    Que s’est-il passé? « Ce rêve pour ces chrétiens d’arrière-plan musulman (convertis de l’islam, NDLR) touche à sa fin, alors que la campagne de fermeture des églises de L’EPA, entamée en 2017, atteint son point culminant : il ne reste plus que 4 églises ouvertes sur 46 », assure l’association Portes ouvertes, qui a publié l’index. Sans compter que «d’autres églises indépendantes ont dû également fermer sous la pression des autorités ». Cette « répression des autorités s’illustre aussi par la condamnation d’une vingtaine de chrétiens à des peines de prison, pour prosélytisme ou participation à des cérémonies religieuses non autorisées », continue l’index.

    « Nous sommes des dizaines de milliers »

    L’un de ces chrétiens condamnés est intervenu à distance, depuis l’Algérie, lors de la présentation à Paris le 16 janvier. Il s’agit de Yousse Ourahmane, vice-président de l’église protestante d’Algérie, converti au christianisme il y a quarante ans. Le 2 juillet 2023, il a été condamné à deux ans de prison et à 100000 dinars d’amende pour avoir organisé des activités religieuses non autorisées. Il a fait appel et sera fixé au printemps.

    « Nous subissons depuis 2018 une très sévère persécution, explique-t-il. L’État algérien a beaucoup de mal à accepter des chrétiens comme nous, de sources algériennes, convertis de l’islam. Nous sommes des dizaines de milliers. La communauté est très importante, surtout en Kabylie.»

    Concrètement, «l’état a trouvé les moyens d’introduire des lois de façon à nous rendre la vie très difficile. Il est par exemple très complexe de renouveler l’agrément dont bénéficie l’association religieuse Église protestante d’Algérie dont nous bénéficions depuis 1974. »

    Il cite également « une cinquantaine d’affaires de justice depuis 1978, des amendes de millions et de millions de dinars et l’emprisonnement de beaucoup de frères et sœurs chrétiens. L’un d’eux vient de sortir, il a été condamné à cinq ans de prison. »

    Concernant les fermetures d’églises, Yousse Ourahmane assure «essayer par tous les moyens de correspondre avec l’état algérien pour remplir toutes les conditions demandées, mais, malheureusement, la majorité des églises sont fermées ».

    Conclusion de l’index : « Pour ces chrétiens, c’est la fin de la liberté de se réunir pour un culte. Dans les années à venir, ces convertis vont probablement devoir se retrouver en secret. »

  • Persécutions anti-chrétiennes : le terrible bilan dressé par Open Doors

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    De kath.net/news :

    Près de 5.000 chrétiens tués en un an pour leur foi !

    17 janvier 2024

    Portes Ouvertes publie l'Index mondial de persécution 2024 - Le Directeur de Portes Ouvertes Allemagne : "Nous sommes en 2024 après la naissance du Christ et devons faire face à une violence presque déchaînée contre les chrétiens".

    L'organisation humanitaire chrétienne Portes Ouvertes a publié le 17 janvier 2024 son nouvel Index mondial de persécution. Dans le classement négatif, on trouve les 50 pays où les chrétiens sont exposés à la plus grande persécution au monde en raison de leur foi. Des églises sont détruites ou fermées, des services religieux et des villages majoritairement chrétiens sont attaqués, des chrétiens sont assassinés et des dizaines de milliers sont expulsés. Les persécuteurs sont le plus souvent des régimes et des groupes islamistes, hindouistes, bouddhistes ou communistes ainsi que des autocrates et des bandes criminelles. Mais des clans et des familles persécutent également leurs proches lorsqu'ils se convertissent à la foi chrétienne.

    Markus Rode, le directeur de Portes Ouvertes Allemagne, déclare : "Nous sommes en 2024 après la naissance du Christ et devons faire face à une violence franchement déchaînée contre les chrétiens. La liberté religieuse n'est-elle plus qu'un vœu pieux ?" Selon Rode, des dizaines de milliers de personnes sont expulsées, battues, disparaissent dans des camps de travail et des geôles sombres parce qu'elles croient aux paroles de Jésus-Christ dans la Bible, qui dit : "Je suis le chemin, la vérité et la vie". Au vu de la nette escalade de la violence et de la persécution au cours des dernières années, Rode lance un appel aux politiques et aux médias : "Veuillez exercer votre mandat et vous engager également pour la liberté de religion de millions de chrétiens persécutés" !

    Index mondial de persécution 2024 : la violence documentée en chiffres

    Les dix pays où les chrétiens sont le plus persécutés sont la Corée du Nord, suivie de la Somalie, la Libye, l'Érythrée, le Yémen, le Nigeria, le Pakistan, le Soudan, l'Iran et l'Afghanistan. Les pays les plus peuplés du monde, l'Inde et la Chine, occupent les 11e et 19e rangs. La période de référence de l'Index mondial de persécution 2024 va du 1.10.2022 au 30.09.2023.  

    - 998 chrétiens ont été tués dans le monde pour avoir pratiqué leur foi. Le nombre de cas non recensés est probablement bien plus élevé, mais de nombreux conflits rendent la documentation difficile.
    - La violence physique ou les menaces de mort ont touché 42.849 chrétiens (2023 : 29.411).
    - Les attaques contre les maisons des chrétiens ont augmenté de 371 % par rapport à 2023 : de 4.547 à 21.431.
    - 716 chrétiens ont été chassés de leurs maisons ou ont dû entrer dans la clandestinité, soit plus du double du chiffre de 124.310 enregistré l'année précédente.
    - 365 millions de chrétiens dans le monde sont exposés au moins à un haut degré de persécution et de discrimination en raison de leur foi.

    Les chrétiens et les églises d'Afrique subsaharienne sont les plus touchés par la violence.

    Comme les années précédentes, la plupart des meurtres de chrétiens ont eu lieu dans des pays d'Afrique subsaharienne. Rien qu'au Nigeria (# 6), au moins 4.118 chrétiens ont été tués en raison de leur foi. En Éthiopie (# 32), le nombre d'attaques contre des églises, des institutions religieuses et des écoles est passé de 22 l'année précédente à 284. Au Burkina Faso (# 20) et en République centrafricaine (# 28), bien plus de 1.000 commerces appartenant à des chrétiens ont été incendiés, pillés ou confisqués, soit une augmentation de dix fois par rapport à l'année précédente. D'autres pays africains figurant sur l'index mondial de persécution risquent de connaître une évolution similaire. Les groupes islamistes profitent de l'instabilité politique dans la région. Ces groupes et les régimes autocratiques prennent délibérément les chrétiens pour cible. Cette double pression a conduit à l'expulsion de leurs villages et de régions entières. Ces dernières années, quelque 16,2 millions de chrétiens d'Afrique subsaharienne ont été touchés par ce phénomène.

    Extinction de la vie ecclésiale : la Chine ferme des milliers d'églises supplémentaires

    En Chine (# 19), le régime de Xi Jinping a fait fermer ou détruire plusieurs milliers d'églises par le biais d'anciennes et de nouvelles mesures. Au Pakistan (# 7) et en Inde (# 11), ce sont les foules excitées qui s'en prennent aux églises. Dans l'État indien de Manipur, selon les données de l'archevêque d'Imphal, 249 églises ont été détruites en mai 2023, soit environ 400 au total, lors d'éruptions de violence contre les chrétiens en seulement 36 heures. Plus de 100 chrétiens ont été assassinés et des dizaines de milliers ont été déplacés. Dans une déclaration, l'ONU s'est dite horrifiée par la violence, en particulier contre les filles et les femmes chrétiennes. En Inde, au moins 160 chrétiens ont été assassinés en raison de leur foi par des nationalistes hindous, contre 17 l'année précédente. Dans le monde entier, les attaques contre les églises et leurs installations ont fortement augmenté, passant de 2 110 à 14 766.

    Au Nicaragua (# 30) et à Cuba (# 22), les dictatures communistes sont de plus en plus hostiles à l'Eglise. Au Nicaragua, le gouvernement du président Ortega a fait fermer des églises, des stations de radio et des universités, et a expulsé des prêtres et des religieuses du pays. L'évêque Rolando Álvarez - comme d'autres - a été déchu de sa nationalité. Il a été condamné à 26 ans de prison pour trahison.

    Portes Ouvertes s'engage dans des projets d'aide aux chrétiens persécutés dans plus de 70 pays et étudie chaque année l'ampleur de la violence, de l'oppression étatique ainsi que de l'hostilité sociale et administrative envers les chrétiens dans une centaine de pays. Les données sont fournies par des réseaux d'églises concernés, des avocats régionaux spécialisés dans les droits de l'homme, des analystes et des experts de Portes Ouvertes International. Le respect de la méthodologie de l'Index mondial de persécution est vérifié et certifié par l'Institut international pour la liberté religieuse. Vous trouverez toutes les informations sur l'Index mondial de persécution 2024 sur le site www.opendoors.de.

  • Le Nicaragua est devenu un pays ouvertement antichrétien

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro :

    Le Nicaragua, un pays devenu ouvertement antichrétien

    17 janvier 2024

    Le Nicaragua fait un bond dans le classement des pires pays persécuteurs de la population chrétienne.

    Le pays d’Amérique centrale fait un bond dans le classement des pires pays persécuteurs de la population chrétienne.

    Le Nicaragua est l’une des surprises de l’Index mondial de persécution des chrétiens puisque ce petit pays d’Amérique latine est monté, en une année, comme aucun pays du monde, d’une vingtaine de places dans le classement des pires pays persécuteurs de chrétiens. Sa population de 5,6 millions d’habitants est à 30% protestante et à 50% catholique.

    «Le gouvernement de Daniel Ortega réprime ouvertement la liberté religieuse et ne cache pas son hostilité contre l’Église, observe l’association Portes ouvertes, en particulier depuis que des responsables chrétiens ont appelé publiquement au respect de l’État de droit.» C’est ainsi que «les universités chrétiennes perdent leur reconnaissance légale. Des médias chrétiens sont saisis par le gouvernement. De nombreux diocèses et églises voient leur accès à leurs comptes bancaires bloqué. Et certaines célébrations chrétiennes publiques sont interdites».

    Conspiration contre l’État

    Sans oublier les «347 églises» qui ont subi des attaques en 2023. Dans ce contexte, le 18 mars dernier, le Vatican a fermé sa représentation diplomatique. Un mois avant, en février 2023, Mgr Rolando José Alvarez Lagos, archevêque de Matagalpan, une ville importante du centre du pays, avait été arrêté, puis jugé: déchu de sa nationalité, il a été condamné à 26 ans de prison pour «conspiration contre l’État». Il était l’un des évêques les plus critiques du régime de gauche populiste de Daniel Ortega.

    Plus récemment, le 20 décembre, un autre évêque, Mgr Isidoro del Carmen Mora Ortega, a été également arrêté. Son crime? Avoir appelé à prier pour Mgr Alvarez Lagos. Le régime a également mis en prison quinze prêtres et deux séminaristes. Ces dix-sept clercs catholiques ont finalement été expulsés du Nicaragua, le 14 janvier, pour être accueillis par le Vatican. Rome a mené cette tractation avec le soutien du pape.

  • Que dire du calvaire des Arméniens du Haut-Karabakh ?

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    De Nicolas Gauthier sur Boulevard Voltaire :

    L’Arménie meurt en silence : les raisons de l’omerta médiatique

    Le journaliste Jean-Christophe Buisson, du Figaro magazine, naguère très en pointe dans la défense d’une Serbie en proie aux bombardements de l’Otan, et aujourd’hui farouche défenseur de la cause arménienne, vient nous rafraichir la mémoire en postant ce message que X :

    Ici interrogé, ce dernier précise : « La presse française est dans un tel état de délabrement financier, qu’il n’est plus possible, à nous comme à nos confrères, de payer à l’année des correspondants à l’étranger. La seule source consiste alors à s’en remettre à ceux de l’Agence France Presse. Mais son correspondant de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, n’a pas toujours les coudées franches, le régime local n’étant pas farouche partisan de la liberté de la presse… »

    La première question demeure celle des frontières héritées de l’URSS. Ce à quoi Jean-Christophe Buisson nous répond : « Staline, nationaliste géorgien, était bien conscient de la question des nationalités. Voilà pourquoi il a fait de l’empire soviétique une sorte de peau de panthère. » Diviser pour mieux régner, en quelque sorte. D’où la Crimée abandonnée à l’Ukraine pour ne citer que ce seul exemple.

    L’illusion du « choc des civilisations »…

    Puis, l’actuel conflit opposant Arméniens et Azéris obéit-il à cette logique de « choc des civilisations », d’un affrontement global entre chrétienté et islam, prônée par certains, d’Éric Zemmour à Michel Onfray au premier chef ? Même si la dimension religieuse n’est pas à négliger, elle n’en n’est pas primordiale pour autant. Jean-Christophe Buisson, toujours : « À ce compte, la Russie de Vladimir Poutine devrait défendre l’Arménie orthodoxe, et l’Iran, république islamique chiite, se battre becs et ongles pour l’Azerbaïdjan, autre république toute aussi chiite. »

    Seulement voilà, rien n’est jamais aussi simple : « L’Arménie a pris un virage pro-occidental, ce qui ne peut que déplaire au Kremlin. Lequel a besoin de Bakou pour “blanchir” le gaz et le pétrole exportés à l’Ouest. L’Iran, au lieu de défendre ses coreligionnaires, demeure l’un des principaux soutiens des Arméniens. Parce qu’il ne veut pas que ces derniers passent trop vite sous influence américaine. » Il est un autre fait, qu’hormis les chrétiens, perses de longue date, nombreux sont les Arméniens à avoir trouvé refuge en Iran, après les massacres perpétrés par les Jeunes turcs d’obédience laïque. Sans compter que cette minorité religieuse demeure la principale interface entre Téhéran et l’Occident, de par leurs réseaux et leur savoir-faire en la matière. Il n’en coûte généralement que 5 % des transactions, pourcentage de mise en Orient.

    Et Israël, dans tout cela, dont le soutien à l’Azerbaïdjan n’est pas mince ? Pour notre interlocuteur, ce paradoxe n’est que de façade : « Si Tel-Aviv aide Bakou, c’est seulement pour garder un œil sur la frontière entre Azerbaïdjan et Iran. » Et la Turquie ? « Comme Moscou, Ankara veille à attiser le conflit sans qu’il ne s’enflamme trop. Erdoğan a besoin de Poutine et l’inverse est tout aussi vrai ; tant ces deux autocrates n’entendent pas que cette région stratégique se transforme en brasier, tout en se mettant d’accord pour en chasser les Américains. »

    Et la France dans tout ça ?

    Ne reste plus qu’à poser la question qui fâche : la position de la France. Pour Jean-Christophe Buisson, cette dernière cèle en elle ses propres limites : « Le Quai d’Orsay a son tropisme turcophile. Quant à Emmanuel Macron, que j’ai eu l’occasion de rencontrer, sa position est des plus inconfortables. Naturellement, il serait plutôt pro-arménien. Mais la France a besoin de ce pétrole et de ce gaz azéri que nous nous sommes interdits d’acheter à la Russie. Du coup, ayant trop penché vers l’Arménie tout en essayant de maintenir de bons rapports avec l’Azerbaïdjan, aucune des deux parties ne nous considère comme un interlocteur fiable et un arbitre potentiel. Remarquez que le même homme aura réussi ce tour de force consistant à se brouiller à la fois avec le Maroc et l’Algérie. »

    Pour résumer, on devrait toujours relire Jacques Bainville, maître en géopolitique issu de l’Action française, dont François Mitterrand avait fait l’un de ses auteurs de chevet.

  • Nicaragua : libération de Mgr Alvarez et de 18 autres représentants de l'Eglise catholique

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    De Vatican News (Salvatore Cernuzio):

    Nicaragua: 19 religieux libérés dont Mgr Rolando Álvarez, et accueillis au Vatican

    Les évêques de Matagalpa, détenu depuis 2022, et de Siuna, ainsi que deux séminaristes et 15 autres prêtres ont été libérés et envoyés à Rome, dimanche 14 janvier.

    Mgr Rolando Álvarez, détenu depuis plus d'un an, Mgr Isidoro del Carmen Mora Ortega, deux séminaristes et quinze prêtres, ont été remis en liberté par les autorités du Nicaragua. La libération des 19 représentants de l'Église catholique a été annoncée dimanche 14 janvier par les médias locaux avant d’être confirmée par le gouvernement de Managua. Tous, sauf un qui reste au Venezuela, sont arrivés à Rome ces dernières heures et ont été accueillis par le Saint-Siège.

    Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa et administrateur apostolique du diocèse d'Estelí, condamné à 26 ans de prison, était en prison depuis février dernier après avoir été assigné à résidence depuis août 2022. Mgr Isidoro del Carmen Mora Ortega, quant à lui, a été arrêté en décembre dernier.

    La préoccupation constante du Pape

    Lors de l'Angélus du 1er janvier, le Pape, rappelant la situation des évêques et des prêtres «privés de liberté» dans le pays d'Amérique centrale, a assuré sa «proximité dans la prière», invitant le peuple de Dieu à prier pour le Nicaragua, pour lequel il exprimait l'espoir «que la voie du dialogue soit toujours recherchée pour surmonter les difficultés».

    L'année dernière déjà, en octobre, 12 prêtres nicaraguayens avaient été libérés de prison. Le Saint-Siège avait accepté de les accueillir. Depuis leur arrivée à Rome, ils sont hébergés dans des structures diocésaines.