L'islam peut-il sortir d'une vision totalitaire de l'Etat ? (28/06/2011)

Le "printemps arabe" ne fait plus la une depuis longtemps. Les envolées triomphalistes qui ont salué les révolutions en Afrique du Nord se sont muées en appréciations beaucoup plus nuancées, voire sceptiques. L'exode des Tunisiens, la guerre en Libye, les exactions contre les Coptes en Egypte, tout cela ne permet pas de se bercer de trop d'illusions.

Fondamentalement, on peut s'interroger sur la nature même de l'islam et sur sa capacité à distinguer le "spirituel" du "temporel", de ne pas confondre ce qui relève de Dieu (ou d'Allah) avec ce qui relève du pouvoir politique.

Ce qui se passe au Bangladesh, un autre état musulman, confirme nos appréhensions. "Malgré ses promesses de restaurer la laïcité, le gouvernement maintient officiellement l’islam comme religion d’Etat", titre le Bulletin de l'EDA. Et d'expliquer : "Mardi 21 juin, lors de sa réunion hebdomadaire, le Conseil des ministres a approuvé les propositions d’amendement de la Constitution, dont le maintien de l’islam en tant que religion d’Etat. Un revirement qui surprend et inquiète les minorités religieuses du Bangladesh. A l’issue d’une réunion particulièrement houleuse où le Premier ministre Sheikh Hasina Wajed et une grande partie des membres de son cabinet semblent avoir eu des échanges très vifs, le gouvernement a déclaré officiellement que, contrairement à ce qui avait été annoncé ces derniers mois, le Bangladesh ne restaurerait pas la laïcité dans sa Constitution." (lire la suite ICI).

Le cas de la Turquie kémaliste est un cas isolé et pas vraiment satisfaisant sur le plan des libertés démocratiques. Le "modèle" d'un Etat peuplé de musulmans mais adoptant un système politique indépendant des préceptes religieux n'a été maintenu que grâce à la vigilance de l'armée. Mais aujourd'hui, après la neutralisation de l'appareil militaire, force est de constater que la Turquie elle-même a tendance à revenir à une situation beaucoup plus ambigue quant à la séparation de la religion et de l'Etat, ce qui ne simplifie pas la question de son intégration dans la Communauté Européenne par ailleurs...

 

08:08 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |