Drame d’Oslo : quand « Le Nouvel Observateur » s’y met (28/07/2011)

6531311785069.jpgCoup de chapeau : sur son site web, le « Nouvel Observateur » (qui n'a rien de spécialement chrétien) a sélectionné la réflexion, reproduite ci-dessous, de Nathan Kaufmann en l’intitulant « Drame à Oslo : l’œuvre d’un fondamentaliste chrétien ? Non !  avec ce commentaire : « à  peine l’auteur de la tuerie d’Utoya arrêté, on le présentait comme  fondamentaliste chrétien : rien ne semble plus faux ». 

Et d’ailleurs qu’est-ce que le fondamentalisme? Selon le petit Larousse, c’est « la tendance de certains adeptes d'une religion quelconque à revenir à ce qu'ils considèrent comme fondamental, originel." Or, le Christ, ses disciples et les premiers chrétiens furent strictement des non-violents et, précisément, eux-mêmes victimes de la violence.

Comme le montre clairement Nathan Kaufmann , le tueur fou d’Oslo et de l’île d’Utoya (photo) n’ a  même pas construit ses phantasmes en délirant sur de supposées « valeurs » chrétiennes. La christianophobie médiatique ordinaire devra en faire son deuil :

Derrière le drame horrible et inimaginable, je voudrai revenir sur le traitement médiatique à propos d'Anders Behring Breivik, présenté dès les premières heures qui ont suivi le double attentat comme étant un fondamentaliste chrétien.

 Qu'est-ce que le "fondamentalisme chrétien" ? Le fondamentalisme chrétien est un mouvement à la base évangélique, apparu dans les années 1910/1920 cherchant de manière pacifique et plutôt philosophique à revenir sur les fondamentaux de la bible prise au pied et à la lettre. Mais à aucun moment, Anders Behring Breivik ne s'est présenté comme étant de cette sensibilité. Il n'a jamais tué ses victimes pour prouver que la terre et l'univers ont été créés en 7 jours et pas une seconde de plus. Ce terme ayant en fait été lancé aux médias par Roger Andresen, chef de la police d'Oslo aux journalistes de la BBC et de Reuters. Un petit aperçu rapide sur google news nous montre après à quel point le terme a été repris (plus de mille fois en quelques jours) puis même récupéré pour présenter ce qui semble être la "dernière tendance chez les terroristes" : le terrorisme chrétien.

 Sauf que voilà, Anders Behring Breivik s'est lui même montré très critique et à montré ses distances avec la religion qu'il défini comme étant "pour les faibles", même s'il a admis avoir été chrétien dans sa vie, et qu'il n'a absolument pas été motivé par une quelconque foi chrétienne et qu'il serait plus attiré par les théories darwiniennes (même si cela n'est plus une opposition). France 5 a de son côté montré qu'il n'avait rien de chrétien dans l'émission C Dans L'Air tout comme le fit l'hebdomadaire La Vie. La foi est bien plus complexe qu'un simple clic sur facebook. Il apparaît de plus en plus évident qu'au delà de quelque revendication et de quelque motivation que ce soit, Anders Behring Breivik, présenté comme chrétien, comme sioniste, comme militant de la cause gay, comme conservateur, comme admirateur d'Hitler, comme timide, comme franc-maçon, comme islamophobe, comme "monsieur tout le monde", comme un militant d'extrême droite etc. Et bien il est bien plus probable qu'il soit "simplement", et surtout, fou. Une folie qui peut toucher n'importe qui, n'importe quel membre de n'importe quel groupe politique ou social sans pourtant que cette folie justifie l'Horreur.

 Bien qu'étant donc hostile au christianisme, Anders Behring Breivik sacralise l'héritage culturel européen et demeure ambigu en définissant son acte de "croisade" ; terme lourd de significations sur lequel rebondissent bien des observateurs. Si on peut donc l'exclure de la catégorie "chrétien" ; il est vrai qu'existent parmi tous les croyants des "fous de Dieu" ou des personnes se justifiant de Dieu ou de Jésus ; pourtant s'ils sont cohérents avec leur croyance, les chrétiens (dont les "fondamentalistes") en aucun cas ne peuvent commettre pareil massacre, en aucun cas cautionner quelque discours de haine que ce soit.

 Loin du cliché que la bible attise la haine et loin de l'association chrétien/extrême droite, un sondage IFOP de 2010 mené sur les protestants en France se conclut d'ailleurs ainsi : "lire la Bible n’est pas sans effets : à la question il y a trop d’immigrés en France, il n’est pas inintéressant d’observer que plus on lit la Bible, plus on est en désaccord avec cette proposition : 71 % des lecteurs hebdomadaires de la Bible ne sont pas d’accord pour dire qu’il y a trop d’immigrés en France contre 47 % de ceux qui ne lisent jamais la Bible".

 "J’étais un étranger et vous m’avez accueilli" (Matthieu 25, v.35).



 

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