Une solidarité ecclésiale toute nouvelle : la grève des prêtres (28/11/2011)

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Samedi soir, se rendant à l’une des rares messes « dominicales » célébrées dans le vaste doyenné de Haute-Meuse, une paroissienne a la mauvaise surprise de lire, affiché sur le porche de l’église, cet avis surréaliste : « Il n’y aura pas de messe le samedi 26/11 à Boncelles et dans aucune paroisse de l’Unité Pastorale. Messe dimanche 27/11 à 14h30 au Sart-Tilman. Pas de messe non plus dans toutes les paroisses du Doyenné Haute-Meuse en solidarité avec les familles touchées par la crise de la sidérurgie. »  À n’en pas douter, cette annonce aura choqué plus d’un(e) fidèle.  Pour témoigner sa sympathie aux victimes d’une crise économique, voilà donc un clergé qui décide, sans doute collégialement (et peut-être motu proprio…), de « faire grève », lui aussi !  Par quelle aberration des prêtres croient-ils faire passer un message évangélique de solidarité en invitant leurs ouailles à ne pas prier ?

Pareille initiative est en totale contradiction avec le principe même d’une demande qu’exprime la prière centrale de la messe: "Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien." De tous temps, et particulièrement en période d’épreuves, personnelles ou collectives, l’Église n’a cessé d’inviter les fidèles à la prière. Passe encore que les (rares) jeunes prêtres l’ignorent, mais leurs aînés seraient-ils à ce point frappés d’amnésie ? Ignoreraient-ils que, naguère encore, l’Église organisait des rassemblements eucharistiques ou des saluts, parfois des processions, pour invoquer la protection du Très-Haut, en cas de grands périls, d’épidémies, de guerre, de sécheresse prolongée ? Ignoreraient-ils que, durant la terrible offensive Von Rundstedt, dans nos Ardennes, de pieuses implorations montaient vers le Ciel ? N’ont-ils jamais entendu parler des Rogations, ces occasions de prières collectives destinées à renforcer – et non à abolir ! – le lien social, la solidarité envers le prochain ? Il est vrai que, « grâce à » la disparition des vêpres, ils ne connaissent plus les belles invocations : Deus, in adiutorium meum intende – Dieu, songez à me secourir. – Domine, ad adiuvandum me festina – Seigneur, hâtez-vous à venir à mon aide…

En 2003, l’ « athéologue » Michel Onfray lançait cette imprécation : « Reviens, Voltaire ! » (Libération, 3-XII-2003) ; cinq ans plus tard, Philippe Val publiait son Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous (Grasset). À chacun son « patron ». Pour ma part, je pasticherais volontiers ces auteurs :  Reviens, Jésus, ils sont devenus fous.  Qu’en pense Son Excellence Monseigneur Aloÿs Jousten, révérendissime évêque de Liège ?

Mutien-Omer Houziaux.

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