Buzz malhonnête autour de l’archevêque de Grenade ou quand la désinformation se déchaîne (09/01/2012)

Il n’y a pas qu’en Belgique que la désinformation frappe les évêques (l’évêque -au singulier- chez nous) refusant de courber l’échine devant la religion séculière. Exemple cité ce matin par le site de “La Vie”:

"Violez les femmes parce qu'elles le méritent". C'est mot pour mot ce que le journal L'Express.be met dans la bouche de Mgr Francisco-Javier Martinez Fernandez, archevêque de Grenade, rebaptisé pour l'occasion Javier Jimenez, s'appuyant sur une traduction de l'écrivain portugais Manuel Antonio Pina, connu pour ses positions anti-catholiques. En cause, un paragraphe de l'homélie de Noël de l'archevêque, qui dit ceci: "Mais tuer un enfant sans défense, et que ce soit sa propre mère qui le fasse! Cela revient à donner aux hommes le droit absolu, sans limite, d'abuser du corps de la femme, parce que la tragédie c'est elle (la femme) qui l'avale, et elle l'avale comme si c'était un droit: droit de vivre toute sa vie affligée par un crime qui laisse toujours des traces dans la conscience et pour lequel ni les médecins ni les psychiatres ni toutes les techniques ne connaissent de remède". Rien là que de très classique dans le discours de l'Eglise, qui dit depuis longtemps que l'avortement est une violence faite aux femmes. Pina, et avec lui, des dizaines de sites et blogs athées, et - plus grave - un journal belge font mine de croire qu'il s'agit là d'un appel à violer les femmes qui avortent. La polémique enfle depuis hier sur les réseaux sociaux qui partagent à tout va le passage incriminé d'une homélie que l'on peut trouver dans son intégralité ici,  Ce qui est étonnant, c'est que l'homélie en question ne date pas de cette année mais de... Noël 2009. Par quelle opération cette vieille homélie est-elle ressortie pour faire un tel buzz? Mystère. Mais ce qui est le plus troublant, finalement, c'est la façon dont "l'info" a été reprise sans aucun recul, par les blogs, médias et y compris sur les murs Facebook et comptes Twitter de nombreux catholiques scandalisés, comme si même chez ceux qui connaissent de l'intérieur la doctrine morale catholique un appel au viol de la part d'un archevêque était plausible. C'est peut-être le signe le plus frappant de la profondeur de la crise de confiance de fidèles plus déboussolés qu'on ne l'imagine par les scandales pédophiles à répétition de ces dernières années.

Mais ce n'est pas la première fois, loin de là, que l'épiscopat espagnol se voit caricaturer de la sorte. Le 23 novembre dernier, le cardinal Rouco, archevêque de Madrid, s'est fait accuser d'avoir dit que le mariage homosexuel était responsable de la crise économique. Or, son discours était un tout petit peu plus nuancé: comme on peut le voir dans le texte incriminé, il a dit ceci: "Mais il est particulièrement urgent de pointer les causes les plus profondes de la crise[...]. Elles sont, pour faire court et dans le fond, dans la perte de valeurs morales, qui découlent du relativisme et de l'oubli de Dieu et de sa sainte Loi, et dont les conséquences sont la corruption politique et économique, la cupidité, la recherche de l'intérêt personnel à tout prix, le mépris de la vie humaine à travers des politiques et une conduite antinataliste et pro-avortement, l'affaiblissement et la dissolution institutionnelle du mariage et de la famille, l'instrumentalisation et la détérioration de l'éducation. Cela ne peut que conduire aux situations sociales et économiques les plus délicates". Rien que le Secours catholique et bien d'autres ne disent, finalement, en pointant la fragilisation de la famille comme une cause importante de précarité économique. Lire et voir les pièces à conviction ici: Un archevêque espagnol accusé d'appeler au viol

Voir également : Mgr Javier Martinez accusé de justifier le viol sur les femmes ayant avorté

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