Le pessimisme de François Weyergans (19/04/2012)

"Rédacteur en chef d'un jour" à la Libre, François Weyergans fait part de son pessimisme dans une interview accordée au quotidien :

extraits :

Que pensez-vous de toutes ces émissions de télé-réalité qui produisent des artistes “clé sur porte” ?

Ça évoque le problème plus général du triomphe de la médiocrité dans les moyens d’expression. Peut-être que ça me sert à quelque chose, les sept ans où je ne fais rien. Du coup, je vois mieux les contrastes. Et là je constate un public un peu abîmé. Lire Guillaume Musso et Marc Levy, ça vous abîme. Harlan Coben : j’en ai acheté deux pour savoir, ça me tombe des mains. C’est hyper mal écrit ou du moins mal traduit. Seule l’intrigue intéresse encore, je pense, on n’est plus dans le style. Il y a un amoindrissement certain. Mais je reste optimiste en me disant que, dans le vieux combat entre l’art et l’argent, l’art a toujours gagné, avec des hauts et des bas.

Comment voyez-vous l’évolution des nouveaux médias ?

On a vécu depuis plusieurs années sur l’illusion que l’évolution humaine était terminée. Or elle ne l’est pas. Il suffit de parler avec des neurologues ou des chirurgiens du cerveau. Moi, j’ai une théorie très pessimiste. Il y a peut-être une parenthèse de l’intelligence humaine, née 5 siècles avant Jésus Christ, qui se ferme sous nos yeux. Après tout, pourquoi pas un règne tout d’un coup d’obscurantisme ? Notre entretien tourne à un constat amer et désabusé sur une société dans laquelle on est content d’être quand même. Peut-être faut-il ramener un peu d’optimisme. Il y a quand même un certain optimisme à être pessimiste parce qu’au moins, on voit que les choses ne vont pas. On n’est pas atteint, résigné. Peut-être faut-il, chacun à sa place, le dire, le faire savoir sans relâche.

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