BELGICATHO

Au-delà des phénomènes en eux-mêmes, le dossier se complique d'une bataille entre le diocèse de Mostar et les franciscains de Bosnie, supporters de la première heure des apparitions, qui ont vu là une occasion inespérée de reprendre les rênes d'un diocèse où l'évêque leur avait retiré de nombreuses paroisses. Ce qui explique que, malgré le non constat de supernaturalitate délivré par les deux évêques successifs de Mostar, qui ont seule autorité pour juger de l'authenticité des apparitions, la dévotion à la Gospa de Medjugorje s'est poursuivie et a été exportée bien au-delà des frontières de la Bosnie-Herzégovine, au point de devenir la première source de devises étrangères du pays.

Il n'est donc pas étonnant que Benoît XVI ait entrepris, en accédant au pontificat, de tirer au clair l'affaire Medjugorje et de trancher sur la réalité des apparitions. Il a donc créé une commission chargée de faire la lumière sur la question. Cette commission, dirigée par le cardinal Ruini, et qui travaille depuis deux ans dans la discrétion, devrait rendre son rapport d'ici à la fin de 2012.

La semaine dernière, le journaliste croate Zarko Ivcovic - auteur de plusieurs ouvrages sur Medjugorje - citait dans le Večernji List des sources anonymes proches du dossier, évoquant quatre scénarios possibles. "Tout d'abord, le statu quo demeure, et Medjugorje sera toujours sous la juridiction de l'évêque de Mostar, Mgr Peric, qui soutient qu'il n'y a jamais eu d'apparitions dans la paroisse.  Mais étant donné que des millions de pèlerins viennent à Medjugorje, cette option pourrait également reconnaître la réalité des pèlerinages, en donnant à la ville le titre de "lieu de prière" qui serait tenu d'adopter les règles du jeu".

"Dans la deuxième option, le pape nommerait ses propres délégués à Medjugorje, qui seraient responsables de la paroisse, et les décisions du Vatican seraient mises en œuvre sur le terrain grâce aux franciscains. Dans ce cas, un statut officiel pour déterminer les règles d'action dans ce domaine serait donné. L'évêque de Mostar n'aurait plus compétence sur Medjugorje".

Les deux dernières options, considérées comme "plus improbables" par le journaliste, seraient soit de diviser l'actuel diocèse de Mostar en deux pour créer un diocèse à Medjugorje, soit de déclarer les apparitions comme frauduleuses et interdire purement et simplement les pèlerinages.” Référence: Medjugorje: une commission, quatre possibilités

De quelles sources émanent donc ces “options” passablement embrouillées et Rome doit-elle maintenant s’emmêler les pinceaux dans une affaire où les raisons de douter de ces “apparitions” l’emportent manifestement toujours sur celles de décider ?