Un évêque face à la meute (28/08/2012)

Monseigneur Jousten, évêque de Liège, a expliqué que les clarisses transmettaient un “vrai témoignage chrétien” par leur bonne volonté à accueillir Michelle Martin dans leur couvent. "Un être humain reste un être humain", a ajouté Mgr. Jousten." C'était sur les ondes de la BRF. (source)

Si la justice belge, qui ne fait qu'appliquer la loi mise en place par les élus de la nation, permet à Michelle Martin de retrouver la liberté, ni vous, ni nous, ni l'Eglise, ni qui que ce soit, n'y pouvons rien. On peut discuter de l'existence et du bien-fondé de telles lois mais le fait est qu'elles existent et que les juges doivent bien s'y conformer. A partir du moment où cette personne, coupable de faits extrêmement graves - que personne ne cherche à nier -, se retrouve en liberté, peut-on reprocher aux soeurs clarisses de lui offrir un gîte? Que voudrait-on? Qu'elle aille loger sous un pont? Il faut rester sérieux. Que ce soient des femmes consacrées à Dieu, dans la prière et le silence, qui s'en chargent ne nous paraît nullement scandaleux. N'est-ce pas aux chrétiens qu'il incombe de témoigner de la miséricorde et de la foi en la Rédemption? N'est-il pas conforme au message de la Bible de croire que le pécheur ne doit pas être identifié à sa faute? Mais il ne s'agit pas d'une logique accessible à des gens qui préféreraient se livrer à un lynchage pour assouvir leur appétit de vengeance et leur désir de faire justice eux-mêmes.

Il faut donc être courageux pour oser s'exprimer publiquement à ce sujet comme l'a fait Mgr Jousten. Cela nous paraît plus judicieux que de se retrancher dans un discours frileux tenu récemment par un autre prélat belge qui semblait plutôt ouvrir son parapluie en se démarquant de la décision prise par les soeurs de Malonne.

Si l'on se rend sur le site de Sud Info.be qui publie l'information, et si on a le courage d'y lire les commentaires déposés par les lecteurs en dessous de l'article, on pourra se faire une idée des sentiments qui animent une part importante de la population. L'appétit de vengeance, la haine, la calomnie, l'incitation à la violence, s'y étalent sans aucune pudeur. Les soeurs, l'Eglise, y sont désignées à la vindicte populaire et accusées de collusion avec les crimes commis par la complice de Dutroux. Les faiseurs d'opinion qui ont  si généreusement semé le vent en exploitant à l'envi les abus sexuels commis par des ecclésiatiques peuvent se féliciter à présent de récolter la tempête qui se déchaîne contre les religieuses, contre l'évêque qui leur apporte son soutien, et contre l'Eglise toute entière. Ces pauvres soeurs clarisses deviennent le bouc émissaire idéal permettant à une foule déchainée de se décerner à bon marché des brevets d'innocence en poussant des cris de haine que l'on confond hypocritement avec de l'indignation altruiste.

C'est ainsi que, il y a deux mille ans, fut conduit au Golgotha un homme qui avait déçu les espoirs d'un peuple rêvant d'un messie conforme à ses attentes. Et quel scandale de voir ce condamné mettre à profit son dernier souffle de vie pour accueillir un criminel crucifié à ses côtés!

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