Aimée a peur d’aller se confesser (21/09/2012)

église du Saint-Sacrement, Bd d'Avroy, 132 à Liège

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Lu dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne, cette "Lettre" d'Emmanuel Bouceret:

« Ma chère Aimée,

Tu m’écris dans ta dernière lettre que tu as « la trouille » d’aller te confesser. « Tu vas me trouver ridicule, m’écris-tu, mais j’ai l’impression de débiter ma liste de péchés devant un juge. À quoi ça sert, de toutes façons, puisque je retombe toujours dans les mêmes erreurs. Je me sens complètement nulle. »

Tu as peur ? Non, tu n’es pas ridicule, et j’apprécie ta franchise, tu es simplement comme beaucoup d’entre nous ! Nous avons tous peur d’être incompris, jugés, mal aimés, d’affronter l’avenir, de souffrir et de mourir. Jusqu’au moment où nous comprenons que, derrière toutes ces craintes, s’en cache une autre, plus fondamentale : la peur de Dieu. Il nous faut du temps pour nous convertir et découvrir qu’Il répond par sa simple présence : Dieu fait chair nous attend dans le sacrement de réconciliation pour nous consoler et nous donner sa vie.

Tu as l’impression de te rendre au tribunal face à un juge ? En un sens, c’est vrai, puisque nous serons jugés sur notre propre réponse à l’amour de Dieu. Mais comment passer de la crainte imparfaite de mal faire à celle de mal aimer, de la fausse culpabilité à la prise de conscience d’avoir blessé notre relation d’amour avec Jésus ? Il nous reste à entrer dans le mystère de la pensée de Dieu sur chacun d’entre nous, explique le Père Alain Bandelier : « Je lui manque davantage qu’Il ne me manque ! » Dieu est comme le Père de l’Enfant prodigue, qui fait un festin pour célébrer la joie des retrouvailles. Quand nous avons compris cela, nous devenons comme la pécheresse inondant de ses larmes les pieds du Seigneur : nous découvrons à a fois la douleur de ne pas aimer et le bonheur d’être aimés. Et, du coup, la joie de pouvoir aimer, enfin.

Tu emportes ta liste de péchés ? Tu sais, Dieu n’est pas un douanier à qui nous devons déclarer des produits frauduleux ! L’examen de notre conscience ne consiste à pas à cocher une liste de courses ou à fouiller les poubelles de nos souvenirs ! Ce serait réduire la conversion au développement personnel et à un effort de lucidité sur soi-même. Il ne s’agit ni de s’excuser, ni de s’accabler, au risque de ne pas voir quel est vraiment mon péché. Car un train de péchés peut en cacher un autre, un point précis de conversion, où la grâce du Seigneur m’attend. Je t’invite à lire « Quatre étapes pour que la confession soit une résurrection ».

Tu retombes toujours dans les mêmes fautes ? Et si ce n’était pas le problème ? La vraie question n’est-elle pas plutôt la suivante : comment vais-je faire, avec mon caractère, mes faiblesses, mes mauvaises habitudes, pour rester en éveil et répondre au regard d’amour de Jésus chaque matin de ma vie ? Du coup, mon examen de conscience devient davantage une révision de vie à la lumière de la foi pour aboutir à un engagement concret : celui de mettre tout l’évangile dans ma vie pour mieux discerner l’appel de Dieu et y répondre. Finalement, en quoi mon péché m’empêche-t-il de répondre à cet appel unique de Dieu ?

Tu te sens encore nulle ? Et saint Pierre au petit matin du vendredi saint, après son triple reniement, comment se sentait-il avant de rencontrer le regard de Jésus ? Comme pour lui, le Seigneur se retourne et pose son regard sur toi dans la confession. Le vrai discernement n’est pas de se regarder soi-même, mais de se voir comme Dieu nous voit. L’essentiel n’est pas de penser à mon manque d’amour de pêcheur, mais à l’excès d’amour de mon Sauveur. « Célébrer la réconciliation, c’est se mettre en face du Christ, bien davantage que de se mettre en face de soi-même », explique le Père Bandelier. Nous ne sommes pas sauvés par nos efforts, mais par Jésus et son pardon. Notre péché est immense, mais son amour est incalculable. « Si on le savait, on en mourrait », disait le Curé d’Ars.

Tu connais le secret de la porte de miséricorde qui ouvre sur l’amour du Père ? Pas besoin de tambouriner, elle s’ouvre vers toi. Tu n’as pas à forcer, mais à faiblir. Tu n’as pas à arracher un pardon, mais à te laisser atteindre. Laisser l’Esprit Saint exercer une douce pression, la pression de l’amour sur ta porte. Ma chère Aimée, je te laisse dans les bras du Père.

Emmanuel

Ici : Lettre à Aimée : se laisser aimer est le secret de la confession 

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