La liberté religieuse dans le monde mise à mal (29/10/2012)

Nous lisons dans Ouest France sous la plume de J.E. Hutin :

« La liberté religieuse dans le monde »

La liberté religieuse est l'une des plus fragiles. En s'adressant à la conscience, elle crée une distance entre la personne et son environnement social, économique, politique. Il n'est donc pas étonnant que les pays dictatoriaux l'aient en horreur et la combattent, tout comme les fanatismes persuadés de détenir seuls la vérité. Elle a donc d'innombrables adversaires. Alors que les révolutions arabes laissaient entrevoir un avenir plus propice aux libertés et donc à la liberté religieuse, c'est un durcissement qui s'est produit en 2011, rapporte AED (1). Chrétiens, musulmans, bouddhistes et autres courants spirituels ont payé un lourd tribut. Les chrétiens - deux milliards - sont les plus touchés par ces violences et ces discriminations. Les pays de type dictature, comme l'Arabie Saoudite ou la Chine, craignant les contestations populaires, ont intensifié la répression : contre les chrétiens et les chiites en Arabie Saoudite, contre toutes les religions et spiritualités en Chine. Là, arrestations arbitraires et tortures se sont multipliées contre les chrétiens, les musulmans ouïghours et les bouddhistes tibétains, nombreux à s'immoler ! Dans les pays des révolutions arabes, la liberté religieuse ne sort pas victorieuse.

Ainsi, en Égypte (1), « les agressions contre les Coptes ont atteint des proportions sans précédent » : attentats, pogroms, attaques de monastère par l'armée ! La partialité de la Justice inquiète : « Tout le monde pensait qu'après la révolution les choses changeraient, mais ce verdict prouve seulement que les récents discours sur l'égalité, la justice et la liberté pour toutes les religions n'étaient que des paroles vides », déclarait l'avocat égyptien George Sobhi. Ce qui est en jeu : l'accès à la citoyenneté, quelle que soit l'appartenance religieuse et la liberté de pratiquer ou non une religion et d'en changer. En Irak, l'islamisation progresse. Les chrétiens doivent payer l'impôt islamique, les chrétiennes n'osent plus sortir sans porter le voile, l'université de musique de Bagdad a été fermée « car la musique est incompatible avec l'interprétation fondamentaliste de la charia ». Des groupes extrémistes enjoignent aux chrétiens de quitter l'Irak sous peine d'être tués. Ces derniers étaient un million en 2003, ils ne sont plus que 300 000 en 2011 ! Les autres sont réfugiés. Mais le fanatisme prospère aussi en Inde et au Pakistan où les chrétiens sont victimes d'attentats ou d'arrestations pour « blasphème », risquant la mort. Ce durcissement est grave et inquiétant. Il demande de redoubler d'efforts pour instaurer compréhension, respect et concorde entre les religions. Car, déclarait Andrea Riccardi, le ministre des Affaires étrangères italien : « L'avenir n'est pas l'affirmation de l'une ou l'autre civilisation, mais l'affirmation de la civilisation du vivre ensemble. »

(1) La liberté religieuse dans le monde, rapport 2012, AED.

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