Ces dérives de la médecine moderne qui alertent les praticiens catholiques (21/11/2012)

Les défis de la médecine aujourd'hui - La vision des médecins catholiques

ZENIT.org - H. Sergio Mora - Traduction d’Océane Le Gal

(ZENIT.org) –  Des cosmétiques à base d’embryon humain, une euthanasie rampante qui, peu à peu, s’installe par « voie d’omission »  et non parce qu’une loi vous y autorise, la tendance culturelle à assimiler le patient à un puits de pétrole : tels sont tous les thèmes qui interpellent la Fédération internationale des associations des médecins catholiques (FIAMC).Et parmi toutes ces questions, une ne doit pas être oubliée, celle qui a trait aux problèmes de la vie dès sa conception, explique le président de la FIAMC, José Maria Simon, aux lecteurs de Zenit, en marge de la rencontre entre Conseil pontifical pour la pastorale de la santé, le Congrès européen des médecins catholiques (AMCI - FEAMC), l'Association Médecins catholiques italiens (AMCI) et les participants de la conférence internationale des hôpitaux catholiques, qui a eu lieu samedi dernier, 17 novembre, dans la salle Paul VI du Vatican.

Zenit - Docteur Simon, tout d’abord dites-nous ce qu’est la Fédération internationale des Associations des médecins catholiques ?

José Maria Simon - C’est une vieille institution de droit pontifical qui s’occupe de la formation morale des médecins, mais aussi de celle des étudiants et du personnel sanitaire en général. Nous exerçons par ailleurs une activité de coopération sur des questions liées à la maternité, Notre travail s’étend au plus grande nombre de pays possibles et dans les organisations internationale, de manière à ce que notre vision chrétienne de la médecine puisse être mieux comprise et acceptée.

Existe-t-il de nouveaux défis pour la médecine d’aujourd’hui ?

Oui, il y en a , mais toujours autour des mêmes problèmes : ne pas voir son prochain comme une source de revenu ; la défense de la vie, dès sa conception jusqu’à sa mort naturelle, et la transmission de cette vie ; le respect spontanée du cadavre ou pour l’embryon mort qui reste tout de même un symbole de la personne et ne peut être utilisé comme bon nous semble.

Qu’est-ce qui inquiète le plus les médecins catholiques aujourd’hui ?

De voir que l’on utilise du tissu embryonnaire de fœtus pour faire des cosmétiques,  nous inquiète beaucoup. C’est une chose très grave, mais qui arrive, et obtenir des preuves coute beaucoup. Quand on accuse une société, celle-ci sait très bien se défendre, à travers des avocats et des journalistes. Il est donc très difficile de faire des accusations précises, mais les faits sont là, ils nous inquiètent, et ils doivent être combattus.

Y a-t-il quelque espoir concret ?

Nous attendons beaucoup de cette Charte pour le corps médical, qui est pour nous comme un nouveau Code déontologique, dont la seconde version est en cours de préparation au Conseil pour la Pastorale de la Santé et de la Doctrine de la Foi. Le premier était déjà riche en points, le second ne sera qu’une mise à jour pour les nouveautés qui concernent la médecine.

Nous venons de parler de mort naturelle et de respect de la vie. Que pouvez-vous dire à ce propos ?

Il y a tout d’abord le problème de l’euthanasie qui paraît avancer, pas tant au niveau des lois, mais plutôt dans les faits. Actuellement, dans  beaucoup de pays, on pratique une euthanasie par omission. Quelqu’un décide de votre vie : la famille, l0oncologue et ainsi de suite, ils déterminent que votre vie est finie, que cela ne vaut plus la peine de vivre, donc la personne est mise sous sédatifs et meurt.

Donc, on force la mort ?

Oui, parfois, et en plus inutilement. Il est important de comprendre que la mission du médecin est celle d’éliminer ka douleur, l’angoisse, la souffrance, et cela doit bien entendu être fait avec tous les moyens possibles, mais sans avancer le processus de la mort, comme dit très bien le Catéchisme de l’Église catholique qui, à propos de l’euthanasie, interdit toute action qui, pour éviter la souffrance, procure la mort.Hélas, cette pratique fait son chemin et se développe au rythme de la culture de mort qui est en train de se répandre dans divers domaines : judicaire, législatif, médiatique, culturel, dont artistique, et ainsi de suite...

Donc la question n’est plus de nature uniquement religieuse ?

Il ya beaucoup de médecins qui, dans le monde, respectent la vie humaine, catholiques ou pas, qui ont besoin du soutien de tous ou d’arguments sur lesquels s’appuyer.

Et où trouve-t-on ces arguments ?

Nous avons beaucoup de ressources sur notre site web, portails, déclarations publiques, que nous prenons dans nos conférences où nous travaillons avec les publications scientifiques, présentons les progrès, la science, les rapports sociaux et entrons en contact avec les médias. Avec les médecins catholiques nous prions, nous donnons de l’espace à l’œcuménisme et à la formation morale des problèmes médicaux. Le congrès se sert de tout, même du temps libre durant lequel il est possible de consulter un confrère, et comprendre comment on réfléchit à une question dans un pays ou dans un autre.

Comment, aujourd’hui, l’acharnement thérapeutique est-il vécu ?

C’est quelque chose qu’il faut combattre. Toute la médecine, officielle ou laïque, les médecins laïcs catholiques, l’Eglise et d’autres Eglises, sont d’accord qu’il s’agit d’un abus. En effet, parfois, certains diagnostics ou thérapies sont disproportionnées par rapport aux résultats que l’on peut attendre.

Et pour ce qui est de la transmission de la vie ?

On est inquiet pour ça aussi. L’encyclique  Humanae Vitae expose une très bonne doctrine en ce sens, résout énormément de problèmes. Qui la respecte, respecte son épouse et est fidèle, ne tue pas ses enfants avec l’avortement, ne les engendre pas in vitro, mais la procrée naturellement, et respecte le fait que l’embryon meurt naturellement.

L'Humanae Vitae est donc la route à suivre ?

Absolument, elle est prophétique. L’encyclique Humanae Vitae, sur le site web de la FIAMC, est notre document. Maintenant nous préparons un deuxième document qui peut aider aussi un luthérien par exemple. J’espère que l’année prochaine, à l’occasion de l’anniversaire de la multiplication de la lettre apostolique Mulieris dignitatem, il sera possible de diffuser ce document scientifique qui appuie l’encyclique.

Qu’est-ce que la FIAMC a apporté au synode ?

La FIAMC a beaucoup plus reçu qu’elle n’a porté. Nous avons pu participer à la réunion du synode, parler avec chacun des évêques et des auditeurs. Nous avons connu les Associations médicales catholiques des divers pays et nous nous sommes faits connaitre. Pour ne pas parler de l’honneur d’être en contact avec le Saint-Père. Mais ce que nous avons principalement fait au Synode c’est de prier et rien que cela a été très utile.

A propos maintenant de l’avortement, il y a aujourd’hui beaucoup plus d’informations et les choses sont plus claires, mais sa pratique reste encore très répandue … 

L'avortement est un sujet que nous avons beaucoup étudié. Malheureusement quand le diable entre dans quelque chose, il est difficile qu’il ne se résolve que par la loi ou les arguments, il faut une aide d’En Haut. 

Aujourd’hui la science montre clairement qu’une vie humaine peut être supprimée...

Aujourd’hui plus que jamais nous savons que dès le premier instant de sa conception, elle est un être distinct du père et de la mère, qui se développe de manière coordonnée, progressive, qui a besoin de « carburant » et qui s’implante donc dans l’utérus de la mère, pour prendre ce carburant et grandir jusqu’à devenir un de nous.

Concernant les embryons, il y a peut-être moins de conscience publique…

Oui, il y a une maigre conscience de cela, bien que nous ayons une forme humaine visible. Je pense que la conscience est offusquée par le mal.

Les cryoconservés aussi ont forme humaine ?

Ils ont une forme humaine dans leurs gènes, leur ADN, qui dit : ceci est un être humain. Cette conscience aussi est offusquée par le mal, tout individu peut comprendre que cet embryon microscopique est un être humain.

En conclusion, quelle est la bonne clef pour bien traiter un patient ?

Je crois qu’une bonne compétente professionnelle consiste beaucoup plus à traiter les personnes en frères, en enfants et en parents, et non en puits de pétrole.

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