Quand l'envie empoisonne les coeurs (12/01/2013)

Dans Valeurs Actuelles, Chantal Delsol dénonce Le règne de l’envie

C’est un vice d’aujourd’hui mais plutôt de toujours, la différence étant qu’aujourd’hui on ne considère plus cela comme un vice : l’envie. Les réactions actuelles devant l’exil fiscal ressortent à cette éternelle question de l’envie.

Dans les dix commandements, l’envie se trouve en ligne de mire : tu ne convoiteras ni la maison, ni la femme, ni aucun bien de ton prochain. L’envie apparaît comme l’un des tout premiers vices, avec l’orgueil, ce roi des vices. Dans l’histoire originelle de notre culture, l’Ancien Testament, les crimes et meurtres inauguraux sont imputables à l’envie. Laquelle a été décrite et analysée avec talent chez les modernes comme Nietzsche et Scheler, sous le nom de ressentiment. Mais n’a peut-être jamais été aussi bien comprise que par Basile de Césarée, dans l’une de ses homélies. Pourquoi, demande-t-il, est-ce une maladie terrible ? Parce qu’on ne peut la déclarer. L’envieux est malade à crever, mais si on lui demande ce qui ne va pas, jamais il n’oserait dire : « Le bonheur de mon ami m’afflige ; je m’attriste de la joie de mon frère ; je ne puis souffrir le spectacle de la prospérité d’autrui ; la bonne fortune de mon prochain fait mon infortune. » Que l’envie ne soit pour ainsi dire pas avouable (et nous le constatons tous les jours) la donne bien pour un vice grave, puisque cela signifie qu’il faudrait trop de cynisme pour le légitimer.

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