Impressions dans un de ces lieux terribles de la modernité (26/02/2013)

Un panneau indique, comme dans une gare, l’horaire des cérémonies « d’adieu » (mais il n’y a plus de Dieu qui tienne). L’atmosphère est aseptisée, baignée par une musique d’ambiance « soft ». Les salles se suivent et se ressemblent, disposées autour d’un espace central vert et vide. Un personnel constipé, en habit strict, vous accueille dans une ambiance feutrée. C’est dans une de ces salles sans âme que nous dirons un dernier adieu à notre ami. Devant un parterre de têtes chenues, des familiers se succèdent pour débiter des hommages convenus. Après une demi-heure, les préposés ouvrent les portes du fond pour y emmener seule la bière qui se dérobe à nos yeux et sera incinérée à l’abri des regards. Rendez-vous est fixé, deux heures plus tard pour la dispersion des cendres. Heureusement, le Centre dispose d’une buvette pour y tuer le temps "en attendant"… Temps mort, ô combien !

Rien n’évoque en ces lieux vides une quelconque destinée ultérieure. Après des dizaines de milliers d’années où l’homme depuis l’âge des cavernes jusqu’il y a peu s’est adonné à des rites funéraires attestant sa croyance dans un au-delà, l’homme moderne a renoncé à toute espérance. Sa trace se termine ici et s’efface à tout jamais. Exit le sacré; ni symbole, ni rite, il n’y a plus aucun mythe qui tienne.

La mort de Dieu semble avoir signé à tout jamais celle de l’homme.

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