UCL : une curieuse, et très opportune, enquête... (27/04/2013)

Nous lisons ICI :

"Sous la direction de Vassilis Saroglou, responsable du Centre de psychologie de la religion de l'UCL, les chercheurs de l'université catholique ont mis en situation des volontaires afin de recréer des sentiments liés à la psychologie de l'agression. Ils ont trouvé que plus les participants étaient croyants, plus ils avaient tendance à montrer de l'agression envers une cible prétendument gay qui estimait que la défense des droits des homosexuels était une avancée sociale importante." (...) Ainsi "la religion conduirait inconsciemment à une aversion non seulement envers le péché, mais également envers « les pécheurs ». La distinction effectuée habituellement par la doctrine catholique entre les personnes et les actes qu'elles commettent semblerait moins efficace lorsqu'il s'agit des homosexuels."

Cette enquête a évidemment reçu un large écho dans la presse belge, écrite et radiodiffusée. Elle vient mettre de l'eau au moulin de ceux qui taxent d'homophobie les adversaires du mariage gay. On ne pouvait imaginer un renfort qui serait tombé plus à pic. Mais est-ce vraiment sérieux? Comme le fait remarquer un commentateur :

Premièrement, il serait temps de faire la différence entre manque de sympathie, voire hostilité, et "phobie", qui est un terme de psychopathologie. Qualifier tout propos ou toute attitude négatifs envers l'homosexualité d'"homophobie", c'est refuser a priori d'entendre des arguments en prétendant que celui qui les avance souffre d'un trouble psychiatrique. Deuxièmement, l'étude à laquelle il est fait référence aurait été beaucoup plus convaincante si les réactions hostiles envers une personne réputée homosexuelle avaient été observées lorsque cette personne tenait des propos qui n'avaient rien à voir avec l'homosexualité : on aurait alors bien vu que c'est la personne qui est en cause, non les positions qu'elle revendique dans l'espace public. Enfin, cela fait partie du b-a-ba de la science que de reconnaître qu'une corrélation n'équivaut pas à une relation de cause à effet. Ainsi, en admettant qu'il y davantage de personnes hostiles à l'homosexualité parmi les croyants, ce fait n'autorise nullement à dire que c'est cette croyance qui en est responsable. Une étude a remarqué qu'aux États-Unis, il y a une corrélation entre le peu de goût pour les sushis et l'hostilité au mariage gay. Faut-il en conclure que l'aversion aux sushis est la cause de cette hostilité (ou que, réciproquement, l'hostilité au mariage gay déclenche une aversion pour les sushis) ? Bref, une étude opportuniste, sur un sujet qui lui assure un écho médiatique, mais scientifiquement nulle. (Olivier Rey)

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