L'athéisme belge tient ses premiers états généraux (24/09/2013)

C’est Christian Laporte qui le claironne dans « La Libre » :

« Créée l’an dernier, l’Association belge des athées veut se faire entendre dans le débat public et faire respecter sa vision du monde. Cela l’amène à organiser du 4 au 6 octobre prochains les états généraux de l’athéisme au théâtre Varia à Ixelles. Ses organisateurs ont expliqué le sens de leur démarche en primeur à “La Libre”.

Patrice Dartevelle, le secrétaire de l’ABA va directement à l’essentiel : “il ne faut pas se tromper. C’est vrai que nous ne sommes pas favorables aux gens religieux mais pas pour autant non plus des suiveurs de Catherine Fourest pour qui le danger vient de l’intégrisme majoritaire qui serait selon elle catholique… Il faut se recentrer sur la laïcité philosophique”. C’est en analysant la dernière grande enquête décennale sur les valeurs en Europe qu’avec d’autres Dartevelle a estimé que c’était le bon moment pour amener les athées à s’affirmer : “la moitie des Belges se dit catholique pour 10 % d’athées mais… un tiers des personnes interrogées disent ne plus être religieux. Il en ressort que l’athéisme doit devenir plus visible et aller à contre-courant des idées de Frédéric Lenoir qui affirme que toutes les idées se valent sauf les fondamentalistes chrétiens et… les athées dogmatiques”. Le Pr Serge Deruette (UMons) enchaîne : “Dans le contexte actuel, Dieu est de plus en plus une auberge espagnole avec une spiritualité passe-partout. C’est le moment d’intervenir dans le débat”.

Sans devenir une… religion laïque ? “Ah oui” renchérit Jean-François Jacobs, issu du monde culturel. “Si nous nous structurons ce n’est pas pour devenir une nouvelle religion… On n’a pas de dogmes, on ne va pas juger les bons et les mauvais athées, nous sommes uniquement dans la réfutation…” Comme le souligne Serge Deruette “notre combat vise la défense et l’illustration de l’athéisme”

Plutôt que d’organiser un énième colloque pour vieux militants laïques, l’ABA qui a constaté un intérêt croissant des plus jeunes entend les cibler à partir du milieu associatif. Avec donc deux spectacles autour du curé et athée révolutionnaire Meslier – lire ci-contre – mais aussi une focalisation sur l’athéisme et les sciences, l’athéisme et l’idéologie, l’ULB et l’athéisme d’aujourd’hui et une table ronde avec des témoignages d’ athées convaincus dont Noël Rixhon, un ancien prêtre qui vient de sortir “Conscience athée” chez Mémogrammes.

Même si tout cela semble encore très “intello”, le but est d’élargir le public susceptible de s’investir dans une réflexion sans préjugés. Sans agressivité aussi : “nous voulons montrer que l’athéisme est aussi porté par des valeurs; Nous ne condamnons pas ceux qui croient sincèrement mais l’athéisme mérite aussi le respect. Et ça sans nulle volonté prosélyte. Bref, si nous combattons les religions, nous respectons les croyants s’ils jouent aussi le jeu démocratique. Si la laïcité se bat pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, nous voulons la séparation des religions et des consciences”.

L’Association belge des athées multipliera donc les activités destinées à un large public. Elle est sur Facebook avec un millier d’adhérents qui s’investissent dans des débats roboratifs et animés. Dans la même optique, elle organisera encore un face-à-face fin novembre sur l’athéisme et l’agnosticisme entre les professeurs Jean Bricmont (UCL) et Baudouin Decharneux (ULB). Pour l’heure, l’ABA se concentre sur la Wallonie et Bruxelles mais suit avec intérêt ce qui se fait en Flandre à partir d’une commission de l’Humanistisch Verbond. Et bien entendu à un échelon plus international, son président Johannes Robyn étant aussi le numéro un de l’Union des athées dont le siège est à Paris…

 Ici : L'athéisme belge tient ses premiers états généraux

 Pas une nouvelle religion ? Mais c’est déjà fait. Le statut de la laïcité en Belgique est le même que celui des six autres cultes reconnus, avec ses ministres, ses rites de passage calqués sur ceux de la religion catholique etc. Depuis 2002, le mouvement laïque a accès, en tant que communauté philosophique non confessionnelle, à un financement public très semblable à celui dont tous ces cultes bénéficient. Pour chaque culte reconnu, l´État reconnaît un interlocuteur central, souvent dénommé organe chef de culte, chargé des rapports du culte avec les autorités publiques.Pour la laïcité organisée, le Conseil central laïque remplit ce rôle. Et ainsi de suite.  JPSC

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