BELGICATHO

La souffrance d'un enfant en fin de vie est une situation particulièrement interpellante et pénible, d'abord pour l'enfant lui-même, mais aussi pour ses parents, ses proches et le personnel soignant. Cette souffrance, comme toute souffrance, ne sauraient laisser la société et le législateur indifférents. Mais la réponse adéquate à cette souffrance est-elle l'euthanasie ? Les soins palliatifs ne cessent fort heureusement de progresser et les douleurs physiques sont presque toutes apaisables; en cas de douleur persistante et inapaisable, il reste en dernier recours la sédation palliative, qui n'est pas un homicide, et donc pas une euthanasie, mais consiste à endormir profondément l'enfant qui finit par mourir, sans souffrir, de sa maladie. Ses parents et ses proches quant à eux continuent de souffrir et il est nécessaire de les accompagner.

De grands textes juridiques de référence, comme la Déclaration universelle des droits de l'homme, signée bien entendu par la Belgique, insistent sur le droit à la vie, comme fondement de tous les autres droits. Ma vie, comme celle de tout être humain, ne m'appartient pas; elle n'est pas ma propriété et je ne peux en disposer comme des objets. Ma dignité d'être humain, ne repose pas sur la qualité de ma vie, appréciée par moi-même ou par d'autres; ma dignité, la vôtre et celle de tout homme, existe tout simplement et ne peut nous être retirée. Faire de la dignité humaine, de la valeur de la vie humaine, une question d'appréciation subjective par moi-même ou par d'autres conduit en définitive à ruiner les fondements du droit, car pour avoir des droits il faut d'abord être vivant. 

Par conséquent, on ne peut pas accepter une conception individualiste et égotiste de la liberté qui irait jusqu'à considérer que je puisse disposer de ma vie et que la manière dont je souhaite mourir ne regarde que moi, et moi seul. Nous avons une famille, nous vivons en société, et les actes que nous posons ne sont pas sans conséquence pour les autres, surtout lorsqu'il s'agirait de demander, et d'obtenir, qu'une autre personne, un médecin, mette fin à notre vie.

En ce qui concerne les enfants de moins de 18 ans, les avis des pédiatres et pédopsychiatres sont pour le moins divergents en ce qui concerne leur capacité de discernement, même si la maladie peut effectivement en faire mûrir certains. Cette maturité conduit-elle à un exercice vraiment éclairé de la liberté de choix de l'enfant ? Comment l'enfant ne serait-il pas sensible à la souffrance de ses parents et être tenté de les soulager en demandant l'euthanasie ? On peut au moins en douter, et dans le doute on s'abstient, surtout en des matières aussi graves. 

C’est pourquoi, je me permets de vous demander de ne pas voter en faveur de la proposition de loi étendant l’accès de l’euthanasie aux enfants. Je vous demande également de déposer des amendements restreignant la portée de cette loi. Par exemple, est-il normal qu’un psychologue puisse donner un avis sur la capacité de discernement du mineur, alors que la loi de 2002 ne parle que d’avis de médecins ? Seul un pédopsychiatre devrait pouvoir remettre un avis. Ne faudrait-il pas introduire une limite d’âge comme le prévoit la loi hollandaise ? 

Enfin, je vous demande de faire en sorte qu’un avis soit demandé au Conseil d’Etat, comme ce fut le cas pour la loi de 2002.

En vous remerciant vivement de votre attention, je vous prie d'agréer l'expression de mes salutations distinguées.

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