Le buzz du pape autour de la liturgie traditionnelle (16/02/2014)

Comme nous l'avons relaté ici   La liturgie traditionnelle : une mode ? les évêques de la République Tchèque ont fait leurs visites « ad limina » à Rome  et, à cette occasion, Mgr Jan Graubner, Archevêque d’Olomouc, a interrogé le pape François au sujet de la « forme extraordinaire » de la Messe.

Dans une assez longue déclaration, ce dernier  a répondu que s'il comprenait les fidèles des anciennes générations qui souhaitent revenir à ce qu’ils avaient connu, il ne pouvait par contre pas comprendre les jeunes qui s’attachaient à cette forme :

 «  Lorsque je cherche en profondeur, je vois qu’il s’agit là d’une mode. Et s’il ne s’agit que d’une mode, il ne faut pas y porter davantage d’attention. Il est juste nécessaire de faire preuve de patience et de délicatesse avec ces personnes qui sont attachées à une certaine mode. Cependant, je considère qu’il est très important d’étudier les choses en profondeur ; car si nous ne le faisons pas, alors aucune liturgie, qu’elle soit dans cette forme ou dans une autre, ne pourra nous sauver ».

La liturgie, une simple affaire de mode, vraiment ? sur son site « Pro Liturgia », Denis Crouan (lui-même cependant adepte de la nouvelle forme de la messe) rétorque :

« Lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires, Mgr Bergoglio a dû recevoir la Lettre que Benoît XVI avait envoyée à tous les évêques pour leur expliquer le sens du motu proprio « Summorum pontificum ». Or dans cette Lettre se trouve un passage qui explique pourquoi des fidèles de tous âges se sont tournés vers la liturgie ancienne qu’on appelle « forme extraordinaire » du rite romain : « Cela s’est produit - écrit Benoît XVI - avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel ; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité ; cette créativité a souvent porté à des déformations de la liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise »

Ref.http://proliturgia.pagesperso-orange.fr/actu.html

Le professeur Luc Perrin (faculté de théologie de Strasbourg), lui, ne met aucune forme, c’est le cas de le dire, dans son appréciation de la « sortie » pontificale contre la messe traditionnelle :  

« Ce qui est manifeste dans cette réponse est l'aveu d’une totale incompréhension de la part du pape régnant des jeunes générations qui aiment la liturgie en forme extraordinaire non tant par effet de mode, et si c'était le cas il faudrait les encourager car voilà une belle "mode", mais d'abord et avant tout car ils prennent au sérieux les exigences de la foi : curieusement ce que le pape leur demande de faire,  tout en les méprisant ainsi en public quand ils le font ... [on se souvient de la moquerie envers le petit clerc qui pieusement tenait ses mains jointes] . C'est bien une caractéristique des catholiques "mode 1970" de ne pas comprendre ... les signes des temps tout en s'en réclamant constamment. 

Le pape a raison de rappeler sans cesse qu'il faut aller "au fond des choses" mais à systématiquement considérer que la messe serait une "mode", que les formes liturgiques sont sans importance - c'est le message implicite de sa dernière phrase - on tombe dans une version bisounours du christianisme qui est pour le moins déconcertante et en nette rupture avec tous les papes, je dis bien tous, qui l'ont précédé. »

Ref. http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=744324

Allez, c’est reparti pour un tour. Et si, au lieu de les provoquer, on laissait tranquilles les adeptes de chacune des deux formes légitimes de la messe romaine ? La guerre des deux roses a duré près de cinquante ans. Malgré les efforts de Benoît XVI, celle des deux messes risque de perdurer bien plus longtemps. Surtout si l’on verse maladroitement de l’huile sur le feu.

 JPSC

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