Cynisme et barbarie accompagnent l'élan irrésistible du Boko Haram (01/11/2014)

Lu sur le site du Monde (Jean-Philippe Rémy) :

L’onde de choc des conquêtes de Boko Haram

La peur dans son corps, la douleur dans ses membres, dit-elle, « refusent de la quitter ». Mais cette jeune femme originaire du sud du pays, chrétienne, réalise peu à peu à quoi elle a réussi à échapper en parvenant à s’évader de Mubi, la ville du nord-est du Nigeria prise par les hommes de Boko Haram mercredi. Jointe au téléphone à son arrivée à Yola, capitale de l’Etat nigérian d’Adamawa, elle raconte la journée passée dans la ville sous contrôle de Boko Haram : « Ils ont commencé à faire du porte à porte dans le quartier (proche de l’université de l’Etat où des centaines d’étudiant ont été pris au piège). Ils criaient, donnaient des ordres. Ils disaient aux hommes et aux femmes de se séparer. Ils voulaient que les chrétiens se convertissent tout de suite (à l’islam). On entendait des coups de feu, des cris. Ils se sont arrêtés à la nuit. » A l’aube, elle a pris la route, « avec juste mon pantalon, ma chemise et mes chaussures aux pieds. » Il a fallu marcher des heures, se cacher, éviter les patrouilles de Boko Haram aux alentour de la ville où ils se sont matérialisés en force.

Au terme d’une marche forcée, elle a réussi à atteindre un village et à y louer à prix d’or les services d’un moto-taxi, qui l’a emmenée jusqu’à Gombi, à cinquante kilomètres de Mubi. C’est là que l’essentiel des militaires en fuite se trouvent à présent, dans une « désorganisation stupéfiante » selon une source sur place. Le premier réflexe des soldats a été d’y renforcer… les nombreux check points qui paralysent un peu plus la circulation des personnes déplacées. Et où le racket prospère. Une bonne source analyse : « Si Boko Haram attaque Gombi, ils prendront cette ville sans la moindre difficulté. »

Boko Haram nie tout accord de cessez-le-feu et de libération des otages. Dans une vidéo obtenue hier par l'AFP, le groupe islamiste accuse les autorités nigérianes de mensonge alors que ces dernières avaient annoncé, mi-octobre, avoir conclu un accord avec Boko Haram. Le chef du groupe islamiste, Abubakar Shekau, affirme aussi que les 219 lycéennes enlevées en avril dernier à Chibok, dans le nord-est du Nigeria, ont toutes été converties à l'islam et mariées. C'est la première fois qu'il évoque leur sort, même si l'on ignore où et quand la vidéo a été tournée. Selon un rapport de Human Rights Watch publié cette semaine, Boko Haram détiendrait plus de 500 femmes et jeunes filles. Shekau dit aussi détenir un ressortissant allemand enlevé en juillet également dans le nord-est. Le gouvernement nigérian continue de son côté à affirmer que des pourparlers sont en cours au Tchad voisin.

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