Art contemporain ou Art comptant pour rien ? (02/01/2015)

De Joseph Junker sur Speculooz :

Art contemporain ou Art comptant pour rien ?

L’art et la culture sont une composante essentielle de ce que nous sommes. Imaginons un instant ce que serait un monde sans art , sans couleurs, sans couleur, sans musique, sans peinture etc… Voilà qui serait pire que la pire des prisons.

Peu importe la raison pour laquelle nous avons été placés en ce monde et par qui, il est un fait que tous nous avons tous en nous ce désir et ce quête du beau. Force est hélas de constater que l’Art contemporain déçoit l’Homme moderne dans cette quête du beau et que sous couvert de « géniales » intuitions les pires inepties sévissent depuis longtemps là même où elles devraient nous élever.

En 1917 déjà, Marcel Duchamps apposait son nom à la photo d’un urinoir, prétendant haut et fort que, puisque telle est sa volonté et au nom de sa démarche, ladite photo était une œuvre d’art.

Dans une société artistique saine d’esprit, une telle provocation n’aurait jamais dépassé les oubliettes du temps, comme une démonstration par l’absurde du fait que non, on ne peut faire de l’art avec n’importe quoi. Dans la nôtre, elle est au contraire devenue la pierre angulaire d’une grande partie de l’art conceptuel et contemporain. Désormais l’intention artistique est l’excuse de la médiocrité, l’avant-gardisme est l’excuse de la nullité et la provocation celle de l’indigence idéologique.

Il faut avoir le courage et le bon sens de dénoncer ces fumisteries qui n’apportent rien à l’humanité et qui à force d’abuser des concepts d’art et de liberté d’expression, finissent par les détruire. Car tant que nous ne le ferons pas, l’art contemporain continuera à ne produire que de trop rares atolls de créativité et de bon-goût dans un océan d’inepties. Lesquelles inepties d’ailleurs, ne sont la plupart du temps que des tentatives avérées de choquer le bourgeois, que la critique s’empresse d’encenser et les mécènes fortunés de noyer sous leurs dollars spéculatifs.

Hélas, trois fois hélas, voilà que ce sont précisément ces fumisteries qui guident la politique culturelle et sont même grassement subsidiées par les pouvoirs publics. Qui ne se souvient des déclarations de Jack Lang, alors ministre de la culture de la république Française, élevant les graffitis au niveau du sourire de la Joconde ?

On a pu en voir une conséquence dramatique il y quelques mois avec l’inepte « sapin de noël » de la place Vendôme, ou encore cet autre « splendide » sapin de noël qui défigura la Grand-Place de notre capitale il y a quelques hivers, expérience psychédélique que les pouvoirs municipaux se gardèrent bien de répéter, à la satisfaction générale tant des citoyens que de l’échevin des finances de la ville de Bruxelles. On ne peut d’ailleurs aussi manquer de se rappeler de cette mémorable exposition qui vit un homard en plastique gonflable de plusieurs mètres exposé dans la galerie des glaces du château de Versailles, exposant par là en un raccourci absurde et saisissant où mène 100 ans de corruption de l’art par l’idéologie : la nullité désormais s’expose, elle coûte très cher à la collectivité** et défigure un haut lieu du classicisme français. Quant aux masses abêties, elles sont priées de s’extasier pour leur édification personnelle.

On peut aussi et surtout se demander quel est la finalité de cette gabegie subsidiée par les deniers publics. L’art est, n’oublions pas, un puissant vecteur pour façonner la société, et l’histoire est là pour nous montrer que la totalité des régimes politiques (y compris démocratiques) l’ont utilisé en ce sens. On peut donc dès lors légitimement s’interroger sur le but recherché par cette politique. Cette sous-culture est-elle le reflet de l’abêtissement souhaité ou effectif de nos sociétés occidentales ? Est-elle le témoin d’une manipulation idéologique de la culture et à travers elle de la société, ou le fruit d’une culture occidentale qui a laissé tomber son ambition pour s’enticher de la vacuité du matérialisme ?

En tout état de cause, on peut attirer l’attention sur ses dramatiques conséquences : Le citoyen à qui l’on a dérobé sa culture se voit bien démuni par la nullité de l’esthétique qui lui est désormais présentée. Notre culture occidentale titube comme saoule d’un bout à l’autre de la rue, fate d’une glorieux passé dont elle n’est plus qu’un pâle reflet, réduite à sa plus simple expression à force d’en gommer tout relief et tout ce qui lui donne du sens. Or il n’est point possible de savoir qui l’on est sans posséder de culture digne de ce nom. Et sans savoir qui nous sommes, il nous sera bien impossible de comprendre qui est l’autre. Comment ne pas y voir une cause du désarroi de l’homme moderne face à la multiculturalité ? Comment croire possible qu’en vidant de sa substance ce qui nourrit ce que nous sommes, nous puissions désormais rencontrer joyeusement les multiples identités souvent riches et fortes (musulmanes, animistes, asiatiques, etc…) que nous croisons de plus en plus souvent dans notre pays ? Et comment surtout donner à ces dernières l’envie de partager avec nous au moins une partie de cette culture qui est la nôtre ?

Il n’est donc guère étonnant de voir cet homme moderne se tourner vers les réponses toutes faites du racisme et de la violence, pas plus qu’il n’est étonnant de voir ces cultures étrangères ne point vouloir s’acculturer à une culture occidentale qui a cessé son ambition d’être. On en a en effet tant lissé les aspérités qu’elle n’offre plus aucune prise et glisse entre les doigts de quiconque s’aviserait de vouloir la saisir pour la connaître, à plus forte raison de s’en nourrir. Il serait urgent que pouvoirs publics et artistes arrêtent leurs coûteuses chimères, pour se saisir de ce problème et se remettre à la tâche qui est la leur : enchanter nos vies et à les interpeller, avant tout en créant du beau, du vrai, du bon !

Soyons de bon compte, tout ceci a quand-même un bon côté : je puis désormais avec un regard neuf contempler les esquisses témoignant du talent incompris et tourmenté de Johannes, mon fils de 2 ans.

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**Notons quand-même, maigre consolation, que cela coûte aussi très cher aux collectionneurs privés : l’auteur de ce splendide non-sens n’est autre que Jeff Koons, l’un des artistes les mieux cotés du monde. Preuve que l’argent ne suffit pas à acheter le bon goût, et que les empereurs d’aujourd’hui ne sont pas moins vulnérables que ceux d’hier aux escrocs vendant de l’air frais comme de somptueux habits.

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