Les chrétiens du Niger doivent mourir (28/01/2015)

NIGER : « les chrétiens doivent mourir », dixit Boko Haram

Le groupe islamique terroriste Boko Haram veut massacrer tous les chrétiens du Niger. C’est ce que nous écrit une missionnaire dans un courrier électronique très percutant. La religieuse a du fuir avec sa congrégation à Niamey, suite aux violentes attaques contre Charlie Hebdo qui ont eu lieu entre le 16 et 18 janvier, provoquant la mort de 10 personnes et la destruction de plus de 40 églises. Témoignage (pour des raisons de sécurité, nous gardons son nom anonyme).

Selon la religieuse, les protestations violentes « ont été planifiées », écrit-elle. « À Noël, Boko Haram voulait incendier toutes les églises du Niger et nous brûler vifs ! » Mais pour une raison inconnue, ça n’a pas eu lieu. Personne ne sait pourquoi. La coïncidence avec les dessins de Charlie Hebdo a mis le feu aux poudres. « Les chrétiens doivent mourir, ainsi, nous pourrons aller au ciel, expliquent les disciples de Boko Haram. Diabolique. Mais nous ne nous laissons pas diriger par la peur. L’amour est plus fort que la haine ». En plus des caricatures sur Mohammed, prophète de l’Islam, la « crise sociale au Niger » est aussi l’une des raisons de ces cruelles manifestations, écrit-elle.

«  Ils n’ont plus rien, rien que leurs vies, et c’est assez pour être satisfaits. »

Dans son message électronique intitulé « paix », la sœur relate ce qui s’est passé : « Ça a commencé à Zinder : 5 morts. 4 dans l’église et le cinquième dans un bar. Le centre culturel français a été attaqué, complètement brûlé ainsi que la banque BRS. L’église où vivent les Pères blancs et les Sœurs de l’Assomption a également brûlé, ainsi que leur maison, voitures et l’école : tout a été brûlé. Ils n’ont plus rien, rien que leurs vies, et c’est assez pour être satisfaits. Ils ont pu fuir à temps et se cacher dans un camp militaire. Ils ont tout perdu, mais ils sont vivants ». À Niamey, déclare la sœur, il y a eu des explosions de violence « à grande échelle ». Elle décrit comment un groupe d’hommes à moto a commis des vols dans « les églises, les unes après les autres », puis les a détruites et brûlées. « Ils ont emporté tout ce qu’ils pouvaient utiliser, puis ils ont mis le feu avec des bidons d’essence. » Les églises protestantes et évangéliques ont également été incendiées. « Au total, une quarantaine d’églises, c’est incroyable ! » Mais des bars, restaurants et stations d’essence ont aussi été volés et brûlés. Puis ils se sont mis à attaquer les orphelinats. « Heureusement, il a été possible d’emmener les enfants auprès de la police, là où ils étaient en sécurité, mais ils ont vidé les stocks alimentaires », écrit la sœur. Selon la sœur missionnaire, les sœurs de Mère Teresa ont pu sauver un hôpital avec ses malades. Les manifestants violents voulaient mettre le feu à l’hôpital, mais les sœurs leur ont courageusement demandé : « Pouvons-nous d’abord emmener les patients avant que vous ne mettiez le feu ? Ces paroles ont touché les rebelles, c’est pourquoi ils n’ont pas touché à l’hôpital, même s’ils ont brûlé son église. »

L’histoire de la religieuse continue : « Quand l’évêque a entendu que les 2 communautés de sœurs avaient été attaquées, Mgr Laurent a appelé toutes les communautés de religieuses pour leur dire de s’enfuir et de chercher refuge immédiatement. Nous avions déjà reçu des appels préoccupés d’amis musulmans qui nous avaient dit : « Venez avec nous, ne restez pas dans le quartier populaire où vous vivez ». On ne sait jamais, avec ces bandes. « Une autre sœur et moi avons fui à la chapelle pour consommer le Saint-Sacrement, parce qu’ils veulent aussi brûler les Tabernacles. Nous avons tout mis sous clef, dans l’espoir de pouvoir retrouver la fraternité ».

« Non, désormais le Niger n’est plus tranquille.»

Elles ont rassemblé tout ce qu’elles pouvaient en peu de temps. « Une des missionnaires venait de rentrer de Pologne, et n’avait pas encore touché à ses valises, mais nous avons dû fuir immédiatement. Quel choc pour elle ! Les voisins sont venus nous dire au revoir, avec les larmes aux yeux, et nous avons confié la clé de la maison à l’un d’entre eux. Une famille du Moyen-Orient nous a accueillis, comme ces gens de cette région peuvent le faire. En chemin, nous avons vu une église protestante complètement brûlée. Non, incroyable et tout ça dans un Niger si tranquille… Non, désormais le Niger n’est plus tranquille. Nous sommes maintenant en sécurité en vivant avec une famille. Nous prions, nous faisons silence, nous répondons à de nombreux appels téléphoniques de personnes préoccupées et d’autres sœurs. Dimanche, nous ne sommes pas allés à l’église, mais ce soir, deux prêtres sont venus dire la messe dans une petite pièce. Emouvant, ce n’était pas prévu. Dieu ne nous abandonne pas. C’est un baume pour nos cœurs, et notre foi grandit. »

« Nous essayons de ne pas nous laisser emporter par la violence ou la peur. Personne ne sait ce que nous réserve l’avenir. J’espère qu’il sera plus serein et que nous pourrons retourner à la fraternité ». Enfin, la sœur missionnaire demande notre prière pour la situation au Niger : « Priez pour nous, pour notre peuple, pour le monde. Que la lumière de l’Amour de Jésus puisse rayonner. »

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