Le pape veut-il donner plus de pouvoir aux conférences épiscopales ? (01/04/2015)

Extrait d’une réflexion de Marie Malzac sur le site de « La Vie » :

 […] « Dans son encyclique  [sic] Evangelii gaudium, le pape affirme à ce sujet : « Le Concile Vatican II a affirmé que, d’une manière analogue aux antiques Eglises patriarcales, les conférences épiscopales peuvent "contribuer de façons multiples et fécondes à ce que le sentiment collégial se réalise concrètement". Mais ce souhait ne s’est pas pleinement réalisé, parce que n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujet d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique. Une excessive centralisation, au lieu d’aider, complique la vie de l’Eglise et sa dynamique missionnaire ».

Interrogé par Famille Chrétienne sur la possibilité de déléguer certaines décisions doctrinales ou disciplinaires aux Conférences épiscopales, le cardinal Gerhard Ludwig Müller semble prendre le contrepied de ces affirmations : « C’est une idée absolument anticatholique, qui ne respecte pas la catholicité de l’Église. Les conférences épiscopales ont une autorité sur certains sujets, mais ne constituent pas un magistère à côté du Magistère, sans le pape et sans la communion avec tous les évêques. »

Canoniquement, l'évêque, en tant que successeur direct des apôtres, est maître dans son diocèse, mais les conférences épiscopales, sans aucune valeur sacramentelle, ne remplissent qu'une fonction purement technique, organisationnelle.

Fédéralisme vs. universalité ?

Très récemment, la Conférence des évêques allemands a présenté un rapport issu d'un groupe de travail interne sur la pastorale familiale, dans lequel est évoquée la possibilité de donner la communion à des couples divorcés remariés après un chemin de pénitence. Sans attendre les conclusions du Synode qui doit se tenir à l'automne au Vatican. Au cours d'une conférence de presse, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Conférence a ensuite déclaré : « Nous ne sommes pas une filiale de Rome ».

« Entendre dire qu’une conférence épiscopale n’est pas une "filiale de Rome" me donne l’occasion de rappeler que les diocèses ne sont pas non plus les filiales du secrétariat d’une conférence épiscopale, ou d’un diocèse dont l’évêque préside la conférence épiscopale », rétorque le cardinal Müller. Et d'insister : « Ce genre d’attitude risque en fait de réveiller une certaine polarisation entre les Églises locales et l’Église universelle, dépassée lors des conciles Vatican I puis Vatican II. L’Église n’est pas un ensemble d’Églises nationales, dont les présidents voteraient pour élire leur chef au niveau universel ».

Ce n'est pas un hasard si ce débat est avant tout porté par des prélats allemands, issus d'un pays fortement marqué par le protestantisme. Les échanges par médias interposés entre les cardinaux Marx et Müller n'est pas sans rappeler le même débat entre le cardinal Walter Kasper et le cardinal Joseph Ratzinger, au début des années 2000.  Le futur Benoît XVI défendait une vision de l'Eglise universelle comme « une réalité ontologiquement et chronologiquement préalable à tout Eglise particulière singulière », une vision critiquée par celui qui était alors secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens (il en est devenu président par la suite), défenseur de l'idée d'un primat des Eglises locales.[…]

La volonté du pape François de donner un rôle plus important au Synode des évêques et aux conférences épiscopales doit certainement se lire dans une optique oecuménique, en évoluant sur la conception théologique du primat de Pierre. C'est sur cette question que planche notamment le Conseil des huit cardinaux. La nouvelle constitution devrait aller dans le sens d'une redéfinition des prérogatives et des relations hiérarchiques entre les différentes entités ecclésiales. Mais il n'y a pas de solution toute faite. François l'a rappelé à plusieurs reprises, il faut chercher des « voies »,en « cheminant ensemble, le pape, les évêques, le peuple ».

Ref. Le pape veut-il donner plus de pouvoir aux conférences épiscopales ?

 

Ni le pape, ni les évêques n’ont évidemment le pouvoir de changer ce que le Christ lui-même a établi en confiant son Eglise à Pierre et aux Apôtres : comme le rappelle judicieusement la lettre apostolique  « Apostolos suos » de Jean-Paul II  (21 mai 1998), il en résulte notamment que  « les évêques ne peuvent pas, de manière autonome, ni personnellement ni réunis en Conférence, limiter leur pouvoir sacré au bénéfice de la Conférence épiscopale, et moins encore d'une de ses parties, que ce soit le conseil permanent, ou une commission ou le président lui-même ».

JPSC 

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