L'implication militaire russe fait bouger le dossier syrien (25/09/2015)

De P. JM. Robinne sur ihsnews.net :

L’entrée de la Russie dans le conflit fait enfin évoluer les positions occidentales en Syrie

Les choses semblent enfin évoluer en Syrie. Il faut dire que depuis le lancement de la grande coalition menée par les Etats-Unis, les choses n’avançaient guère… Il aura fallu attendre l’entrée de la Syrie dans l’arène pour que les positions bougent. Certes il ne s’agit pas de retournement, mais souvent en diplomatie ou en politique, il suffit d’un léger flottement pour que les lignes arrivent enfin à bouger. Ainsi, les dernières prises de position du secrétaire d’État étasunien, John Kerry, et du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, concernant la situation en Syrie reflètent la nouvelle orientation de l’Occident au niveau du projet de règlement de la crise syrienne. Le secrétaire d’État US a affirmé que Washington et Moscou partagent les mêmes points de vue concernant les clés de la solution en Syrie ; sauf qu’un différend essentiel oppose les États-Unis et la Russie : le soutien étasunien à Bachar al-Assad est impossible. En revanche, les Etats-Unis acceptent aujourd’hui de composer avec Bachar, puisqu’à leurs yeux, composer n’est pas soutenir…Détail, langage diplomatique, peu importe en fait tant que les lignes évoluent vers une solution. De son côté, Laurent Fabius a précisé que Paris ne réclamera pas le départ du président syrien comme condition préalable aux pourparlers de paix. Mais il a souligné sur ce plan, qu’une solution diplomatique nécessite la mise en place d’un gouvernement d’union nationale regroupant des membres du gouvernement d’Assad, et ce, pour éviter la réédition du scénario de l’effondrement irakien.

Immanquablement, l’implication militaire russe en Syrie a fait bouger le dossier syrien. Elle a aussi mis sur le tapis la formule d’une solution pacifique.

Selon certains observateurs, l’implication russe en Syrie a pour objectif de prévenir la chute du régime d’Assad, après l’élargissement de la zone de contrôle de l’opposition (sous toutes ses formes), et le blocage par l’EI de la route Damas-Alep. Les craintes que la capitale soit encerclée sont d’ailleurs grandes, après que les combattants du Hezbollah aient échoué à protéger le régime, et à l’aider à reprendre le contrôle des positions conquises par l’opposition. Les membres des gardiens de la révolution ont eux aussi non seulement failli à protéger le régime, mais également la capitale syrienne.

Certaines sources semblent indiquer que l’engagement russe en Syrie a été discuté entre des responsables russes et le général iranien Qassem Suleimani, commandant de la Brigade al-Qods, lors des deux récents déplacements de ce dernier à Moscou.

L’intervention russe, qui a pour objectif de paver la voie à un règlement, a stratégiquement (et probablement d’un commun accord) marginalisé le rôle de l’Iran et du Hezbollah. En effet, compte tenu du veto arabe et sunnite, tant de la part de l’Arabie saoudite que de la Turquie, Moscou et Téhéran ont probablement jugé cette option préférable puisqu’elle laisse l’Arabie et la Turquie hors du jeu, les deux pays ayant exigé d’être de la partie, au cas où l’Iran serait amené à jouer un rôle quelconque dans les pourparlers.

L’objectif de l’initiative russe était donc, entre autres, d’écarter toute participation des principaux soutiens aux djihadistes que sont la Turquie, l’Arabie saoudite, et d’instaurer ainsi un climat propice à l’entente. Une force militaire de tutelle serait alors dépêchée sur place. Elle verrait notamment la participation de l’Égypte. La réussite de cette initiative réside dans la confiance du régime syrien envers la Russie. Elle est aussi bien accueillie par l’opposition que la Russie a tenté d’unifier. Certains observateurs politiques affirment de plus que l’implication russe en Syrie vise à redonner confiance aux minorités, notamment alaouites et chrétiennes, un rôle salué par le Vatican. Des sources diplomatiques ne manquent pas d’assurer, de leur côté, que la présence russe sur le littoral n’entraînera pas une partition de la Syrie, pas plus qu’elle ne créera l’État alaouite ou l’État côtier. Répondant aux craintes arabes et même occidentales de la présence militaire russe en Syrie, des cercles diplomatiques font part d’une communication militaire entre les États-Unis et la Russie sur le dossier. Ces cercles évoquent aussi la visite à Moscou du Premier ministre israélien, dont nous avons déjà parlé.

Selon un ancien responsable sécuritaire, le projet de règlement des crises dans la région est sur les rails, à commencer par le conflit syrien. Autrement, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, n’aurait pas révélé les noms des formations qui prendront part aux discussions. Les semaines à venir devraient permettre de voir émerger quelques signes positifs, conséquence de l’avancée des négociations qui se dérouleront notamment à New York, en marge de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies.

http://www.ihsnews.net/lentree-de-la-russie-dans-le-conflit-fait-enfin-evoluer-les-positions-occidentales-en-syrie/#sthash.PdUdvMPn.dpuf

Lire également : 10 points-clés sur la Russie, la Syrie et le Moyen-Orient

11:36 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |