Proximus TV délaisse KTO TV et crée une polémique (19/03/2016)

Lu sur le site de « La Libre » sous la signature G. Woelfle (ST):

"Les dirigeants de la chaîne de télévision catholique francophone KTO n’ont pas le sourire. Ils ont appris en janvier dernier que leur chaîne ne serait plus diffusée à partir du 30 avril prochain sur Proximus TV, après cinq ans de diffusion . Jacques Galloy, administrateur de KTO et Philippe le Hodey, président de la chaîne, refusent d’accepter cette décision "unilatérale sans concertation" . Si elle est parfaitement légale par rapport aux contrats, elle aurait mérité une concertation d’après de la chaîne. "On a bien été reçus par les responsables des achats de contenus de Proximus mais la décision était prise bien avant cette discussion." Et le "câblo" ne reviendra pas sur cette décision nous confirme le porte-parole de Proximus TV. "On est conscient de, peut-être, décevoir une partie de nos clients. C’est un choix purement commercial dans un marché très concurrentiel et KTO TV ne captait pas une assez grosse audience pour qu’on puisse les garder dans notre catalogue qui est limité."

Conséquence : la couverture belge de la chaîne catholique passerait de 50% des Belges reliés au câble à seulement 10%. Pas de panique pour autant, car KTO TV possède toujours une diffusion via son site Internet mais aussi une présence internationale large. Cent trois millions de catholiques francophones dans cinquante pays du monde peuvent accéder à la chaîne catholique via différents câbles et satellites. Et lorsque l’équipe dirigeante compare sa présence en France à celle en Belgique, une pointe d’amertume apparaît. "En France, tous les câblo-opérateurs nous diffusent sans problème : Orange, SFR, Bouygues et Free. En Belgique, Voo ne nous diffuse pas pour l’instant et donc bientôt, Proximus ne le fera plus non plus."

"L’enjeu, c’est le pluralisme"

Mais l’enjeu n’est pas économique rassure Philippe le Hodey,président de KTO TV. La chaîne vit à 90% de donations privées provenant de téléspectateurs. Les cinquante-quatre équivalents temps plein ne sont donc pas menacés. "L’enjeu, c’est le pluralisme, la liberté d’expression et la protection des minorités en Belgique." Si la décision de Proximus est prise, la chaîne catholique s’est mobilisée via une pétition en ligne… dans l’espoir d’être diffusé prochainement par Voo ? "La pétition sera remise au Premier ministre, Charles Michel, car Proximus et Voo, qui nous refusent l’accès, sont tous les deux détenus par les pouvoirs publics." (NdlR : Proximus par l’Etat fédéral, Voo par les communes).

 

Après son lancement, la pétition en ligne enregistrait déjà près de 6.000 signatures dont celles de Jozef De Kesel (primat de Belgique) et d'évêques, Eric-Emmanuel Schmitt (écrivain), des politiciens et des ministres d’Etat. On notera que toutes les religions et de toutes les tendances philosophiques sont représentées parmi les signataires: comme le Grand Rabbin de Bruxelles Albert Guigui, le President du Rassemblement des musulmans de Belgique Salah Echallaoui, le President du Consistoire des juifs de Belgique Philippe Markiewicz, le professeur de philosophie des religions à l'ULB Baudouin Decharneux, Philippe Maystadt, Catherine Fonck et Francis Delperée, le Président de l'Executif des musulmans Noureddine Smaili ou des scientifiques tels que Dirk Frimout.

Si la chaîne catholique s’éteindra le 30 avril prochain sur Proximus TV, les dirigeants de KTO se tournent vers les autres câblo-opérateurs, Voo, Telenet et Mobistar. Ils entendent valoriser leur expertise dans le champ religieux, catholique et dans l’analyse sociétale. Une recette qui avait valu à KTO de larges audiences après les attentats de Paris, lorsque le temps en était venu à l’analyse.

La pétition est consultable à l’adresse : http://chn.ge/1UHnN4q ».

Ref.Proximus TV délaisse KTO TV et crée une polémique

La finalité  d’un service public a en effet une dimension qui dépasse le critère de la rentabilité ou de l’audience de type commercial. Proximus-Belgacom est un service public. La question du relais de KTO doit être posée sur le plan politique : aux ministres compétents et ensuite, en tant que de besoin, dans un débat parlementaire. Nous n’attendons pas de l’Etat  qu’il se proclame laïc ou neutre,  mais qu’il soit réellement pluraliste. Les politiciens qui ont signé cette pétition (et les autres) assumeront-ils leur rôle ? 

JPSC    

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