Egypte : la persécution des Coptes ou la mise en oeuvre d'une idéologie de haine et de violence (08/10/2016)

D'Adel Guindy, juriste international, sur le site eecho.fr :

Persécution des Coptes, idéologie de haine et de violence

L’étendue des attaques anti-coptes

Depuis trois décennies, les Coptes ont vécu sous la persécution de l’ère Moubarak, au cours de laquelle ils ont subi plus de 1500 agressions. Pendant le règne des Frères musulmans (FM), les attaques sont devenues plus barbares, et depuis la chute de leur gouvernement, les Coptes ont payé le prix cher du conflit en cours.

  • Dans la période difficile, sous la présidence du Frère Musulman Mohammed Morsi (juin 2012- juillet 2013), les Coptes ont vu le retour des graves persécutions de leur longue histoire. L’ancien guide des Frères musulmans, Mohammad Mahdi Akef , a déclaré dans une conférence publique : « Il n’y a pas de droits pour les Coptes, sauf ce qui a été indiqué dans le Coran » – en référence au statut de dhimmi-s qui doivent payer la jiziyah [qui est un droit de vivre]. Ce Guide a précisé qu’il n’y a pas de droit à la citoyenneté dans un État gouverné selon la charia. En outre , les dirigeants FM ont déclaré à plusieurs reprises que si les Coptes ne veulent pas vivre dans un État islamique , ils ont toujours un « quatrième option » : quitter l’Égypte [les trois autres étant : renier sa foi, payer aux musulmans la jiziyah, ou mourir].
  • Les Coptes sont soumis à une guerre d’usure. Pas un jour ne passe sans qu’un Copte ne soit tué, une fille copte enlevée , ou un bien de Coptes détruit ou volé . Plus de 500 coptes ont été tués dans des incidents séparés, depuis le 25 Janvier 2011 – c’est-à-dire depuis la révolution – et près de 500 jeunes filles coptes ont disparu.
  • Plus de 100 églises et institutions chrétiennes ont été brûlées ou détruites dans la même période, dont 80 qui ont été détruits le 14 août 2013 après le sit-in de FM dirigé à la place Rabaaal-Adawiyaa été dissous. Ce jour-là (le « Kristallnacht » des Coptes) , une attaque de grande envergure a eu lieu de la part des partisans des FM. En plus, 390 habitations privées coptes ont été attaquées, vandalisées ou incendiées. Parmi les destructions des Islamistes, on compte un monastère vieux de 1400 ans dans Dalga, au Gouvernorat de Minya, et une église vieille de dix siècles.
    Pire encore, huit mois après ces attaques, et malgré des «promesses» de l’armée à reconstruire les églises détruites ou endommagées, une seule église est signalée en réels travaux de reconstruction. Comme un signe d’humiliation ultime, les Coptes sont invités à donner de l’argent pour réparer les dégâts, parce que l’État « n’a pas le budget pour faire le travail »!

egypte_carte-des-destructions-islamistes_14-08-2013

 

La persécution persistante

Ce n’est pas le lieu d’examiner l’histoire de Coptes sous le règne islamique depuis l’an 642, et la façon dont ils ont été traités comme des dhimmi-s, placés devant le choix (s’ils ne voulaient pas se convertir à l’Islam), de vivre dans la soumission et payer la jiziyah (abolie seulement en 1855) ou d’être tués par l’épée. Je vais me concentrer sur les quelques dernières décennies.

Depuis l’époque de l’ancien président Sadate, l’État égyptien a participé à de nombreux crimes commis contre les Coptes, par négligence ou même complicité directe. L’absence de justice, et l’impunité pour les auteurs, sont les principales caractéristiques de tous les crimes commis contre les Coptes . Depuis la chute de la règne des Frères, le 3 Juillet 2013, l’État égyptien a prétendu protéger les Coptes des Frères, mais la réalité est que les politiques suivies au cours de l’ère Moubarak sont toujours en vigueur.

o Pouvez-vous imaginer si la langue et la littérature française étaient enseignées à travers des textes bibliques presque exclusivement !

o En matière de statut de famille (adoptions et héritages), les Coptes sont soumis à des règles de la charia, celle-ci étant la loi dominante sur tous.
o Des crimes odieux restent impunis sous des prétextes ridicules et odieux. Par exemple, les viols suivis par un mariage forcé. Le prétexte serait que la femme s’est « convertie » à l’islam.

L’idéologie de la haine

Derrière les attaques répétées par des « foules », on trouve les sermons de haine tenus par des prédicateurs islamiques. Ainsi, le leader salafiste Yassir Burhami et ses collègues annoncent leur haine pour les chrétiens sur les chaînes satellitaires et dans les mosquées : ils affirment que la haine contre les chrétiens est synonyme d’amour pour Dieu ; selon leur propre expression, il faut avoir « la haine en Dieu ».

Sheikh Burhami affirme, sur une vidéo, que même si un musulman épouse une chrétienne ou juive (ce qui est autorisé par l’Islam), il doit encore détester sa femme parce qu’elle est mécréante. Interrogé lors d’une conférence, Burhami a expliqué :

Qu’est-ce qui doit être fait ?

o où la religion est séparée de la politique et maintenue dans le domaine du droit de l’individu,
o où l’État et le domaine public soient neutres vis-à-vis les religions.

o La charia, en substance, permet non seulement à la longue histoire de la persécution des coptes de continuer, mais ne peut que l’accentuer à l’avenir.
o La charia met clairement les « croyants » (= les musulmans) au-dessus des « mécréants », et les hommes au dessus des femmes. En outre, la charia limite drastiquement la liberté de croyance (pensons à l’apostasie) et la liberté de pratique religieuse pour les non-musulmans.
o En d’autres termes, la charia est intrinsèquement discriminatoire, et l’adoption de lois sur la base de la charia (ou compatibles avec elle) conduit inévitablement à un système à deux vitesses dans lequel les non-musulmans (et les femmes) sont des citoyens de seconde zone.

o La Constitution de 2012, écrite par les Frères et les salafistes (avec la collaboration d’Al-Azhar !), aurait établi un état théocratique en Égypte.
o La Constitution (modifiée) de 2014 est un meilleur document ; elle présente des points liés à l’amélioration des droits et libertés. Toutefois, ceux-ci doivent être inscrits dans des lois et être mis en pratique par des politiques.

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