Poser un regard critique sur les évidences du moment... (24/11/2016)

Extrait de la chronique d'Eric de Beukelaer ("Le temps est supérieur à l'espace") parue dans la Libre (p. 45) de ce jour :

« Je reste consterné par la pauvreté intellectuelle de l’argument soi-disant progressiste qui m’est régulièrement servi dans des débats éthiques : " On vit tout de même au XXIe siècle ! " Je réponds à chaque fois : "Et alors ? Cela n’interdit pas de poser un regard critique sur les évidences du moment. Ce qui semble naturel à une époque, n’en est pas pour la cause justifié." Heureusement donc que la raison humaine nous ancre dans un espace de valeurs qui résiste au temps et aux modes. La "spatialisation" conceptuelle peut néanmoins devenir un piège : si je confonds le mental et la réalité, j’en viens à considérer l’existence comme la reconquête d’un espace idéal et figé, que le temps dégrade. Ce fut le cas du philosophe Platon et de ses émules. C’est aussi la réaction des traditionalistes de tous genres - religieux ou politiques. Ils pleurent le "bon vieux temps" et tout changement leur paraît une perte. Pour eux, le temps devrait s’arrêter et la morale être de marbre. C’est ici que la réflexion du Pape prend tout son sens : "le temps est supérieur à l’espace". Le temps rythme l’écoulement de la vie. L’humain est temporel. Seul un cadavre cesse de vieillir et donc d’évoluer. En morale, cela signifie que - si notre mental classifie les actes humains, en distinguant les actions bonnes et mauvaises - le sujet concret est un pèlerin, un voyageur qui prend du temps pour se trouver. Ainsi, le chrétien chemine en se convertissant sur les sentiers d’un Royaume présent mais futur, où rien n’est jamais acquis. Celui qui se croit arrivé a perdu le chemin. »)

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