Demander la démission du pape c'est prendre un mauvais parti (18/09/2018)

Voici une traduction publiée sur le "Forum catholique" d'un article très intéressant de Phil Lawyer publié sur Catholic Culture.org :

Le pape François devrait-il démissionner? Je dis non... mais...

Par Phil Lawyer

Le 17/09/2018

''Le pape François devrait-il démissionner? Comme mon collègue Jeff Mirus, je dis non.

Comme j'ai souvent critiqué le pape, notamment dans mon livre Lost Shepherd, je suis sûr que beaucoup de lecteurs seront surpris par ma réponse. Laissez-moi vous expliquer mon raisonnement.

1- Si la pression publique oblige le pape François à démissionner, un dangereux précédent sera établi. Son successeur entendra des appels à sa démission, dès le premier moment où il prendra une décision ou une déclaration publique qui offensera… n'importe qui. L’Eglise sera battue par des campagnes politisées pour toutes sortes de causes différentes, dont certaines ne sont absolument pas pertinentes pour la foi catholique.

2- Si le pape François démissionne alors que le pape émérite Benoît XVI est encore en vie, le monde catholique aura deux pontifes à la retraite. Benoît XVI a scrupuleusement évité de faire des déclarations publiques pouvant soulever des questions sur les politiques de son successeur. Néanmoins, des dizaines de journalistes tentent de décrire la crise actuelle dans l’Église comme une lutte entre les deux pontifes et leurs partisans respectifs. Imaginez le mal qui pourrait être créé par des combats de mandataires, réels ou imaginaires, entre deux anciens papes - l’un d’entre eux ayant des antécédents de déclarations publiques intempestives - et le souverain pontife régnant.

3- Certains partisans de la démission papale ont avancé l'argument que s'il ne démissionnait pas, le pape François trouverait son leadership sérieusement compromis en raison de la méfiance du public. Je suis désolé, mais je trouve cet argument peu convaincant. Si le pape fait la promotion de politiques dangereuses pour la foi, cela pourrait être une très bonne chose que son leadership soit affaibli et qu'il soit incapable de mener à bien ces politiques.

4- Est-ce que quelqu'un s'attend à ce que le pape François se retire en réponse à un tollé général? Y a-t-il quelque chose dans son comportement à ce jour, quelque chose dans la manière dont il a répondu aux critiques, qui suggérerait qu'il est susceptible de démissionner? Pour moi, cette perspective semble improbable. (Ici, je parle d'une démission provoquée par des protestations; il est toujours possible, je suppose, que le pape décide de démissionner pour cause de santé). À l'instar des raisons qui ont motivé les appels à cette démission, toutes les énergies actuellement consacrées aux campagnes de démission papale sont gaspillées. En fait, les éditoriaux et les pétitions sont plus susceptibles de renforcer la détermination du pape, de le rendre encore plus implacable dans le rejet des critiques, plus déterminé à ignorer ceux qui ne sont pas d’accord avec ses déclarations et ses politiques.

5- Et est-ce sain pour les catholiques (sans parler des non-catholiques) de faire pression pour la démission d'un pape? Un instinct authentiquement catholique ne devrait-il pas nous pousser constamment à prier pour le pape? Nous pourrions prier pour qu'il change d'avis, change sa politique, change son approche. Nous pourrions prier pour sa conversion. Cependant, bien que nous ne soyons pas d'accord avec lui, nous prions pour lui - pour son bien-être spirituel et celui de l'Église.

Pour moi, je ne veux pas que le pape François démissionne. Je veux qu'il se réforme, et je prie chaque jour pour cette intention.

Il y a des précédents. Le pape Pie IX a changé de cap de façon assez spectaculaire au cours de son long pontificat, au 19ème siècle, poussé par la pression des tendances politiques en Italie. Le pape Paul III avait ses défauts moraux (auxquels plusieurs de ses enfants ont témoigné), mais la montée du pouvoir protestant le persuada de convoquer le concile de Trente. J'ai donc des raisons d'espérer que le pape François, qui a accédé à la Chaire de S. Pierre, et qui a appelé à la fin d'une Église «autoréférentielle», puisse encore mener un mouvement puissant pour évangéliser le monde du XXIe siècle. Ne serait-il pas préférable pour l'Église que le pape François, au lieu de se retirer dans une retraite maussade, connaisse une conversion et conduise les fidèles dans la restauration de notre patrimoine catholique? Comme l’a récemment observé mon ami le père Raymond De Souza, «le chemin de la confession et de la contrition est ouvert au Saint-Père et à tous les acteurs - un chemin bien meilleur que la récrimination et la résignation.

Cependant, je ne suis pas d'accord avec la suggestion du père De Souza, dans ce même article, selon laquelle «il est temps de baisser la température». Je soutiens au contraire que les fidèles catholiques doivent maintenir la température, maintenir la pression pour un changement de direction au Vatican. Nous devons au pape notre soutien dans la prière. Nous lui devons également nos plaidoyers en faveur d'un soulagement.

Notre Église est en pleine crise historique, au risque de se séparer. Le Vicaire du Christ, le Pontife Romain, est ou devrait être le centre de l'unité dans l'Église. À une époque de grave désunion, nous avons besoin d'un pape qui réparera les dégâts, sans en rajouter.
À mon avis, le rôle du fidèle catholique est de rappeler au pape, chaque jour si possible, où se trouve son devoir. Et puis, de prier tous les jours si possible pour qu'il le fasse.''

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