Le pape n’a probablement pas à l’esprit le déracinement des immigrés ni les difficultés d’intégration qu’engendre une immigration de masse, surtout quand l’immigré porte une culture différente de celle du pays d’accueil.
Une donnée principale doit lui échapper, celle du nombre. Engels disait qu’« à partir d’un certain nombre, la quantité devient une qualité ». De fait, s’il est possible d’assimiler des individus ou des familles, la même entreprise devient beaucoup plus problématique avec des masses. Or, le pape néglige la question des équilibres démographiques. Il voit d’ailleurs comme un signe positif la situation minoritaire des chrétiens au Maroc car « notre mission de baptisés, de prêtres, de consacrés, n’est pas déterminée particulièrement par le nombre ou par l’espace que nous occupons ».
Dans ces conditions, pourrons-nous toujours rester chrétien demain en Europe si l’on accueille autant de migrants musulmans qui gardent leur culture et forment des poches de contre-sociétés au cœur du monde occidental ? Quelle « culture de la rencontre » pour les « petits blancs » obligés de quitter leur quartier pour ne pas subir la pression de l’islam, majoritaire dans certains pans du territoire ?
Pourrons-nous toujours rester chrétien demain en Europe si l’on accueille autant de migrants musulmans qui gardent leur culture et forment des poches de contre-sociétés au cœur du monde occidental ?
Pour celui qui considère l’Europe comme « une grand-mère fatiguée » (discours au Parlement européen, novembre 2014) et se méfie de l’invocation des racines chrétiennes qui peuvent porter en elle des relents de « colonialisme » (La Croix, interview du 19 mai 2016), « l’Europe a été formée par les mouvements migratoires et c’est sa richesse », comme il l’affirme lors de la conférence de presse tenue dans l’avion qui le ramenait du Maroc.
Pas étonnant, dès lors, qu’il prône le multiculturalisme puisqu’il ne voit aucun socle culturel commun qui unifie l’Europe. C’est peut-être là l’omission la plus grave. Certes, l’Europe est, à bien des égards, une société post-chrétienne qui a renié son héritage chrétien mais celui-ci reste ancré au cœur de sa culture. Que la culture chrétienne n’intéresse pas le saint Père, voilà qui est particulièrement préoccupant !
Si le christianisme est avant tout une relation personnelle à Dieu, il s’enracine aussi dans une culture qui forme un socle commun permettant à tous de pouvoir échanger et se comprendre quelles que soit sa religion.
Car si le christianisme est avant tout une relation personnelle à Dieu, il s’enracine aussi dans une culture qui forme un socle commun permettant à tous de pouvoir échanger et se comprendre quelles que soit sa religion. Si ce socle commun disparaissait sous la poussée de l’islam, nos sociétés deviendraient éclatées et ce serait probablement la fin de la civilisation européenne qui a porté le christianisme au cours de son histoire pendant plus de deux mille ans. Est-ce cela que souhaite le pape argentin ?