Le virus qui empoisonne l’Eglise (03/03/2020)

thumbnail (1).pngLu dans la « nieuwsletter » mensuelle de l’abbé Ralph Schmeder, responsable du service presse du diocèse de Liège : 

« Chère lectrice, cher lecteur, 

Permettez-moi un parallèle entre deux actualités des derniers jours qui ont défrayé la chronique, l’une d’ordre général, l’autre intéressant principalement les catholiques.

Un tout petit virus provoque une maladie qui fait frémir le monde entier. Le coronavirus est arrivé en Europe et sème la panique, notamment en Italie. Les bourses tremblent, l’économie est au ralenti, et, fait assez rare, même l’Eglise catholique supprime des célébrations pour ne pas exposer les fidèles à une contamination éventuelle. D’accord, il faut tout faire pour arrêter la propagation de cette maladie inconnue, la COVID-19, qui ressemble très fortement à une grippe ordinaire, avec, comme symptômes, la fièvre, la fatigue, une toux sèche, un écoulement nasal, des maux de gorge ou une diarrhée. En même temps, aucune comparaison avec d’autres épidémies bien plus meurtrières comme l’Ebola où la moitié des personnes infectées décèdent alors que, pour le coronavirus, on est actuellement à 3 % de décès ! D’ailleurs, certaines personnes, bien qu’infectées, ne présentent aucun symptôme et se sentent bien. La plupart (environ 80 %) des personnes guérissent sans avoir besoin de traitement particulier. Qu’on ne tombe donc pas dans l’hystérie, surtout du côté des autorités civiles qui décident les mesures pour combattre efficacement la pandémie !

De l’autre côté, il y a une semaine, nous avons appris les révélations sur la face cachée d’une des grandes personnalités chrétiennes du christianisme moderne : Jean Vanier. Les abus sexuels dont le fondateur de l’Arche s’est rendu coupable sont graves et inexcusables. On peut donc comprendre le désarroi de nombreux chrétiens et de tous ceux qui sont proches de la Communauté de l’Arche ou de Foi et Lumière. Mais ici aussi, le danger de réactions démesurées est présent. Les pratiques douteuses de Jean Vanier héritées, semble-t-il, du père Thomas Philippe, son accompagnateur spirituel et ami, font partie d’un ensemble bien plus large de scandales révélés ces dernières années. Ils donnent l’impression que l’Eglise est infectée partout par le virus des déviances sexuelles, jusque dans les sphères les plus hautes. Si on ne peut plus faire confiance à des icônes comme Jean Vanier, ne faut-il pas remettre en question toute l’institution et son invitation à la « sainteté » de ses membres ?

Dans les deux exemples que j’ai cités, les médias jouent évidemment un rôle fondamental, comme caisse de résonnance et focalisateurs de ces réalités. En présentant le coronavirus comme une « menace » pour toute l’humanité dont il faut se protéger par des moyens drastiques, on risque de semer une panique peu utile. Et lorsque certains médias se limitent à présenter les failles de l’Eglise et de ses représentants, ils provoquent le doute général au sujet de l’institution. Dieu seul est juge de Jean Vanier et des souffrances qu’il a infligées à ses victimes, mais continuons à rendre grâce pour cette vague immense d’amour au profit des personnes handicapées que son engagement a permise.

Attention, je ne veux pas minimiser les agissements du fondateur de l’Arche et des auteurs d’actes pédophiles. D’ailleurs, que les responsables de l’Eglise puissent en tirer les conclusions et mettre en place les réformes qui s’imposent ! Que tout cela se passe dans une transparence maximale ! Que les criminels soient punis et les victimes écoutées !

Mais que cela n’ébranle pas notre foi dans le Dieu de Jésus-Christ qui, tout au long de ce carême, nous invite à revenir à l’essentiel : vivre dans la lumière du Ressuscité !

Bon carême à chacune et chacun »

Ref.Le virus qui empoisonne l’Eglise

JPSC

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