À tous ceux qui continuent de dire que le pape Pacelli n’a pas sauvé de Juifs, le prof. Napolitano répond que « ce nouveau courant historiographique » le « laisse perplexe ». « Comment juger les documents déjà connus qui contiennent les rapports envoyés à Pie XII sur ce qui était fait pour sauver les Juifs? » se demande-t-il. Il existe un document « déjà publié depuis un certain temps, qui répertorie les réfugiés dans les bâtiments d’institutions ecclésiastiques, y compris la résidence d’été du pape à Castelgandolfo ». « À Castelgandolfo, poursuit l’historien, il y avait des réfugiés juifs ou des Juifs recherchés de toutes sortes. Pouvons-nous vraiment penser que dans une Église hiérarchique comme celle de Pie XII, tout cela a été fait à l’insu du pape? Cela semble logiquement insoutenable. »
L’historien rappelle que « le Saint-Siège a demandé l’aide d’organismes de secours internationaux pour des personnes spécifiques de la communauté juive ou des familles juives entières ». « Et tout cela est prouvé par les documents d’archives du Saint-Siège également sur le pontificat de Pie XII », souligne-t-il.
Il cite aussi l’exemple des « abbayes bénédictines qui pendant la guerre ont préparé de faux documents pour le réseau de résistance en Italie ou ailleurs ». « Les abbayes, rappelle le professeur… par définition travaillent en silence, mais en silence ‘opérationnel’ ».
En ce qui concerne l’activité de la nonciature du Vatican à Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale, le prof. Napolitano précise « que l’ambassade du pape en Allemagne nazie était très contrôlée par les services secrets allemands ». Il cite l’exemple d’un « dossier intéressant de 1941 intitulé ‘Documents envoyés par le nonce apostolique en Allemagne pour prouver la falsification des sacs postaux du Vatican par les autorités nazies’ ». « Le nonce, explique l’historien, envoie même les sceaux « cassés » des valises postales pour démontrer aux supérieurs que les nazis ont systématiquement intercepté le courrier du Saint-Siège, même s’il était couvert par l’immunité diplomatique. »
Le professeur italien se réjouit de l’ouverture des archives du pape Pie XII : « Nous connaissons déjà les actions et les choix du Saint-Siège pendant la Seconde Guerre mondiale, précise-t-il, mais étudier dans les archives, reconstruire certains processus est vraiment important. »
Il souligne que les archives récemment ouvertes représentent « un cas unique » et « rare de démocratie archivistique numérique » : « Grâce à un travail de numérisation complète, tous les chercheurs ont la possibilité de voir tous les documents simultanément, explique-t-il. Cela signifie que personne ne doit attendre que quelqu’un ait fini de consulter un dossier papier, comme c’est généralement le cas. …L’ensemble des archives sur Pie XII a été numérisé, nous sommes donc vraiment en pleine démocratie numérique. »