La pandémie de Covid-19 (coronavirus) - mais aussi, aujourd'hui, le terrible tremblement de terre qui a ravagé la Turquie et la Syrie (ndB) - pousse à s’interroger : comment Dieu peut-il permettre de telles calamités ? La présence du mal, en effet, est l’un des arguments le plus souvent avancés pour refuser l’existence de Dieu. Aucune réponse n’est totalement satisfaisante si l’on n’admet pas une part de mystère.
L’animal humain, courageux et loyal entre tous, éprouve quelquefois des difficultés à assumer ses responsabilités. Aussi n’a-t-il pas craint d’attribuer le mal au Destin ou à quelque autre puissance surnaturelle. Jupiter lançait la foudre, Poséidon faisait trembler la Terre, Mars déclenchait les conflits armés, Apollon envoyait la peste, l’Éternel endurcissait le cœur de Pharaon, ou frappait à mort les nouveau-nés… En vain Platon proclamait-il dans sa République que « Dieu n’est pas en cause, n’est pas responsable », il fallait une explication, et le Ciel – coupable idéal – était forcément derrière ces événements fâcheux. Ce réflexe n’est d’ailleurs pas totalement infondé : quand on médite sur les déchaînements de la nature ou de la folie, on peut se dire que tant de haine ou de destruction font entrer en jeu des forces plus qu’humaines.
Avec le temps, les hommes ont voulu exonérer Dieu de toute cruauté. Peut-être ont-ils réalisé qu’ils avaient jusque-là projeté sur Dieu leur propre désir de vengeance ou d’éradication de l’ennemi. Dieu a fini par devenir « le bon Dieu », dernier refuge de toute bonté. Mais alors si Dieu est bon, d’où vient le mal ? Ce qui est sûr, c’est qu’il paraît choquant de dire : Dieu pourrait intervenir, mais il ne le fait pas. Il semble plus approprié de plaider l’impuissance de Dieu. C’est une réponse qu’on entend souvent : Dieu ne peut rien face au mal. C’est une réponse humaine, dotée d’une forte valeur compassionnelle. Mais justement : n’est-elle pas trop humaine ?
LE SCÉNARIO DE L’IMPUISSANCE DIVINE
Dieu fragile, impuissant, désormais incapable d’assurer l’entretien et la réparation de sa création ? L’idée a pu séduire. Après avoir rendu Dieu responsable des pires maux, on a entrepris de l’exonérer de toute responsabilité en la matière. Dieu aurait pris sa retraite : voilà qui pourrait expliquer bien des choses. Par exemple, que la création soit abandonnée à elle-même, que les catastrophes ravagent la planète, que les méchants ne soient plus comme jadis frappés par le châtiment divin, et que des millions d’innocents subissent un sort épouvantable sans que le Ciel intervienne. Dans Le Concept de Dieu après Auschwitz (1984), Hans Jonas affirmait que « Dieu n’est pas intervenu, non pas parce qu’il ne voulait pas, mais parce qu’il ne pouvait pas ». Il ne s’agit pas d’un renoncement temporaire à exercer sa toute-puissance, mais d’un abandon irréversible de prérogative. Cette renonciation est, selon Jonas, le prix à payer pour octroyer la liberté à l’homme : « Dans le simple fait de permettre à la liberté humaine d’exister, il y a un renoncement à la puissance divine. » Bref, il s’agirait d’un départ en retraite inéluctable, rationnellement nécessaire : « Pour que le monde soit, Dieu a dû renoncer à son propre être ; il s’est dévêtu de sa divinité. »
UN PIÈTRE ALIBI
Le départ en retraite anticipée de Dieu, volontaire ou non, voilà qui expliquerait bien des choses. Et pourtant… Première difficulté : supposons que l’univers et l’homme n’existent pas par eux-mêmes. Dieu crée l’univers et l’homme. Puis il se retire. L’univers et l’homme peuvent-ils se mettre à exister par eux-mêmes ? Peuvent-ils cesser de devoir l’existence au créateur ? Question métaphysique : une réalité qui, à l’instant de sa création, n’existait pas par elle-même, peut-elle acquérir une totale indépendance existentielle ? « La créature sans le créateur s’évanouit », rappelle le dernier concile.
Deuxième difficulté, plus considérable. Même si Dieu était contraint de se retirer pour laisser la place à la liberté et au monde, il n’en resterait pas moins que c’est Lui qui a enclenché le processus. Et alors, ou bien Il savait qu’en créant un monde d’hommes libres, Il faisait courir le monde à sa perte. Il était donc responsable des conséquences. Ou bien Il a manqué de visibilité, et alors c’est un apprenti-sorcier qui fait de nous des cobayes d’une expérience qui tourne au jeu de massacre. L’idée d’un Dieu qui prend sa retraite n’est donc pas une si bonne idée. En tout cas, c’est un mauvais alibi.
Commentaires
Quand on parle du mal, il ne faut pas mélanger le mal que l'on SUBIT et le mal que l'on FAIT.
Quand les enfants se demandent pourquoi Dieu permet les guerres, il faut les éclairer.
Bien des maux sont suscités ou voulus cyniquement par l'homme, qui est libre. On voudrait que Dieu les empêche. Dieu dispense sa grâce à tous les hommes mais une partie de l'humanité fait écran à la grâce et fait fi de la raison, que Dieu nous a donnée. Pour que des massacres et des guerres n'aient pas eu lieu, il faudrait que les décideurs accueillent la grâce de Dieu avant de déclencher le mal. Quand on prie pour la paix, on prie pour que les décideurs se convertissent et accueillent la grâce. Dieu respecte leur liberté alors que nous voudrions qu'il agisse de façon magique en paralysant les combats.
Pour ce qui est du mal subi, l'affaire est beaucoup plus complexe et garde sa part de mystère. Mais parfois, l'homme a une certaine part de responsabilité, pas forcément peccamineuse.
Prenons l'exemple des tremblements de terre. Ils se produisent parce que la terre est une planète vivante dont les plaques tectoniques se déplacent : ainsi l'a voulue le créateur. Mais les tremblements de terre ne tuent que parce que les hommes construisent des bâtiments fragiles, tout en hauteur avec de lourds matériaux. Les hommes préhistoriques ne mouraient pas dans les tremblements de terre car ils vivaient dans des cabanes légères n'écrasant pas leurs habitants.
De nos jours , dans certains pays, on construit des bâtiments antisismiques : l'homme a donc son mot à dire. Dieu ne change pas les lois naturelles de la physique qu'il a établies pour tout le cosmos. Pas d'intervention magique.
Ceci dit, il faut prier pour les victimes et les décideurs.
Écrit par : B.C. | 08/02/2023
Très brièvement, on entend beaucoup que Dieu ne veut que le
bien pour l'homme et ne le "punit" pas.
Pourtant, N-D à Fatima, le 13 juillet 1917, "...... sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va PUNIR le monde de ses crimes par le moyen de la guerre, de la famine, et de persécutions .contre l'Eglise.... "
Lors de la guerre de 1914, Saint Mutien-Marie: ".. la guerre, à cause
de nos péchés ..."
idem par l'abbesse de Maredret
idem dans "Patriotisme et Endurance" du Cardinal Mercier
Il n'est pas possible que Dieu nous gâte avec le don de la paix
quand nous ne faisons que lui désobéir.
Autre réflexion sur les fléaux de la nature:
dans la vie du Curé d'Ars: "..... une singulière protection semble planer sur le village. Mademoiselle d'Ars se plaisait à dire qu'aucun orage ne dévasta la commune durant tout le ministère de Monsieur Vianney (41 ans !). Il priait tant pour que ses paroissiens soient protégés des fléaux de la nature ..... "
idem dans la vie de Don Bosco.
Voilà quelques réflexions dont je voulais vous faire part.
Écrit par : Russel E. | 09/02/2023