Lettre de Rome aux évêques allemands : aucun changement dans l'ordination sacerdotale et l'homosexualité ! (25/11/2023)

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Lettre de Rome aux évêques allemands : aucun changement dans l'ordination sacerdotale et l'homosexualité !

24 novembre 2023

Selon les médias, le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin aurait informé les évêques allemands que l'ordination sacerdotale, réservée aux hommes, et l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité n'étaient pas négociables.

Le cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin a informé tous les évêques allemands que l'ordination réservée aux hommes et l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité ne sont pas négociables. Une approche allemande particulière sur cette question est donc exclue. Ceci est rapporté par le «Tagespost». C'est pourquoi Parolin l'a déjà fait savoir le 23 octobre dans une lettre adressée à la secrétaire générale des évêques allemands, Beate Gilles. Selon la lettre, les évêques ont reçu un message clair selon lequel le Vatican n'envisageait pas du tout d'aborder la lettre « Ordinatio Sacerdotalis » de Jean-Paul II lors de futurs entretiens avec une délégation d'évêques allemands, au cours desquels l'exclusion des femmes de l'ordination sacerdotale a été réaffirmée ou faire de l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité un enjeu.

Considérant le parcours du chemin synodal allemand jusqu'à présent, il faut d'abord se rendre compte qu'un chemin synodal universel convoqué par le Saint-Père est actuellement en cours. Il faut donc respecter ce cheminement de l’Église universelle et éviter de donner l’impression que des initiatives parallèles sont en cours, indifférentes à l’effort de « marcher ensemble ».

À cet égard, il convient de reprendre quelques paroles du Saint-Père au peuple de Dieu en Allemagne : « Frères et sœurs, prenons soin les uns des autres ! Soyons attentifs à la tentation du père du mensonge et de la division, du maître de la division, qui, en poussant la recherche d'un bien apparent ou d'une réponse à une situation particulière, finit par démembrer le corps du peuple saint et fidèle de Dieu. »

Dans le respect des préoccupations de certains membres de l'Église d'Allemagne, nous « ouvrons la tente » pour poursuivre le dialogue déjà commencé, dans l'espoir qu'il soit caractérisé par le respect et l'affection fraternelle, en tenant compte des thèmes présentés dans les documents qui résumer les propositions.

Il convient toutefois de préciser d’emblée que ces sujets revêtent une importance différente et ne peuvent pas tous être placés sur le même plan. Certains d’entre eux présentent des aspects qui ne peuvent pas être évoqués, mais également des aspects qui peuvent être approfondis ensemble. En ce qui concerne d'autres, cependant, il n'est pas possible d'arriver à une appréciation différente, comme la suivante :

a) L'ordination sacerdotale réservée aux hommes : "Bien que la doctrine sur l'ordination sacerdotale réservée aux hommes ait été conservée par la tradition constante et complète de l'Église et enseignée avec constance par le Magistère dans les documents récents, on considère néanmoins à notre époque, en divers endroits, qu'elle peut être discutée, ou bien on attribue seulement une signification disciplinaire à la décision de l'Église de ne pas admettre les femmes à cette ordination. Afin donc que soit levé tout doute sur la question importante qui concerne la constitution divine de l'Église elle-même, je déclare, en vertu de mon ministère d'affermissement des frères (cf. Lc 22, 32), que l'Église n'a aucune autorité pour conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que tous les fidèles de l'Église doivent s'en tenir définitivement à cette décision".

Le pape François a réaffirmé explicitement à plusieurs reprises la déclaration de saint Jean-Paul II. Par exemple : "En ce qui concerne l'ordination des femmes, l'Église a parlé et elle dit : Jean-Paul II a dit non, de manière définitive. Cette porte est fermée" "En ce qui concerne l'ordination des femmes dans l'Église catholique, saint Jean-Paul II a prononcé la dernière parole claire, et cela reste vrai. Cela reste valable. Il ne s'agit pas d'une définition dogmatique, bien qu'elle doive être acceptée par tous. Personne ne peut la contredire publiquement".

Nous sommes face à une décision contraignante, soumise également au pouvoir juridictionnel du pape, avec des conséquences disciplinaires précises, exposées dans les normes sur les délits réservées à la Congrégation pour la doctrine de la foi (11 octobre 2021) :

Art. 5. est également réservé à la Congrégation pour la doctrine de la foi le délit plus grave de tentative d'ordination d'une femme :

1° Si celui qui tente de conférer l'ordre sacré ou la femme qui tente de recevoir l'ordre sacré sont des fidèles du Christ soumis au CIC, ils sont passibles de l'excommunication comme peine de fait, dont la levée est prévue par le can. 1379 § 3 CIC est réservée au Siège apostolique.

2° Mais si celui qui cherche à conférer l'ordre sacré ou la femme qui cherche à recevoir l'ordre sacré sont des fidèles du Christ soumis au CCEO, ils doivent être punis de la grande excommunication, dont la levée est réservée au Siège apostolique.

Bien que ce sujet doive aujourd'hui être considéré comme clos dans toute l'Église, le Saint-Père François a formulé une réflexion qui aide à comprendre le sens de cette doctrine et invite à trouver d'autres moyens pour favoriser une plus grande participation des femmes :

"La revendication des droits légitimes des femmes, fondée sur la ferme conviction que les hommes et les femmes ont une égale dignité, pose à l'Église des questions profondes qui l'interpellent et qui ne peuvent être contournées superficiellement. Le sacerdoce réservé aux hommes, signe du Christ, l'Époux, qui se donne dans l'Eucharistie, est une question qui ne se discute pas, mais qui peut donner lieu à des conflits particuliers si l'autorité sacramentelle est trop confondue avec le pouvoir.  Il ne faut pas oublier que lorsque nous parlons d'autorité sacerdotale, nous nous situons "au niveau de la fonction et non au niveau de la dignité et de la sainteté".

Le sacerdoce ministériel est l'un des moyens utilisés par Jésus pour servir son peuple, mais la grande dignité vient du baptême, qui est accessible à tous. La configuration du prêtre au Christ Tête - c'est-à-dire comme source principale de la grâce - n'implique pas une élévation qui le placerait à la tête de tout le reste. Dans l'Église, les fonctions "n'établissent pas la supériorité des uns sur les autres". En effet, une femme, Marie, est plus importante que tous les évêques. Même si la fonction du sacerdoce ministériel se veut "hiérarchique", il faut tenir compte du fait qu'elle est "entièrement destinée à la sainteté des membres du Christ". Son pivot n'est pas son pouvoir, conçu comme une domination, mais son autorité pour administrer le sacrement de l'Eucharistie ; c'est là le fondement de son autorité, qui est toujours un service au peuple. Il apparaît ici un grand défi pour les pasteurs et pour les théologiens qui pourraient aider à mieux discerner ce que cela implique, là où des décisions importantes sont prises dans les différents domaines de l'Église, en ce qui concerne le rôle possible de la femme".

b) Un autre sujet sur lequel une Église locale n'a aucune possibilité d'exprimer une opinion différente concerne les actes homosexuels. En effet, même si l'on reconnaît que, d'un point de vue subjectif, il peut y avoir différents facteurs qui nous invitent à ne pas juger les personnes, cela ne change en rien l'évaluation de la moralité objective de ces actes.  L'enseignement constant de l'Église souligne que "l'évaluation morale objective des relations sexuelles entre personnes du même sexe est établie avec précision et certitude". Une autre question, qui n'est pas en cause ici, est le degré d'imputabilité morale subjective de telles relations dans chaque cas particulier".

Mais, selon le Tagespost (José Garcia) :

Le ZdK n'est pas impressionné par l'intervention de Parolin

Contrairement au Pape et à la Curie, le ZdK Vice Söding ne voit pas l'unité de l'Église menacée par le chemin synodal allemand, mais plutôt renforcée.

En fait, le Comité central des catholiques allemands ( ZdK ) ne voulait s'occuper que de la « synodalité » ce samedi matin. Mais après la lettre du pape à quatre anciens participants au Chemin synodal du 10 novembre et la lettre du cardinal secrétaire d'État Pietro Parolin à la secrétaire générale des évêques allemands, Beate Gilles,  révélées vendredi matin, le conflit avec Rome à propos de sa propre compréhension de la synodalité était déjà un sujet vendredi lors de l'assemblée générale du ZdK. Lors de la conférence de presse de vendredi, le vice-président du ZdK, Thomas Söding, s'est d'abord montré calme malgré les vents contraires : « La voie synodale progresse, pas aussi vite que nous le souhaitons et le pouvons au ZdK, même sans dialogues de la part de l'Allemagne, mais le la direction est la bonne. Le Synode mondial de Rome nous donne un vent favorable. Le rapport intérimaire indique qu'une plus grande coopération entre les évêques et les laïcs, davantage de droits des femmes et davantage d'inclusion figurent en tête des priorités de l'Église catholique. Les véritables décisions ne sont pas encore à portée de main, mais il est vrai que des solutions décentralisées sont nécessaires et qu’elles existeront.

Söding voit l'unité renforcée grâce au chemin synodal

Le vice-président du ZdK a commenté la lettre du 10 novembre adressée par le pape François à quatre anciens membres du Chemin synodal : « Dans sa dernière lettre adressée à quatre critiques du Chemin synodal, le pape a souligné sa préoccupation pour l'unité de l'Église. La synodalité que nous avons établie en Allemagne doit et renforcera cette unité, à l’intérieur comme à l’extérieur. La synodalité catholique ne sera jamais une sans ou contre le Pape et les évêques, mais toujours une avec le Pape et les évêques. »Thomas Söding a ensuite expliqué comment il imagine une telle synodalité : « Ce sera une (synodalité, ndlr) dans laquelle le peuple de Dieu aura une voix forte. De nombreux croyants dans notre pays et dans le monde comptent sur ce chemin pour réussir. L'Église catholique peut compter sur le ZdK : Pour nous, synodalité en grève et solidarité internationale sont indissociables. » Pour le ZdK, cela signifie : « Nous avons fait nos devoirs. Le comité synodal a été constitué il y a quatorze jours. Les statuts et le règlement intérieur ont été approuvés à l'unanimité. Nous adhérons exactement aux décisions de l’Assemblée synodale. Nous clarifions ce que signifie la synodalité pour l'Allemagne. Nous élaborerons d’ici 2026 un statut pour le Conseil synodal, qui sera également accepté à Rome.»Mais comment concilier l'affirmation selon laquelle la synodalité n'est pas possible sans le pape et les évêques avec la lettre du pape du 10 novembre et celle du cardinal secrétaire d'État Parolin du 23 octobre ? Söding a répondu au « Tagespost » que dans la lettre le pape faisait un lien avec la lettre des trois cardinaux du 16 janvier. « Dans cette lettre, à mon avis, l'objection exprimée depuis Rome était formulée très clairement, selon laquelle il ne devrait pas y avoir de Conseil synodal au niveau fédéral, qui est pour ainsi dire une autorité supérieure par rapport à la conférence des évêques, ni que l'évêque - ce sont maintenant mes mots - quelque chose comme un directeur général d'un conseil synodal. À ce stade, je suis convaincu que nous, au sein de notre comité synodal, voulons et pouvons élaborer précisément ce que nous avons décidé et pouvons mettre en œuvre, à savoir précisément non pas la relativisation et la déresponsabilisation de la fonction d'évêque - c'est pourquoi j'ai dit, non sans des évêques, mais avec eux des évêques. Mais que nous apportions une réelle contribution à ce que le Synode Mondial a initié. Cela signifie que nous devons réfléchir à la manière dont les évêques peuvent s’impliquer davantage dans les processus communicatifs de délibération et de prise de décision lorsqu’ils ont lieu dans l’Église catholique mondiale. Je suis très optimiste que nous utiliserons le temps et développerons les lignes de communication avec Rome en conséquence.

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