BELGICATHO

Le soupçon est que le pape utilise les thèmes pour justifier sa conduite du gouvernement, et non l'inverse. Il a un modus procedendi, mais il n'a pas de vision stratégique. Les réformes se font par essais et erreurs, avec des pas en avant et des pas en arrière et une grande confusion de la part de ceux qui doivent appliquer la réforme ou même la comprendre.

Le pape François sait probablement que ce qu'il a laissé derrière lui est tout au plus provisoire, une idée à partir de laquelle on peut commencer quelque chose. Même la réforme de la curie était ad interim et a déjà été modifiée à plusieurs reprises par une législation spéciale, deux ans seulement après sa publication. Dans la manière de faire de François, les réformes structurelles sont temporaires. Il les modifie fréquemment, souvent par le biais de motu proprio et de lettres apostoliques.

De nombreux enseignements du pape sont également provisoires, à commencer par le respect du concile Vatican II, qui peut être interprété et appliqué de diverses manières.

Il est toutefois essentiel de reconnaître que l'accélération récente fait suite à un processus de longue haleine. Elle est peut-être devenue clairement perceptible avec la mort de Benoît XVI, mais elle n'a pas commencé là. La mort de Benoît XVI a permis d'achever un changement de génération. Toutefois, la lettre Traditionis custodes, qui abolit de fait la libéralisation du rite traditionnel voulue par Benoît XVI, a précédé la mort de l'ancien pape. .

Le pape François a envoyé la lettre, lui a donné une interprétation univoque et a obligé tout le monde à s'y conformer, même les diocèses qui ont porté de grands fruits après la libéralisation du rite traditionnel.

Le procès du Vatican étant arrivé à son terme, alors que tout le monde doutait à la fois du bien-fondé des réformes économiques du pape et de la justice fondamentale de l'appareil judiciaire mis en place par François dans le but de traduire le cardinal Becciu et consorts devant un tribunal pénal de la Cité du Vatican, voici quelque chose qui met ces réformes noir sur blanc.

Un autre exemple du désir du pape de mener le débat est qu'il a pris la parole au synode, dans sa langue maternelle, l'espagnol, offrant des assurances sur la qualité du processus, réduisant ainsi au silence toutes les voix contraires ou autrement perplexes sur le chemin synodal.

Le pape François a maintenant décidé de franchir une nouvelle étape.

Modifier les rites funéraires du pape, c'est porter la main sur une tradition qui s'est développée au fil des millénaires. Le rite des funérailles du pape n'est pas destiné à la magnificence du pape, mais à permettre aux gens de rendre hommage à Pierre et à mettre toute l'Église en prière pour l'élection du successeur de Pierre. Simplifier le rituel, c'est considérer le rituel comme un moyen de montrer un privilège. Ce n'est certainement pas le cas.

Le pape François a profité d'une interview télévisée pour annoncer ses décisions de changer le rite funéraire et la décision d'être enterré à Sainte-Marie-Majeure. On peut avoir l'impression que c'est par le biais d'interviews - de plus en plus fréquentes - que François veut être présent dans le débat. François veut que l'on parle de lui. Il veut aussi dire ce qu'il pense à partir d'une tribune qui se situe en dehors du monde ecclésiastique. C'est peut-être parce qu'il pense qu'une telle tribune le protégera des accusations qui viennent de l'intérieur, où ses manœuvres intra-ecclésiastiques sont mieux comprises.

Le résultat, cependant, est l'histoire d'une Église qui n'existe que dans des situations extrêmes.

On peut se demander si les mères célibataires se sentent découragées de recevoir la communion à cause de la rigidité de certains pasteurs et fidèles. C'est peut-être vrai dans certains cas, mais la vérité est que la communion n'est pratiquement jamais refusée dans les petites communautés, sauf en cas de scandale grave.

On se demande si tous les prêtres sont malades de la rigidité, s'il y a tant de prêtres rétrogrades, et s'il suffit de concéder qu'il y a beaucoup de bons prêtres pour ne pas offenser les pasteurs qui sont présents dans la région depuis des années.

On peut se demander si l'Église que le pape François combat n'est pas la structure actuelle, mais l'idée que le pape se fait de cette structure - une idée qui, dans certains cas, ne correspond pas à la réalité. Le pape résout le problème à la racine, en centralisant tout sur lui.

Nous sommes, après tout, dans la statio orbis du 27 avril 2020, lorsque le pape est monté seul dans le cimetière de la basilique Saint-Pierre, au plus fort de la pandémie. Le pape était là, hombre solitario y final.

L'Église manquait à l'appel.

La question fondamentale est la suivante : l'héritage du pape sera-t-il ainsi préservé ? Ou bien est-il encore plus incertain ?