Un tiers des fabriques d'églises wallonnes seraient vouées à disparaître (28/02/2024)

Lu sur l'Echo du 28 février 2024, p. 8 :

Rationalisation en vue dans les églises de Wallonie

L’étape est symbolique, mais elle démontre une certaine maturité dans la gestion du patrimoine catholique de Wallonie. Ce mardi à Namur, le ministre des Pouvoirs locaux Christophe Collignon (PS) a signé avec Monseigneur Guy Harpigny, évêque de Tournai, une feuille de route ouvrant la voie à une rationalisation du nombre de fabriques d’église et de bâtiments voués au culte catholique en Wallonie.

Il faut y voir une première étape car, à quelques mois des élections, le ministre n’aura pas le temps de faire passer les décrets. Les autres cultes, probablement moins impactés, doivent en outre encore être consultés. «Mais nous avons posé les jalons importants pour une future réforme. Il s’agit d’un point d’équilibre, une forme de gentleman agreement», se félicite-t-il en rappelant que la législation actuelle date du code Napoléon.

Se basant sur une première note d’orientation rédigée par le ministre à l’intention du gouvernement il y a quelques mois, mais barrée par les libéraux, la feuille de route vise notamment à rationaliser le nombre de lieux de culte catholiques. Le principe de base est d’arriver à une fabrique d’église par 8.000 habitants en Wallonie. Cela revient à diminuer d’un tiers leur nombre, évalué à 1.800 aujourd’hui. «Mais il ne s’agit pas d’une base chiffrée. On tiendra compte de la réalité territoriale, de la démographie», insiste le ministre.

Une évolution naturelle de la société

Pour encadrer leur financement et les fusions, les fabriques devront déposer un plan financier pluriannuel en collaboration avec les communes. «Il faut faire évoluer le modèle vers un modèle uniforme. Aujourd’hui, les différentes représentations ne sont pas traitées de la même manière», insiste encore le ministre. À noter que la feuille de route n’évoque plus la question de plafonner cette intervention financière publique dans les dépenses du culte à hauteur de 30%. Elle souligne simplement que les modalités seront à définir par le législateur wallon par la suite.

Pour Monseigneur Harpigny, tout ceci répond à une évolution naturelle. «La société a considérablement évolué, aussi au niveau du nombre de personnes qui se disent catholiques.» Cette érosion de paroissiens ne dispense pas pour autant l’église et son pouvoir subsidiant communal de financer la rénovation du patrimoine.

Sans disposer d’un cadastre reprenant l’ensemble des biens immobiliers de l’église, le représentant du culte catholique parle de plus de 1.800 fabriques d’église, et à minima d’autant de paroisses. «Le culte reçoit beaucoup d’argent parce que justement, il y a tout ce patrimoine. L’argent vient des impôts, des communes. On connaît l’état des communes. On leur met beaucoup de charges, notamment avec cette législature fédérale», constate le représentant de l’église.

L’accord conclu entre les autorités wallonnes et l’Église catholique entend encore fixer, de manière uniforme, la composition des organes de gestion des établissements locaux à minimum cinq membres, occupant des mandats de six ans. Une règle de mixité des genres est également dans les cartons. Enfin, les discussions menées permettent de confirmer l’indemnité de logement des ministres du culte comme principe de base.

Le résumé

Le gouvernement wallon et l’évêque de Tournai ont signé une feuille de route visant à rationaliser les bâtiments voués au culte catholique dans la région.
Le principe de base est d’arriver à une fabrique d’église par 8.000 habitants en Wallonie.
Cela revient à diminuer d’un tiers leur nombre.

Lire également : Vers de nouvelles désacralisations d'églises en Wallonie

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