Plus de 1000 séances d'exorcismes auraient lieu en Flandre chaque année (22/03/2024)

Du site de la RTBF :

L’exorcisme se répand en Flandre : plus de 1000 séances y auraient lieu chaque année

20 mars 2024

Le démon s’emparerait-il de plusieurs citoyens flamands ? Au nord du pays, les séances d’exorcisme se multiplient rapporte la VRT. Cette tendance est symptomatique d’un monde en crise plutôt que liée à l’augmentation de phénomènes paranormaux. Explications dans L’Œil sur la Flandre de Matin Première.

On aurait tendance à croire que l’exorcisme est plutôt une pratique du passé, mais c’est en réalité loin d’être le cas. Ce rituel religieux, qui consiste à libérer une personne du démon qui l’habite, gagne même en popularité, à tel point que différentes paroisses flamandes affirment aujourd’hui avoir du mal à répondre à la demande. Durant la dernière décennie, on estime qu’environ 1000 séances d’exorcisme auraient eu lieu chaque année au nord du pays. L’abbaye d’Averbode semble être l’un des endroits où l’on en pratique le plus, d’après une enquête de la VRT. Elle accueille jusqu’à trois séances par semaine. D’après Geert (nom d’emprunt), l’un des trois prêtres exorcistes de l’abbaye, cette tâche prendrait pas mal de temps, puisqu’il doit d’abord longuement écouter les histoires des personnes concernées avant de tenter de chasser le Diable. Lui-même en effectue trois par semaine et "pas un jour passe" sans qu’il ne reçoive de nouvelles demandes.

Une pratique antédiluvienne mais peu spectaculaire

Exorciser quelqu’un doit se faire suivant une procédure bien précise. Interrogé par la VRT, l’historien de la KU Leuven, Kristof Smeyers, avance que le métier d’exorciste serait l’un des plus vieux au monde, sachant que ce rituel existe depuis des millénaires. Mais c’est au 17e siècle que l’Église catholique a décidé de rédiger une procédure, point par point. Elle n’a d’ailleurs pas beaucoup changé depuis. Concrètement, les séances ne se passent vraiment pas comme dans le film d’horreur L’Exorciste. Elles n’auraient même rien de très spectaculaire. Le rituel débute généralement par une conversation exploratoire avec la personne qui se sent habitée. L’exorciste entame ensuite une longue prière, il l’asperge également d’eau bénite, et s’attelle à la lecture d’un texte pour tenter d’entrer en dialogue avec le diable qui se trouverait dans ce corps.

L’exorcisme marche-t-il vraiment ?

Autant que la mode du spiritisme au tournant du 20e siècle qui s’est avérée être une grande supercherie, peut-on aussi raisonnablement penser que ce rituel fonctionne ? Le diagnostic d’un éventuel trouble psychique n’est pas écarté : la souffrance intérieure n’est pas automatiquement attribuée au démon. Les prêtres exorcistes affirment d’ailleurs travailler étroitement avec des médecins pour être sûrs qu’il ne s’agit par exemple pas d’une psychose. Une prudence qui découle sans doute aussi du fait qu’une partie des ecclésiastiques ne croit pas à l’idée que le Diable puisse posséder un corps.

La question divise donc l’Église, ce qui n’empêche pas pour autant la tenue d’un congrès qui rassemble tous les deux ans quelque 200 prêtres exorcistes venus d’une trentaine de pays. Depuis 2005, le Vatican propose aussi une formation mise en place pour répondre à la hausse du nombre de demandes d’exorcisme.

Concernant l’efficacité de cette pratique, il est évidemment difficile d’affirmer quoi que ce soit, mais d’après l’historien Kristof Smeyers, qui mène une étude approfondie sur l’exorcisme en Flandre, la moitié des personnes qui se sont soumises à ce rituel indiquent qu’elles se sentent mieux depuis lors.

Un phénomène en hausse

Kristof Smeyers s’est aussi penché sur les profils de ces personnes "habitées par le diable" et à la typologie de leurs souffrances.

D’après lui, il n’existe pas vraiment de symptômes uniformes, et ces symptômes ont d’ailleurs changé au fil du temps. Au 19e et au 20e siècle, on évoquait surtout des symptômes physiques, comme des comportements anormaux ou asociaux, ou encore des changements de voix. Mais l’historien souligne aussi une différence entre les personnes qui sont elles-mêmes convaincues d’être possédées et celles dont l’entourage en est persuadé. Dans ce dernier groupe, Smeyers constate aussi une présence disproportionnée de femmes prétendument habitées par le Diable, une situation qui serait liée à la théorie selon laquelle les femmes seraient, depuis Adam et Eve, plus enclines au mal et aux péchés.

On notera que de nos jours, et selon le témoignage de Geert, les personnes qui font appel à l’exorcisme sont souvent des personnes qui se sentent bloquées, qui n’arrivent plus à avancer dans leur vie, et qui attribuent cette situation à une force surhumaine.

D’après les différents exorcistes qui ont témoigné cette semaine, le climat d’insécurité aurait une influence sur ce regain de popularité, tout comme les difficultés engendrées par la situation économique. On notera d’ailleurs que les exorcistes qui se sont exprimés dans la presse ont préféré rester anonymes, par peur d’être assaillis de demandes suite à la médiatisation du sujet. Tous conseillent également de commencer par consulter un médecin avant d’envisager une exorcisation.

08:24 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer |