Le lobby de l’avortement au Parlement européen (03/05/2024)

De Louis-Marie Bonneau sur le site de l'ECLJ :

L’EPF de Neil Datta : le lobby de l’avortement au Parlement européen

2 mai 2024

Neil Datta a fondé le Forum parlementaire européen pour la Population et le Développement (EPF) en 2000 avec le soutien de la Fédération Internationale du Planning familial (IPPF). Il travaillait alors pour le réseau européen de cette organisation (IPPF European Network) pour coordonner leur programme de lobbying parlementaire. En 2004, Datta est devenu directeur de l’EPF. L’objectif affiché de ce lobby est de coordonner des parlementaires européens pour promouvoir ce qu’ils appellent « les droits sexuels et reproductifs ». Ainsi, plusieurs parlementaires nationaux et européens siègent au Comité exécutif de cette organisation. Seize parlementaires européens font aussi partie du groupe des « députés européens pour les droits sexuels et reproductifs » en son sein. Ces derniers sont les plus actifs dans le soutien aux textes favorables à l’avortement au Parlement européen.

Article paru dans Valeurs Actuelles le 27 avril 2024.

La stratégie inavouée du contrôle démographique dans les pays pauvres

Parmi ces seize députés, il est possible de citer Predrag Matić, Sophie in’t Veld, la française Irène Tolleret ou encore Robert Biedroń, le président de la Commission pour les droits des femmes au Parlement européen. Neil Datta les fédère et organise pour eux, et d’autres députés nationaux, des « voyages d’études » dans les pays en développement. Est-il étonnant que des membres d’un forum sur la population et le développement, soient connus comme faisant partie des députés les plus engagés dans la promotion de l’avortement ? À vrai dire, le fait que ce forum ait été créé par le Planning familial mondial (IPPF) n’est pas étranger à cet apparent paradoxe. En effet, pour ces groupes, l’avortement, la stérilisation et la contraception ont d’abord été promus comme une méthode de réduction démographique.

Ainsi, depuis sa création dans les années 1950, l’IPPF s’est particulièrement engagé sur ces questions considérant qu’une démographie importante, dans les pays en développement, était source de problèmes économiques et de santé publique. Il est ainsi notamment devenu membre permanent du Comité de coordination du Programme de reproduction humaine (HRP) de l’OMS en 1977. Ce Programme est à l’origine des principaux travaux scientifiques ayant permis de concevoir les contraceptifs et les abortifs les plus utilisés aujourd’hui. C’est donc sans surprise que Neil Datta a décidé de s’allier avec le HRP le 25 août 2023. Il n’est pas non plus surprenant de constater que les deux organisations sont financées de manière importante par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), très engagé sur ces thématiques. Le FNUAP est ainsi un des premiers financeurs de l’EPF avec plus de 250 000 euros versés en 2021.

Pourtant aujourd’hui, dans les institutions, « avortement » et « contraception » ne sont pas synonymes de « démographie », mais plutôt de « santé des femmes » et de « droits sexuels et reproductifs ». Ce glissement de vocabulaire témoigne d’une stratégie marketing de dissimulation de l’objectif démographique, commencée en 1994 lors de la Conférence mondiale sur la population du Caire. Le discours y était devenu plus consensuel en raison du rapport de force engagé par le Saint-Siège face au Planning familial mondial. Dans cette même logique, en 2022, l’EPF pour la Population et le Développement a officiellement changé de nom pour adopter celui d’EPF pour les Droits Sexuels et Reproductifs.

Inventer un complot mondial pour exister : la stratégie de Neil Datta

Le Planning familial mondial a confié la mission de « contrer l’opposition » à l’avortement à sa division occidentale (Western Hemisphere Region) dont dépend l’EPF de Neil Datta (voir le rapport d’activités de l’IPPF de 2019, p.2). Pour cela, Datta est régulièrement invité au Parlement européen pour dénoncer les groupes pro-vie. Or, tout en se parant des oripeaux des institutions, Datta mène son combat de façon bien moins honorable. Ainsi, il alimente une dialectique complotiste contre les « pro-vie ». Il ne supporte pas que ces derniers dénoncent l’avortement comme un mal objectif, ni qu’ils travaillent aussi à le prévenir pour le bien des enfants à naître et des femmes. Celles-ci n’ont bien souvent pas le choix d’avorter, comme l’ECLJ l’a montré dans un récent reportage.

Le fait d’antagoniser un groupe permet de mobiliser et de fédérer ses soutiens contre ce dernier. C’est une technique classique, mais que Neil Datta pousse jusqu’à la limite de la légalité et de la dignité, en s’attaquant aux personnes plutôt qu’à leurs arguments. Ainsi, en 2012, son organisation publiait une « black-list » de personnalités pro-vie contenant des détails de leur vie privée, y compris familiale. En 2017, l’ordinateur d’Ignacio Arsuaga, activiste pro-vie, a été piraté. Les données tirées de ce hacking, totalement illégal, ont été divulguées et utilisées par Datta dans l’un de ses rapports, alors même qu’il était conscient de l’origine frauduleuse de ces informations.

Neil Datta cherche à faire peur pour se donner de l’importance et alimenter sa dialectique. Pourtant, la réalité qu’il dénonce est moins grandiloquente : des groupes, souvent chrétiens, plus ou moins structurés entre eux, se connaissent et se parlent. C’était le cas au sein d’un cercle de réflexion nommé « Agenda Europe ». Les mails de ce groupe ont également été piratés de façon illégale. Ils sont utilisés depuis pour alimenter la rhétorique du « complot mondial contre les droits de femme ». Pour créer du sensationnel, Datta mêle également dans ces rapports, les financements des groupes pro-vie à tous les autres financements chrétiens qu’il peut trouver. C’est par exemple le cas de ceux d’églises chrétiennes protestantes et évangéliques. Il explique alors que ces fonds, ainsi gonflés artificiellement par sa méthodologie, alimentent la lutte contre les droits des femmes.

D’après le registre de transparence de la Commission européenne, Neil Datta emploie neuf personnes pour un budget de plus de deux millions d’euros en 2022. Ces derniers proviennent entre autres de l’UNFPA, l’OMS, la fondation Bill et Melinda Gates, la fondation Open Society, du Planning familial international (IPPF), ou encore du groupe pharmaceutique Merck Sharp & Dohme qui produit des anneaux contraceptifs et des pilules contraceptives à base de désogestrel. Ce sont autant d’organisations qui ont des intérêts à ce que Neil Datta propage son discours, selon lequel vouloir protéger la vie des enfants et la santé de leurs mères serait une atteinte aux droits de l’homme.

La lutte contre leurs adversaires « pro-vie » reste ainsi bien pour Neil Datta, et les députés qu’il fédère, un moyen dialectique vers leur objectif néocolonial de contrôler la démographie des pays pauvres.

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