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Un conseiller libéral pour Benoît XVI ?

IMPRIMER

 imagesCAW8LUKO.jpgL’appel à un « renouveau »  radical de l'Église, signé par 143 (et plus maintenant, semble-t-il)  théologiens de langue allemande, fait grand bruit Outre-Rhin. Nous avions déjà évoqué cette affaire ici : Quand les "Herr Professor" théologiens exigent des réformes...

Le 9 février dernier, Luigi Accatoli,  un « vaticaniste » libéral écouté et, selon notre consoeur du blog  Benoît-et-moi , « amoureux du pape », a consacré à ce manifeste un commentaire destiné à séduire son auguste et supposé lecteur :   

« Voici donc un nouveau défi pour Benoît XVI: un appel de 143 théologiens allemands, autrichiens et suisses demandant des "réformes radicales" afin que l'Eglise sorte de la "crise sans précédent" qui l'a frappée avec le scandale de la pédophilie, mais qui couvait déjà en profondeur et a provoqué une lente érosion de l'appartenance ecclésiale ».

Suit alors cette  prévision qui est aussi un « conseil » adressé au pape : «  (…) Les réformes demandées par les pétitionnaires - plus de démocratie et de collégialité, des prêtres mariés et le renforcement du rôle des femmes dans les "ministères ecclésiaux", ne pas exclure de la communauté les couples homosexuels et les divorcés remariés ... - Benoît XVI ne les fera pas, mais il pourrait faire quelque chose dans chacun des six domaines qui lui ont été proposés, et, en particulier, il pourrait s'impliquer personnellement - un geste où il excelle - par des messages et des «débats» en vue de sa visite en Allemagne prévue du 22 au 25 septembre » car, poursuit l’aimable flatteur,  « (…) Benoît XVI a montré sa capacité à saisir - justement dans le cas des abus sexuels - les «impulsions» venues de l'extérieur » mais, ici il devra encore faire plus fort car  cette fois, « le défi vient de l'intérieur et donc une réaction positive pourrait être à la fois plus facile et plus difficile (…) ».

L’expert pontifical autoproclamé expose ensuite son analyse du manifeste:

« Le premier des six «domaines» pour lesquels on réclame un dialogue ouvert est intitulé "structures participatives". Suivent d'autres titres de paragraphes: communauté, culture du droit, liberté de conscience, réconciliation, célébration.

« Ce qui est dit au sujet de la participation semble être raisonnable: "Les croyants doivent être en mesure de participer à la sélection des "représentants officiels importants" (évêques, prêtres). Ce qui peut être décidé sur place, doit l'être". Plus dur est le point final du deuxième alinéa: "L'Église a également besoin de prêtres mariés et de femmes dans les ministères ecclésiaux". Les échos de la presse ont fait leur titre sur l'une et l'autre de ces demandes: pour la seconde le sacerdoce n'est pas nommé, mais peut-être y est-il fait aussi allusion. "Le droit ecclésial - indique le troisième alinéa - "ne mérite son nom que si les croyants peuvent effectivement faire valoir leurs droits". On plaide pour une "première étape" dans ce sens, la "création d'une juridiction administrative de l'Église". Ce dont il s'agit n'est pas clair, nous le verrons dans le débat à venir, mais c'est peut-être une allusion à des jurys pour résoudre des problèmes qui sont aujourd'hui laissés à la discrétion du curé ou l'évêque.

« Le quatrième point est parmi les plus exigeants, relié au "respect" de "décisions personnelles au sujet de la vie", "la haute estime" de l'Eglise pour le mariage et le célibat n'est pas une option. Mais il ne faut pas pour autant exclure les personnes vivant de façon responsable l'amour, la fidélité et l'attention mutuelle dans le mariage homosexuel ou les divorcés et remariés".

"Une rigueur morale prétentieuse ne convient pas à l'Eglise", dit le cinquième paragraphe et là, je pense que nous pouvons comprendre. Le dernier point est simple: "La liturgie vit de la participation active de tous les croyants. La célébration doit pas se figer dans le traditionalisme".

Le prévisionniste tempère d’abord l’ardeur des contestataires germaniques en constatant : "Que le pape Benoît ne soit pas un réformateur, nous le savons." On a peut-être placé une confiance excessive dans les structures et les programmes de l'Eglise, dans la répartition des pouvoirs et des fonctions; mais qu'adviendra-t-il si le sel devient sans saveur", a-t-il dit le 11 mai dernier à Lisbonne. Je ne m'attends donc pas à une réponse réformatrice. Il a autorisé les "ordinariats" pour les anglicans qui passent à l'Eglise catholique - il en a constitué un le 15 janvier dernier - à demander au Saint-Siège la capacité, au cas par cas, d'ordonner des hommes mariés. On peut envisager l'extension de cette possibilité à toute l'Eglise catholique, mais pas plus ».

Mais il conclut son adresse déguisée au pape par ce ballon d’essai :

« Il est possible, cependant, que Benoît ne rejette pas le dialogue "ouvert" qui lui est demandé. Comme réformes désormais matures - c'est à dire: qu'il juge matures - je n'en vois pas au-delà du célibat, dans les limites évoquées.

« Mais sur chacun des six points, il est possible de faire quelque chose tout de suite: l'espace pour les femmes, les différends soustraits à la discrétion des évêques, des consultations plus amples en vue des nominations, une attitude moins critique envers les couples de même sexe et remariés, avec des moments d'accueil effectif et visible ( ...)

Car « Benoît vient du monde de ces «collègues» qui aujourd'hui le remettent en question. Il a partagé, dans sa jeunesse - en essayant de les modérer - toutes ces instances, ou du moins leur esprit. Pour l'aider à traiter avec elles, Paul VI le voulut archevêque de Munich et Jean-Paul II le voulut à Rome. Se remettant en cause face à elles, il ne fera que mener à bien le travail de toujours »

Il n’y a pas à dire: la diplomatie italienne, c’est autre chose que la stratégie de la grosse Bertha. Mais Benoît XVI n’est pas le corbeau de la fable. Ni l’agneau ? À suivre…

Lire le texte complet de Luigi Accatoli, ici : Examen d'allemand pour Benoît XVI

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