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France : quand un évêque se démarque face à la chute des ordinations

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Stéphanie  Le Bars rapporte  sur M Blog que, d’après la conférence des évêques de France,« au total, 96 hommes seront ordonnés prêtres diocésains en 2012, selon la Conférence des évêques de France. Traditionnellement la plupart de ces ordinations se tiennent lors des derniers week-ends de juin. Ils avaient été 106, l’an dernier, à rejoindre les troupes vieillissantes en fonction dans les diocèses. Comme le rappelait La Croix en 2010, l'âge médian des 14 000 prêtres est aujourd'hui supérieur à  75 ans : les prêtres de plus de 75 ans sont aussi nombreux que ceux âgés de moins de 75 ans.

A ces nouveaux prêtres destinés aux diocèses dans lesquels ils ont été formés, s’ajoutent en 2012 une cinquantaine de religieux ordonnés dans le cadre de leurs congrégations ou de sociétés de prêtres : communauté Saint-Jean (11) dominicains (3), franciscains (3), communauté du Chemin Neuf (5), communauté Saint-Martin (10) et Missions étrangères de Paris pour l’Eglise d’Asie (1). [ndlr : cette énumération n’est manifestement pas exhaustive ]

Paris et Toulon en tête

Comme chaque année, le diocèse de Paris (10 ordinations), traditionnellement attractif, et celui de Fréjus-Toulon (13) affichent les chiffres les plus élevés. La situation du diocèse méditerranéen demeure exceptionnelle du fait de la politique adoptée par son évêque depuis plusieurs années. Il accueille de nombreuses petites communautés nouvelles (Communauté Point Cœur, Synodia, Missionnaire du Christ Maître, Fraternité missionnaire Jean Paul II…), qui ordonnent chacune un à deux prêtres par an. Souvent d’origine étrangère, certains d’entre eux sont censés demeurer dans les paroisses locales. Au total, Mgr Dominique Rey, l’évêque de Fréjus-Toulon ordonnera, dimanche 24 juin, 13 prêtres issus de diverses origines; six resteront au service de leur communauté.

A l’inverse, certains diocèses manquent de prêtres et n’en ont pas ordonnés depuis des années. Dans celui de Moulins, dont la situation financière et humaine est particulièrement préoccupante, seuls 37 prêtres ont moins de 75 ans. Une situation analogue dans le diocèse de Soissons, où seuls 50 prêtres n’ont pas atteint cet âge théorique de la retraite et où des prêtres de 80 ans gèrent encore des paroisses. D'autres diocèses comme celui de Saint-Flour, qui ordonne un prêtre cette année, n’avaient pas connu d’ordination depuis 2004. »  

Référence ici : nouvelle baisse des ordinations de prêtres en 2012

Pourquoi donc le diocèse de Toulon-Fréjus tranche-t-il sur ce fond de morosité générale ? Le Salon Beige relate l’interview que Mgr Rey, a donnée au journal « Le Monde » samedi dernier :

Question : "Votre diocèse est, avec celui de Paris qui procède dimanche à dix ordinations, le seul diocèse de France à fournir autant de nouveaux prêtres. Comment s'explique cette situation ? »

Réponse : « Face à un clergé qui avait du mal à se renouveler, mes prédécesseurs ont cherché des vocations ailleurs. Cela semblait à certains une entreprise risquée, mais je me suis inscrit dans ce sillage : j'ai développé la présence de communautés nouvelles pour enrichir et féconder le terrain local. A présent, il y a dans le diocèse une cinquantaine de ces mouvements, venus d'autres univers, dont 25 forment des prêtres.

Quelle que soit leur origine, les futurs prêtres reçoivent un tronc commun de formation au séminaire diocésain, lieu fédérateur. Il accueille 80 séminaristes, dont une douzaine sont originaires du diocèse, d'autres viennent du reste de la France pour rejoindre des mouvements installés dans le Var, d'autres arrivent de l'étranger. Ils reçoivent un accompagnement pour favoriser l'inculturation au diocèse, et cela ne se limite pas à des cours de français ! Le séminaire prend en compte leur identité particulière, leur charisme.

Aujourd'hui, les jeunes choisissent un séminaire comme on choisit une école de commerce, par Internet ; ils recherchent un parcours significatif. La référence territoriale n'agit plus. Cette approche correspond à ce qui se passe dans la société civile, caractérisée par un fonctionnement en réseaux et une mondialisation des échanges.

Question : « Certains de vos confrères ont vu dans ces choix une politique du chiffre, fragile pour la vie des diocèses. Quel bilan en tirez-vous ? »

Réponse : « Il y a toujours une suspicion face à ce qui dérange les habitudes, ce qui sort du bien-pensant. On sera jugé dans vingt ou trente ans ! En Europe, on fait face à un fort déclin des vocations religieuses. Quand on n'a plus dans un diocèse qu'une quinzaine de prêtres, dont la moyenne d'âge est de 72 ans, on ne peut tenir le terrain. Cela accélère le décrochage de la vie de foi. Si on veut mettre en place de nouvelles logiques, il faut de nouvelles ressources. J'ai pu lancer des campagnes d'évangélisation parce que j'ai un nombre suffisant de prêtres et de religieux mobilisés. L'installation d'une communauté nouvelle peut revitaliser une paroisse, à condition que ce ne soit pas vécu comme un parachutage. Le diocèse affiche un certain dynamisme. La pratique religieuse et le nombre d'enfants catéchisés y connaissent une décélération moins forte qu'ailleurs. Mais on est conscient que, plus le clergé est diversifié, plus il faut travailler pour éviter la juxtaposition de chapelles. Ici, les visions peuvent être différentes, mais on partage des fondamentaux, comme la nouvelle évangélisation. Par ailleurs, des communautés, pleines de zèle mais fragiles, n'ont pas réussi leur inculturation ; elles sont reparties dans leur pays. »

Question : « Vous privilégiez la " nouvelle évangélisation ", en développant notamment une présence dans des quartiers musulmans. Comment cela se passe-t-il ? »

Réponse : « Une composante de cette nouvelle évangélisation a en effet consisté à installer une communauté de prêtres traditionalistes dans un quartier de centre-ville à majorité musulmane. Certains de ces prêtres ont reçu une formation au monde musulman. L'évangélisation ne doit pas être de la provocation, mais peut se faire à travers des rencontres, en toute délicatesse. Dans ce quartier, nous organisons des processions, et cela se passe très bien. Ces rencontres peuvent entraîner un questionnement puis un itinéraire vers un baptême. Mais le but n'est pas d'ordre statistique. Dans une société sécularisée où la présence chrétienne est effacée, l'important est de lui donner une visibilité. La foi n'est pas seulement quelque chose d'intime, c'est aussi une manifestation collective. L'Eglise doit être aussi un signe pour ceux qui sont à l'extérieur. Il nous faut mettre en place des outils spécifiques en fonction des publics que l'on veut toucher : premier cercle des chrétiens, "saisonniers" - de l'Eglise -, croyants du parvis ou ceux qui sont les plus éloignés du catholicisme. »

Référence : "Aujourd'hui, les jeunes choisissent un séminaire comme on choisit une école de commerce"

Mais combien d’évêques partagent-ils le point de vue et les méthodes de Mgr Rey, si éloignés de l’idéologie conciliaire qui asphyxie l’Eglise depuis bientôt cinquante ans ?


Voir également :

Les vocations sacerdotales : responsabilité de tout baptisé
Pour un « terrain » favorable aux vocations, par Mgr Zani

Jésus est l'unique modèle du prêtre
Par Mgr Jean-Louis Bruguès

De nouvelles orientations pastorales pour les vocations sacerdotales
Par le card. Grocholewski

Commentaires

  • Et combien d'ordinations dans les diocèses belges cette année ?

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