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Un abbé tradi en phase avec le pape François

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IMG_4221b.jpgSur le metablog de l’abbé Guillaume de Tanouärn (Institut du Bon Pasteur) . Extraits :

(…) Que signifie cette élection ? Les cardinaux avaient le choix entre des théologiens d’envergure (Scola de Milan, le favori de Benoît XVI), des administrateurs efficaces (Ouellet de Québec), des pasteurs (Maradiaga du Honduras, qui était un challenger possible). Ils ont choisi une sorte de saint, levé tous les jours à 4 H 30 et qui reçoit ses prêtres entre 6 H et 8 H après une heure d’oraison quotidienne. La simplicité de Bergoglio n’est pas seulement un calcul, mais l’expression d’une âme ardente, qui s’est totalement donnée à sa tâche. Le vecteur de ce don, ce sont les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola, dont on retrouve l’esprit souvent dans les improvisations qu’il livre à la foule. Ainsi vendredi 15 mars, à la Domus Sanctae Marthae, au cours de la messe toute simple qu’il a célébrée de bon matin avec quelques cardinaux, il a improvisé une homélie. Il y a cité saint Ignace qui, dans les règles du discernement, conseille « au temps de la désolation, de ne faire aucun changement, mais de demeurer ferme et constant dans ses résolutions et dans la détermination où l’on était au temps de la consolation”. Sans quoi –  a-t-il ajouté  –si l’on cède et si l’on s’éloigne, « lorsque le Seigneur se rend à nouveau visible, il risque de ne plus nous trouver ». 

Etonnantes paroles sur la constance nécessaire chez les ministres du Christ ! On ne peut pas dire qu’avec de telles formules (je cite celle-là parce qu’elle a été très peu reprise à ma connaissance), on aille faire la Révolution dans l’Eglise.

Il est clair pourtant que la politique dite restaurationniste, menée par Benoît XVI a subi un coup d’arrêt brutal.

Dans deux domaines au moins, il faudra s’attendre à des dissonances entre le pape régnant et le pape Benoît XVI : le Concile d’abord, la liturgie ensuite. A propos du Concile, le pape François semble s’éloigner de l’obsession conciliaire qui était celle de Benoît XVI ; il ne cherche pas à établir une herméneutique de continuité, en disant que le Concile est sa boussole. Pour l’instant tout au moins, il n’en parle pas. En 2006, face à l'herméneutique de cointinuité chère à Benoît XVI, il avait évoqué, lui, une "herméneutique de la piété". Lorsqu’il en parle, dans tel texte antérieur publié par Trenti Giorni, il souligne que le Concile, c’est la faculté pour chacun de s’adresser de manière convenable aux hommes et aux femmes qu’il rencontre. Quelque chose pour « cheminer » en somme, si l’on reprend un terme qu’il utilise très souvent.

 

Quant à la liturgie, son mot dans la Salle des pleurs après son élection (« C’est fini le carnaval… ») pourrait être apocryphe. Il n’en signifie pas moins quelque chose de sa manière d’être. Ce n’est pourtant pas forcément  l’indice d’un retour idéologique aux années 70 mais plutôt l’expression d’un tempérament et d’une très forte autorité. Sa messe d’intronisation, mardi 19 mars, entièrement en latin, était essentiellement sobre et non fantaisiste.

Au fond, on a l’impression que ce personnage, qui se répète déjà après une semaine comme pape, est essentiellement une personnalité. C’est dans ce contexte d’ailleurs que l’on peut comprendre l’ecclésiologie qui se dégage de ses premières interventions. Certes, le soir de son élection, il n’a pas employé le mot « pape » et il s’est adressé avant tout à ses diocésains du diocèse de Rome. Mais au moment de sa bénédiction, il s’est adressé à tous les hommes de bonne volonté et il a cité saint Ignace d’Antioche sur l’évêque de Rome qui préside dans la charité. Loin d’être une réduction du pouvoir du pape, son attitude est dictée par une stratégie qui pourrait bien être à l’origine de son élection. Pas d’intromission du pape dans les affaires des Eglises locales. Il doit respecter l’autorité de « ses frères les cardinaux ». Dans cette perspective d’ailleurs, il est bien possible qu’il y ait moins de voyages pontificaux et que le modèle wojtylien ait trouvé sa limite. 

Mais en même temps, le pape reste « le pape monde » qui s’adresse au monde entier, qui dialogue avec tous les non-catholiques. Il est plus que jamais la référence spirituelle, l’étrange autorité spirituelle mondiale que personne n’attendait. Le langage direct et sans langue de buis du pape François risque de rendre sa parole encore plus efficace. Je pense en particulier à l’Amérique latine et à l’Afrique où les protestants évangélistes, profitant de la concurrence de papes plus intellectuels, s’étaient présentés comme ayant le monopole de l’Evangile. Ce pape austère et vraiment évangélique, devient un argument de poids non seulement ici en Europe et aux Etats unis, mais aussi auprès de gens simples que séduiront sûrement sa prédication directe et son mode de vie authentique. Son vieux « péronisme » des familles, jamais renié, en fera-t-il aussi un pape des nations contre la Globalisation indifférenciée ».

Deux ou trois choses encore sur François

Attendons surtout les actes de gouvernement que, contrairement au petit Frère François (celui-ci ne fut jamais, à cet égard, un modèle, pour l'ordre qu'il avait fondé), sa fonction intime au nouveau pape de poser. Son passé montre qu'il est rien moins que naïf à cet egard.

Commentaires

  • voilà qui tempère et équilibre, je trouve, les propos de "père Christian" sur "Installation de l’évêque de Rome dans sa cathédrale: “noble simplification des rites” confirmée". Attendons et ne jugeons pas les bourgeons avant qu'ils aient déployé leurs feuilles et leurs fruits !

  • L'abbé de Tanouarn aime plaire, et la flagornerie ne l'étouffe jamais. Merci au Père Christian pour son analyse claire, bien pensée, lucide et, hélàs, très réaliste.

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