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Le brasier syrien mettra-t-il le feu à tout le Moyen-Orient ?

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La Nuova Bussola Quotidiana (Giorgio Bernardelli) souligne la dangerosité du conflit syrien qui risque d'embraser tout le Moyen-Orient. Le pape qui plaide pour un cessez-le feu et une paix négociée en est conscient, mais les Etats-Unis, la France et d'autres pays occidentaux voudraient à tout prix jeter de l'huile sur le feu en soutenant et en armant les forces syriennes insurgées...

Du drame qui se déroule en Syrie, il est un aspect que nous avons encore du mal à comprendre en profondeur. Et c'est combien cette guerre - par-delà même le prix déjà inacceptable de ses 93.000 morts (selon les chiffres officiels) - est en train de créer des conséquences extrêmement graves également dans tous les pays voisins. Avec des implications qui pourraient fonctionner comme déclencheurs de nouveaux conflits dans des pays qui reposent toujours sur des équilibres très fragiles. 

Le cas le plus frappant est celui du Liban: dimanche, le patriarche maronite Béchara dimanche Rai a présidé, au sanctuaire de Harissa, un acte de consécration du Liban et de tout le Moyen-Orient au Coeur Immaculé de Marie. Un geste qu'il est vraiment difficile de classifier comme relevant d'une dévotion facile: la situation dans le pays du Cèdre se fait chaque jour plus tendue. Et la participation massive des milices du Hezbollah aux côtés des forces du président syrien Assad dans la bataille pour la reprise de Qusair, a encore exacerbé l'affrontement avec les forces de l'islam sunnite qui soutiennent les rebelles. La rumeur veut que dans la bataille de Qusair - remportée par les forces loyalistes - un frère du dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ait perdu la vie. Et il y a même un journaliste arabe qui prétend avoir vu Nasrallah en personne, complètement camouflé, sur le champ de bataille.

Que ce soit vrai ou pas, ce qui est certain, c'est que la guerre en Syrie soit en train de disloquer des alliances au Moyen-Orient qui semblaient très solides. Un autre aspect de la tension extrêmement élevée au Liban depuis une longue période est constitué par les camps de réfugiés palestiniens, où la confrontation est désormais ouverte entre le Hezbollah et le Hamas, mouvement islamiste qui jusqu'hier flirtait encore avec Téhéran, mais qui est maintenant rentré précipitamment dans les rangs sunnites. Il semble qu'à Qusair certains militants du Hamas ont combattu dans les rangs des rebelles et donc contre les hommes du Hezbollah. Par ailleurs, le chef du Hamas, Khaled Mechaal - déjà dans les premiers mois de la révolte syrienne, a abandonné Damas, où il avait son quartier général. 

Mais il n'y pas seulement le Liban qui soit en train de trembler. Une autre situation dramatique - par exemple - est celle de l'Irak, où le conflit entre chiites et sunnites a connu récemment un grave regain : durant les cinq premiers mois de 2013, il y a eu plus de 2.500 morts (839 durant le seul mois de mai). L'affrontement constituel  ici le lourd héritage de l'après-Saddam, avec la domination des chiites du Premier ministre al-Maliki sur la majorité sunnite. Mais il est difficile de ne pas voir comment le niveau de violence atteint au cours des dernières semaines est intimement lié à la présence de groupes armés sunnites qui vont et viennent à partir de la Syrie, où du point de vue de certaines factions il s'agit désormais d'un seul et même conflit.  

Même si on n'y enregistre pas encore une dérive violente, la Jordanie aussi constitue une véritable marmite à pression où la température continue à monte. Ici, il suffit de citer un chiffre, celui du camp de réfugiés de Zaatari, près de la ville de Mafraq à la frontière avec la Syrie, avec ses 180.000 réfugiés; ce camp géré par le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies est à présent la quatrième plus grande ville du pays. Et cela dans le contexte de la Jordanie, qui a déjà accueilli des centaines de milliers de réfugiés en provenance de l'Egypte et de la Palestine. Amman est aujourd'hui la capitale du seul pays au Moyen-Orient qui - malgré les émeutes de 2011 - a su maintenir une situation politique stable. Mais elle est très préoccupée par ce qui pourrait arriver si - comme malheureusement tout aujourd'hui semble l'indiquer - le conflit en Syrie devait encore durer beaucoup de temps. 

Intéressant aussi, le cas de la Turquie, autre pays fortement impliqué dans le bourbier de Damas. Peu nombreux sont ceux qui l'ont souligné ces jours-ci, mais c'est peut-être aussi un angle de vue à partir duquel nous devrions commencer à considérer ce qui s'est passé sur la place Taksim et à proximité durant ces jours-ci. Après avoir espéré faire de la Syrie de Assad un allié économique, M. Erdogan avait tout misé sur l'opposition en pensant qu'avec elle la Turquie serait également gagnante. Mais il a mal fait ses comptes et il en paie tlourdement les conséquences : officiels et clandestins, on parle aujoud'hui d'environ un demi-million de réfugiés syriens désormais établis à l'intérieur des frontières turques. De plus, ils campent - avec les milices sunnites qui vont combattre en Syrie - dans les zones où il y a une forte présence des alaouites, la minorité la plus importante en Turquie. Avec, en conséquence, une situation très tendue qui a conduit Istanbul à revenir de façon substantielle sur les droits accordés à ce groupe ethnique. Avec, en supplément, des négociations avec les Kurdes désormais proches de l'impasse. Des Kurdes qui risquent maintenant d'être entraînés dans la spirale de la guerre syrienne également en Iran: ces jours-ci, en effet, on apprend la nouvelle de quelques morts un peu suspectes de Gardiens de la Révolution, attribuées par l'agence de presse officielle de l'Iran aux milices kurdes. Milices qui, cependant, nient refutent cette accusation et soutiennent le maintien du cessez-le avec l'armée iranienne en vigueur depuis 2011. Le soupçon est que Téhéran veut dissimuler de cette façon la mort de ses soldats qui se battent en Syrie aux côtés de Assad. Tâchant ainsi de faire retomber sur une minorité, le mécontentement populaire à l'égard d'une guerre qu'ils ne perçoivent pas comme la leur.

Commentaires

  • La marmite au Moyen-Orient est prête à exploser et l'Occident ne fait qu'agraver la situation. Obama, Cameron et Hollande n'ont-ils pas compris la leçon de l'Afghanistan et de l'Irak où l'intervention occidentale n'a en rien apporté la paix pour ces gens, bien au contraire ? Mais on ne connait pas le dessous des cartes, à savoir les bénéfices que nos dirigeants comptent obtenir des pays riches comme l'Arabie ou le Qatar qui soutiennent la rebéllion, même si Al Quaeda est dans le même camp! La peau des Syriens ne vaut pas cher face aux petrodollars!

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