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A propos d'un curé franc-maçon qui dérange le Vatican

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“Pascal Vesin, le curé franc-maçon qui dérange le Vatican”

C’est sur le site de La Libre qu’on peut lire un entretien avec Pascal Vesin, curé de la paroisse Sainte-Anne d'Arly-Montjoie, à Megève, en Haute-Savoie. Il a été démis de ses fonctions par Mgr Yves Boivineau, évêque d'Annecy, en raison de son appartenance à la loge maçonnique du Grand Orient de France.

La Libre présente ce prêtre comme “atypique”, dont le tort est “d’être franc-maçon tout en exerçant son rôle de curé”.

Il est pour le moins facile de présenter la situation sous l’angle d’un “retour à l’obscurantisme”, comme l’a fait le grand maître du Grand Orient, José Gulino, qui poursuit: “On peut être prêtre et franc-maçon ; ne pas comprendre cela relève du Moyen-Age” !

Le site “Le fait religieux” (cf. http://www.fait-religieux.com/), bien informé, fournit certains détails très pertinents en rapport avec cette affaire : 

L'évêché d'Annecy s'appuie entre autres sur une note datée du 26 novembre 1983 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dont la mission est de promouvoir la doctrine de l'Église catholique, et qui précise que “le jugement de l'Église sur les associations maçonniques demeure inchangé... et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Église ceci en raison même de l'incompatibilité entre les principes de la franc-maçonnerie et ceux de la foi chrétienne ”. “ Informé en 2010 par courrier anonyme”, l'évêque a interrogé Pascal Vesin “qui a nié selon le communiqué de presse diocésain. “Confondu en 2011, il lui a été demandé de quitter la franc-maçonnerie pour se consacrer à son ministère de prêtre”. Pascal Vesin a alors affirmé son intention “de vivre la double appartenance”. Selon l'évêché, l'intéressé était informé de la sanction encourue.

“L'évêque a demandé auprès de la nonciature apostolique le délai nécessaire pour prévenir son Conseil presbytéral (Conseil d'une quinzaine de prêtres délégués du diocèse d'Annecy). Trois membres de ce Conseil ont été mandatés par leurs pairs pour rencontrer leur confrère”. Le père Vesin a alors réitéré “sa volonté de rester au sein de la franc-maçonnerie”. “Cette ultime étape franchie, rien ne reste fermé” selon la volonté de l'évêque. “La peine, dite “médicinale”, peut être levée”. “La miséricorde va de pair avec la vérité” conclut le communiqué de presse de l'évêché.

L’entretien complet figurant sur le site de La Libre figure ici: http://www.lalibre.be/

En voici un extrait.

Pourquoi êtes-vous entré en franc-maçonnerie en 2000 ?

Je cherchais un lieu de recherche intellectuelle, où l'on traitait de questions de société, où l'on prenait à bras-le-corps les questions que le monde se pose. Puis j'ai rencontré des amis franc-maçons qui ne partageaient pas du tout ma foi, qui étaient bouddhistes ou athées. Cette ouverture à l'autre m'intéresse. 

La double appartenance (Eglise et franc-maçonnerie) n'est-elle vraiment pas compatible ? 

Selon le Vatican, elle n'est pas compatible. Mais les arguments qu'ils avancent s'adressent à des maçons du début du 20e siècle, sous la Troisième République plus particulièrement, lors des discussions sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

Les positions franc-maçonnes sur l'euthanasie, l'homosexualité ou l'avortement sont-elles trop libérales pour le Vatican ?

Je ne dirais pas cela. Dans l'Eglise, il existe également des mouvements libéraux, différentes théologies. C'est d'ailleurs mon combat : laissons différentes théologies s’exprimer. Ensuite, il faut savoir que la maçonnerie dans son ensemble n'est pas pour l'euthanasie ou le mariage pour tous. Dans mon atelier, au Grand Orient de France, certains frères sont contre le mariage pour tous, par exemple (N.D. Belgicatho: mais en 2001, lui-même n’a pas hésité à prendre position pour l’ordination d’hommes mariés et pour le « mariage » homosexuel). Chaque membre dispose d'une grande liberté de croire ou de ne pas croire au niveau de la transcendance ou d'adhérer à certaines propositions de société. 

Pourquoi une telle antinomie alors ?

Dans le code de droit canonique de 1917, les franc-maçons étaient excommuniés. En 1983, lors de l'élaboration du nouveau code, le cardinal Ratzigner a précisé que la position par rapport aux francs-maçons n'avait pas changé et qu'il fallait donc toujours les excommunier (N.D. Belgicatho: tiens, c’est bizarre, vu que d’après Monsieur Vesin, les arguments sur lesquels se fonde l’Eglise pour confirmer l’incompatibilité entre l’appartenance à l’Eglise et à la franc-maçonnerie sont liés à un contexte plus ancien… comme si c’était le genre de Joseph Ratzinger de se ligoter à un contexte historique défini pour préciser une loi de l’Eglise !). C'est pour moi une position qui n'a plus lieu d'être. Mais je suis aussi obligé de reconnaître que le secret maçonnique peut gêner l'Eglise aujourd'hui. Ce secret dessert d'abord les franc-maçons. Il y aurait peut-être un travail à faire pour dire qui on est, pour ne plus effrayer les gens, car ce secret nourrit les fantasmes. 

C'est donc cet aspect du secret qui cause le principal bémol ?

Oui, il y a le secret mais aussi cette théologie qu'on appelle le relativisme. Pour un franc-maçon, toutes les religions se valent et on ne demandera à aucun membre de croire ou de ne pas croire. L'Eglise, qui elle pense détenir la vérité (N.D. Belgicatho: qu’en pense Monsieur Vesin lui-même ? Peut-être ne partage-t-il pas ce point de vue ?), se dit que ce n'est pas possible qu'un chrétien, et encore moins un prêtre, appartienne à une institution qui affirme que toutes les religions se valent. 

Vous n'êtes pas le seul prêtre à être franc-maçon en France. Pourquoi votre cas pose problème ? 

Parce que mon cas a été dénoncé par une lettre anonyme.  (N.D. Belgicatho: autrement dit, sans lettre anonyme, Monsieur Vesin continuait son ministère, célébrait les sacrements comme si de rien n’était. Dans un entretien daté du 17 janvier 2013, au Messager, un hebdomadaire régional, Pascal Vesin déclarait en avoir « rien à faire d'être vivant après la mort ». Il n’y a pas de doute: ses fidèles étaient donc en de très bonnes mains. Dans cette logique, on peut légitimement se demander comment les choses ont été présentées aux personnes qui apportent leur concours à un groupe de soutien de Monsieur Vesin, sur une page Facebook. Sans doute cette même référence au retour de l’obscurantisme ?)

Les franc-maçons, notamment ceux du Grand Orient de France, sont-ils des "bouffeurs de curés" ?  

Ils étaient des bouffeurs de curés mais ce n'est plus le cas maintenant. En 2000, j'ai été initié, ce qui veut dire qu'ils ont accepté le curé que je suis (N. D. Belgicatho: on imagine que cela n’a pas dû poser trop de problèmes, vu le zèle de Monsieur Vesin à défendre le message de l’Eglise sur les fins dernières. Peut-être a-t-il lui-même déjà pris ses dispositions quant à sa cremation ?). Quant à la position de l'Eglise, que je rejoigne le Grand Orient ou une autre obédience, elle ne change pas. C'est la maçonnerie en général qui pose problème (N. D. Belgicatho: un lien vers Vatican.va, repris plus loin dans ce post, permet d’approfondir la question. On notera aussi que Le Grand Orient de France est archi-connu pour ses positions anti-cléricales). Aujourd'hui, l'Eglise se base sur des textes de loi dépassés. 

Etes-vous prêt à quitter la franc-maçonnerie ?

Je suis prêt à quitter n'importe quoi. Je suis un homme totalement libre. Aucune institution ne peut m'enfermer. La franc-maçonnerie a toujours accepté que je puisse avoir cette double appartenance donc je n'ai aucune raison de la quitter. De la même manière, on m'a exclu de l'Eglise mais je n'ai pas envie de la quitter. C'est un lieu où je m’épanouis, où je suis heureux et où je crois annoncer un tant soit peu l’évangile. Donc je ne vois pas pourquoi une institution me demanderait de quitter un lieu comme la maçonnerie. 

Outre la note du 26 novembre 1983 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à laquelle il est fait référence plus haut, on pourra prendre connaissance d’une réflexion sur l'"impossibilité de conciliation entre foi chrétienne et maçonnerie". C’est ici: http://www.vatican.va/

Dans les rapports entre l’Eglise et la franc-maçonnerie, ce texte a au moins le mérite de mettre l’accent sur “l’impossibilité de conciliation des principes, c’est-à-dire sur le plan de la foi et de ses exigences morales”, le tout se concentrant sur la personne-même de Jésus-Christ: “Seul Jésus-Christ, en effet, est le Maître de la Vérité et c’est seulement en Lui que les chrétiens peuvent trouver la lumière et la force pour vivre selon le dessein de Dieu, en travaillant pour le bien véritable de leurs frères”.

 

Commentaires

  • Voilà donc une Loge maçonnique qui inscrit et initie un curé, en sachant pertinemment que cela lui est interdit pas l'Église.
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    Voilà donc une Loge maçonnique qui interdit à ce même curé de révéler à qui que ce soit son inscription et son initiation.
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    Voilà donc une Loge maçonnique qui l'oblige à mentir lorsque l'Église l'interroge sur la question.
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    Et voilà donc un curé qui a le culot de nous dire que les membres de cette Loge disposent d'une grande liberté, et que lui-même est un homme totalement libre. Quelle relation fait-il entre sa prétendue liberté et sa soumission au mensonge imposé par sa Loge ?
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    La maçonnerie pratique donc le mensonge, la dissimulation, le relativisme, l'occultisme et l'ésotérisme, et ce curé ne voit aucune incompatibilité avec l'Église ?
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    Si même un curé se fait piéger ainsi par la Loge, qu'en est-il de tous les simples catholiques, en principe encore plus naïfs car moins au fait de l'incompatibilité entre Loge et Église ?

  • Pauvre Job

    Votre raisonnement est implacable. Il n'y a pas plus fermé que la franc-maçonnerie: il faut montrer patte blanche pour y entrer. De toutes les conversations que j'ai pu avoir avec plusieurs d'entre eux sur la démarche fondamentale de l'affiliation, il ressort cette idée déclarée de perfectionnement permanent, de recherche constante... On aurait envie de leur demander, sur leur lit de mort, ce qu'ils ont finalement trouvé.

    "La GNOSE est l'âme et la moelle de la Franc-Maçonnerie."
    Albert Pike, franc-maçon, 33° degré, Grand Commandeur du rite Ecossais, rénovateur du culte LUCIFERIEN des temps modernes, fondateur du Ku-Klux-Klan (tristement célèbre KKK...). Une belle référence n'est-ce pas ? Rien à envier à l'apôtre de la tolérance, le raciste, l'antisémite Robespierre !

    C'est Albert Pike a dit aussi, "à vous, Souverains Grands Inspecteurs Généraux (33e...), nous disons, pour que vous le répétiez aux frères des 32e, 31e et 30e degrés (et non pas aux frères des grades inférieurs) : La religion maçonnique doit être, pour nous tous, initiés des hauts grades, maintenue dans la pureté de la doctrine luciférienne".
    (14 Juillet 1889 pour fêter le centenaire de la "grande oeuvre" révolutionnaire de 1789 ettectué par la secte maçonnique en France. Source : Domenico Margiotta, Adriano Lemmi, Delhomme et Briguet éditeurs, Paris-Lyon, 1895, p. 270, 271).

    Dans un autre ordre, ce qui est tout aussi intéressant, c'est le fait qu'ils minimisent et même mieux, essayent d'effacer le jugement de l'Eglise concernant la maçonnerie. Combien de fois, ces dernières années, n'en ai-je pas entendu qui prétendaient que l'Eglise était revenue sur la peine d'excommunication prévue par l'ancien code de droit canon de 1917. Et quand alors on leur parle de la piqûre de rappel de Joseph Ratzinger, dans les années 80... hop ! comme par magie, la mémoire leur revient ! Non. Ils savent très bien quelle est la position de l'Eglise.

    Dernière chose... on notera la façon très particulière de La Libre de relater l'une des fêtes majeures des catholiques en ce 15 août, fête de l'Assomption. Cela ne nous surprend pas. D'autres religions ont droit à un peu plus d'égard que l'histoire d'un mec qui, en toute connaissance de cause, se met hors-jeu et joue les victimes par surcroît.

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