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Curie romaine : changement de profil

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Le cardinal Piacenza est la victime la plus connue du premier remaniement effectué par le pape François à la curie romaine. Les diplomates obtiennent de l'avancement. Les Italiens résistent. Les "ratzingeriens" hors jeu .  Extraits de l’article paru sur le blog « Chiesa » de Sandro Magister :

« CITÉ DU VATICAN, le 25 septembre 2013 – L’annonce de la nomination du nouveau secrétaire d’état et les mesures prises il y a quatre jours montrent que le pape François a procédé à une première série de changements significatifs au sein de la curie romaine.

Il l’a fait dans des délais relativement brefs, comme cela lui avait d’ailleurs été demandé par les cardinaux qui lui ont apporté leur soutien jusqu’à en faire le successeur de Pierre.

Cette série de nominations, de confirmations et de non-confirmations – qui ont été précédées par des retouches petites mais significatives dans d’autres services du Vatican – permet de percevoir dès maintenant quelques indications en ce qui concerne les principes de gouvernement d’un pape qui aime à se définir comme l’évêque de Rome mais qui, à l’intérieur des Murs Léonins, agit à cent pour cent en souverain pontife de l’Église universelle (…)

On peut tout d’abord dire que, si son prédécesseur Benoît XVI ressentait une certaine antipathie à l’égard de la “caste” des nonces apostoliques, le pape Jorge Mario Bergoglio ne fait preuve d’aucun préjugé sur ce point. C’est même le contraire. Tout en déplorant que les clercs qui sont employés dans la diplomatie soient menacés plus que les autres par la lèpre du carriérisme ecclésiastique, il ne manifeste, lorsqu’il trouve parmi eux quelqu’un qu’il juge capable et compétent ou qui lui est présenté comme tel par des conseillers à qui il estime pouvoir faire confiance – aucune réticence à lui accorder une promotion et à lui confier de hautes et délicates fonctions.

Et c’est certainement le cas en ce qui concerne le nouveau secrétaire d’état Pietro Parolin et le nouveau préfet de la congrégation pour le clergé Beniamino Stella. Qui sont appréciés par le pape Bergoglio notamment en raison de leur profil discret et étranger à tout extrémisme.

Un autre nonce apostolique, plus exubérant, l’archevêque Lorenzo Baldisseri, a été promu au poste de secrétaire général du synode des évêques en remplacement de Nikola Eterovic, qui a été nommé nonce à Berlin. Baldisseri est ce même prélat qui, étant secrétaire du conclave, a été créé "cardinal à moitié" par le pape qui, alors qu’il venait d’être élu, lui a posé sur la tête sa calotte pourpre. Maintenant on peut présumer qu’il va devenir pleinement cardinal et qu’il recevra la barrette – en même temps que Parolin et Stella – lors du premier consistoire qui sera consacré à cette question.(…)

Les changements d’affectation ont fait rétrograder certains ecclésiastiques considérés comme figurant parmi les plus conservateurs et les plus "ratzingeriens" de la curie romaine. Changements qui ont fait grand plaisir au monde médiatique progressiste et attristé celui qui est plus traditionaliste.

Trois de ces changements d’affectation, en particulier, ont fait naître des discussions :


- celui de l’archevêque Guido Pozzo, qui était aumônier pontifical et qui a été nommé secrétaire de la commission pontificale "Ecclesia Dei", fonction qui a été abolie il y a quelques années ;

- celui de l’évêque Giuseppe Sciacca, qui était secrétaire général du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican et qui a été nommé secrétaire adjoint de la signature apostolique, fonction jusqu’à présent inexistante ;

- et surtout celui du cardinal Mauro Piacenza, passé de l’influente congrégation pour le clergé à la pénitencerie apostolique, plus marginale, où sont en général envoyés des cardinaux d’un âge très avancé ou bien – à la seule exception, spectaculaire, de Luigi De Magistris – des archevêques en fin de carrière à qui l’on prévoit de donner la pourpre (…).

Dans le cas de Piacenza il est évident que le pape Bergoglio a voulu imprimer un changement  par rapport à la manière - dynamique mais traditionnelle - de diriger la congrégation que le prélat génois, élève du cardinal Giuseppe Siri, avait adoptée avec la pleine approbation de Benoît XVI.

Le cardinal Piacenza a toujours été un partisan affirmé de la discipline du célibat ecclésiastique. Son départ de la congrégation pour le clergé, associé aux déclarations du futur secrétaire d’état Parolin qui ont été interprétées comme une ouverture en direction du dépassement de cette norme ecclésiastique de l’Église latine, a fait penser que, parmi les nouveautés de l’actuel pontificat, il pourrait y avoir précisément un changement dans ce domaine délicat.  (…).

À l’heure actuelle, beaucoup d’attentes, à la curie mais pas uniquement, se concentrent sur la congrégation pour les évêques et sur la congrégation pour le culte divin.

En ce qui concerne la première, pour laquelle on prévoit la confirmation du cardinal préfet Marc Ouellet dans ses fonctions, le départ de Baldisseri a rendu vacant le poste de secrétaire.

En ce qui concerne la seconde, on considère comme très probable le retour du cardinal préfet Antonio Cañizares Llovera en Espagne, où il succéderait à Antonio Rouco Varela en tant qu’archevêque de Madrid.

Par ailleurs, il sera intéressant de voir, en ce qui concerne la congrégation qui "fabrique" les évêques, si les membres du dicastère seront changés et de quelle manière. Sa composition actuelle donne un ensemble assez bien équilibré entre les diverses tendances ecclésiales. Mais, au vu des plus récentes nominations, certains craignent – d’autres souhaitent – une sorte d’épuration des membres les plus conservateurs, à commencer par le cardinal Piacenza.

D’autre part, en ce qui concerne la congrégation pour le culte divin, il sera intéressant de voir qui prendra le poste de Cañizares, qualifié par certains de “petit Ratzinger” en raison de son affinité théologique présumée avec Benoît XVI. Dans les milieux traditionalistes le bruit court, comme un cauchemar, que sa place pourrait être prise par l’archevêque Piero Marini, l’organisateur des cérémonies pontificales de Jean-Paul II, mis sur la touche par le pape Joseph Ratzinger.

Piero Marini a été le premier co-consécrateur du nouvel archevêque aumônier pontifical, le Polonais Konrad Krajewski, très apprécié par Bergoglio. Il paraît invraisemblable que ce soit justement lui qui soit placé à la tête du dicastère responsable de la liturgie mais, avec le pape François, les surprises sont toujours possibles (…). »

Tout l’article ici : Journal du Vatican / Confirmés, promus, rétrogradés

Qui parle encore de continuité ? JPSC

Commentaires

  • Le prélat le plus intègre et le moins influençable de la Curie, le Cardinal Piacenza, est placé sur une voie de garage. Benoît XVI avait évincé les homme du Cardinal Sodano, considérés comme une mafia locale, pour amorcer une réforme de la Curie. Le présent évêque de Rome était appelé à renforcer cette réforme. Il ne trouve rien de mieux à faire que d'évincer les hommes intègres et de rappeler les évincés. Merci, pape François. Vous nous édifiez.

  • Selon une rumeur en provenance de Rome, le pape aurait rencontré personnellement, un par un, tous les nonces apostoliques en poste. Ce qui tendrait à signifier qu'il se méfie comme de la peste de l'appareil de la Curie. Cette rumeur prend corps à la lecture de cette réflexion.

    La mise à l'écart du Cardinal Piacenza est symptomatique. Il me semble avoir lu quelque part que la messe d'intronisation de l'évêque de Rome, il avait eu un accident cardiaque. J'y ai vu un bien mauvais signe.

    A cela s'ajoute une confusion dans les repères de la morale catholique, à l'initiative de François et de son futur n° 2.

    Un ami "tradi" me disait, moins de deux semaines après l'élection de François, qu'on risquait de se retrouver plus vite qu'on ne pense devant un état de nécessité. J'ai voulu me convaincre du contraire, pendant plusieurs mois. Mais je crains que nous soyons sur une mauvaise pente. Attendons de voir comment la nouvelle équipe gère la question de la collégialité, nous en reparlerons.

  • Faisons confiance à notre Pape François et ne nous mêlons pas de réorganiser le Vatican à notre guise! Prions l'Esprit Saint qu'Il le guide et restons lui unis et obéissants!

  • J'admire votre naïveté, Sébastien, et je remercie Philippe pour son réalisme. J'ai moi aussi été attentiste, mais chaque jour, le décisions de celui qui aime s'appeler l'évêque de Rome me déçoivent et me découragent. L'Esprit Saint doit souffler un fameux coup. Mais faire confiance à l'élu du 13 mars, NON, il y a bien longtemps que j'y ai renoncé.

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