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"Augustin ou le Maître est là" tiré de l'oubli grâce au pape François

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PHO7529c4c0-7f6d-11e3-a3d8-f2e1126077f4-300x470.jpgLu sur le Figaro.fr :

Joseph Malègue sauvé par le pape François

Augustin ou le Maître est là, le grand livre de cet écrivain français tombé dans l'oubli est réédité grâce au souverain pontife, qui l'a cité à plusieurs reprises.

C'est donc à Jorge Maria Bergoglio, pape François, que l'on doit la remise en circulation de Augustin ou le maître est là, génial et étonnant roman de Joseph Malègue publié en 1933 et injustement ignoré par les histoires littéraires. Dans un long entretien d'août 2013, le Pape a en effet évoqué Joseph Malègue parmi ses romanciers de prédilection. Quelques mois auparavant, en citant Léon Bloy à l'occasion de sa première homélie romaine, il avait rendu hommage à un pamphlétaire catholique à demi oublié ; mais avec Joseph Malègue, il est allé plus loin, puisque c'est un écrivain complètement oublié qu'il a tiré du purgatoire.

Cherchez dans les dictionnaires, dans les encyclopédies. Vous ne trouverez rien, ou presque. François Mauriac, qui a lu Augustin et l'a semble-t-il admiré, ne l'évoque nulle part dans son Bloc-notes. ­Malègue était mort en 1940, Bernanos en 1948, l'époque du roman ­catholique semblait close. Seule l'Histoire chrétienne de la littérature (1996) de Jean Duchesne a fait une place au romancier évoqué par le Saint-Père. Mais comme un auteur du second rayon, remisé entre Édouard Estaunié, Daniel-Rops, Maxence van der Meersch et ­Gilbert Cesbron.

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Commentaires

  • Malègue n'est peut-être pas aussi oublié qu'on ne le dit des histoires littéraires. Les articles dans Wikipédia dont je suis le principal auteur (en tant que "Tonval"), en témoignent et j'ai essayé de le présenter encore autrement dans le site de la revue TOUDI. Dans cet article il y a un lien vers facebook où j'ai essayé de résumer un article à paraître sur l'actualité du modernisme dans "La Revue nouvelle" et sur Malègue également.

    "Augustin ou Le Maître est là" ne commence peut-être à être vraiment compris qu'aujourd'hui. En témoigne le premier article qui analyse à nouveau ce livre réédité ce mois -ci dans un blog de Jean Mercier lié au magazine LA VIE. Le modernisme est une crise qui a déchiré l'Eglise en 1907 mais c'est aussi une contestation de la personnalité du Christ en tant que vrai homme et vrai Dieu, ce qui est peut-être la pire difficulté de croire aujourd'hui. Et qui n'est difficile que parce que, justement, on ne parvient pas toujours à se rendre compte que les évangélistes —des écrivains eux aussi—ont tenté d'être fidèle au personnage qu'ils ont créé (pas dans le sens d' "'inventé" mais ils l'ont traité à travers le récit qu'ils en faisaient de manière analogue à celle d'un écrivain).

    C'est en quoi Malègue est un écrivain immense parce qu'il redouble les évangiles (il ne les recopie pas!), et nous fait voir génialement que la difficulté du modernisme, la difficulté de croire aujourd'hui, ce sont celles de toujours puisque, les évangiles comme "Augustin ou le Maître est là" font le récit d'une incrédulité immense, à commencer par les plus proches du "Maître" qui n'a pas toujours été "là" non plus pour ses compagnons les plus proches.

  • C’est en effet un roman emblématique du drame de la « modernité » de notre civilisation aux cheveux blancs.

    Lorsqu’on fréquente un peu les africains, par exemple, on s’aperçoit de l’abîme entre leur « forma mentis » et la nôtre, même lorsqu’ils utilisent tous les gadgets des sciences dites exactes. Pour eux, « il fait Dieu » comme il fait soleil par un beau jour d’été éclairant la vie. Ce paradis de l’âme, l’occidental, incroyant ou mal croyant, l’a perdu.

    Il est frappant de constater que dans un pays comme le Congo cependant livré depuis plus de 50 ans à l’anarchie chronique et aux violences de toutes sortes, la proportion des chrétiens dépasse largement ce qu’elle était au moment de la déclaration d’indépendance en 1960.

    Le pape actuel parle volontiers d’ « aller aux périphéries » mais ces périphéries sont aujourd’hui là où nous croyons encore voir un centre. Rome n’est plus dans Rome…

  • En fait, tout en étant bien conscient du dynamisme des "périphéries", je ne nous accuserais pas de ne pas pouvoir "faire Dieu" comme en Afrique ni d'avoir les cheveux blancs. Les compagnons les plus proches du Christ en ont été les premiers incrédules également et Malègue lui-même, surtout dans son deuxième roman, a mesuré la perte d'influence de l'Eglise et surtout des élites catholiques qui, auparavant, dans d'autres régimes que le régime républicain, tenaient le haut du pavé avec le clergé. Mais il n'exprime à ce sujet aucune nostalgie ni même réprobation. Si, dans "Augustin ou Le Maître est là", il met en cause le modernisme, il ne critique pas les lois de 1907 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

    Il me semble vraiment que la difficulté de croire commence avec les évangiles : à la fin de celui de Matthieu il est clairement indiqué lors de la dernière apparition du Ressuscité aux apôtres, "d'aucuns cependant doutèrent" : "d'aucuns" sur 11 personnes, cela fait au moins plus que 2 et peut-être même 4 ou 5, ce qui fait quand même beaucoup.

    Bien cordialement malgré notre différence,

    J.Fontaine

  • @ J. Fontaine

    En effet, bien que l’évangile nous dise de Jean devant le tombeau vide au matin de Pâques « il vit et il crut », croire dans la bonne nouvelle évangélique ne va jamais de soi, ni hier, ni aujourd’hui. Et la structure de l’empire romain avec sa divinisation brutale de l’Etat fut un obstacle de taille à sa christianisation. Comme l’est aujourd’hui la religion séculière issues des « Lumières philosophiques » cultivées par l’Europe moderne .

    Ce dont je voulais parler, à propos des Africains, c’est de leur croyance naturelle en Dieu : un terrain favorable à l’accueil de la Parole, perçue comme un accomplissement.

    Semblablement, je pense (comme le Père de Lubac dans son célèbre « drame de l’humanisme athée ») que cette Parole fut finalement accueillie, par un monde antique demeuré foncièrement religieux, comme une délivrance du « fatum » pesant sur la cité des hommes et celle des dieux eux-mêmes.

    C’est une chose que l’Europe d’aujourd’hui, fatiguée et intoxiquée par la modernité, a peine à concevoir. Pour elle, « l’homo religiosus » ne va plus de soi.

    Amicalement.

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