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De la participation à la liturgie

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Invitée par nous à la célébration de la Fête-Dieu qui se déroulera samedi prochain en l'église du Saint-Sacrement à Liège et qui sera célébrée par le nouvel évêque selon le missel de saint Jean XXIII (donc antérieur à la réforme liturgique de 1970), une personne revendiquant la qualité de "théologien" nous a adressé ce reproche :

"Comme il n'est pas difficile de s'en aperçevoir, cette "liturgie" (de leitos et ergon : l'activité du peuple) ne laisse aucune place à la participation de l'assemblée qui contemplera, comme dans un théâtre, les comportements pré-conciliaires de prêtres plus proches de la prêtrise réalisée autrefois dans l'ancien temple de Jérusalem et dans les temples païens."

Nous lui avons adressé cette réponse :

Il ne me semble pas que la liturgie catholique soit née au lendemain du concile Vatican II, ni qu’on n’ait jamais rien compris au sens de l’institution eucharistique avant celui-ci. 

Vous évoquez l’aspect participatif comme un acquis de la réforme liturgique de 1970. Rétrospectivement, je n’en suis pas si sûr.

Le terme de participatio actuosa sur lequel on insiste aujourd’hui est malheureusement pris très souvent dans le sens extérieur et superficiel d'une activité nécessaire, généralisée, comme s'il fallait que le plus grand nombre des personnes, et le plus souvent possible, soit manifestement actives.

Mais, comme l’a justement fait remarquer Benoît XVI,  il faut d'abord établir ce qu'est l' actio centrale à laquelle tous les membres de la communauté sont censés prendre part : c’est l'oratio - la Prière eucharistique, le Canon -  qui est actio au sens le plus élevé. C’est l’oratio qui ouvre l'espace à l'actio de Dieu.

On oublie aussi, ajoute-t-il, que le concile place dans  l'actuosa participatio le silence, qui favorise une participation vraiment profonde, personnelle, nous permettant d'écouter intérieurement la parole du Seigneur.  « Le silence, cheminement en commun vers l'homme intérieur, écrit le pape, est indispensable à une véritable participatio actuosa. »

Et comment peut-on soutenir que le chant grégorien, même dans ses parties simplement écoutées par les fidèles, ou l’admirable messe à quatre voix extraite de la « selva spirituale » de Monteverdi que nous chanterons samedi  ne suscitent pas la prière ou le sens de l’adoration ?

Sur toutes ces questions (et les autres) je me permets de vous renvoyer aux réponses faites par notre évêque à Christian Laporte et Paul Vaute, dans la Libre Belgique du 10 juillet 2013, à  la veille de sa consécration épiscopale :

« Vous avez dit qu’il faut que les "clans" se parlent dans l’Eglise. L’unité dans la diversité, c’est le grand défi ? 

« On s’est fort polarisé sur une vision gauche-droite ou progressistes-traditionnalistes. Aujourd’hui, on voit mieux qu’il n’y a pas de position idéale. Il y a des diversités qui sont quand même une richesse. 

« C’est dans cet esprit que vous allez parfois célébrer la messe selon le rite préconciliaire à l’église du Saint-Sacrement à Liège ?

« Oui. Il y a une richesse et une beauté dans le rite d’avant Vatican II qui méritent d’être valorisées. Il faut cesser les exclusions réciproques. »

Je vous souhaite une excellente Fête-Dieu dans la foi qui nous unit : celle de la présence réelle de Jésus au cœur du mystère de la messe. Pour le reste, il peut y avoir plusieurs demeures dans la maison du même Père…

JPSC

Commentaires

  • Non, la liturgie n'est pas née au lendemain du Concile. Et le pape Pie V, à qui on attribue le rite dit extraordinaire, n'a fait "que" structurer ce que la tradition la plus ancienne avait laissé.

    Il ne faut pas être théologien pour réaliser comment les évolutions douces ou les brusqueries sont intervenues (cf.Annibale Bugnini, grand commis à la réforme de la liturgie... bizarrement remercié par un poste de nonce à... Téhéran...)

    Le simple bon sens dicte l'ouverture... tellement réclamée à propos de sujets de bien moindre importance:

     « Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est important de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie ou qui la pratique, est traité comme un lépreux : c’est la fin de toute tolérance. Elle est telle qu’on en a pas connue durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise par là tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance en elle au présent s’il en est ainsi ? J’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations nécessaires dans l’Eglise sans raison valable. » Cardinal Ratzinger,Voici quel est notre Dieu, p. 291

  • A propos de l'aspect supposé participatif des liturgies post-conciliaires, j'émets de sérieux doutes. En effet, là où existait jadis une unité largement partagée du public, on trouve de nos jours une infinité de liturgies plus ou moins inspirées qui varient non seulement au sein d'une même "unité" pastorale mais même au sein d'une même paroisse, selon les officiants. Des musiquettes d'ailleurs, le plus souvent, on se demande qui peut bien les inventer.
    Bref, une tour de Babel liturgique où la "participation" se fait de plus en plus pénible et plus rare. Au point que, de plus en plus souvent, on en est réduit à lire les textes sans pouvoir les chanter. A ce train-là, on en arrivera peut-être bientôt à tout réciter, comme on le fait depuis quelques années maintenant avec le Notre Père.
    Mais au fait, qui a décidé de tuer le Notre Père chanté ? D'où vient cette remarquable unanimité d'application dans le temps et dans l'espace ? Qui a donné ce mot d'ordre si bien suivi et pourquoi ?
    On me dit parfois que c'est par respect pour ceux qui ne savent pas chanter. Si c'est ça, alors il ne faut plus rien chanter du tout. Mais c'est peut-être précisément cela qui est visé.

  • On peut aussi rappeler les points suivants :
    1. La liturgie voulue par le Concile n'est respectée quasiment nulle part. Ainsi, pour se réclamer de la liturgie dite "conciliaire", il faudrait déjà qu'on puisse la trouver...
    2. Le Concile n'a jamais parlé de "participation active" (participatio activa) mais de "participation effective" (participatio actuosa).
    3. Que dire des chrétiens d'Orient qui participent à des liturgies - souvent longues - durant lesquelles ils n'ont pour ainsi dire pas autre chose à faire qu'à regarder et à écouter pour se laisser imprégner du sens des rites par lesquels se transmet une véritable catéchèse ?

    Denis CROUAN, Docteur en théologie catholique.

  • Bonjour Denis et bienvenue chez nous . Je ne savais pas qu'il existait UNE liturgie conciliaire ni qu'elle avait été "confisquée". Je me réjouis de la découvrir et tout d'abord dans votre livre "La liturgie confisquée, ..."
    Donc, si je comprends bien, c'est non seulement l'ancienne mais encore la nouvelle liturgie qui ont été trahies ! Cui prodest ?
    Est-ce que le Notre Père n'est plus chanté non plus en France ?
    Merci pour votre participation éclairée à ce débat crucial.

  • @ denis c... Ne pourrait-on aussi dire « se laisser imprégner de la présence aimante de Dieu » ? La participation à l'eucharistie ne devrait-elle pas être avant tout une rencontre avec Dieu, avant d'être une rencontre avec son prochain, aussi bon orateur, musicien ou chanteur soit-il ? La beauté de l'église et de la célébration devrait être orientée vers l'honneur rendu à Dieu, bien plus que vers l'honneur rendu aux célébrants ou aux fidèles. Voici une petite phrase qui pourrait être affichée dans les églises : « J'entre ici pour mieux aimer Dieu, j'en sors pour mieux aimer mon prochain » .

  • @ tous

    Denis Crouan (que je ne connaissais pas jusqu'ici, honte à moi) allie la modestie avec une grande connaissance de la liturgie. J'ai donc cru bon de lui rendre justice et hommage en publiant ici quelques précisions utiles à son sujet. J'espère qu'il me le pardonnera.

    http://www.librairietequi.com/Recherche-denis-crouan.aspx

    http://annuaire.118712.fr/ppart/Haut-rhin-68/Rouffach-68250/Crouan_denis-0389496233_8E0000F00008R10200T90340G

    http://www.decitre.fr/auteur/220439/Denis Crouan :

    Biographie:
    Denis CROUAN, docteur en théologie catholique, professeur de Lettres et d'Histoire à Colmar (Haut-Rhin), organiste et maître de chœur, spécialiste en chant grégorien, est l'auteur de nombreux ouvrages sur la liturgie. Ses publications font aujourd'hui autorité. Depuis 1988, Denis Crouan est aussi Président de Pro Liturgia, une association internationale créée par des fidèles désireux de promouvoir de façon juste et fidèle la liturgie restaurée à la suite de Vatican II (Association Pro Liturgia, 9 avenue Clemenceau, 67560 Rosheim - www.proliturgia.org).

  • ... de plus, un autre aspect, c'est l'orientation du bâtiment église qui était le souci des architectes jadis. Partout dans le monde ...
    Le prêtre qui présidait l'Office, était toujours tourné face à l'est aussi. Il y avait bien une raison, un sens à l'origine de ces obligations.
    Depuis le Concile, le prêtre est tourné vers l'assemblée pour parler à Dieu, pour le louer, le remercier, l'adorer, implorer son intercession pour le monde, ses yeux dans nos yeux ...
    Personnellement, je comprenais mieux avant que le Prêtre soit l'intermédiaire entre nous et Dieu, tous ensemble tournés vers le Christ, derrière le Prêtre.
    Pour faire contemporain il fallait enlever les règles. Il fallait aussi tout remettre en question. Ce fut un essai !
    Si les jeunes ne comprennent plus le sens de la Messe, peut-être- faudrait-il revenir à faire pencher la balance vers les règles de la liturgie pour obtenir plus d'intériorité, de meilleurs échanges avec le Seigneur pour vivre les différentes étapes de la Ste Messe laquelle nous permettrait de mieux repartir confiants, souriants, aimants, pour semer la Paix et la Joie autour de nous et mieux assumer nos devoirs d'état et nos obligations de Fils et Filles de Dieu dans le monde.

  • @ aubelle ... C'est vrai, le prêtre devrait être tourné vers Dieu, comme les fidèles, et non pas tourner le dos à Dieu. Les fidèles ne viennent pas adorer le prêtre, mais Dieu. Le prêtre doit donc leur donner l'exemple et ne pas les détourner de Dieu. Quelle aberration d'entendre des gens décider de choisir telle église ou telle messe car ils préfèrent tel ou tel prêtre. Comme si Dieu était devenu accessoire pour eux. Dans certaines églises, le prêtre place même la chorale derrière lui, face aux fidèles, à la protestante, comme s'il voulait encore plus détourner les fidèles de la présence de Dieu et de l'attention à Dieu.

  • Autre erreur de la part de la personne à qui est adressée cette réponse:
    le mot liturgie ne veut pas dire "activité du peuple" mais plutôt "action publique". C'est tout-à-fait différent !

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